Joséphine Baker au Casino de Paris

Joséphine Baker a habité le 20e

 

J’ai deux Z’amours…

Cet air est revenu sur toutes les lèvres ces dernières semaines quand on ne parlait que de la « panthéonisation » de Joséphine Baker. Mais le souvenir de cette « Grande dame » est peut-être plus proche qu’on ne croit pour les habitants du 20earrondissement.

 

Artiste de music-hall de grand renom, Joséphine Baker (1906-1975) a été danseuse, chanteuse, actrice, meneuse de revue, et une icône des Années folles. Elle a fait le succès de la Revue nègre au Théâtre des Champs-Elysées (1925) et a contribué grandement à l’introduction du charleston en Europe.

Joséphine Baker au Panthéon

Joséphine Baker au Panthéon le 30 novembre 2021 par Plantu

Elle est aussi une femme libre et courageuse qui, pendant la Seconde Guerre mondiale, choisit la France et participe à la résistance. Et elle utilise sa grande popularité au service de la lutte contre le racisme et pour l’émancipation des Noirs, en particulier en soutenant le mouvement américain des droits civiques.

Ce que l’on ne sait moins, c’est qu’elle a aussi été un temps liée à notre arrondissement. Dans les années 1960, elle pose ses valises et celles de sa famille « arc-en ciel » (12 enfants adoptés de toutes origines) dans une jolie maison de briques rouges, à deux pas de la Campagne à Paris, au coin des rues du lieutenant Chauré et Alphonse Pénaud. On va même jusqu’à parler de l’« hôtel particulier » de Joséphine Baker.

 Joséphine Baker dans le 20e arrondissement

Maison-pignon habitée par Joséphine Baker et sa famille dans les années 1960. CDD

Notre Association d’histoire a peu de renseignements sur le séjour de Joséphine Baker et des siens dans le 20e arrondissement. Si les souvenirs vous reviennent, si vous en savez plus notamment sur cette belle maison, si vous avez envie de partager avec nous, nous vous attendons…

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Pour en savoir (beaucoup) plus : https://fr.wikipedia.org/wiki/Jos%C3%A9phine_Baker

https://www.franceinter.fr/emissions/france-inter/france-inter-11-mars-2020

3 Plaques du groupe Manoukian dans le 20e

Manouchian : une rue, un monument, une cérémonie

 

Depuis 1996, le 21 février donne lieu à une commémoration annuelle dans notre arrondissement. À cette date en 1944, 23 membres du groupe FTP-MOI ont été fusillés par l’Allemagne nazie.

Ce groupe a été appelé groupe Manouchian depuis la création de « l’Affiche rouge » apposée dans Paris. Le 20e en garde la mémoire avec le nom d’une rue, une fresque murale et un monument au Père Lachaise.

Rue du groupe Manouchian

Rue du groupe Manouchian, cérémonie du 21 février 2022 devant les trois plaques commémoratives. La plaque à la mémoire des membres du groupe sera inaugurée en 1999 par Michel Charzat, sénateur-maire du 20e. PG

À l’origine des FTP-MOI

Dès 1924, le Parti Communiste choisit de créer un organisme spécifique « permettant de développer l’action solidaire des travailleurs français et immigrés » (1).

Cette section s’est d’abord appelée la « section de Main-d’Oeuvre Étrangère », la MOE, qui deviendra en 1936 la MOI, « section de Main d’Œuvre Immigrée », période où beaucoup d’entre eux sont partis rejoindre les Brigades internationales en Espagne.

Les FTP-MOI étaient composés de communistes et sympathisants d’origine immigré -avec la section communiste juive-  en relation étroite avec la direction des FTP français.

Le récit de ce mouvement de résistance a été diffusé sur France 3 : il fait partie de l’excellente série documentaire produite par Patrick Rotman en 1994 « les brûlures de l’histoire ». En fin d’émission, l’historien Stéphane Courtois, directeur de recherche au CNRS et spécialiste du mouvement communiste, nous affirme à l’appui des derniers documents connus que « le groupe n’a pas été trahi. Ni par la direction communiste, ni par des responsables communistes ».

Procès du groupe Manouchian dans la presse

La une du Matin daté du 20 février 1944

Sur les 24 accusés qui font face au tribunal militaire allemand, 1 accusé est transféré devant une juridiction française. Les 23 autres sont condamnés à mort sans possibilité d’appel, et 22 sont fusillés le 21 février, au fort du Mont-Valérien ; la 23ème, Olga Bancic voit sa condamnation suspendue pour supplément d’enquête. Elle sera rejugée le 10 mai 1944 à Stuttgart et exécutée par décapitation le jour de ses 32 ans.

Les lieux mémoriels du groupe Manouchian dans le 20e

Au Père Lachaise, un large espace appelé parfois « le panthéon des communistes » s’étire près du mur des Fédérés. C’est à cet endroit que le monument (cénotaphe) des FTP MOI a été érigé, entre la tombe de Waldeck-Rochet et le caveau du PCF.

La mosaïque posée sur la stèle est l’œuvre du mosaïste Verdiano Marzi ; sur la pierre tombale nous pouvons lire un extrait du poème d’Aragon écrit en 1956 qui leur est dédié. Ces vers seront mis en musiques et chantées en 1959 par Léo Ferré sous le titre « l’Affiche Rouge »,puis repris par Marc Ogeret, Leny Escudero et Bernard Lavilliers.

Monument FTP MOI groupe Manouchian

Monument FTP-MOI au Père Lachaise. PG

Ce monument à l’initiative du Parti communiste français a été inauguré le 20 mai 1989 par Georges Marchais, secrétaire du PCF et Henri Rol-Tanguy, entourés de la direction du parti et Mélinée, la veuve de Missak Manouchian.

Henri ROL-TANGUY, responsable des FFI de la région parisienne, a pris la parole pour notamment rappeler les faits sur les derniers jours de leur vie :

… Les nazis vont alors reprendre l’idée d’un procès public ; dans l’impossibilité de détruire la Résistance, ils vont tenter de la diviser. Ce sera le procès dit de l’Affiche rouge. La Résistance focalisée sur les étrangers et les juifs…

Procès Manouchian par la presse

La une de Paris Soir daté du 21 février 1944

Le 17 février 1944, à l’Hôtel Continental à Paris, vingt-trois FTP-MOI ayant participé à cent cinquante actions, de janvier à novembre 1943, défiaient la cour martiale.

Le 21 février, ils tomberont au Mont-Valérien… L’Affiche rouge se couvrit d’inscriptions : « martyrs », « Morts pour la France ».

L'affiche rouge, verso du tract

L’Affiche Rouge a été décliné sous form de  tract. Ci-dessus le texte imprimé au verso  « L’armée du crime »  . Wikipédia

 

En plus du cénotaphe au Père Lachaise, vous pouvez lire notre article sur la rue du groupe Manouchian, son histoire, son projet en cours et sa fresque toute proche qui lui est dédiée.

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(1) Extrait du discours de Georges Marchais le 20 mai 1989 au Père Lachaise.

Pavillon Carré de Baudoui en travaux

Rénovation du Pavillon Carré de Baudouin

Le Pavillon Carré de Baudouin avait besoin d’être réhabilité dans sa partie réservée au public. Le début des travaux est finalement programmé en juillet 2022 pour durer environ 6 mois.

Aucune exposition n’aura donc lieu pendant cette période. Cette initiative a été rendue possible grâce à deux projets issus des budgets participatifs de 2019 et 2021.

Pour mémoire, l’AHAV a été à l’origine de la sauvegarde du lieu voué à la promotion immobilière. Le PCB a finalement été racheté  par la ville. Longtemps caché aux regards des passants, cette folie  du 18ème  siècle a été restaurée puis ouverte au public en 2007.

La nature des besoins de réhabilitation

Pour restituer le détail de cette toute prochaine réalisation, Éric Pliez maire du 20e a invité les associations concernées et ceux qui ont contribué à la vie du PCB à une réunion d’information.

Celle-ci s’est tenue le 18 février en présence du maire du 20e arrondissement, de membres de la municipalité et du cabinet d’architecture JAGG situé rue de Belleville.

À l’intérieur du PCB, Il s’agit d’en améliorer l’entrée, la circulation interne, la signalétique, l’espace d’accueil vieux et non fonctionnel, l’auditorium en mauvais état (acoustique, qualité d’image, besoin de remise aux normes…) et les salles d’expositions.

PCB, présentation de la rénovation

Prochains travaux au PCB 2022 : exposé du cabinet JAGG

L’extérieur du PCB aussi concerné

Madame Jeanne Gerbeaud, architecte du cabinet JAGG en charge du projet, a également présenté les autres interventions à l’extérieur du PCB :

  • La façade « Palladio » sera visible depuis la rue grâce au remplacement partiel du mur par une grille d’une longueur de 7,5 mètres.
  • Un « pavé enherbé » sera posé entre le PCB et le début du jardin
  • Une grille basse séparera le Pavillon Carré de Baudouin du jardin.
Pavillon Carré de Baudoui en travaux

PCB projet de grille donnant rue de Menilmontant

Après le feu vert de tous les intervenants et celui de l’Architecte des Bâtiments de France, le permis de construire -qui n’a pas fait l’objet d’oppositions- devrait être obtenu tout prochainement.

La présentation illustrée de madame Jeanne Gerbeaud a été suivie par plusieurs questions-réponses et seul un opposant au projet a regretté un manque de concertation, affirmation  contestée sur place par les représentants de la municipalité.

Enfin à propos de ces toutes prochaines améliorations, retenons la formule poétique exprimée ainsi sur place : ce bâtiment unique à Paris deviendra après sa rénovation, le phare culturel de l’arrondissement. L’annonce d’une ambition déjà en germe dans les progrès de sa programmation actuelle.

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Pour en savoir plus :

https://mairie20.paris.fr/pages/les-travaux-de-rehabilitation-du-pavillon-carre-de-baudouin-20420

La Passion à Ménilmontant depuis 1932

La «Passion à Ménilmontant» fête ses 90 ans en 2022

 

Le 20e arrondissement a toujours été une terre d’élection du théâtre. Une des expressions les plus populaires et les plus originales en a été, depuis 1932, la fameuse « Passion à Ménilmontant », qui met en scène le procès et la mort de Jésus. Cette œuvre collective conçue, mise en scène et jouée par des habitants du quartier, de tous âges, de toutes origines et de toutes conditions sociales, a longtemps été représentée au Théâtre de Ménilmontant, 15 rue de Retrait.

La Passion à Ménilmontant théâtre

La Passion à Ménilmontan, le final

La fermeture brutale du théâtre à la fin de 2018, puis les vicissitudes imposées par la pandémie avaient semblé en marquer la fin définitive.

Eh bien, non… Heureuse nouvelle ! la Passion de Ménilmontant va renaître en cette année 2022, date anniversaire des 90 ans de sa création, les samedi 26 mars et dimanche 27 mars à 16h00, les samedi 2 avril et dimanche 3 avril à 16h00, et les samedi 9 avril et dimanche 19 avril à 16h00

Les représentations se dérouleront cette année dans la crypte de l’église Saint-François d’Assise, 16 rue du Général Brunet, 75019 Paris.

Les réservations sont d’ores et déjà ouvertes !

Vous pouvez déjà réserver sur le site lapassion.fr ou directement sur BilletReduc.com.

Charonne, demeures de plaisance

Demeures de plaisance à Charonne, conférence

 

Notre consœur la Société de l’histoire de Paris et de l’Ile de France vous convie à assister à sa prochaine conférence 

le mardi 18 janvier 2022, à 15h30

Guillaume NAHON, conservateur général du patrimoine, directeur des Archives de Paris :

La Campagne embourgeoisée. L’habitat de plaisance à Charonne, 1650-1850

Comme de nombreuses paroisses de la banlieue, le village du Grand Charonne est un lieu de villégiature prisé des élites parisiennes dès le Moyen Âge. Le phénomène est bien documenté à partir du XVIIe siècle et les sources des XVIIIe et XIXe siècles permettent de le mesurer avec précision. Il atteint son apogée à la fin de l’Ancien Régime.

Plan de Charonne en 1731

Le territoire de Charonne extrait du Plan Roussel 1731

« La situation de ce village sur la pente d’un coteau fait que l’on y voit de jolies maisons de campagne », dit Thiéry dans son Guide des amateurs et des étrangers voyageurs à Paris, publié en 1787. On y dénombre alors près d’une trentaine de maisons qui, avec leurs jardins clos, occupent la majeure partie de l’agglomération villageoise. Le plus souvent construites sur des parcelles initialement destinées à l’habitat et à l’exploitation agricoles, elles disparaissent progressivement à partir de la Révolution, à la faveur d’un mouvement que l’on pourrait qualifier de « reconquête horticole ».

Conférence en présenciel aux Archives de Paris, 18 boulevard Sérurier, 75019 Paris (M° Porte des Lilas. Bus 61, 64, 69, 96. Tram T3B).

Entrée libre dans la limite des places disponibles.

Nous sous signalons que l’accès à la salle est désormais conditionné à la présentation d’un passe vaccinal valide et que le port du masque, convenablement placé, reste obligatoire pendant toute la conférence.

ATTENTION ! Par ailleurs, n’oubliez pas de vous inscrire avant le dimanche 16 janvier à l’adresse suivante : inscriptions@shpif.fr

Bagnolet illustration 18e

Plan illustré dans lequel « Bagnolet » s’appelait encore « Baniolet »

J-B Clémaent au Père Lachaise

Bulletin n° 77

En 2021, la commémoration du 150e anniversaire de la Commune de Paris a marqué profondément l’héritage de l’Est parisien et particulièrement de notre arrondissement.

Ce bulletin n° 77 complète et enrichit notre bulletin n° 75, publié en mars 2021 sous la coordination de la même autrice, Christiane Demeulenaere-Douyère.

Précédement sur le même sujet, le bulletin n° 76 nous présente Félix Pyat, républicain engagé par ceux qui l’ont connu, par Guy Sabatier.

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Pour mémoire, en 1870 la Prusse envahit la France, Paris encerclé résiste. En 1871, le Gouvernement provisoire négocie avec les Prussiens et se charge de « prendre » Paris : là débute la Commune.

Le 20e arrondissement y a pris une place toute particulière, d’où cette première compilation  de 10 articles sur les 20 concernant la Commune, et qui sont extraits des 34 « actualités » publiées sur notre site internet.

La Commune de Paris et le 20e

Gabriel Ranvier, maire du 20e pendant la Commune, in No 1 de Paris 20e, magazine de la Mairie

Au sommaire de ce numéro :

Nos articles parus en 2020

 Décembre 1870, que la vie est dure à Belleville 

 Noël 2020… Noël 1870  

 

Nos articles parus en 2021

 L’Affiche rouge du 7 janvier 1871                    

Paris et l’armistice du 26 janvier 1871 

66 ballons pour sauver Paris… en 1870 et 1871

Législatives du 8 février 1871 : « Ruraux » contre Parisiens                                                                                                                              

La Commune divise l’Hôtel de Ville 

La « vache à Gambon » 

Gabriel Ranvier dans le journal de la Mairie du 20

Main-basse sur les canons de Montmartre 

Pavilon Carré de Baudouin

Le 20e, toute une histoire au PCB

 Dans le cadre des Invitations aux Arts et aux Savoirs (IAS), le cycle de conférences Lire la ville : le 20e arrondissement propose une balade savante en cinq étapes autour de l’histoire de notre arrondissement. Nous en reproduisons le programme diffusé par la mairie.

Lire la ville : le 20e arrondissement – Programme 2022

Samedi 15 janvier 2022 à 14h30 : Quand le vin monte à la tête des Parisiens dans les cabarets de la Courtille

Querelles, rixes, assassinats, les archives des prévôtés des seigneuries de Belleville regorgent de faits divers et d’anecdotes cocasses, drolatiques ou tragiques survenus ici entre le milieu du dix-septième siècle et la Révolution.

Samedi 12 février 2022 à 14h30 : L’eau de la Ville, l’eau du Roi

Véritable château d’eau de Paris, les hauteurs de Belleville et de Ménilmontant ont été le théâtre au fil des siècles d’une guerre sans merci livrée par le Roi et les édiles de la ville pour s’assurer le contrôle de cette précieuse ressource.

Regard Saint-Martin

Regard Saint-Martin, 42 rue des Cascades

Samedi 12 mars 2022 à 14h30 : L’enceinte des fermiers généraux

Le mur dit des « fermiers généraux », érigé à la Courtille à partir de l’année 1788 afin d’optimiser la collecte des taxes sur les marchandises entrant dans Paris, a suscité l’émoi puis la colère des Bellevillois. L’incendie volontaire de la barrière de Belleville en juillet de l’année suivante a été, dit-on, l’un des éléments déclencheurs de la Révolution française.

 

Plan du mur des Fermiers généraux

Plan du mur des Fermiers généraux

Samedi 16 avril 2022 à 14h30 : À Ménilmontant et à Charonne sur les pas de Rousseau

De récentes découvertes nous conduisent cette année encore à marcher sur les pas de Jean-Jacques Rousseau et tenter de retracer le plus fidèlement possible la fameuse journée du 24 octobre 1776 qui le vit se trouver, nez à truffe, au lieu-dit « la Haute borne » avec le chien danois du carrosse de Michel Etienne le Peletier de Saint-Fargeau.

 

Jean Jacques Rousseau

Jean Jacques Rousseau

Samedi 21 mai 2022 à 14h30 : De la Folie Regnault au Père Lachaise

De la maison de délassement du marchand d’épices Regnault de Wandonne à celle des Jésuites du faubourg Saint-Antoine puis à la création, le 21 mai 1804, du célèbre cimetière, nous retracerons plus de quatre siècles d’histoire d’un lieu qui recèle aujourd’hui encore des vestiges de son riche passé.

Père-Lachaise, le Mont-Louis

À l’origine du Père Lachaise, le Mont-Louis; vers 1794. Carnavalet

Lire la ville : le 20e arrondissement. – Infos pratiques

📅 Un samedi par mois à 14h30

📍 Dans l’auditorium du Pavillon Carré de Baudouin, 121 Rue de Ménilmontant

🧍 Conférencier : Passionné d’histoire, Denis Goguet participe en 2012 au colloque « L’accident de Ménilmontant » à l’occasion duquel il retrace le chemin emprunté par Jean-Jacques Rousseau le 24 octobre 1776 à travers les vignes et prairies de Belleville et Charonne. Féru de vieux papiers, il fréquente assidument les archives afin d’exhumer des documents originaux et tenter d’apporter un regard neuf sur l’histoire des villages à l’origine du 20e arrondissement.

Les IAS, ce sont 8 cycles de conférences organisées au Pavillon Carré de Baudouin par l’association Paris Culture 20. 

Vous en retrouverez le programme complet en cliquant ici.

Transfert de la Taverne rue de Belleville

 

Et le 31 décembre, qu’est-ce qu’on fait ?

La Taverne du Bagne… ça vous dit ?

 

Discothèques et cabarets interdits en cette fin d’année 2021 ? Qu’importe… Belleville a toujours été un lieu de divertissements et de plaisirs. Alors, histoire de finir joyeusement l’année du 150e anniversaire de la Commune de Paris, nous vous proposons une soirée à la Taverne du Bagne.

En février 1884, est inauguré, au 12 rue de Belleville, à un jet de pierre des Folies-Belleville, un drôle de cabaret : La Taverne du Bagne et des Ratapoils.

« Le d’Artagnan de la Commune »

Le directeur en est Maxime Lisbonne, ancien colonel de la Commune, qu’un de ses biographes a surnommé pour son courage « le d’Artagnan de la Commune ». Cluseret disait de lui : « Qui ne se souvient de Lisbonne, caracolant sur son cheval arabe, vêtu mi-partie en garde national et mi-partie en je ne sais quoi de grenadier de Sambre et Meuse ? D’une bravoure hors ligne… ». Né à Paris, en 1839, il a d’abord connu la vie militaire, notamment en Crimée. Puis, en 1864, il s’est lancé dans le théâtre aux Folies-Saint-Antoine.

En 1871, il s’est engagé avec bravoure pour défendre la Commune. Il a été blessé, pris et condamné aux travaux forcés en Nouvelle-Calédonie, puis amnistié en 1880.

Lisbonne, fondateur de la Taverne du Bagne

Maxime Lisbonne, photo.

En 1880, la vie à Paris n’est pas facile pour qui revient de dix années de bagne à l’autre bout du monde. Heureusement, Lisbonne a de la ressource. Il reprend les Bouffes du Nord et monte des pièces militantes de Louise Michel, d’Emile Zola et de Victor Hugo. Chaque soir, son théâtre est le rendez-vous des vieux communards et des jeunes collectivistes. Il crée un journal, L’Ami du Peuple – Seul journal qui ose dire la vérité, qui ne dure pas. Comme il a de l’imagination et de l’humour à revendre, il se lance dans le cabaret, à Montmartre et à Belleville.

Forçats et Ratapoils

Rue de Belleville, sa Taverne du Bagne ne manque pas d’originalité. Son décor est directement inspiré d’une caserne de Nouméa. Au-dessus de la porte, une lanterne rouge. Sur la toiture, à droite et à gauche, deux canons. L’intérieur est d’un minable à faire fuir. Les murs sont décorés de scènes de bagne, de paysages de Nouvelle-Calédonie ou de portraits de forçats célèbres comme Henri Rochefort.

Le service est confié à des « forçats », ayant au pied une chaîne terminée par un boulet. Mais le boulet est creux, il s’accroche à la ceinture, s’ouvre et contient… la serviette avec laquelle le serveur essuie les tables. Le bock s’appelle un boulet et sont au menu « soupe canaque, gourgane de Toulon et Badinguet ». On ne sort de l’établissement qu’avec un « certificat de libération » attestant que « le Condamné a consommé et s’est bien conduit ».

Taverne du bagne, "certificat de libération"

Taverne du bagne, « certificat de libération »

A Belleville, Lisbonne ajoute une attraction supplémentaire : les Ratapoils, « beaux messieurs en redingote, ayant sur le chef un chapeau haut de forme. Au-dessus de celui-ci planait un aigle empaillé dont le bec tenait un morceau de lard ». Il y a aussi du spectacle : par moments, une dispute s’engage entre forçats et ratapoils. « Cinq ou six forçats se jetaient sur un ratapoil, s’en emparaient et le poussaient sur un petit théâtre simulant une forge. Ils le couchaient de force sur un banc et lui mettaient les fers aux pieds. C’était la revanche de l’opprimé ! » (C. Chincholle, Les Mémoires de Paris, 1889).

Déceptions et revers de fortune

Quand La Taverne du Bagne de Belleville doit fermer, Lisbonne lui donne une longue descendance d’autres cabarets tout aussi fantaisistes : La Taverne de la Révolution française, aux Halles (1886), Les Frites révolutionnaires, boulevard de Clichy, La Brioche politique, rue du faubourg-Montmartre (1893), ou encore Le Casino des Concierges (1894). En 1898, ce sera Le Jokey-Club de Montmartre, à l’inauguration duquel on sert des « maquereaux pêchés dans le bassin de la place Pigalle ».

Mais la fortune ne sourit pas à Maxime Lisbonne. Il finit sa vie, en 1905, dans l’oubli d’un bureau de tabac à la Ferté-Alais (Essonne), où il est enterré et où une rue porte son nom.

Maxime Lisbonne, portrait dans la rue. Taverne du Bagne

Maxime Lisbonne, par Morèje-République.

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Pour en savoir plus :

Charles Chincholle, « Les Fantaisies de Maxime Lisbonne », Les Mémoires de Paris, Paris, Librairie moderne, 1889, p. 61-79.

Marcel Cerf, Le D’Artagnan de la Commune (Le Colonel Maxime Lisbonne), Bienne, Editions du Panorama, 1967 ; rééd. Paris, Dittmar, 2014.

Sur Internet : https://www.lafertealais.com/les-personnages-de-la-ferte-alais-au-temps-des-cabarets/maxime-lisbonne/

Éloi Valat à la mairie du 20e

  « Dessiner la Commune » 

Illustrations et dessins d’Éloi Valat

L’exposition à la mairie du 20e

Du 6 novembre au 18 décembre 2021

« Dessiner la Commune » est à l’origine un livre illustré d’Éloi Valat datant d’avril 2021. Depuis quinze ans ce peintre dessinateur s’y est investi sous forme de quatre différents albums (*).

À propos du style qui l’identifie, Jean-Michel Arnold, directeur de Images/Média (CNRS), souligne à son sujet qu’il est « sans doute l’un des plus originaux parmi les graphistes de sa génération… avec une rare ferveur documentaire (il ne manque pas un pavé au Faubourg) »

En avril dernier, l’association  Faisons Vivre la Commune ! (domiciliée comme la nôtre à la MVAC du 20e arrondissement) a invité Éloi Valat et Raphaël Meyssan au Pavillon Carré de Baudouin, une conférence destinée à présenter chacun d’eux avec leur œuvre d’actualité.

Entretien d'Eloi Valat et Raphael Meyssan

Eloi Valat et Raphael Meyssan au Pavillon Carré de Baudouin le 2 avril 2021

Le choix de la Commune pour Éloi Valat

Lors de cette conférence, Éloi Valat nous explique ce qui, à l’origine, l’a personnellement motivé :

« C’est une entreprise de longue haleine, une histoire personnelle assurément c’est aussi un goût pour les images très fort, le fait de rencontrer cet évènement, cette révolution pour laquelle j’ai vraiment énormément d’affection, et également pour l’œuvre d’un écrivain important par rapport à la Commune et qui est l’œuvre de Jules Vallès ».

Dessiner la Commune, inauguration de l'expositionon

Eloi Valat à l’inauguration de son exposition à la Mairie du 20e, PG

Une exposition d’une forte intensité, à la fois moderne et digne à travers ses illustrations à son image, de notre mouvement social parisien, d’ampleur nationale… et au retentissement mondial.

____________ (*) Le Journal de la Commune (2007), L’enterrement de Jules Vallès (2011), La Semaine sanglante (2013), Louises, les femmes de la Commune (2019).

Femmes, Commune de Paris, Engagement

Par Christiane DEMEULENAERE-DOUYÈRE, vice-présidente de l’AHAV

Conférence à la mairie du 20e

Jeudi 16 décembre 2021 à 18h30

Entrée gratuite, limitée à 30 personnes sur inscription préalable à ahav.paris20@gmail.com

Les combattants de la Commune furent bien souvent des combattantes. Dans ces journées, les femmes ont joué un rôle déterminant, dans le 20e arrondissement comme ailleurs. Dès le début des événements, elles se sont engagées dans l’action et ont occupé l’espace politique.
Elles ont été sans doute plusieurs milliers à militer pour conquérir des droits nouveaux et faire leur place dans une société plus juste. Et, aux jours terribles de la Semaine sanglante, elles ont pris les armes pour défendre leurs quartiers, aux côtés des hommes.
1871 et femmes

Préposée à la garde sous la Commune