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Le gaz à Paris et au cours de Vincennes

Campagne gaz à tous les étages

Le gaz à Paris et au cours de Vincennes

Actuellement, les ouvriers creusent des tranchées dans nos trottoirs. Il s’agit ce mois de janvier des travaux de rénovation des canalisations de gaz naturel. Cette intervention de GRDF est prévue pour se terminer le 31 mars 2023. L’occasion pour nous d’évoquer l’histoire du gaz à Paris… jusqu’au cours de Vincennes.

Travaux de gaz dans le 20e arrondissement

Chantier GRDF 2023 longeant le haut du Père Lachaise-PG

À l’origine du gaz d’éclairage, Philippe Lebon

Entre 1785 et 1786, Philippe Lebon invente le gaz d’éclairage en France. Ses travaux l’amènent à mettre en évidence les propriétés des gaz de distillation du bois.

Il dépose le 28 septembre 1799 un brevet pour sa « thermolampe » et, en août 1800, publie un mémoire sous le titre suivant :

« Thermolampes ou poêles qui chauffent, éclairent avec économie, et offrent, avec plusieurs produits précieux, une force applicable à toutes espèces de machine ».

Son mémoire annonce la possibilité de distiller la houille. Le 11 octobre 1801, il installe ce système dans l’hôtel de Seignelay à Paris (7e arrondissement) : il s’agit là du premier éclairage à gaz. En mourant prématurément en 1804, Philipe Lebon n’aura pas pu développer ses découvertes.

Les débuts du gaz de houille

Le mémoire de Lebon est traduit et lu par ses successeurs anglais et allemand, William Murdoch et Frédéric-Albert Winsor, qui seront à l’origine de l’essor de l’industrie du gaz en Angleterre en utilisant la houille et non le bois.

Frédéric-Albert Winsor (enterré au Père Lachaise), se rend à Londres pour faire ses expériences en public.  Il fonde en 1807 la « Gas Light and Coke Compagny », une société d’éclairage général au gaz pour les rues, les usines, les boutiques, les hôtels et les maisons bourgeoises de Londres.

Tombe de Winsor

Winsor au Père Lachaise dessin de 1831- musée Carnavalet

En 1814, le brevet de Lebon tombe dans le domaine public et Winsor en profite pour déposer à Paris une demande de brevet, qu’il obtient en janvier 1816. Il entreprend alors l’éclairage au gaz du passage des Panoramas (2e arrondissement) et il fonde en 1817 à Paris la première compagnie de gaz.

À cette époque, les défauts du gaz de houille sont multiples en particulier le risque d’explosion des gazomètres, la dangerosité du monoxyde de carbone (CO) et une odeur insupportable, due, pour l’essentiel, au sulfure d’hydrogène (H2S).

Gaz en1815-1860

Controverses anciennes sur le gaz-Courrier de l’ INRA 2012

Pour combattre les peurs des utilisateurs, Winsor raconte, sans beaucoup de succès, que :

 « Le gaz est un calmant très-doux, un remède efficace contre les irritations de poitrine : aussi les médecins habiles, ajoutait-il, ont recommandé d’en mettre dans des vessies, sous le chevet des personnes affectées de maladies pulmonaires, afin que, transpirant peu à peu de son enveloppe, il se mêle à l’air que respire le malade et en corrige la trop grande vivacité ».

L’industrie du gaz mettra des années à se développer et la compagnie créée par Winsor fera faillite.

 

D’où provient le gaz de ville ? Un peu de chimie

Le gaz de ville ou gaz de houille provient de la distillation de la houille dans des cornues, autrement dit des fourneaux industriels. Cette distillation permet d’obtenir un gaz brut riche en hydrogène, méthane, monoxyde de carbone, goudron de houille, sulfure d’hydrogène qui est un gaz toxique et malodorant, et surtout 75% de coke.

L'industrie du gaz

Schéma de fabrication du gaz d’éclairage-MEGE

Le goudron de houille est utilisé pour le calfatage des bateaux. La vente du coke à elle seule couvre le prix d’achat de la houille. Le gaz, stocké dans des gazomètres après distillation est acheminé à sa destination via un réseau de canalisations.

 

Le développement du gaz d’éclairage

Les progrès techniques et la nécessité de remplacer l’ancien éclairage à l’huile entraînent un développement rapide du gaz de ville.
En 1821, Paris compte quatre usines à gaz et, en 1824, les premiers essais des lanternes à gaz sont effectués dans l’ancienne galerie de Fer, située boulevard des Italiens et qui rejoignait la rue de Choiseul.

Près de dix ans plus tard, le préfet de la Seine, Claude-Philibert Barthelot de Rambuteau, développe l’utilisation du gaz qui sera parachevée par le préfet Haussmann sous le Second Empire. Il généralise l’éclairage au gaz : à son arrivée en 1833, Paris comptait 69 becs de gaz ; on en dénombre plus de 8 600 à son départ, en 1848.

La compagnie du gaz de Belleville en 1835

Carte du réseau gaz à Paris avant 1860, dont celui de la Compagnie de Belleville en 1835-MEGE

À l’arrivée du second Empire, les célèbres financiers et hommes d’affaires de cette époque, les frères Pereire, prennent une part active à l’essor du gaz à Paris. Ils font notamment partie des bénéficiaires du traité de concession de l’éclairage et du chauffage au gaz à Paris. Celle-ci est signé le 23 juillet 1855, et accordée pour cinquante ans à six compagnies. Et c’est ainsi que de 1856 à 1889, de grandes usines à gaz de houille sont construites dans la ville et sa périphérie.

En 1889, le gaz éclaire toute la ville avec 1 800 000 becs de gaz privés et 55 470 becs d’éclairage publics. Un gaz aux multiples usages : éclairage, chauffage, eau chaude, cuisinière à gaz, etc. Le « confort gaz » (cuisine, eau chaude, chauffage), s’installe dans les foyers parisiens, d’abord ceux des plus aisés, il s’étendra par la suite à une clientèle plus modeste. 

En 1905, les immeubles modernes affichent sur des plaques métalliques bleues l’emblème de la nouveauté et du luxe : « Gaz à tous les étages ».

Mise en avant du gaz dans les immeubles

le gaz, luxe du début du 20ème siècle.

On comptait à Paris en 1906, 11 usines à gaz et plus de 600 000 abonnés

La fin des usines à gaz de houille

Vers 1910, un concurrent redoutable arrive : l’électricité. Les installations nouvelles adoptent majoritairement l’électricité. L’éclairage public au gaz continue pourtant longtemps à illuminer Paris : 90% de ses appareils sont encore au gaz en 1923. Il faudra attendre le début des années soixante pour voir disparaître le recours à ce type d’éclairage, place de la Concorde.

La découverte du gisement de Lacq en 1951, provoque la fin de l’industrie du gaz de houille. Les usines à gaz ferment progressivement : en 1956, celle de La Villette, Clichy en 1960, Gennevilliers en 1961, en 1977, l’usine Nord (le Landy et le Cornillon) cessent définitivement toute activité.

En 1967, le gaz naturel, en provenance de Lacq, de Russie et d’Algérie, approvisionne quelques 850 000 foyers parisiens et, le 21 mars 1979, la dernière torchère de gaz manufacturé s’éteint. Le gaz naturel a désormais remplacé le gaz de houille.

L’existence d’un gazomètre dans notre arrondissement

Dans le 20e arrondissement, une importante usine à gaz se trouvait le long du Cours de Vincennes. Sa démolition a permis de libérer un vaste terrain qui sera utilisé pour la construction du Lycée Hélène Boucher, de squares et d’autres bâtiments.

gazomètre du 20e arrondissement

L’usine à gaz cours de Vincennes vers 1900

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