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La DGSE, de « la Piscine » à Vincennes

Les services secrets français

 

La DGSE va quitter « la Piscine » pour Vincennes

 

À l’occasion de l’exposition actuelle de la DGSE en mairie du 20e « Le service secret français et le 20e arrondissement », nous rééditons cet article paru pour la première fois le 17 août 2021. L’exposition se termine le 5 novembre prochain.

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Le 20e continue de se transformer. Les agents de la DGSE vont quitter leur quartier général du boulevard Mortier, dans le 20e arrondissement, pour s’installer dans une toute nouvelle caserne aux installations ultra-modernes, en lisère du bois de Vincennes. Ce déménagement « hors norme » est prévu pour 2028.

Pourquoi la « Piscine » ?

 

Le quartier général historique des services français de renseignements extérieurs est installé depuis 1945, dans la « Centrale », une caserne jouxtant la piscine des Tourelles (aujourd’hui piscine Georges Vallerey), d’où son surnom de « la Piscine » popularisé par les films et les romans d’espionnage.

Piscine Georges-Vallerey

Piscine Georges-Vallerey (XXe) avec les anneaux olympiques

Depuis cette installation, les lieux ont été modernisés, notamment avec la construction d’une grande tour centrale dans les années 1970. En 1997, a été ajoutée une seconde parcelle, sise de l’autre côté du boulevard Mortier, reliée à l’immeuble de la DGSE par un long souterrain. Mais les lieux restent extrêmement contraints par l’architecture d’origine des bâtiments qui n’avaient pas été conçus pour abriter un grand service moderne, capable d’utiliser tous les moyens actuels de recueil et d’exploitation du renseignement.

Le nombre d’agents a doublé en 30 ans

 

Au fil des années, le nombre d’agents secrets a aussi beaucoup augmenté. En 1931, la DGSE comptait 3 500 officiers ; aujourd’hui, ils sont plus de 7 000. De plus, le travail s’est complexifié. Les missions d’aujourd’hui demandent d’intégrer systématiquement des capacités d’interception cyber. Les bureaux surpeuplés se sont multipliés, avec des fils et des branchements électriques anarchiques, ce qui ne pouvait plus durer.

Plus qu’un simple déménagement

 

L’idée présentée par le directeur général Bernard Emié est bien plus qu’un simple déménagement. Il s’agit en fait de doter la DGSE d’un outil de commandement à la hauteur de ses ambitions et, surtout, des menaces actuelles. Entre le terrorisme et la montée en puissance des nouveaux Etats comme la Turquie, la Chine, l’Iran ou la Russie, il faut mettre en place des structures puissantes, capables de fournir des accès techniques à toutes les autres agences de premier cercle de la communauté du renseignement : la DGSI à l’Intérieur, la Direction du Renseignement militaire (DRM), la Direction du renseignement et de la sécurité de la Défense (DRSD) ou le Commandement cyber pour les Armées.

Le Fort-Neuf de Vincennes, futur siège de la DGSE.

Le Fort-Neuf de Vincennes, futur siège de la DGSE.

Le site de Vincennes s’étendra sur 20 hectares, soit deux fois la taille des bâtiments actuels. Il sera doté de capacités informatiques qui sont celles de l’avenir. Le montant du projet s’élève à 1,3 milliard d’euros.

Un peu d’histoire

 

La DGSE est actuellement installée sur l’emplacement de l’enceinte militaire construite en 1841-1844, à l’initiative de Thiers, pour protéger Paris contre une invasion ennemie comme en 1814. Englobant la totalité de la capitale, 33 km de long, l’enceinte de Thiers, détruite en 1919-1929, se situait entre les actuels boulevards des Maréchaux et le boulevard périphérique. En fait elle ne servit jamais, sauf pendant les deux sièges de Paris en 1870 (par les Prussiens) et 1871 (par les Versaillais).

La caserne Mortier, pavillon sous officiers, vers 1937

La caserne Mortier, pavillon sous officiers, vers 1937. Carte postale.

 

En octobre 1940, la caserne des Tourelles devint un camp d’internement pour les étrangers. Des Français y furent internés à partir de juillet 1941, avec l’ouverture d’une section pour les communistes. Un bâtiment était affecté aux hommes, un autre aux femmes, le troisième étant réservé d’abord au recrutement du STO, puis au service des œuvres pour les prisonniers de guerre (fin 1941).

 

Le camp d'internement des Tourelles, 1940-1944

Le camp d’internement des Tourelles, 1940-1944.

Le camp des Tourelles fut l’un des principaux lieux de détention parisiens des femmes juives, le camp de Drancy étant réservé aux hommes jusqu’à la mi-juillet 1942. En août 1942, un seul bâtiment était affecté à l’internement, visant non plus les Juifs (envoyés directement à Drancy), mais les étrangers, comme les républicains espagnols, et des politiques, puis des réfractaires au STO. Le bâtiment central devint une annexe des prisons de Fresnes et de la Santé. Le camp fut libéré le 17 août 1944 ; près de 8 000 personnes y ont été détenues entre octobre 1940 et août 1944.

Depuis 1945, la DGSE occupe deux anciennes casernes situées de part et d’autre du boulevard Mortier : la caserne des Tourelles (Centre administratif des Tourelles) et, depuis 1996, la caserne Mortier. Les membres de la DGSE les désigneraient sous le nom de « centrale » et de « Mortier ». Les médias ont surnommé la DGSE la « piscine » en raison de sa proximité avec l’ancienne piscine des Tourelles, alors que le surnom donné en interne serait plutôt « la boîte ». Le quartier général du service Action est au fort de Noisy, à Romainville.

Déjà, un projet de délocalisation, dit projet « Fort 2000 », lancé en 1992, envisageait de déménager le siège de la DGSE au fort de Noisy. Il échoua à cause du manque de finances. Malgré la baisse du budget, à la suite de l’opposition des riverains du fort qui craignaient des nuisances sonores et de mouvements écologistes, car la zone abrite une espèce rare de crapauds (le Bufo Calamita), le projet fut abandonné définitivement en mai 1996. A la place, la DGSE reçut la caserne Mortier.

Un nouveau projet de déménagement est maintenant annoncé pour le Fort-Neuf de Vincennes. Construit entre 1841 et 1844, c’est l’un des seize forts détachés de l’enceinte de Thiers. Les travaux commenceront en 2024 et le transfert devrait être achevé en 2028.

 

Un mot sur la piscine des Tourelles, actuellement piscine Georges Vallerey

 

La piscine des Tourelles a été construite à l’occasion des Jeux olympiques d’été de 1924 ; elle fut la piscine du siège de la Fédération française de natation et abrita de nombreux championnats de France de natation. C’est en 1959 qu’elle reçut le nom du célèbre nageur médaillé de bronze aux Jeux de Londres 1948 et détenteur de sept records d’Europe entre 1945 et 1949, Georges Vallerey (1927-1954). Pour la petite histoire, Johnny Weissmuller (le futur acteur de Tarzan !) qui prit part aux Jeux olympiques d’été de 1924, y remporta les médailles d’or des 100 et 400 mètres nage libre, et du relais 4×200 mètres nage libre.

Pour en savoir plus :

Sur la DGSE :

Sur l’enceinte de Thiers :

L'Enceinte de Thiers

Sur le Stade des Tourelles, puis piscine des Tourelles et piscine Georges Vallerey :

 

Piscine "habillée" pour 2024

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