Proust du temps de sa vie et au-delà
Proust du temps de sa vie et au-delà
Le dernier chapitre de la vie de Proust se trouve au Père Lachaise, son passage du temps perdu vers le temps éternel. Décédé le 18 novembre 1922 à l’âge de 51 ans, ses funérailles ont lieu trois jours plus tard, notamment avec les honneurs militaires en tant que chevalier de la légion d’Honneur.
Le hasard fait que tout près de la tombe familiale se trouve enterré Pierre GRIMBLAT, résistant puis producteur/créateur des séries télévisées comme Navarro ou l’instit. Tous les deux sont nés d’une mère juive, et si Marcel Proust décède en 1922, Pierre GRIMBLAT naîtra cette année-là.
Le nom de Marcel Proust est connu du monde entier et au Père Lachaise, et il arrive très souvent que des étrangers viennent demander où se trouve sa tombe. Le nom, un nom, le sujet de sa citation : « Un nom, c’est bien souvent tout ce qui reste pour nous d’un être, non pas même quand il est mort, mais de son vivant ».
Vie privée, reconnaissance publique
Tout le monde connaît en premier lieu sa vie recluse d’homme à la santé fragile, comme en témoigne sa dernière gouvernante Céleste Albaret.
En ce qui concerne les faits de son temps, en 1898 Proust assiste au procès de Zola. Lui et son frère Robert signent la pétition de l’Aurore et « l’affaire Dreyfus » entrera à différentes reprises parmi les personnages de son œuvre.
Fin 1919, le prix Goncourt lui est décerné pour son livre À l’ombre des jeunes filles en fleurs.
Le 24 novembre 1920, son frère Robert Proust -lui-même officier de la Légion d’honneur- le « fait » chevalier de la Légion d’honneur avec l’accolade protocolaire… mais sans lui remettre l’insigne, cette croix bien matérielle mais sans doute oubliée ou perdue ce jour-là.
Proust aurait pu mourir plus tôt
Autre événement de sa vie privée mais qui devient publique : dans le Journal daté du 3 février 1897 et à propos de la parution du livre Les Plaisirs et les jours, Jean Lorrain (sous le pseudonyme de Raitif de la Bretonne) évoque ainsi de manière à peine voilée la relation intime de Marcel Proust avec Lucien Daudet :
« Marcel Proust obtiendra sa préface de M. Alphonse Daudet, de l’intransigeant, M. Alphonse Daudet lui-même, qui ne pourra la refuser, cette préface, ni à Mme Lemaire ni à son fils Lucien. »
Compte tenu de la morale de l’époque, Marcel Proust alors âgé de 25 ans se voit contraint de « laver son honneur » et doit provoquer en duel Jean Lorrain, ce critique littéraire redoutablement connu comme « chroniqueur du vice parisien ». Le duel a lieu Le 6 février dans le bois de Meudon, les duellistes tireront volontairement vers le bas et l’incident se terminera ainsi.
La mort de Marcel Proust
Proust meurt à son domicile parisien le 18 novembre 1922. On peut voir son lit de mort au musée Carnavalet. Ce jour-là, son frère Robert (médecin) était venu le soigner.
Trois jours plus tard ont lieu les funérailles, soit au même moment où à l’hôpital Tenon Robert devait inaugurer le nouveau service de radiumthérapie en tant que « patron ». Il se fait donc représenter et lui et sa famille se rendent aux funérailles de son frère, en l’église Saint-Pierre de Chaillot puis au Père Lachaise.
Sur sa tombe familiale en marbre noir, une croix « pattée » a été sculptée comme signe religieux. Marcel Proust s’en était libéré par avance dès 1896 dans sa lettre en réponse à Robert de Montesquiou : « si je suis catholique comme mon père et mon frère, par contre, ma mère est juive. Vous comprendrez que c’est une raison assez forte pour que je m’abstienne de ce genre de discussions ».
L’attentat sur sa tombe
Sa tombe se trouve à la 85ème division. Elle n’est pas celle d’origine et on a pu souvent raconter que celle qui s’y trouve actuellement l’a remplacé à la suite d’un attentat à l’explosif. Il y a eu effectivement un acte manqué puisque cette bombe artisanale a eu simplement pour effet de déplacer légèrement la dalle et d’y laisser une trace de poudre rouge.
Mais en fait, si l’explosion a bien eu lieu le 9 novembre 1978, comme le rapportent une dépêche AFP puis les différents quotidiens nationaux, la pierre tombale actuelle était déjà installée comme le prouve la photo illustrant l’article paru dans l’Aurore. À l’arrière du monument, on peut y voir encore aujourd’hui en surface le léger impact de l’explosif qui faute d’accrochage sur le marbre, serait finalement parti en l’air comme un feu d’artifice.
La version plus vraisemblable est que cette première tombe avait été endommagée lors de la deuxième guerre mondiale et elle a été remplacée par la suite, sans que nous en connaissions pour autant la date précise… mais en tout cas bien avant cet incident de 1978.
Sa famille au Père Lachaise
Dans la sépulture familiale on y trouve sa mère Jeanne Weil Proust et son père Adrien Proust. Sur la stèle on pouvait y voir le portrait en bronze du père, neurologue et professeur à la faculté de médecine, portrait sculpté par Marie Nordlinger. Cette oeuvre a été ensuite récupérée pour être apposée sur le mur de la maison natale du père, à Illiers-Combray.
En 1935, Robert Proust sera le dernier à rejoindre la tombe familiale. Par ailleurs, deux sépultures de la famille maternelle de Proust -également riche d’histoire- se trouvent dans l’ancien enclos juif de notre cimetière.
Enfin en 2021, la Société des amis de Marcel Proust et des amis de Combray reçoit un chèque de 400 000 euros du Loto du Patrimoine, montant qui lui permet de rénover le musée qui porte son nom.
Proust du temps de sa vie et au-delà
Bonjour,
Passionnant cet article. Cela fait de nombreuses années que je me demandais ce qu’il en était du prétendu attentat qui aurait détruit la tombe. Ces informations lèvent en partie le voile… reste à trouver en quelle année elle a été effectivement refaite….
Sur la fiche Wikimedia il est indiqué que l’ancienne tombe comprenait un bas-relief de Nordlinger et un médaillon d’Adrien Proust.
Sur la photo on voit bien le bas-relief, qui doit bien être celui d’Adrien Proust, mais pas de médaillon. En fait ce bas-relief doit être à considérer comme un médaillon… carré.
En tout cas, il semble bien que ce médaillon ait atterri sur la maison natale d’Adrien Proust à Illiers-Combray.
https://www.flickr.com/photos/51366740@N07/5679794451
Amicalement
Pierre