Nouvelle date : 25 septembre 2025

Nouvel horaire : 18h

La Mairie du 20e fermant ses portes à 17h ce jeudi 18 septembre 2025, nous avons dû reporter cette conférence au jeudi 25 septembre. La conférence débutera à 18h précises.

 

Des perles à la scène… Charonne, berceau de la famille Topart

 

 

Le comédien Jean Topart (1922-2012) a eu une belle et longue carrière tant au théâtre qu’au cinéma dans la seconde moitié du XXème siècle. Il a été une figure éminente du Théâtre national populaire et une vedette des feuilletons télévisés appréciée du grand public. 

Mais on sait moins qu’il était un enfant de Charonne -où il est né- et qu’il repose maintenant au cimetière du Père-Lachaise.

Ses attaches familiales avec ce quartier sont plus anciennes. Il descend en effet d’une famille de mulquiniers (artisan tisserand et marchand de toiles) artésiens qui montent à Paris à la Révolution, puis se font fabricants de perles artificielles, à Charonne, sous le Second Empire.

Après 1860, des industriels parisiens, à l’étroit dans la capitale, y découvrent des espaces accueillants et une main-d’œuvre abondante et y installent des industries innovantes.

Entête 1900 des frères Topart

Il compte parmi ses ancêtres directs deux acteurs importants de l’histoire municipale du 20e arrondissement, Hippolyte Topart (1825-1879) et Henri Chassin (1840-1918) qui ont été, tous deux, maires de notre arrondissement avant 1914.

Cette conférence, présentée par Christiane Demeulenaere-Douyère, vice-présidente de l’AHAV, nous invite à découvrir cette histoire familiale peu connue. Elle nous conduira dans un Charonne bien éloigné de sa réalité actuelle, à mi-chemin entre le village rural qu’il a longtemps été, puis le faubourg industriel qu’il est devenu dans la seconde moitié du XIXème siècle.

 

La conférence a lieu :

📅 Jeudi 25 septembre 2025
🕡 À 18h précises
🪧 À la mairie du 20e arrondissement, salle des mariages

   Entrée gratuite, nombre de places limité, uniquement sur inscription par mail à ahav.paris20@gmail.com

 

 

 

Les travaux sur  la ligne 3 du métro

La ligne 3 du métro parisien se refait une beauté cet été. Résultat : plus de trafic entre Opéra et Gallieni jusqu’au 3 août 2025 ! Dans son article en ligne, notre partenaire mon petit 20e nous en donne les précisions.  

https://monpetit20e.com/metro-parisien-une-grande-partie-de-la-ligne-3-fermee-pour-travaux-du-28-juin-au-3-aout-2025/

Plus proche de nous, juste en face de la place Édith Piaf, la RATP dispose  d’un important atelier de maintenance raccordé à la ligne 3. Cet espace est aussi actuellement en travaux, plus précisément en cours de démolition. 

RATP ligne 3, atelier de maintenance rue Belgrand

RATP ligne 3, atelier de maintenance rue Belgrand en démolition. 18 juillet 2025-PG

 

Une démolition avec en remplacement un projet d’urbanisme,  L’occasion pour l’AHAV de republier ci-dessous son article paru pour la première fois  le 17 juillet 2021.

Toujours à propos de la ligne 3, à lire également notre article sur la construction du premier escalator du métro, situé à la station Père Lachaise.

https://ahavparis.com/lescalator-du-metro-pere-lachaise-une-premiere/

Et enfin,  nos membres trouveront dans leur  espace adhérent, l’histoire un brin mouvementée des lignes 3 et 3-bis ». https://ahavparis.com/portfolio-item/histoire-des-lignes-de-metro-3-et-3bis/

 

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Sur le site de la RATP Belgrand, un projet urbain

En partenariat avec la Ville de Paris et la Mairie du 20e arrondissement, la RATP projette la réalisation d’un jardin, de logements et d’un établissement de santé dédié à l’enfance sur une partie du site des ateliers de maintenance des équipements (AME) Belgrand.

Le site RATP Belgrand

Situé le long des rues Belgrand, Pelleport et de la Py, en face de la place Édith Piaf, d’une superficie d’1,5 hectare, le site RATP Belgrand accueille aujourd’hui plusieurs fonctions liées aux activités du groupe RATP :

  • l’atelier de maintenance des trains des lignes de métro 3, 3bis et 7bis,
  • l’atelier de maintenance des équipements électroniques et électropneumatiques des métros, trams et RER,
  • le poste de commandes centralisées (PCC) et les équipes de direction des lignes 3 et 3 bis,
  • des logements.
 l'atelier RATP dans le 20e arrondissement

Entrée de l’atelier RATP rue Belgrand, PG

L’atelier dès la création du métro

La Compagnie du chemin de fer métropolitain de Paris (CMP) est créée en 1899. Dès lors, elle a besoin d’ateliers de maintenance pour le matériel roulant, qui s’ouvrent au fur et à mesure des créations de lignes.

Ainsi, après l’atelier de Charonne conçu pour les lignes 1 et 2, le site RATP Belgrand accueille le deuxième atelier du métro parisien, construit en 1904 pour la ligne 3.

La ligne 3 est la troisième ligne du métropolitain parisien. Ouverte en octobre 1904 pour la section Villiers-Père-Lachaise, elle fait ensuite l’objet de plusieurs prolongations : jusqu’à Gambetta en 1905, Péreire en 1910, Porte de Champerret en 1911, Porte des Lilas en 1921, Pont de Levallois-Bécon en 1937.

En 1969, est ouverte la nouvelle station Gambetta, qui absorbe l’ancienne station Martin Nadaud dont les quais constituent désormais son prolongement et servent de sortie.

Création de la ligne RATP 3bis

Métro Gambetta en 1969

En 1971, la ligne 3 fait l’objet d’un remaniement important à l’est. Elle est prolongée jusqu’à Gallieni, tandis que son ancien tronçon terminal de Gambetta à Porte des Lilas est débranché et exploité séparément sous le nom de ligne 3 bis.

Longue de 11,665 kilomètres, la ligne 3 traverse Paris d’ouest en est sur la rive droite, et dessert les quartiers résidentiels du 17e arrondissement, la gare Saint-Lazare, les grands magasins, le quartier d’affaires autour de l’Opéra et l’est parisien. Elle a transporté 98 millions de voyageurs en 2009 (ligne 3 bis incluse) et se situe en neuvième position sur le réseau pour son trafic.

Périmètre du sIte RATP voué à la démolition - 20ème Arrondissement

Périmètre du site RATP voué à la démolition

Les ateliers du site Belgrand sont raccordés à la ligne 3 après son terminus Gambetta, sur l’arrière-gare de l’ancien terminus.

L’organisation initiale comprenait un atelier de petit entretien, des ateliers et une salle de peinture, une menuiserie, un hangar à bois ou encore des magasins, pour une superficie d’environ 12 000m2.

La ville s’est ensuite développée tout autour du site Belgrand, avec des grands ensembles et des rues étroites. Ce site industriel a été maintenu en milieu urbain dense pour répondre aux besoins liés à l’activité de transport.

Le projet en cours

Une partie du terrain RATP Belgrand va être libérée par le déménagement de l’Atelier de Maintenance des Equipements (AME) des réseaux métro, RER et tramways sur le site de Vaugirard dans le cadre du regroupement des fonctions de maintenance des réseaux ferrés gérés par la RATP. D’autre part, l’Atelier de Maintenance des Trains (AMT) doit être entièrement repensé et modernisé pour s’adapter à l’arrivée d’une nouvelle génération de trains sur les lignes 3, 3 bis et 7 bis. Ces nouveaux trains, appelés MF19, ont des caractéristiques différentes des trains actuels : ils sont équipés d’intercirculations qui permettent aux voyageurs de circuler entre les voitures et de ventilations réfrigérées en toitures pour un meilleur confort d’été.

Projet d'un immeuble RATP sur son site Belgrand

Projet d’un immeuble RATP sur son site Belgrand

La RATP, en partenariat avec la Ville de Paris et la Mairie du 20e et conformément au Plan local d’urbanisme (PLU), prévoit à la place la réalisation d’un jardin, de logements et d’un centre de santé pluridisciplinaire permettant l’accès aux soins des enfants et des adolescents.

La concertation avec les riverains

La RATP va mener une démarche de conception urbaine collaborative pendant la durée du projet, depuis les études jusqu’aux travaux et la livraison des futurs programmes, qui sera conduite par l’agence Res publica. Dès le lancement des études, d’avril à septembre 2021, elle organise une première séquence de concertation avec le public, riverains, habitants, associations, commerçants, élus, pour les associer à l’élaboration d’un diagnostic partagé et aux premiers scénarios d’aménagement de la parcelle.

Pour en savoir plus :

Ligne 3 du métro de Paris – Article Wikipedia

Le site RATP BELGRAND – Les composantes du futur projet

Pour participer à la concertation :

Site RATP BELGRAND – Concertation

 

L’église Saint-Jean-Bosco va ressusciter

 

Un chantier de restauration de l’église Saint-Jean-Bosco est à l’étude actuellement auprès de l’agence Point 05 sous la direction de Charlotte Langlois, architecte du Patrimoine, et Juliette Selingue, architecte collaboratrice.

Édifiée entre 1933 et 1938 grâce au financement des Chantiers du Cardinal, l’église Saint-Jean-Bosco va voir sa restauration financée à nouveau par cette même association créée en 1931.

 

À l’origine, un projet ambitieux

Dominant le quartier de la Réunion, l’église Saint-Jean-Bosco a été construite sous la maîtrise d’œuvre de l’architecte Dumitru Rotter (1878-1937), d’origine roumaine, architecte jusqu’alors inconnu, puis, après sa mort, de son fils René Rotter. Le projet initial était très ambitieux : il correspondait alors à un programme incluant un vaste patronage et lieu d’enseignement, au cœur duquel était prévue l’insertion de l’église. Depuis, de nombreux travaux ont continué à être menés.

 

Maquette du projet d’ensemble Saint-Jean-Bosco

Maquette du projet d’ensemble, archives de la maison provinciale de l’ordre des Salésiens. (Photographie Valérie Gaudard, 2009. © CRMH Île-de-France).

L’église Saint-Jean-Bosco se compose de trois vaisseaux encadrés d’abord par un clocher-porche puis un transept, pour finir sur un chœur à chevet plat. Elle se divise en deux niveaux principaux accessibles au public : une église haute destinée aux fidèles, et une église basse dédiée aux élèves du patronage et aux enfants de la paroisse.

Au contraire de la plupart des églises dont l’axe et le chœur sont en principe dirigés vers l’orient, ici, le chevet est au nord, le portail au sud, tandis que les bas-côtés et les bras de transept s’étendent à l’ouest et à l’est. Cette orientation avait pour but de faire face à la rue, dans un quartier déjà fortement urbanisé avant sa construction en 1933. Le clocher-porche se dresse à 54 mètres en incluant la girouette à coq.

Inscrite partiellement à l’Inventaire supplémentaire des Monuments Historiques, par arrêté du 14 mai 2001, à l’exception de l’église basse et du presbytère construit au-dessus de la sacristie, l’église Saint-Jean-Bosco fait l’objet d’une étude minutieuse préalable, qui va permettre d’orienter les lignes décisives quant à sa restauration.  Mais cette étude, remise en janvier 2025 par Point 05, a surtout permis de faire des découvertes.

 

Les découvertes issues de l’étude préalable

Ainsi l’église, qu’on croyait en béton, est essentiellement construite en briques enduites de ciment. Et la blancheur immaculée des murs extérieurs n’est pas du tout d’origine : ces murs étaient d’un ton pierre avec des faux joints et des effets de texture tracés à la main. De même, si l’unité esthétique semble étudiée jusqu’au moindre détail, des chaises aux poignées de porte des confessionnaux, les matériaux, eux, ne sont pas toujours homogènes, ce qui rendra délicates les reprises.

 

Baptistère de l’église Saint-Jean-Bosco

Baptistère de l’église Saint-Jean-Bosco © Art culture et foi

L’ensemble des décors peints intérieurs, y compris la chapelle des fonts baptismaux, et des mosaïques ainsi que le chemin de croix de l’église haute, ont été réalisés par Mauméjean Frères et sur leurs dessins d’intention. Les décors des autels et de la chaire ont été réalisés par la maison Guitard, sur modèles de Mauméjean Frères. Le chemin de croix en mosaïques initialement disposé dans l’église basse et aujourd’hui mis en dépôt sur les tribunes est l’œuvre de Léon Guillemaind.

Avec ses lignes modernistes à pans coupés du plus pur style Art Déco, et son ornementation simple et raffinée, la chaire à prêcher, composée d’onyx, mosaïque et verre, est sans nul doute l’un des chefs d’œuvre de l’église Saint-Jean-Bosco.

 

La nature des travaux de restauration

La restauration du bâtiment va traiter en premier lieu les problèmes d’infiltration. Cela concerne principalement les vitraux, coincés entre deux claustras de béton armé. Ces vitraux souffrent en effet de l’explosion des bétons sous l’effet de la corrosion de leurs fers. Les eaux pluviales s’y insinuent, des morceaux de béton tombent à l’intérieur de l’église sur les tribunes latérales et des infiltrations d’eau pluviale en provenance des toitures provoquent de nombreuses taches et décollements sur les plafonds.

De multiples fissures apparaissent ici et là. La couverture ondulée amiantée de la nef doit être changée sans délai et ses prolongations en zinc, ainsi que les toits terrasse en revêtements bituminés, doivent aussi être rénovés. L’étanchéité du bâtiment est donc la priorité absolue, avant toute intervention sur l’intérieur de l’église même. Les premiers travaux sur les toitures auront lieu dès 2026.

 

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L’article complet de Frédérique Gaudin est à lire dans l’espace adhérent : Saint-Jean-Bosco va ressusciter



La Foire du Trône est ouverte… !



Ouverte cette année le 4 avril, la Foire du Trône vous attend jusqu’au 9 juin 2025, de midi à minuit (jusqu’à une heure du matin les samedis et veilles de jour férié), sur la pelouse de Reuilly, au bois de Vincennes.

Un espace « forain » très populaire du 20e arrondissement

La Foire du Trône, aussi appelée « foire aux pains d’épices », a été longtemps associée au passé festif et récréatif du 20e arrondissement. Créée en 957, c’est la plus ancienne et la plus grande fête foraine de France et elle a une riche histoire.

En 957, la famine frappe le royaume et le roi Lothaire autorise les moines-boulangers de l’abbaye Saint-Antoine à vendre leur pain à la population affamée. Puis la vente de charité se transforme en fête populaire où viennent se produire des jongleurs, des clowns et d’autres saltimbanques. La Foire du Trône est lancée, avec son fameux cochon en pain d’épices.

 

Les cochons en pain d'épices

Le fameux cochon en pain d’épices… DR

 

Pourquoi un cochon ? Le 13 octobre 1131, le fils du roi Louis VI Le Gros, traverse Paris à cheval. Son cheval est effrayé par un cochon surgi au milieu de son chemin, il se cabre et fait chuter le cavalier qui décédera des suites de ses blessures. Le roi interdit alors toute divagation de pourceaux dans la capitale, à la seule exception de ceux de l’abbaye Saint-Antoine. En remerciement de cette faveur royale, les moines inventent un cochon en pain d’épices… vendu pendant la foire, à laquelle il donne son nom.

Pourquoi Foire du Trône ?

La plupart des rois de France étaient sacrés à Reims. Au retour, c’est donc par la porte de Vincennes qu’ils font leur entrée dans Paris. Selon la tradition, un immense trône est installé sur l’actuelle place de la Nation. Le roi y prend place et la population vient lui rendre hommage. D’où le nom de place du trône, qui donnera bien plus tard son nom à la fête qui se tient, jusqu’alors, le long de l’avenue de Vincennes voisine.

A la fin du XIXe siècle, la foire connaît un immense essor, avec plus de 2 000 forains en 1880. Le public vient nombreux pour y voir femmes à barbe, frères siamois, nains et géants. Les trains fantômes, les manèges de chevaux de bois et les dompteurs de fauves y font aussi leur apparition.

 

Place de la Nation, Foire du Trône, vers 1900. Carte postale

Place de la Nation, Foire du Trône, vers 1900. Carte postale

 

Mais l’installation de la Foire du Trône dans le quartier de la Nation est de moins en moins commode et les riverains se plaignent. En 1964, on décide de déplacer l’événement sur la pelouse de Reuilly, où elle se tient toujours aujourd’hui.

La présence de la Foire du Trône dans le 20e arrondissement y a attiré l’installation d’une population assez nombreuse de gens du cirque, et même, à la fin du XIXème siècle, la création d’un petit cirque rue des Prairies : le Théâtre-Cirque miniature Corvi. Ses divertissants spectacles d’animaux dressés ont eu leur petite heure de gloire avant la Première Guerre mondiale.

 

Affiche du Théâtre-Cirque CORVI

Affiche du Théâtre-Cirque CORVI, Paris, BHVP. Photo CDD

 

Les « forains » dans le paysage urbain

Longtemps la population parisienne n’a pas été composée seulement d’urbains. Quoique majoritaires, les urbains cohabitaient avec des ruraux, jardiniers et maraîchers qui nourrissaient les Parisiens, nombreux particulièrement dans notre arrondissement, et des gens du voyage, forains, bohémiens… plus exotiques, dont les roulottes sont bien visibles sur de nombreuses représentations de l’espace parisien.

 

Les Bohémiens à Paris, campement, L’Illustration

Les Bohémiens à Paris, campement-L’Illustration

 

Le 20e arrondissement, comme les autres arrondissements périphériques, comportait naguère encore de vastes espaces de friches non occupées. C’était la « zone », héritée du système défensif mis en place autour de Paris dans les années 1840. Les fortifications militaires enserrant la capitale étaient précédées, côté banlieue, d’un vaste espace de 250 mètres de large, sur laquelle il était prohibé d’élever toute construction en dur. À partir de 1919, les fortifications ont été peu à peu démantelées, mais la « zone non edificandi » était restée et est devenue le refuge d’une population précaire survivant tant bien que mal.

La « zone », sur laquelle sera ouvert le boulevard périphérique de Paris à partir des années 1970, était le refuge, entre autres populations précaires (sans domicile fixe, chiffonniers et récupérateurs de vieux métaux et objets, clochards…), des forains, artistes ou commerçants ambulants qui parcouraient les villes et les villages et faisaient étape à Paris.

Roulottes porte d’Ivry, photographie d'Eugène Atget

Eugène Atget, Roulottes porte d’Ivry, Paris. BHVP

A Paris, les roulottes des forains investissent tous les lieux disponibles, comme les terre-pleins et contre-allées des boulevards ouverts sur le tracé de l’ancien mur des Fermiers généraux. Ainsi, les registres de l’état civil relèvent, par exemple en 1896, le décès d’une foraine, Catherine Landauer, décédée « boulevard de Belleville face au 87 », et en 1907, celui d’une Louise Caroline Landauer « face au n°6 boulevard Rochechouart ».

Et ce 20e arrondissement bigarré, où les roulottes de forains faisaient partie du paysage, a duré longtemps. Les plus anciens se souviennent sans doute de la roulotte de la cartomancienne, fort célèbre à Paris disait-on alors, stationnée jusqu’il y a peu, boulevard de Ménilmontant, à la sortie du métro Père-Lachaise.

Mais aujourd’hui Mme Irma s’en est allée… Où maintenant allons-nous aller nous faire dire la bonne aventure ou tirer les cartes ?

La caravane de la cartomancienne du métro Père-Lachaise

La caravane de la cartomancienne du métro Père-Lachaise. DR



Le bâti faubourien de Charonne 1820-1920


Bulletin n°83

 

Vers les années 1820, l’urbanisation des territoires de l’Est parisien démarre, avec l’arrivée massive d’entreprises et de manufactures s’installant sur des terres peu peuplées jusque-là.
Prolongement du faubourg Saint Antoine, Charonne écrit une histoire particulière dans le 20e arrondissement, avec un réseau de rues et de passages « en peigne » hérité des terres maraichères et des vignobles. Il donne lieu à un urbanisme marqué par une forte concentration de maisons dites faubouriennes, un patrimoine ouvrier et artisan construit tout au long du XIXème siècle.
Frédérique Gaudin, secrétaire générale de l’AHAV, et Delphine Lenicolais nous avaient présenté, lors d’une conférence le 24 octobre 2024 à la mairie du 20e, ce bâti faubourien indissociable de l’histoire de ce quartier et de ses habitants.

Tiroir de vidange des eaux usées dans l’escalier du 51 rue des Orteaux – Photo extraite du livre « Si le quartier Réunion m’était conté » du Dr Longueville

Retrouvez-le dans notre nouveau bulletin qui vient de paraître.

Les bulletins sont envoyés gratuitement sous format papier à nos adhérents au fur et à mesure de leur parution.
Vous pouvez commander en ligne ce bulletin et tous les bulletins déjà parus, sous format imprimé ou sous format pdf téléchargeable.

Une plaque commémorative au nom de Manu Dibango boulevard de Charonne

En cette année 2024, deux évènements commémoratifs ont eu lieu dans le 20e. Deux artistes mondialement connus, tous deux décédés quatre ans plus tôt ont habité dans nos quartiers : Manu Dibango le 24 mars 2020 et le chanteur Idir le 2 mai de la même année.

Parce qu’ils ont été tous les deux fortement attachés à notre arrondissement, la Ville et sa mairie ont tenu cette année à marquer durablement leur reconnaissance.

Manu Dibango, une plaque commémorative devant son immeuble

Ce 22 juin 2024, une plaque commémorative dédiée à Manu Dibango a été dévoilée au 176 boulevard de Charonne, juste en face du Père-Lachaise. Il a résidé et a travaillé à cette adresse de 1980 à 1993. À propos du cimetière, il avait l’habitude de le surnommer « mon voisin ». En dernier lieu, il est allé rejoindre son  « voisin » pour s’y installer définitivement.

Véritable « homme-orchestre » en tant qu’artiste, Manu Dibango a été à la fois saxophoniste, pianiste, compositeur et chanteur camerounais de renommée mondiale… Mais aussi gérant de club, créateur de son big band, producteur, homme de radio et de télévision.

Manu Dibango au Père Lachaise Photo 2024-PG

Manu Dibango au Père Lachaise Photo 2024-PG

L’inauguration de la plaque à son nom

On le sait peut-être moins mais dès 2004 L’UNESCO l’avait nommé ambassadeur de la Paix. Il était donc normal que la ville associe l’Unesco à l’inauguration de cette plaque en son honneur, en présence de sa famille et de plusieurs personnalités. Aux côtés d’Éric Pliez, maire du 20ᵉ arrondissement, Arnaud Ngatcha -lui-même d’origine camerounaise- était présent en tant qu’adjoint à la maire de Paris chargé de l’Europe, des Relations Internationales et de la Francophonie.

À l’origine, la demande de cette plaque a été présentée à l’Hôtel de Ville sous forme d’un vœu par Éric Pliez maire du 20e, en séance du 5 juillet 2022. En voici un extrait :

« Pour l’ensemble de son œuvre, Manu DIBANGO a été le premier musicien africain à recevoir en 2003 le Grand prix de l’académie Charles Cros. La légion d’honneur lui fut également décernée en 2010…

Parrain de nombreux talents en devenir, il fut artiste de l’UNESCO pour la paix en 2004 « pour sa contribution exceptionnelle au développement des arts, de la paix et du dialogue des cultures dans le monde », grand témoin de la Francophonie aux Jeux Olympiques et Paralympiques de Rio en 2016 et signataire en 2018 d’une tribune publiée dans le journal Le Monde contre le réchauffement climatique « Le Plus Grand Défi de l’histoire de l’humanité ».

 

Plaque en mémoire de Manu Dibango dans le 20e

Plaque en mémoire de Manu Dibango bvd de Charonne -PG

Au Père-Lachaise et dans le 20e, Manu Dibango non loin de Idir

Autre point commun entre Manu Dibango et Idir : l’Unesco. Trois mois après la mort de Idir, l’Unesco lui rendait hommage sous forme d’un message soulignant la qualité de Idir, «un ambassadeur éminent des cultures kabyle et berbère ». Deux mois avant l’inauguration de la plaque dédiée à Manu Dibango, le chanteur Idir aura obtenu un Square  qui portera son nom rue de Ménilmontant.

Enfin, le hasard a fait que tous deux sont enterrés la même année au Père Lachaise, à cinquante pas l’un de l’autre près de l’entrée Gambetta.

Les autres hommages rendus à Manu Dibango dans le 20e

Toujours localement en hommage à Manu Dibango, le Studio de l’Ermitage a accueilli le 28 mai 2022 un concert organisé par le groupe Anbessa.

Autre forme de reconnaissance, en 2021, l’artiste SEBD, en collaboration avec l’Association le Ratrait, a réalisé rue du Retrait une œuvre de street art. Cette fresque ci-dessous, aujourd’hui recouverte par une peinture de façade, témoigne de l’impact culturel de Manu Dibango dans nos quartiers.

Manu Dibango peint rue du Retrait

Manu Dibango peint sur le mur de la rue du Retrait photo oct 2021 -PG

Et tout récemment en vue de l’inauguration de cette plaque prévue le 22 juin 2024, le Conseil Syndical de l’immeuble a apposé une affiche -illustrée à son image- à destination de ses habitants. La photo ci-dessous étant de mauvaise qualité, en voici le contenu :

LE CONSEIL SYNDICAL

Plaque commémorative MANU DIBANGO

La cérémonie de dévoilement de la plaque en hommage à Manu Dibango, qui a vécu dans l’immeuble jusqu’en 1993, aura lieu le samedi 22 juin á 11h. Seront présents, Éric Pliez, maire du 20e, plusieurs membres de la famille. dont notamment deux de ses enfants ayant grandi ici, sa petite fille Victoria, et peut-être l’ambassadeur du Cameroun.

La cérémonie durera 45 minutes et sera suivie du dévoilement de la plaque qui aura été posée au niveau de l’entrée de l’immeuble. Nous proposons de poursuivre ces moments par une fête des voisins et invitons celles et ceux qui le souhaitent à apporter boissons, tartes salées… Le conseil syndical

 

Manu di Bango annonce de l'inauguration de la plaque

Manu di Bango affiche du Conseil syndical 2024

Tous ces événements mettent fortement en valeur l’empreinte durable de Manu Dibango dans le 20ᵉ.



Des perles à la scène… Charonne, berceau de la famille Topart

 

 

Le comédien Jean Topart (1922-2012) a eu une belle et longue carrière tant au théâtre qu’au cinéma dans la seconde moitié du XXème siècle. Il a été une figure éminente du Théâtre national populaire et une vedette des feuilletons télévisés appréciée du grand public. 

Mais on sait moins qu’il était un enfant de Charonne -où il est né- et qu’il repose maintenant au cimetière du Père-Lachaise.

Ses attaches familiales avec ce quartier sont plus anciennes. Il descend en effet d’une famille de mulquiniers (artisan tisserand et marchand de toiles) artésiens qui montent à Paris à la Révolution, puis se font fabricants de perles artificielles, à Charonne, sous le Second Empire.

Après 1860, des industriels parisiens, à l’étroit dans la capitale, y découvrent des espaces accueillants et une main-d’œuvre abondante et y installent des industries innovantes.

Entête 1900 des frères Topart

Il compte parmi ses ancêtres directs deux acteurs importants de l’histoire municipale du 20e arrondissement, Hippolyte Topart (1825-1879) et Henri Chassin (1840-1918) qui ont été, tous deux, maires de notre arrondissement avant 1914.

Cette conférence, présentée par Christiane Demeulenaere-Douyère, vice-présidente de l’AHAV, nous invite à découvrir cette histoire familiale peu connue. Elle nous conduira dans un Charonne bien éloigné de sa réalité actuelle, à mi-chemin entre le village rural qu’il a longtemps été, puis le faubourg industriel qu’il est devenu dans la seconde moitié du XIXème siècle.

Elle a lieu :

📅 Jeudi 21 novembre 2024
🕡 À 18h30 précises
🪧 À la Mairie du 20e arrondissement, 6 place Gambetta, salle du Conseil

  Entrée libre dans la limite des places disponibles

 

 



Savez-vous planter les choux à la mode de… Charonne ?

 

A l’heure où les Parisiens réinventent les « fermes urbaines » et se revendiquent « locavores », qui se souvient qu’une partie du 20e arrondissement fut longtemps une terre de jardinage et de maraîchage ? Pourtant, certains noms de rues et quelques bâtiments échappés à la pioche des démolisseurs peuvent nous mettre la puce à l’oreille. De quoi la rue des Maraîchers, la rue des Haies ou celle des Grands Champs… sont-elles le souvenir ?

 

Nourrir Paris en fruits et légumes frais

De tout temps, il a fallu fournir Paris en légumes, « herbages » et fruits frais. Dès le Moyen Âge, Paris est une ville dense et très peuplée : 250 000 habitants, en 1300, qui en font la capitale la plus peuplée d’Europe occidentale. Pour approvisionner les marchés, en ces temps où l’on ignore les transports à longue distance et le froid artificiel, des jardiniers professionnels cultivent à l’intérieur même de la ville des surfaces assez étendues de légumes (choux, salades, concombres, etc.), dont l’actuelle rue du Pont-aux-Choux (3e arr.) est un lointain souvenir.

Tout comme les biens connus « clos à pêches » du Haut Montreuil sont un vestige de la capitale internationale de la pêche de qualité et d’autres fruits, fraises et cerises, qu’a longtemps été ce village voisin de Paris. Au fur et à mesure de l’extension urbaine, ces jardins ont dû reculer, franchir les enceintes successives de Paris et gagner la banlieue proche pour finalement s’éloigner plus loin encore en région parisienne.

 

Estampe de Jacques Callot de 1628 - La vie de la Mère de Dieu représentée par des emblèmes : 9, Le jardinier

Jacques Callot, Le jardinier, 1628 © BnF, Gallica

 

Le travail du jardinier-maraîcher est différent de celui du cultivateur ou du laboureur. C’est un métier très qualifié qui requiert une bonne connaissance des espèces de légumes et de fleurs de coupe et des méthodes (amendement des terres, palissage des arbres, utilisation de serres, châssis ou cloches de verre…) nécessaires pour protéger les plantes, les « forcer » et les faire produire à la fois en quantité abondante et en qualité. Le travail est rude et les journées longues : tôt levés, tard couchés…

À Paris, dès la fin du Moyen Âge, il existe une corporation des « jardiniers, préoliers et maraîchers ». Elle apparaît dans l’ordonnance des Bannières de Louis XI (1467) et gagne ses statuts en 1473, complétés et approuvés par la monarchie à plusieurs reprises. En 1772, elle compte environ 1 200 maîtres jardiniers. Elle disparait avec la Révolution.

 

Une « petite banlieue » maraîchère

Mais ces jardiniers, dont beaucoup sont parisiens de longue date, restent en place, bientôt renforcés de nouveaux venus des campagnes proches. Les activités de jardinage et de maraîchage se poursuivent à Paris et dans sa banlieue proche ou lointaine pendant tout le XIXe siècle et une partie du XXe.

 

Carte postale illustrée - Maison de jardiniers, 17e siècle - 165 rue de Charonne

Ancienne maison de jardiniers, transformée en lavoir industriel, rue de Charonne, début du XXe siècle. Carte postale.

 

Au fur et à mesure que la ville grignote ses faubourgs, les zones jardinières se déplacent hors des limites, de Paris, puis encore au-delà. On se souvient qu’à la fin des années 1970, le choix de Bobigny comme chef-lieu du nouveau département de la Seine-Saint-Denis a entrainé le déménagement de ses maraîchers, partant avec la terre de leurs jardins qui était pour eux un outil de travail et un investissement de qualité.

Nombreux sont les jardiniers et maraîchers qui ont laissé leurs noms inscrits dans la voirie parisienne. Dans le 12e arrondissement voisin, il y a une rue des Jardiniers et une rue Dagorno, et de nombreux passages portent les noms de jardiniers aujourd’hui oubliés. Dans le 20e arrondissement, nous avons aussi le passage Josseaume et l’impasse Dagorno.

 

Qui sont ces gens ?

Dagorno ? Un patronyme qui pourrait bien être breton d’origine. Le premier Dagorneau repéré – la famille adoptera ensuite l’orthographe Dagorno – est Nicolas Dagorneau, décédé à Paris à la fin du XVIIIe siècle. Il est qualifié de jardinier, domicilié rue des Amandiers, dans la paroisse Sainte-Marguerite. On ne sait pas où il est né. Par son mariage, il est lié à des familles bellevilloises comme les Mouroy et les Auroux et certains de ses beaux-frères sont vignerons à Belleville.

Ce couple aura une descendance nombreuse qu’on retrouvera essaimée dans divers quartiers parisiens. Certains s’établissent dans l’actuel 12e arrondissement, rue de Picpus ou rue de Reuilly, ou encore près de la place la Nation ou rues de la Voûte et du Rendez-vous. D’autres s’installent à Charonne, particulièrement à proximité de la rue des Haies. Au début du XXe siècle, d’autres Dagorno iront plus loin en région parisienne (Maisons-Alfort, Alfortville…).

 

Culture sous cloche - Exposition Savez-vous planter les choux (2012) - Parc de Bagatelle, Paris, France

Culture de salades sous cloches en verre. DR.

 

Et les Jossaume ? Ils étaient originaires de l’Avranchin, dans la Manche, qu’ils quittent dans les années 1810. Le premier arrivé à Paris est probablement André Josseaume (1790-1871), qui se marie, en 1813, à Saint-Ambroise. Vers 1819, il est rejoint par un de ses frères, Jacques François Josseaume (ca 1787-1855), qui, en 1846, est jardinier au chemin de ronde de la barrière de Saint-Mandé ; il meurt à environ 68 ans, au 4 rue de la Cour-des-Noues, à Charonne, et est enterré dans le cimetière de Charonne.

Des Josseaume, on en trouve successivement dans l’ancien village de Bercy (vers 1853), rue et boulevard de Reuilly (en 1871) et à Charonne. Au début du XXe siècle, certains sont installés à Créteil (1914).

 

Carte photo ancienne des établissements A. Bernard, horticulteurs à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis)

Maraichage à Saint-Denis (93), Ets A. Bernard, horticulteur, début du XXe siècle. Carte postale.

 

Au fil des générations, les Dagorno et les Josseaume se sont unis par mariage avec la plupart des grandes familles jardinières de Paris et de sa banlieue. C’est en effet une habitude bien ancrée dans ce métier : quand on est enfant de jardinier, on n’épouse qu’un fils ou une fille de jardiniers et, en cas de veuvage, on se remarie dans ce même milieu.

Ils participent ainsi d’une vaste communauté professionnelle qui pratique l’endogamie, partage ses savoirs de métier, travaille dans l’ensemble de la région francilienne et finit par constituer une sorte d’« aristocratie » jardinière et maraîchère. Ainsi, dans leur parentèle proche ou plus lointaine, les Dagorno ont des liens familiaux qui les relient à des familles de maîtres jardiniers déjà présentes à Paris au début du XVIIIe siècle, comme les Robert ou les Dulac.

 

 

Photo : 15-17 rue Florian, propositions de sites et bâtiments remarquables à protéger © Association Paris historique

15-17 rue Florian, propositions de sites et bâtiments remarquables à protéger © Association Paris historique

 

Pour mieux connaître le bâti faubourien du 20e arrondissement

L’Association d’Histoire et d’Archéologie du 20e arrondissement de Paris vous propose, le jeudi 24 octobre 2024, à 18h30, à la Mairie du 20e arrondissement, la conférence :

 

Le bâti faubourien de Charonne (1820-1920)

 

Présentée par Frédérique Gaudin, secrétaire générale de l’AHAV, et Delphine Lenicolais, dans le cadre de son master 2 Histoire, cette conférence vous permettra de découvrir un patrimoine bâti bien délaissé qui nous vient en grande partie de l’activité jardinière et maraîchère du quartier de Charonne, et les problématiques qui entourent aujourd’hui sa reconnaissance et sa préservation.

Donc… rendez-vous le jeudi 24 octobre 2024, à 18h30, à la Mairie du 20e arrondissement, salle du Conseil, 6 place Gambetta, 75020 Paris.



Serpollet pionnier de l’automobile

 

Du 14 au 20 octobre, la 90ème édition du « Mondial de l’Auto » se déroule à Paris, porte de Versailles. Les constructeurs automobiles y présentent leurs derniers modèles de véhicules électriques dont les performances rivalisent avec celles des voitures à moteur thermique.

On a un peu oublié les voitures à vapeur; heureusement, dans le 20e, la rue Serpollet nous rappelle qu’un record mondial de vitesse a été atteint par Léon Serpollet en 1902 au volant d’un véhicule à vapeur construit dans les usines de la rue Stendhal.

 

Les premières automobiles roulent à la vapeur

En 1770, Cugnot expérimente à l’intérieur de l’Arsenal de Paris un chariot sur trois roues, muni d’une chaudière à haute pression, destiné au transport de canons ou matériel d’artillerie, le fardier de Cugnot. Ses recherches s’arrêtent en 1771 lorsque son soutien, le duc de Choiseul, secrétaire d’État de la Guerre sous Louis XV, tombe en disgrâce.

En 1873, Amédée Bollée père construit le premier véhicule routier à vapeur, l’Obéissante, qui transporte 12 passagers jusqu’à 40km/h en pointe, puis toute une série d’automobiles à vapeur (La Mancelle, La Nouvelle, La Rapide…).  Ses deux fils Léon et Amédée vont ensuite abandonner la vapeur et se tourner vers les moteurs à essence.

 

Dessin de l'illustrateur Lapin représentant L’Obéissante

L’Obéissante     © Carnet d’inventions de l’illustrateur Lapin – Musée des Arts et Métiers

En 1883, la société De Dion, Bouton & Trépardoux, se lance à son tour dans les véhicules à vapeur ; en 1895, après le départ de Trépardoux, De Dion-Bouton va adopter les moteurs à essence.

 

Les frères Serpollet à Culoz, dans l’Ain

En 1879, dans l’atelier familial de menuiserie, Léon et Henri Serpollet inventent le générateur à vaporisation instantanée, un perfectionnement du moteur à vapeur, afin de faire fonctionner leurs machines à découper le bois.

Léon et Henri « montent » à Paris mais Henri ne supporte pas la vie dans la capitale et retourne rapidement à Culoz. Les deux frères vont poursuivre leur collaboration par correspondance pendant 25 ans pour perfectionner leur invention.

 

Serpollet et Larsonneau, rue des Cloys, Paris 18e

Léon s’associe en 1888 avec un homme d’affaires, Larsonneau : la Société des Moteurs Serpollet Frères commence la fabrication de moteurs à vapeur dans les ateliers de Larsonneau, rue des Cloys, et se lance dans la réalisation d’un tricycle à vapeur. Ce tricycle effectue le trajet de la rue des Cloys jusqu’à Enghien à la vitesse moyenne de 30km/h.

Serpollet et Peugeot présentent à l’Exposition Universelle de 1889 la Serpollet Peugeot, ou tricycle Peugeot type 1.

 

Le tricycle à vapeur Serpollet Peugeot ou Peugeot type 1 exposé au Musée des Arts et Métiers

Tricycle à vapeur Serpollet Peugeot – Musée des Arts et Métiers – Wikimedia Commons

 

En 1890, Serpollet part pour Lyon avec un nouveau tricycle ; il arrivera dix jours plus tard après quelques incidents techniques mais sous les ovations du public.

En 1891, il commercialise un quadricycle ; ses premiers clients sont prestigieux : l’industriel Gaston Menier, le comte de Greffulhe (tous deux au Père Lachaise), l’écrivain Robert de Montesquiou. Il profite du mariage de sa sœur à l’église Saint-Ambroise en janvier 1892 pour faire parader cinq de ses véhicules dans le cortège.

 

Page de couverture du Petit journal illustré du 21 mai 1933

La première voiture Serpollet, dite « voiture miracle » © Gallica BnF

 

Cependant ses modestes usines de la rue des Cloys ne peuvent rivaliser avec ses puissants concurrents, comme Panhard-Levassor et Peugeot, qui adoptent le moteur à essence : en 1893, il abandonne ses recherches sur l’automobile pour se consacrer à la propulsion des tramways et des trains.

De nombreuses compagnies de tramways européennes adoptent le moteur Serpollet. Dans les chemins de fer, les rames Serpollet circulent en France, en Allemagne et au Japon. Mais quand les tramways et les chemins de fer se tournent vers l’électrification, les commandes s’espacent et la situation de la société Serpollet devient catastrophique.

 

Serpollet et Gardner, rue Stendhal, Paris 20e

En 1898, Serpollet s’associe avec un magnat américain, Franck-Lacroix Gardner. La société Gardner-Serpollet s’installe rue Stendhal dans une usine louée par Léonard Paupier, fabricant d’instruments de pesage et de matériel de chemin de fer.

 

Bâtiments industriels en activité sur le site des usines Gardner-Serpollet : avant - Ateliers de Léonard Paupier / après - Imprimerie Henon

Bâtiments industriels en activité sur le site des usines Gardner-Serpollet
Avant (1898) Ateliers de Léonard Paupier – Wikimedia  –  Après (1913) Imprimerie Henon – Art et Industrie
© Delcampe                 –      © Gallica BnF

 

Serpollet revient à la construction automobile et à sa passion de la compétition. Ses automobiles à vapeur obtiennent la Médaille d’or à l’Exposition Universelle de 1900. Gaston Menier lui remet en 1901 les insignes de chevalier de la Légion d’honneur.

 

Lithographie de Philippe Chapellier - Affiche pour les automobiles à vapeur Gardner-Serpollet - environ 1899

Affiche de Philippe Chapellier 1899 © Musée de l’automobiliste, Mougins

 

Il gagne trois années de suite la Coupe Rothschild. En 1902, à Nice, il est au volant de l’Œuf de Pâques, véhicule prototype qui doit son nom à sa forme aérodynamique et à la date de l’épreuve (13 avril 1902). En couvrant un kilomètre à 120 km/h, Serpollet bat de 15km/h le record de vitesse établi en 1899 par Camille Jenatzi sur son engin électrique, la Jamais-Contente.

 

Serpollet au volant de l’Œuf de Pâques sur la promenade des Anglais à Nice en 1902

Serpollet au volant de l’Œuf de Pâques à Nice en 1902 © Guy Dürrenmatt

Ses victoires en compétition stimulent la commercialisation de ses automobiles. Le roi d’Angleterre, le chah de Perse, Louis Lumière et le docteur Yersin au Vietnam roulent en Serpollet. Une usine de montage est inaugurée à Londres en 1903, une filiale italienne est créée à Milan en 1906.

 

Serpollet au volant du Torpilleur en 1903 à Nice, coupe Rothschild.

Serpollet au volant du Torpilleur en 1903  (*)
© Andrew Stewart / Bridgeman Images

Serpollet et Darracq, à Suresnes

Cependant la concurrence des voitures à essence provoque le déclin des commandes. En 1906, Gardner cède ses parts à Alexandre Darracq. Cet entrepreneur a investi les bénéfices de sa fabrique de cycles Gladiator dans une usine d’automobiles à Suresnes. Darracq est l’un des premiers constructeurs à fabriquer des véhicules « en série ». Il veut profiter de l’essor des transports en commun en s’associant avec Serpollet pour construire des véhicules commerciaux, fourgons, camions et omnibus.

Deux camions et un omnibus Darracq-Serpollet prennent les trois premières places de la course de poids-lourds Paris-Marseille-Paris, ce qui apporte des retombées financières et commerciales immédiates.

 

La dernière résistance des vaporistes

Atteint d’un cancer de la gorge, Léon Serpollet meurt en 1907 à 48 ans. Son discret frère Henri, avec qui il a mené toutes ses recherches et qui est toujours resté loin des milieux automobiles parisiens, assiste au triomphe du moteur à explosion avant de mourir en 1915.

Les usines Darracq continuent la fabrication de véhicules utilitaires à vapeur jusqu’en 1920.

Aux Etats-Unis, avec les frères Stanley, les voitures à vapeur résistent encore jusqu’en 1924. L’un des points faibles du moteur à vapeur était sans doute la complexité du processus de démarrage, comme en témoigne cette vidéo où un ingénieur passionné nous emmène sur les routes des Alpes-Maritimes avec sa voiture à vapeur de marque Stanley … après ¾ d’heure de mise en route.

 

La rue Serpollet

Les fortifications de Paris sont déclassées en 1919 et progressivement détruites jusqu’en 1929. Un décret de 1925 prévoit le rattachement à Paris des territoires de l’ancienne zone militaire non ædificandi. Cette annexion est réalisée en trois étapes dont la dernière ampute le territoire de Bagnolet de 17 ha en 1930.

A la demande d’Alphonse Loyau, conseiller municipal qui dans sa jeunesse a travaillé comme mécanicien chez Gardner-Serpollet, une rue – ouverte en 1933 dans la zone annexée de Bagnolet – porte le nom de Serpollet.

 

 

 

Panneau rue Serpollet

Rue Serpollet donnant vers le boulevard Davout – VV

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(*) Michelin House, 81 Fulham Road, à Londres, est le premier siège social de la filiale britannique de Michelin. Sur les façades de ce bâtiment Art Nouveau, 34 panneaux décoratifs montrent de célèbres voitures qui utilisaient des pneus Michelin. Cette céramique a été réalisée par Gilardoni fils et Cie de Paris d’après un dessin d’Ernest Montaut.

Bibliographie :
Dürrenmatt, Guy. Les frères Serpollet précurseurs de l’automobile : Éditions La Mirandole, 1997
Dubarry de Lasalle, Pierre. Le clos Serpollet :  Éditions Decoopman, 2023



1860… Paris annexe ses faubourgs – L’exemple de Belleville et de Charonne


Bulletin n°82

 

1860 représente un moment capital dans l’histoire de Paris : la ville, à l’étroit depuis la fin du XVIIIème siècle dans le corset de son Mur des Fermiers généraux, étend ses limites administratives et fiscales jusqu’à ses fortifications militaires édifiées vers 1840, et de ce fait elle absorbe l’intégralité des onze communes administrativement autonomes de sa proche banlieue et des portions plus ou moins étendues de treize autres communes.

Par cette mesure, la superficie de Paris passe d’environ 3 300 hectares à 7 000 hectares et la ville gagne 600 000 habitants nouveaux, soit une augmentation de 55% de sa population. C’est l’acte de naissance officiel du Paris actuel et des 20 arrondissements que nous connaissons aujourd’hui.

La banlieue annexée à Paris est encore plutôt rurale et peu peuplée, à l’exception de Belleville qui compte alors 65 000 habitants – c’est la deuxième ville du département de la Seine juste après Paris. Cette mesure bouleverse la figure de la capitale et bien sûr la vie des Parisiens, anciens et nouveaux.

On promet de faire de ce Paris agrandi une ville harmonieuse et confortable, dotée d’une voirie moderne, et riche. Après l’haussmannisation du centre de la capitale, spéculation, construction et industrialisation vont s’emparer de ces nouveaux territoires parisiens.

Le 20e arrondissement, qui a été créé sur les anciennes communes de Charonne et de Belleville (en partie), va subir le sort commun, à cette différence toutefois que le territoire de Belleville est partagé entre deux arrondissements, les 19e et 20e. Belleville est la seule commune annexée à connaître ce sort.

Christiane Demeulenaere-Douyère, vice-présidente de l’AHAV, nous avait présenté, lors d’une conférence le 15 février 2024 à la mairie du 20e, l’histoire de cette grande mutation et les réactions des habitants de l’Est parisien qui ont été, au fil du temps, de trois ordres : d’abord inquiétudes, ensuite espérances, puis insatisfactions.

Retrouvez cette histoire dans notre nouveau bulletin qui vient de paraître.

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