Page de couverture du bulletin n°83



Le bâti faubourien de Charonne 1820-1920


Bulletin n°83

 

Vers les années 1820, l’urbanisation des territoires de l’Est parisien démarre, avec l’arrivée massive d’entreprises et de manufactures s’installant sur des terres peu peuplées jusque-là.
Prolongement du faubourg Saint Antoine, Charonne écrit une histoire particulière dans le 20e arrondissement, avec un réseau de rues et de passages « en peigne » hérité des terres maraichères et des vignobles. Il donne lieu à un urbanisme marqué par une forte concentration de maisons dites faubouriennes, un patrimoine ouvrier et artisan construit tout au long du XIXème siècle.
Frédérique Gaudin, secrétaire générale de l’AHAV, et Delphine Lenicolais nous avaient présenté, lors d’une conférence le 24 octobre 2024 à la mairie du 20e, ce bâti faubourien indissociable de l’histoire de ce quartier et de ses habitants.

Tiroir de vidange des eaux usées dans l’escalier du 51 rue des Orteaux – Photo extraite du livre « Si le quartier Réunion m’était conté » du Dr Longueville

Retrouvez-le dans notre nouveau bulletin qui vient de paraître.

Les bulletins sont envoyés gratuitement sous format papier à nos adhérents au fur et à mesure de leur parution.
Vous pouvez commander en ligne ce bulletin et tous les bulletins déjà parus, sous format imprimé ou sous format pdf téléchargeable.

Manu Dibango peint rue du Retrait

Une plaque commémorative au nom de Manu Dibango boulevard de Charonne

En cette année 2024, deux évènements commémoratifs ont eu lieu dans le 20e. Deux artistes mondialement connus, tous deux décédés quatre ans plus tôt ont habité dans nos quartiers : Manu Dibango le 24 mars 2020 et le chanteur Idir le 2 mai de la même année.

Parce qu’ils ont été tous les deux fortement attachés à notre arrondissement, la Ville et sa mairie ont tenu cette année à marquer durablement leur reconnaissance.

Manu Dibango, une plaque commémorative devant son immeuble

Ce 22 juin 2024, une plaque commémorative dédiée à Manu Dibango a été dévoilée au 176 boulevard de Charonne, juste en face du Père-Lachaise. Il a résidé et a travaillé à cette adresse de 1980 à 1993. À propos du cimetière, il avait l’habitude de le surnommer « mon voisin ». En dernier lieu, il est allé rejoindre son  « voisin » pour s’y installer définitivement.

Véritable « homme-orchestre » en tant qu’artiste, Manu Dibango a été à la fois saxophoniste, pianiste, compositeur et chanteur camerounais de renommée mondiale… Mais aussi gérant de club, créateur de son big band, producteur, homme de radio et de télévision.

Manu Dibango au Père Lachaise Photo 2024-PG

Manu Dibango au Père Lachaise Photo 2024-PG

L’inauguration de la plaque à son nom

On le sait peut-être moins mais dès 2004 L’UNESCO l’avait nommé ambassadeur de la Paix. Il était donc normal que la ville associe l’Unesco à l’inauguration de cette plaque en son honneur, en présence de sa famille et de plusieurs personnalités. Aux côtés d’Éric Pliez, maire du 20ᵉ arrondissement, Arnaud Ngatcha -lui-même d’origine camerounaise- était présent en tant qu’adjoint à la maire de Paris chargé de l’Europe, des Relations Internationales et de la Francophonie.

À l’origine, la demande de cette plaque a été présentée à l’Hôtel de Ville sous forme d’un vœu par Éric Pliez maire du 20e, en séance du 5 juillet 2022. En voici un extrait :

« Pour l’ensemble de son œuvre, Manu DIBANGO a été le premier musicien africain à recevoir en 2003 le Grand prix de l’académie Charles Cros. La légion d’honneur lui fut également décernée en 2010…

Parrain de nombreux talents en devenir, il fut artiste de l’UNESCO pour la paix en 2004 « pour sa contribution exceptionnelle au développement des arts, de la paix et du dialogue des cultures dans le monde », grand témoin de la Francophonie aux Jeux Olympiques et Paralympiques de Rio en 2016 et signataire en 2018 d’une tribune publiée dans le journal Le Monde contre le réchauffement climatique « Le Plus Grand Défi de l’histoire de l’humanité ».

 

Plaque en mémoire de Manu Dibango dans le 20e

Plaque en mémoire de Manu Dibango bvd de Charonne -PG

Au Père-Lachaise et dans le 20e, Manu Dibango non loin de Idir

Autre point commun entre Manu Dibango et Idir : l’Unesco. Trois mois après la mort de Idir, l’Unesco lui rendait hommage sous forme d’un message soulignant la qualité de Idir, «un ambassadeur éminent des cultures kabyle et berbère ». Deux mois avant l’inauguration de la plaque dédiée à Manu Dibango, le chanteur Idir aura obtenu un Square  qui portera son nom rue de Ménilmontant.

Enfin, le hasard a fait que tous deux sont enterrés la même année au Père Lachaise, à cinquante pas l’un de l’autre près de l’entrée Gambetta.

Les autres hommages rendus à Manu Dibango dans le 20e

Toujours localement en hommage à Manu Dibango, le Studio de l’Ermitage a accueilli le 28 mai 2022 un concert organisé par le groupe Anbessa.

Autre forme de reconnaissance, en 2021, l’artiste SEBD, en collaboration avec l’Association le Ratrait, a réalisé rue du Retrait une œuvre de street art. Cette fresque ci-dessous, aujourd’hui recouverte par une peinture de façade, témoigne de l’impact culturel de Manu Dibango dans nos quartiers.

Manu Dibango peint rue du Retrait

Manu Dibango peint sur le mur de la rue du Retrait photo oct 2021 -PG

Et tout récemment en vue de l’inauguration de cette plaque prévue le 22 juin 2024, le Conseil Syndical de l’immeuble a apposé une affiche -illustrée à son image- à destination de ses habitants. La photo ci-dessous étant de mauvaise qualité, en voici le contenu :

LE CONSEIL SYNDICAL

Plaque commémorative MANU DIBANGO

La cérémonie de dévoilement de la plaque en hommage à Manu Dibango, qui a vécu dans l’immeuble jusqu’en 1993, aura lieu le samedi 22 juin á 11h. Seront présents, Éric Pliez, maire du 20e, plusieurs membres de la famille. dont notamment deux de ses enfants ayant grandi ici, sa petite fille Victoria, et peut-être l’ambassadeur du Cameroun.

La cérémonie durera 45 minutes et sera suivie du dévoilement de la plaque qui aura été posée au niveau de l’entrée de l’immeuble. Nous proposons de poursuivre ces moments par une fête des voisins et invitons celles et ceux qui le souhaitent à apporter boissons, tartes salées… Le conseil syndical

 

Manu di Bango annonce de l'inauguration de la plaque

Manu di Bango affiche du Conseil syndical 2024

Tous ces événements mettent fortement en valeur l’empreinte durable de Manu Dibango dans le 20ᵉ.




Conférence du 21 novembre annulée




La conférence du jeudi 21 novembre 2024 « Des perles à la scène… Charonne, berceau de la famille Topart » est annulée.

Elle sera reportée à une date ultérieure.

 



Des perles à la scène… Charonne, berceau de la famille Topart

 

 

Le comédien Jean Topart (1922-2012) a eu une belle et longue carrière tant au théâtre qu’au cinéma dans la seconde moitié du XXème siècle. Il a été une figure éminente du Théâtre national populaire et une vedette des feuilletons télévisés appréciée du grand public. 

Mais on sait moins qu’il était un enfant de Charonne -où il est né- et qu’il repose maintenant au cimetière du Père-Lachaise.

Ses attaches familiales avec ce quartier sont plus anciennes. Il descend en effet d’une famille de mulquiniers (artisan tisserand et marchand de toiles) artésiens qui montent à Paris à la Révolution, puis se font fabricants de perles artificielles, à Charonne, sous le Second Empire.

Après 1860, des industriels parisiens, à l’étroit dans la capitale, y découvrent des espaces accueillants et une main-d’œuvre abondante et y installent des industries innovantes.

Entête 1900 des frères Topart

Il compte parmi ses ancêtres directs deux acteurs importants de l’histoire municipale du 20e arrondissement, Hippolyte Topart (1825-1879) et Henri Chassin (1840-1918) qui ont été, tous deux, maires de notre arrondissement avant 1914.

Cette conférence, présentée par Christiane Demeulenaere-Douyère, vice-présidente de l’AHAV, nous invite à découvrir cette histoire familiale peu connue. Elle nous conduira dans un Charonne bien éloigné de sa réalité actuelle, à mi-chemin entre le village rural qu’il a longtemps été, puis le faubourg industriel qu’il est devenu dans la seconde moitié du XIXème siècle.

Elle a lieu :

📅 Jeudi 21 novembre 2024
🕡 À 18h30 précises
🪧 À la Mairie du 20e arrondissement, 6 place Gambetta, salle du Conseil

  Entrée libre dans la limite des places disponibles

 

 

Variétés de choux - Wikipedia



Savez-vous planter les choux à la mode de… Charonne ?

 

A l’heure où les Parisiens réinventent les « fermes urbaines » et se revendiquent « locavores », qui se souvient qu’une partie du 20e arrondissement fut longtemps une terre de jardinage et de maraîchage ? Pourtant, certains noms de rues et quelques bâtiments échappés à la pioche des démolisseurs peuvent nous mettre la puce à l’oreille. De quoi la rue des Maraîchers, la rue des Haies ou celle des Grands Champs… sont-elles le souvenir ?

 

Nourrir Paris en fruits et légumes frais

De tout temps, il a fallu fournir Paris en légumes, « herbages » et fruits frais. Dès le Moyen Âge, Paris est une ville dense et très peuplée : 250 000 habitants, en 1300, qui en font la capitale la plus peuplée d’Europe occidentale. Pour approvisionner les marchés, en ces temps où l’on ignore les transports à longue distance et le froid artificiel, des jardiniers professionnels cultivent à l’intérieur même de la ville des surfaces assez étendues de légumes (choux, salades, concombres, etc.), dont l’actuelle rue du Pont-aux-Choux (3e arr.) est un lointain souvenir.

Tout comme les biens connus « clos à pêches » du Haut Montreuil sont un vestige de la capitale internationale de la pêche de qualité et d’autres fruits, fraises et cerises, qu’a longtemps été ce village voisin de Paris. Au fur et à mesure de l’extension urbaine, ces jardins ont dû reculer, franchir les enceintes successives de Paris et gagner la banlieue proche pour finalement s’éloigner plus loin encore en région parisienne.

 

Estampe de Jacques Callot de 1628 - La vie de la Mère de Dieu représentée par des emblèmes : 9, Le jardinier

Jacques Callot, Le jardinier, 1628 © BnF, Gallica

 

Le travail du jardinier-maraîcher est différent de celui du cultivateur ou du laboureur. C’est un métier très qualifié qui requiert une bonne connaissance des espèces de légumes et de fleurs de coupe et des méthodes (amendement des terres, palissage des arbres, utilisation de serres, châssis ou cloches de verre…) nécessaires pour protéger les plantes, les « forcer » et les faire produire à la fois en quantité abondante et en qualité. Le travail est rude et les journées longues : tôt levés, tard couchés…

À Paris, dès la fin du Moyen Âge, il existe une corporation des « jardiniers, préoliers et maraîchers ». Elle apparaît dans l’ordonnance des Bannières de Louis XI (1467) et gagne ses statuts en 1473, complétés et approuvés par la monarchie à plusieurs reprises. En 1772, elle compte environ 1 200 maîtres jardiniers. Elle disparait avec la Révolution.

 

Une « petite banlieue » maraîchère

Mais ces jardiniers, dont beaucoup sont parisiens de longue date, restent en place, bientôt renforcés de nouveaux venus des campagnes proches. Les activités de jardinage et de maraîchage se poursuivent à Paris et dans sa banlieue proche ou lointaine pendant tout le XIXe siècle et une partie du XXe.

 

Carte postale illustrée - Maison de jardiniers, 17e siècle - 165 rue de Charonne

Ancienne maison de jardiniers, transformée en lavoir industriel, rue de Charonne, début du XXe siècle. Carte postale.

 

Au fur et à mesure que la ville grignote ses faubourgs, les zones jardinières se déplacent hors des limites, de Paris, puis encore au-delà. On se souvient qu’à la fin des années 1970, le choix de Bobigny comme chef-lieu du nouveau département de la Seine-Saint-Denis a entrainé le déménagement de ses maraîchers, partant avec la terre de leurs jardins qui était pour eux un outil de travail et un investissement de qualité.

Nombreux sont les jardiniers et maraîchers qui ont laissé leurs noms inscrits dans la voirie parisienne. Dans le 12e arrondissement voisin, il y a une rue des Jardiniers et une rue Dagorno, et de nombreux passages portent les noms de jardiniers aujourd’hui oubliés. Dans le 20e arrondissement, nous avons aussi le passage Josseaume et l’impasse Dagorno.

 

Qui sont ces gens ?

Dagorno ? Un patronyme qui pourrait bien être breton d’origine. Le premier Dagorneau repéré – la famille adoptera ensuite l’orthographe Dagorno – est Nicolas Dagorneau, décédé à Paris à la fin du XVIIIe siècle. Il est qualifié de jardinier, domicilié rue des Amandiers, dans la paroisse Sainte-Marguerite. On ne sait pas où il est né. Par son mariage, il est lié à des familles bellevilloises comme les Mouroy et les Auroux et certains de ses beaux-frères sont vignerons à Belleville.

Ce couple aura une descendance nombreuse qu’on retrouvera essaimée dans divers quartiers parisiens. Certains s’établissent dans l’actuel 12e arrondissement, rue de Picpus ou rue de Reuilly, ou encore près de la place la Nation ou rues de la Voûte et du Rendez-vous. D’autres s’installent à Charonne, particulièrement à proximité de la rue des Haies. Au début du XXe siècle, d’autres Dagorno iront plus loin en région parisienne (Maisons-Alfort, Alfortville…).

 

Culture sous cloche - Exposition Savez-vous planter les choux (2012) - Parc de Bagatelle, Paris, France

Culture de salades sous cloches en verre. DR.

 

Et les Jossaume ? Ils étaient originaires de l’Avranchin, dans la Manche, qu’ils quittent dans les années 1810. Le premier arrivé à Paris est probablement André Josseaume (1790-1871), qui se marie, en 1813, à Saint-Ambroise. Vers 1819, il est rejoint par un de ses frères, Jacques François Josseaume (ca 1787-1855), qui, en 1846, est jardinier au chemin de ronde de la barrière de Saint-Mandé ; il meurt à environ 68 ans, au 4 rue de la Cour-des-Noues, à Charonne, et est enterré dans le cimetière de Charonne.

Des Josseaume, on en trouve successivement dans l’ancien village de Bercy (vers 1853), rue et boulevard de Reuilly (en 1871) et à Charonne. Au début du XXe siècle, certains sont installés à Créteil (1914).

 

Carte photo ancienne des établissements A. Bernard, horticulteurs à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis)

Maraichage à Saint-Denis (93), Ets A. Bernard, horticulteur, début du XXe siècle. Carte postale.

 

Au fil des générations, les Dagorno et les Josseaume se sont unis par mariage avec la plupart des grandes familles jardinières de Paris et de sa banlieue. C’est en effet une habitude bien ancrée dans ce métier : quand on est enfant de jardinier, on n’épouse qu’un fils ou une fille de jardiniers et, en cas de veuvage, on se remarie dans ce même milieu.

Ils participent ainsi d’une vaste communauté professionnelle qui pratique l’endogamie, partage ses savoirs de métier, travaille dans l’ensemble de la région francilienne et finit par constituer une sorte d’« aristocratie » jardinière et maraîchère. Ainsi, dans leur parentèle proche ou plus lointaine, les Dagorno ont des liens familiaux qui les relient à des familles de maîtres jardiniers déjà présentes à Paris au début du XVIIIe siècle, comme les Robert ou les Dulac.

 

 

Photo : 15-17 rue Florian, propositions de sites et bâtiments remarquables à protéger © Association Paris historique

15-17 rue Florian, propositions de sites et bâtiments remarquables à protéger © Association Paris historique

 

Pour mieux connaître le bâti faubourien du 20e arrondissement

L’Association d’Histoire et d’Archéologie du 20e arrondissement de Paris vous propose, le jeudi 24 octobre 2024, à 18h30, à la Mairie du 20e arrondissement, la conférence :

 

Le bâti faubourien de Charonne (1820-1920)

 

Présentée par Frédérique Gaudin, secrétaire générale de l’AHAV, et Delphine Lenicolais, dans le cadre de son master 2 Histoire, cette conférence vous permettra de découvrir un patrimoine bâti bien délaissé qui nous vient en grande partie de l’activité jardinière et maraîchère du quartier de Charonne, et les problématiques qui entourent aujourd’hui sa reconnaissance et sa préservation.

Donc… rendez-vous le jeudi 24 octobre 2024, à 18h30, à la Mairie du 20e arrondissement, salle du Conseil, 6 place Gambetta, 75020 Paris.

Affiche du Mondial de l'Auto 14-20 octobre 2024 à la porte de Versailles



Serpollet pionnier de l’automobile

 

Du 14 au 20 octobre, la 90ème édition du « Mondial de l’Auto » se déroule à Paris, porte de Versailles. Les constructeurs automobiles y présentent leurs derniers modèles de véhicules électriques dont les performances rivalisent avec celles des voitures à moteur thermique.

On a un peu oublié les voitures à vapeur; heureusement, dans le 20e, la rue Serpollet nous rappelle qu’un record mondial de vitesse a été atteint par Léon Serpollet en 1902 au volant d’un véhicule à vapeur construit dans les usines de la rue Stendhal.

 

Les premières automobiles roulent à la vapeur

En 1770, Cugnot expérimente à l’intérieur de l’Arsenal de Paris un chariot sur trois roues, muni d’une chaudière à haute pression, destiné au transport de canons ou matériel d’artillerie, le fardier de Cugnot. Ses recherches s’arrêtent en 1771 lorsque son soutien, le duc de Choiseul, secrétaire d’État de la Guerre sous Louis XV, tombe en disgrâce.

En 1873, Amédée Bollée père construit le premier véhicule routier à vapeur, l’Obéissante, qui transporte 12 passagers jusqu’à 40km/h en pointe, puis toute une série d’automobiles à vapeur (La Mancelle, La Nouvelle, La Rapide…).  Ses deux fils Léon et Amédée vont ensuite abandonner la vapeur et se tourner vers les moteurs à essence.

 

Dessin de l'illustrateur Lapin représentant L’Obéissante

L’Obéissante     © Carnet d’inventions de l’illustrateur Lapin – Musée des Arts et Métiers

En 1883, la société De Dion, Bouton & Trépardoux, se lance à son tour dans les véhicules à vapeur ; en 1895, après le départ de Trépardoux, De Dion-Bouton va adopter les moteurs à essence.

 

Les frères Serpollet à Culoz, dans l’Ain

En 1879, dans l’atelier familial de menuiserie, Léon et Henri Serpollet inventent le générateur à vaporisation instantanée, un perfectionnement du moteur à vapeur, afin de faire fonctionner leurs machines à découper le bois.

Léon et Henri « montent » à Paris mais Henri ne supporte pas la vie dans la capitale et retourne rapidement à Culoz. Les deux frères vont poursuivre leur collaboration par correspondance pendant 25 ans pour perfectionner leur invention.

 

Serpollet et Larsonneau, rue des Cloys, Paris 18e

Léon s’associe en 1888 avec un homme d’affaires, Larsonneau : la Société des Moteurs Serpollet Frères commence la fabrication de moteurs à vapeur dans les ateliers de Larsonneau, rue des Cloys, et se lance dans la réalisation d’un tricycle à vapeur. Ce tricycle effectue le trajet de la rue des Cloys jusqu’à Enghien à la vitesse moyenne de 30km/h.

Serpollet et Peugeot présentent à l’Exposition Universelle de 1889 la Serpollet Peugeot, ou tricycle Peugeot type 1.

 

Le tricycle à vapeur Serpollet Peugeot ou Peugeot type 1 exposé au Musée des Arts et Métiers

Tricycle à vapeur Serpollet Peugeot – Musée des Arts et Métiers – Wikimedia Commons

 

En 1890, Serpollet part pour Lyon avec un nouveau tricycle ; il arrivera dix jours plus tard après quelques incidents techniques mais sous les ovations du public.

En 1891, il commercialise un quadricycle ; ses premiers clients sont prestigieux : l’industriel Gaston Menier, le comte de Greffulhe (tous deux au Père Lachaise), l’écrivain Robert de Montesquiou. Il profite du mariage de sa sœur à l’église Saint-Ambroise en janvier 1892 pour faire parader cinq de ses véhicules dans le cortège.

 

Page de couverture du Petit journal illustré du 21 mai 1933

La première voiture Serpollet, dite « voiture miracle » © Gallica BnF

 

Cependant ses modestes usines de la rue des Cloys ne peuvent rivaliser avec ses puissants concurrents, comme Panhard-Levassor et Peugeot, qui adoptent le moteur à essence : en 1893, il abandonne ses recherches sur l’automobile pour se consacrer à la propulsion des tramways et des trains.

De nombreuses compagnies de tramways européennes adoptent le moteur Serpollet. Dans les chemins de fer, les rames Serpollet circulent en France, en Allemagne et au Japon. Mais quand les tramways et les chemins de fer se tournent vers l’électrification, les commandes s’espacent et la situation de la société Serpollet devient catastrophique.

 

Serpollet et Gardner, rue Stendhal, Paris 20e

En 1898, Serpollet s’associe avec un magnat américain, Franck-Lacroix Gardner. La société Gardner-Serpollet s’installe rue Stendhal dans une usine louée par Léonard Paupier, fabricant d’instruments de pesage et de matériel de chemin de fer.

 

Bâtiments industriels en activité sur le site des usines Gardner-Serpollet : avant - Ateliers de Léonard Paupier / après - Imprimerie Henon

Bâtiments industriels en activité sur le site des usines Gardner-Serpollet
Avant (1898) Ateliers de Léonard Paupier – Wikimedia  –  Après (1913) Imprimerie Henon – Art et Industrie
© Delcampe                 –      © Gallica BnF

 

Serpollet revient à la construction automobile et à sa passion de la compétition. Ses automobiles à vapeur obtiennent la Médaille d’or à l’Exposition Universelle de 1900. Gaston Menier lui remet en 1901 les insignes de chevalier de la Légion d’honneur.

 

Lithographie de Philippe Chapellier - Affiche pour les automobiles à vapeur Gardner-Serpollet - environ 1899

Affiche de Philippe Chapellier 1899 © Musée de l’automobiliste, Mougins

 

Il gagne trois années de suite la Coupe Rothschild. En 1902, à Nice, il est au volant de l’Œuf de Pâques, véhicule prototype qui doit son nom à sa forme aérodynamique et à la date de l’épreuve (13 avril 1902). En couvrant un kilomètre à 120 km/h, Serpollet bat de 15km/h le record de vitesse établi en 1899 par Camille Jenatzi sur son engin électrique, la Jamais-Contente.

 

Serpollet au volant de l’Œuf de Pâques sur la promenade des Anglais à Nice en 1902

Serpollet au volant de l’Œuf de Pâques à Nice en 1902 © Guy Dürrenmatt

Ses victoires en compétition stimulent la commercialisation de ses automobiles. Le roi d’Angleterre, le chah de Perse, Louis Lumière et le docteur Yersin au Vietnam roulent en Serpollet. Une usine de montage est inaugurée à Londres en 1903, une filiale italienne est créée à Milan en 1906.

 

Serpollet au volant du Torpilleur en 1903 à Nice, coupe Rothschild.

Serpollet au volant du Torpilleur en 1903  (*)
© Andrew Stewart / Bridgeman Images

Serpollet et Darracq, à Suresnes

Cependant la concurrence des voitures à essence provoque le déclin des commandes. En 1906, Gardner cède ses parts à Alexandre Darracq. Cet entrepreneur a investi les bénéfices de sa fabrique de cycles Gladiator dans une usine d’automobiles à Suresnes. Darracq est l’un des premiers constructeurs à fabriquer des véhicules « en série ». Il veut profiter de l’essor des transports en commun en s’associant avec Serpollet pour construire des véhicules commerciaux, fourgons, camions et omnibus.

Deux camions et un omnibus Darracq-Serpollet prennent les trois premières places de la course de poids-lourds Paris-Marseille-Paris, ce qui apporte des retombées financières et commerciales immédiates.

 

La dernière résistance des vaporistes

Atteint d’un cancer de la gorge, Léon Serpollet meurt en 1907 à 48 ans. Son discret frère Henri, avec qui il a mené toutes ses recherches et qui est toujours resté loin des milieux automobiles parisiens, assiste au triomphe du moteur à explosion avant de mourir en 1915.

Les usines Darracq continuent la fabrication de véhicules utilitaires à vapeur jusqu’en 1920.

Aux Etats-Unis, avec les frères Stanley, les voitures à vapeur résistent encore jusqu’en 1924. L’un des points faibles du moteur à vapeur était sans doute la complexité du processus de démarrage, comme en témoigne cette vidéo où un ingénieur passionné nous emmène sur les routes des Alpes-Maritimes avec sa voiture à vapeur de marque Stanley … après ¾ d’heure de mise en route.

 

La rue Serpollet

Les fortifications de Paris sont déclassées en 1919 et progressivement détruites jusqu’en 1929. Un décret de 1925 prévoit le rattachement à Paris des territoires de l’ancienne zone militaire non ædificandi. Cette annexion est réalisée en trois étapes dont la dernière ampute le territoire de Bagnolet de 17 ha en 1930.

A la demande d’Alphonse Loyau, conseiller municipal qui dans sa jeunesse a travaillé comme mécanicien chez Gardner-Serpollet, une rue – ouverte en 1933 dans la zone annexée de Bagnolet – porte le nom de Serpollet.

 

 

 

Panneau rue Serpollet

Rue Serpollet donnant vers le boulevard Davout – VV

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(*) Michelin House, 81 Fulham Road, à Londres, est le premier siège social de la filiale britannique de Michelin. Sur les façades de ce bâtiment Art Nouveau, 34 panneaux décoratifs montrent de célèbres voitures qui utilisaient des pneus Michelin. Cette céramique a été réalisée par Gilardoni fils et Cie de Paris d’après un dessin d’Ernest Montaut.

Bibliographie :
Dürrenmatt, Guy. Les frères Serpollet précurseurs de l’automobile : Éditions La Mirandole, 1997
Dubarry de Lasalle, Pierre. Le clos Serpollet :  Éditions Decoopman, 2023

Couverture du bulletin n°82



1860… Paris annexe ses faubourgs – L’exemple de Belleville et de Charonne


Bulletin n°82

 

1860 représente un moment capital dans l’histoire de Paris : la ville, à l’étroit depuis la fin du XVIIIème siècle dans le corset de son Mur des Fermiers généraux, étend ses limites administratives et fiscales jusqu’à ses fortifications militaires édifiées vers 1840, et de ce fait elle absorbe l’intégralité des onze communes administrativement autonomes de sa proche banlieue et des portions plus ou moins étendues de treize autres communes.

Par cette mesure, la superficie de Paris passe d’environ 3 300 hectares à 7 000 hectares et la ville gagne 600 000 habitants nouveaux, soit une augmentation de 55% de sa population. C’est l’acte de naissance officiel du Paris actuel et des 20 arrondissements que nous connaissons aujourd’hui.

La banlieue annexée à Paris est encore plutôt rurale et peu peuplée, à l’exception de Belleville qui compte alors 65 000 habitants – c’est la deuxième ville du département de la Seine juste après Paris. Cette mesure bouleverse la figure de la capitale et bien sûr la vie des Parisiens, anciens et nouveaux.

On promet de faire de ce Paris agrandi une ville harmonieuse et confortable, dotée d’une voirie moderne, et riche. Après l’haussmannisation du centre de la capitale, spéculation, construction et industrialisation vont s’emparer de ces nouveaux territoires parisiens.

Le 20e arrondissement, qui a été créé sur les anciennes communes de Charonne et de Belleville (en partie), va subir le sort commun, à cette différence toutefois que le territoire de Belleville est partagé entre deux arrondissements, les 19e et 20e. Belleville est la seule commune annexée à connaître ce sort.

Christiane Demeulenaere-Douyère, vice-présidente de l’AHAV, nous avait présenté, lors d’une conférence le 15 février 2024 à la mairie du 20e, l’histoire de cette grande mutation et les réactions des habitants de l’Est parisien qui ont été, au fil du temps, de trois ordres : d’abord inquiétudes, ensuite espérances, puis insatisfactions.

Retrouvez cette histoire dans notre nouveau bulletin qui vient de paraître.

Les bulletins sont envoyés gratuitement sous format papier à nos adhérents au fur et à mesure de leur parution.
Vous pouvez commander en ligne ce bulletin et tous les bulletins déjà parus, sous format imprimé ou sous format pdf téléchargeable.


Le bâti faubourien de Charonne (1820-1920)

  

Vers les années 1820, l’urbanisation des territoires de l’Est parisien démarre, avec l’arrivée massive d’entreprises et de manufactures s’installant sur des terres peu peuplées jusque-là … Prolongement du faubourg Saint Antoine, Charonne écrit une histoire particulière dans le XXe arrondissement, avec un réseau de rues et de passages « en peigne » hérité des terres maraichères et des vignobles, donnant lieu à un urbanisme marqué par une forte concentration de maisons dites faubouriennes, un patrimoine ouvrier et artisan construit tout au long du XIXe siècle.

Cette conférence est présentée par Frédérique Gaudin, secrétaire générale de l’AHAV, et Delphine Lenicolais dans le cadre de son master 2 Histoire, Civilisations, Patrimoine, parcours Ville Architecture Patrimoine, à la Faculté Paris Cité, UFR Géographie, Histoire, Économie et Sociétés (GHES).

 

Elle a lieu :

📅 Jeudi 24 octobre 2024
🕡 À 18h30 précises
🪧 À la Mairie du 20e arrondissement, salle du Conseil

  Entrée libre dans la limite des places disponibles

 

Nouveau parc arboré à Charonne

Samedi 22 juin de 14h à 17h, la mairie du 20e inaugure le bois de Charonne avec de nombreuses activités prévues sur place. Cet espace vert est situé à l’emplacement de La Petite Ceinture, entre la rue de Volga et le Cours de Vincennes.

À cette occasion, nous republions notre article paru pour la première fois le 7 février 2023. De son côté, l’AHAV a prévu pour 2025 une conférence sur la Petite Ceinture à Paris et dans le 20e.

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La prochaine « forêt urbaine de Charonne »

Une ancienne gare de marchandises transformée en espace vert

Actuellement, des travaux sont en cours pour créer un espace arboré sur le tronçon de la Petite Ceinture situé entre le 56 rue du Volga et le 103 Cours de Vincennes.

La mairie appelle ce projet « forêt urbaine de Charonne ». L’opération s’étend sur 3,5 hectares d’espace vert, elle comprendra une prairie de 1200m2 et plus de 1000 arbres devraient être plantés. Ce projet est possible grâce au rachat par la Ville de Paris à la SNCF de la surlargeur le long des rails et à la récupération des zones servant de dépôt de bus pour la RATP.

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Affiche de la conférence du 18 avril 2024 sur le logement social dans le 20e



Les débuts du logement social dans le 20e

 

Paris comptait environ 270 000 logements sociaux au premier janvier 2023, ce qui représente 25% des résidences principales à Paris et 41% dans le 20e.
Ces chiffres très importants pourraient nous faire oublier que tout cela a commencé très petitement, au début du 20e siècle, principalement grâce à l’action de quelques philanthropes voulant lutter contre la misère de la population ouvrière au 19ème siècle.

Cette conférence a pour thème l’histoire des débuts du logement social à Paris, et principalement dans le 20e arrondissement.
Elle est présentée par Philippe Dubuc, vice-président de l’AHAV.

 

Elle a lieu :

📅 Jeudi 18 avril 2024
🕒 À 18h30 précises
📍 À la Mairie du 20e arrondissement, salle du Conseil

  Entrée libre dans la limite des places disponibles