Des ombres légères … l’histoire des femmes résistantes dans le 20ème

 

Paris 1940-1944. Un quart des résistant·e·s du 20e étaient des femmes, d’origines et d’engagements divers.

Elles ont lutté pour la libération de la France occupée, pour le retour de la démocratie mais aussi pour un monde meilleur. Elles ont été emprisonnées, internées par le régime de Vichy, déportées par les nazis, voire guillotinée en Allemagne pour l’une d’entre elles (Simone Schloss), mais elles ont pu aussi passer à travers les mailles du filet.

 

Simone Schloss

 

Cette conférence, présentée par Françoise Ramaut, nous invite à faire connaissance avec ces « ombres légères ».

La conférence a lieu :

📅 Jeudi 16 octobre 2025
🕡 À 18h précises
🪧 À la mairie du 20e arrondissement, salle des mariages

   Entrée gratuite, nombre de places limité, uniquement sur inscription par mail à ahav.paris20@gmail.com

 

 

Le PCB sauvé de la promotion immobilière

Après les vacances d’été, c’est aussi la rentrée pour le Pavillon Carré de Baudouin (PCB) qui a rouvert ses portes le 30 août 2025. À partir du 18 septembre et dans le cadre de leur prochaine exposition, Pooya Abbasian et Noélie Bernard ont entrepris un travail de mémoire autour de l’histoire du PCB. Le lieu dans son ensemble hébergeait à l’origine un orphelinat, et par la suite un centre médico-social et un foyer de jeunes travailleurs.

Ancien orphelinat du Pavillon Carrée de Baudouin

Inscription au dessus de la porte de l’ancien orphelinat-PG

À cette occasion, le PCB fait appel au témoignage de toutes les personnes qui y ont vécu, travaillé ou séjourné.

https://www.pavilloncarredebaudouin.fr/collecte-de-temoignage-et-de-recits/

Le PCB tel que nous le connaissons aujourd’hui a pu être sauvé grâce à une forte mobilisation locale qui a duré plusieurs années. Celle-ci s’est opposée au projet d’achat par un promoteur en vue d’une importante opération immobilière.  Ce projet n’a finalement pas pu aboutir.

L’AHAV est étroitement liée à la sauvegarde de ce bâtiment et nous avons demandé à Thierry Halay (*), à l’initiative de son sauvetage et à l’époque président de l’AHAV, de nous rappeler le déroulé de son intervention.

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Q : Thierry, tu as été le président de l’association l’histoire, son cofondateur et tu as assuré cette fonction pendant 25 ans.

TH : Oui exactement, depuis sa création en 1991 jusqu’en 2018.

Q : Nous sommes devant ce fameux pavillon du PCB et à l’intérieur de son jardin devenu public. Quelle impression as-tu aujourd’hui en retrouvant ces lieux ?

TH : Je trouve que c’est un magnifique ensemble qui a été très bien restauré, dans les règles de l’art et avec ce jardin qui s’appelle Jean-Michel Rosenfeld. On a vraiment un site complémentaire avec le jardin, c’est un lieu pour la création artistique et culturelle contemporaine mais aussi un lieu chargé d’histoire, donc, à mon avis l’un des lieux particulièrement remarquables dans le 20e arrondissement de Paris.

Q : Ce pavillon était destiné à la démolition et à la promotion immobilière avec en perspective une magnifique vue sur Paris. En tant que président de l’AHAV, tu as été à l’origine de sa sauvegarde. Quel est précisément l’intérêt patrimonial de ce lieu ?

TH : Tout d’abord, dans notre association d’histoire, nous connaissions depuis longtemps l’existence de ce pavillon. Il s’agit-là d’un des rares bâtiments du XVIIIe siècle pour l’essentiel et qui subsiste dans le 20e avec le pavillon de l’Ermitage, l’un des vestiges du château de Bagnolet. Quand nous avons appris qu’il était menacé par une opération immobilière, je suis intervenu avec d’autres personnes pour attirer l’attention des autorités compétentes sur son intérêt patrimonial et historique.

Il faut dire qu’en dehors de l’association d’histoire, il n’y avait pas grand monde qui connaissait l’importance de ce bâtiment. Ce n’était d’ailleurs pas un lieu ouvert au public puisqu’il appartenait à une congrégation religieuse -les Sœurs de la Charité- qui le louait à deux associations formant et hébergeant des jeunes en difficulté. La première action à engager était de faire connaître l’intérêt architectural et historique de ce lieu. Avec la volonté bien sûr de le préserver.

Thierry Halay devant la pelle Starck

Q : Comment as-tu connu le projet de vente du PCB par les Sœurs de la Charité ?

TH : Nous connaissions l’existence de ce pavillon depuis la création de notre association. Plusieurs ouvrages en faisaient aussi mention dans différents supports. On a pu d’ailleurs parfois l’appeler -à tort- le pavillon Pompadour alors que la marquise de Pompadour n’a rien à voir avec l’existence de ce site. Maxime Braquet, qui faisait aussi partie de nos membres, avait poursuivi des recherches dans différents fonds d’archives. Il nous a permis de les diffuser sous forme d’un bulletin consacré intégralement à ce bâtiment. Chose curieuse également, on a souvent oublié que les frères Goncourt avaient séjourné dans ces lieux.

Le projet immobilier est venu par la suite et les démarches que nous avons entreprises ont débuté vers 1997.

Q : Dans la perspective de ce projet immobilier, tout aurait-il pu être détruit ?

TH : En fait, le lieu était déjà en partie préservé depuis les années 1920, tout au moins sa seule façade de style néo-palladien inscrite à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques en 1928. mais cela ne garantissait pas pour autant une protection totale. On aurait pu par exemple y faire simplement ce qu’on appelle du « façadisme », c’est-à-dire construire un immeuble moderne en conservant seulement cette façade, comme déjà réalisé dans d’autres bâtiments de Paris.

 

Q : Préserver le bâtiment, et ensuite que faire de ce lieu ?

TH : Notre premier objectif était de le conserver dans son intégralité, et de fil en aiguille on a évidemment réfléchi à l’utilisation des lieux : y installer un projet de musée historique, à l’image du musée de Montmartre par exemple. Rappelons qu’il n’existe pas de musée dans le 20e, c’est d’ailleurs le seul arrondissement sans musée, toutes spécialités confondues. Ce musée aurait notamment pu présenter la collection de Clément Lépidis à notre disposition, des objets et des photos qui racontent principalement l’histoire de Ménilmontant et de Charonne, complété par d’autres documents présentant l’histoire de l’arrondissement.

Cette proposition n’aura finalement pas abouti. Par contre,  nous avons réussi à faire prendre en compte l’intérêt historique du bâtiment avec le soutien d’universitaires, de journalistes et bien sûr des responsables administratifs et politiques locaux et ceux de la mairie de Paris.

Q : Tu te souviens de quels soutiens ?

TH : Tout d’abord en interne, nous annoncions cette information et notre démarche au début de chacune de nos conférences. La Fédération des sociétés d’histoire d’Île-de-France était également derrière nous et a soutenu ce projet qui menaçait l’intégrité du site.

Et puis, l’Union Des artistes et des Associations Culturelles du 20e (UDAC) dont Philippe Gluck de l’AHAV, assurait la présidence au nom de notre association d’histoire. D’ailleurs, la première adresse du siège social de l’association se situait à l’UDAC… c’est-à-dire au 55 rue de la Mare. Et en tant que directrice de l’UDAC, Florence Desserin en assurait la permanence au quotidien et relayait aussi cette actualité.

Ensuite, il y a eu l’apport tout particulièrement important de Jean-Michel Rosenfeld, à l’époque l’adjoint au maire du 20e chargé du patrimoine. Il assistait par ailleurs très souvent à nos conférences et nous a même assuré une d’entre elles. Il a lui-même enrichi le dossier sur la préservation du PCB que nous lui avions transmis, puis soutenu jusqu’au bout son acquisition à auprès de l’Hôtel de Ville.

Plaque du square Jean-Michel Rosenfeld-PG

 

Il faut signaler aussi Edgard Barbuat du quartier Saint-Blaise : il publiait son journal local d‘annonces gratuit -qui n’existe plus aujourd’hui- et nous a soutenus grâce à son réseau de connaissances. Et très certainement L’Ami du 20e.

Dans l’ensemble, tous les soutiens associatifs et universitaires ont été pris en compte dans cette aventure, et finalement le bâtiment a pu être acquis en 2003 par la Ville de Paris.

Q : Dans quelle mesure imaginais-tu voir ton initiative aboutir ?

TH : Je pensais que notre action avait toutes les chances de réussir mais évidemment nous n’avions aucune garantie. L’Hôtel de Ville fait toujours un choix parmi des priorités, d’où le fait de regrouper le plus de monde possible autour de nous.

On se doutait quand même que le projet de sauvegarde du bâtiment avait davantage de chances d’aboutir que notre demande de musée dans ce lieu. Même si l’association était prête à s’y investir bénévolement avec sa base documentaire, un musée suppose un investissement important, des frais de fonctionnement et des frais de personnel. Plus tard, on a réorienté notre projet vers un espace historique plus modeste, sous forme d’une collection permanente au sein du PCB en coexistence avec sa vocation artistique et culturelle. Un projet toujours d’actualité.

Mais par ailleurs, la reconnaissance en tant que premier rôle moteur lié à la préservation du bâtiment (soutenue et relayée ensuite par les élus) a été reconnu : concrètement, grâce à la mairie du 20e nous disposons aujourd’hui d’un local sur place, et cela depuis le début de l’acquisition du lieu.

Q : On parle moins du jardin et de l’ancien bâtiment qui servait d’école dédié à l’orphelinat.

TH : Ils font effectivement partie de l’ensemble du site. Il existait en plus un bâtiment servant à héberger des apprentis du secteur privé. Pour notre part, notre intervention se limitait au Pavillon Carré de Baudouin… Mais on peut dire qu’indirectement l’association et ses soutiens ont participé à la sauvegarde de l’ensemble, qui faisait partie de la même propriété. Cela dit il est possible que le jardin en lui-même aurait été préservé grâce aux règles en matière d’urbanisme… au moins en partie.

Q : Enfin, d’où vient cette appellation « Carré de Baudouin » ?

TH : Elle vient du nom de Nicolas Carré de Baudouin qui avait hérité en 1770 de cette propriété. Le mot « carré » est souvent utilisé pour les lieux culturels. Une coïncidence heureuse pour l’appellation du PCB. De la même manière, on s’est souvent interrogé sur la façon d’écrire « Baudouin ». Avant la révolution et suivant les différents documents consultés, les noms de famille n’étaient pas stabilisés. Les personnes écrivaient suivant ce qu’elles entendaient, y compris parfois les hommes de loi et les administratifs. De plus, les gens qui tenaient les registres paroissiaux ou d’état civil n’écrivaient pas forcément très bien et donc ont été parfois mal relus. Finalement, on a retenu aujourd’hui « l’orthographe » devenue communément admise : le « Carré de Baudouin », attaché à son Pavillon.

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(*) Thierry Halay est président d’honneur de l’AHAV et directeur de la collection « Histoire de Paris » aux éditions L’Harmattan. Il a aussi écrit plusieurs ouvrages historiques chez cet éditeur : Le Mont-de-Piété des origines à nos jours, Paris et ses quartiersHistoire des centenaires et de la longévité, et aux Éditions Parigramme : Mémoires des rues-Paris 20e arrondissement. Son dernier livre, Alain Decaux raconté (L’Harmattan), a fait l’objet d’une conférence à l’AHAV le 15 mai 2025.

J-M Rosenfeld, le nouveau nom du jardin du PCB

Depuis cette année, le jardin du Pavillon Carré de Baudouin porte un nom lié à l’histoire de notre arrondissement : le jardin Jean-Michel Rosenfeld. Son inauguration en tant que tel a eu lieu le 5 mars 2025.

Cette décision fait suite à la proposition d’Éric Pliez maire du 20e arrondissement, présentée le 11 juillet 2024 au Conseil de Paris.

Qui était Jean-Michel Rosenfeld ? Pourquoi avoir choisi ce lieu ?

Lors de son décès, nous avions publié un article retraçant son riche parcours, son lien avec le 20e en tant qu’élu et… son soutien puis son action pour sauvegarder le Pavillon Carré de Baudouin.

À cette occasion, nous publions à nouveau cet article, paru pour la première fois le 7 mars 2023.

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Le 20e arrondissement en deuil de Jean-Michel Rosenfeld (1934-2023)

Jean-Michel Rosenfeld a quitté ce monde le 4 mars 2023, à la veille de son anniversaire. Par sa vie, son histoire personnelle, ses engagements et les valeurs morales et philosophiques auxquelles il croyait et qu’il défendait, il était étroitement lié à notre arrondissement et il restera dans nos mémoires.

Nous garderons de lui le souvenir d’un homme d’action, un homme engagé avant tout, et pourtant si simple, si proche des gens, toujours souriant et courtois, un homme modeste au regard des fonctions politiques qu’il a assumées : chargé de mission auprès du Premier ministre Pierre Mauroy (1981-1984), chef de cabinet adjoint du ministre du Travail Michel Delebarre (1984-1986)…

Pour nous, gens du 20e, il restera aussi le maire adjoint du 20e arrondissement (1984-2008), celui qui avait à cœur de se mobiliser pour soutenir la culture et le patrimoine de nos quartiers, y compris en appuyant notre association dans ses missions.

Soutien dans le 20e de Jean-Michel Rosenfeld présent

Vernissage à l’UDAC vers les années 2000. À gauche de JMR, le photographe Henri Guérard et sa femme. À droite, Florence Desserin, directrice de l’UDAC-FD

Concrètement, et en reprenant le titre de son livre Lumières de l’espoir : l’étoile, le triangle et la rose, paru en 2007, aux éditions La Bruyère :

L’étoile

Fils d’une famille juive originaire d’Europe centrale installée à Paris depuis 1907, il a perdu 38 membres de sa famille dans la Shoah. Né à Paris en 1934, il a connu la guerre, un père prisonnier, l’Occupation, les menaces de rafles, le port de l’étoile jaune, qui l’ont marqués à jamais.

Tout enfant, il a échappé à la rafle du Vel d’Hiv’ (juillet 1942), caché avec sa mère par la patronne de celle-ci. Toujours, il a conservé sur lui l’étoile juive qu’il avait dû porter alors et, lorsqu’il prenait la parole lors de certaines commémorations, il lui arrivait de la sortir de sa poche et son geste par surprise si émouvant augmentait encore l’intensité de son témoignage.

L'étoile juive dont il ne se sépare jamais.

Jean-Miche Rosenfeld lors d’un entretien avec une journaliste de The times of Israel. Il lui confie vouloir être enterré avec son étoile juive.

Cette étoile existe toujours aujourd’hui dans les têtes de l’extrême droite. Jean-Michel Rosenfeld a dû y faire face : au moment des élections régionales de 2004, il a dû porter plainte contre des militants du Front National pour l’avoir publiquement traité de «  youpin ».

Cette étoile, il l’a partagée avec notre association, à la mairie du 20e arrondissement, en 2000, dans une conférence sur La communauté juive dans le 20e arrondissement, de 1860 à nos jours, parue dans notre Bulletin n° 19 (disponible en ligne).

Le triangle

Jean-Michel Rosenfeld a toujours parlé très librement de son riche parcours dans la franc-maçonnerie au sein du Grand Orient de France.

En tant que président du congrès des loges de Paris et d’Île-de-France, c’est suite à son action que les différentes obédiences maçonniques se réunissent chaque année devant le Mur des Fédérés, au cimetière du Père-Lachaise.

La première fois, ce fut à l’occasion du centenaire de la Commune de Paris, le samedi 24 avril 1971, jour anniversaire de la tentative de médiation des francs-maçons auprès du gouvernement de Thiers. En 1871, leur demande de conciliation pour faire cesser les assauts contre les Parisiens a échoué et, devant l’intransigeance d’Adolphe Thiers, bon nombre de francs-maçons se sont ralliés à la Commune. Et depuis 1997, cette commémoration se reproduira chaque année, en hommage notamment à la mémoire de cent d’entre eux victimes de la répression versaillaise.

Et la rose

Dans son livre, Lumières de l’espoir : l’étoile, le triangle et la rose, qui se lit comme un témoignage vivant, Jean-Michel Rosenfeld s’ouvre en toute simplicité, tel qu’en lui-même, à livre ouvert. Inscrit à la SFIO à la fin des années 1960, il entre en 1979 dans l’équipe parisienne de Pierre Mauroy, auprès duquel il travaille longtemps et est notamment chargé des contacts avec la presse et avec diverses associations et communautés (Juifs, Arméniens, Maghrébins, LICRA, MRAP, Amnesty International, ainsi qu’avec des obédiences maçonniques).

Pierre Mauroy premier ministre

Jean-Michel Rosenfeld et Pierre Mauroy en juin 1981-FJJ

Puis, il rejoint le ministère du Travail dans le gouvernement Fabius. Ensuite, il devient membre de la section « Cadre de vie » au Conseil économique et social à deux reprises, et enfin sous-directeur de la Caisse nationale d’assurance maladie des travailleurs salariés (1993-1998). Il restera un homme de confiance de Pierre Mauroy, qui en fera son conseiller spécial quand il créera la Fondation Jean-Jaurès en 1992. Totalement engagé pour la République mais libre dans ses paroles, il n’hésite pas à dire ses vérités sur son parcours des années Mitterrand, à parler de son Parti Socialiste, de sa vie privée depuis sa jeunesse, allant parfois même jusqu’à se critiquer lui-même.

Ouverture du PCB vers la rue de Ménilmontant

Pavillon Carré de Baudoin, dessin 2022 du projet de travaux-MdP

Avec son soutien, le sauvetage du Pavillon Carré de Baudouin

Enfin, cet homme de culture s’est toujours tenu aux côtés de l’AHAV quand il s’agissait de se battre pour sauvegarder le patrimoine de notre arrondissement. Quand, rue de Ménilmontant, le Pavillon Carré de Baudouin a été menacé par une opération immobilière imminente, il a su relayer l’action déjà initiée par l’AHAV et son président de l’époque,Thierry Halay. Notre président avait déjà commencé à alerter l’opinion et à faire les démarches nécessaires pour sauver ce patrimoine architectural rarissime dans le 20e. Jean-Michel Rosenfeld nous soutiendra en reprenant la préservation dans son programme électoral.

Le Pavillon Carré de Baudouin est prévu pour réouvrir ses portes fin mars 2023. Quand nous y retournerons pour voir une exposition ou écouter une conférence ou un concert, nous aurons une pensée affectueuse et reconnaissante pour Jean-Michel Rosenfeld. En tout cas, dans nos pensées, il restera toujours présent parmi nous.

Le Conseil d’administration de l’AHAV tient chaleureusement à s’associer à la peine de ses proches et particulièrement de sa fille et de ses petits-enfants à qui il était tant attaché.



Nouvelle date : 25 septembre 2025

Nouvel horaire : 18h

La Mairie du 20e fermant ses portes à 17h ce jeudi 18 septembre 2025, nous avons dû reporter cette conférence au jeudi 25 septembre. La conférence débutera à 18h précises.

 

Des perles à la scène… Charonne, berceau de la famille Topart

 

 

Le comédien Jean Topart (1922-2012) a eu une belle et longue carrière tant au théâtre qu’au cinéma dans la seconde moitié du XXème siècle. Il a été une figure éminente du Théâtre national populaire et une vedette des feuilletons télévisés appréciée du grand public. 

Mais on sait moins qu’il était un enfant de Charonne -où il est né- et qu’il repose maintenant au cimetière du Père-Lachaise.

Ses attaches familiales avec ce quartier sont plus anciennes. Il descend en effet d’une famille de mulquiniers (artisan tisserand et marchand de toiles) artésiens qui montent à Paris à la Révolution, puis se font fabricants de perles artificielles, à Charonne, sous le Second Empire.

Après 1860, des industriels parisiens, à l’étroit dans la capitale, y découvrent des espaces accueillants et une main-d’œuvre abondante et y installent des industries innovantes.

Entête 1900 des frères Topart

Il compte parmi ses ancêtres directs deux acteurs importants de l’histoire municipale du 20e arrondissement, Hippolyte Topart (1825-1879) et Henri Chassin (1840-1918) qui ont été, tous deux, maires de notre arrondissement avant 1914.

Cette conférence, présentée par Christiane Demeulenaere-Douyère, vice-présidente de l’AHAV, nous invite à découvrir cette histoire familiale peu connue. Elle nous conduira dans un Charonne bien éloigné de sa réalité actuelle, à mi-chemin entre le village rural qu’il a longtemps été, puis le faubourg industriel qu’il est devenu dans la seconde moitié du XIXème siècle.

 

La conférence a lieu :

📅 Jeudi 25 septembre 2025
🕡 À 18h précises
🪧 À la mairie du 20e arrondissement, salle des mariages

   Entrée gratuite, nombre de places limité, uniquement sur inscription par mail à ahav.paris20@gmail.com

 

 

Porte des Lilas, Requiem pour Brassens ?

 

Il y a quelques mois, l’AHAV attirait votre attention sur les menaces pesant sur trois mosaïques installées depuis la fin des années 1980 sur les voûtes de la ligne de métro n° 11, à la station Porte des Lilas (On va mettre Brassens à la poubelle !).

Une belle mobilisation

Plusieurs associations de défense du patrimoine local, dont l’AHAV bien sûr, s’étaient mobilisées pour appeler à la protection et à la restauration in situ de ces œuvres dues aux artistes mosaïstes Pepsy, Michel L’Huillier et leur fille Mathilde L’Huillier. Une pétition lancée en mai 2024 avait rassemblé près de 10 000 signatures.

Les médias s’étaient emparés de l’affaire avec de nombreux articles de presse et reportages télé (TV5, FR3, BFM Paris, Télérama, Le Parisien…). Deux lettres ouvertes ont été adressées aux dirigeants du groupe RATP, au ministère de la Culture, ainsi qu’aux élus locaux. Les maires des Lilas, de Romainville, du 19ème arrondissement de Paris et la Fondation du Patrimoine soutenaient cette initiative.

 

Quai de la station Porte des Lilas – VV

 

Mais, dans torpeur de l’été…

L’été est souvent propice aux coups tordus et fatal au patrimoine menacé. Sans tambour ni trompettes, les trois mosaïques ont été détruites…

Dans une interview accordée au Huffington Post, la RATP tente de s’expliquer : elle rappelle que la station Porte des Lilas présentait « un état dégradé, affectant à la fois le confort et la sécurité des voyageurs. […] La conservation des fresques s’est révélée incompatible avec les exigences tenant à la préservation de la pérennité des ouvrages et la continuité de l’offre de transport ».

 

Porte des Lilas sans lilas – VV

Toutefois, la RATP assure vouloir continuer d’y honorer la mémoire de Georges Brassens. Elle indique avoir proposé à Michel L’Huilier une nouvelle collaboration, afin de réaliser une œuvre en hommage à Georges Brassens, décédé en 1981, ainsi qu’à une « artiste féminine ».

Michel L’Huillier indique quant à lui n’avoir pour l’instant reçu aucune proposition de cet ordre, tout en accueillant ce projet de la RATP comme une « bonne nouvelle ».

Wait and see, comme disait qui déjà ? … Ce sera notre jeu de l’été !

Pour en savoir plus :

https://www.huffingtonpost.fr/france/article/paris-georges-brassens-efface-de-la-station-de-metro-porte-des-lilas-la-ratp-s-explique_253352.html

 

Travaux RATP Porte des Lilas – VV



De Ménilmontant à Ménilmuche


Bulletin n°84

 

Des trois quartiers qui forment maintenant le 20arrondissement de Paris, longtemps Ménilmontant n’a pas eu d’existence administrative, au contraire de Belleville et Charonne qui étaient déjà des villages sous l’Ancien Régime.

Et pourtant une identité manifeste s’est élaborée peu à peu lorsque surgit, au XIXème siècle, de la campagne vinicole qui bordait l’Est de Paris, un quartier populaire densément peuplé. L’esprit frondeur de ce monde interlope chanté par Maurice Chevalier imprègne encore maintenant les bars qui s’égrènent à Ménilmuche, depuis la rue Oberkampf tout le long de la rue de Ménilmontant.

Marie-Madeleine Massé, conservatrice honoraire du Patrimoine, nous avait présenté Ménilmontant à travers un parcours historique et une découverte géographique lors d’une conférence le 5 février 2025 au café-atelier associatif Le Dorothy


Rue du Retrait : École Notre-Dame de la Croix et Théâtre des Gémeaux Parisiens. Cliché de l’auteure

 

Retrouvez-les dans notre nouveau bulletin qui vient de paraître.

Les bulletins sont envoyés gratuitement sous format papier à nos adhérents, au fur et à mesure de leur parution.

Vous pouvez commander en ligne ce bulletin et tous les bulletins déjà parus, sous format imprimé ou sous format pdf téléchargeable.

 

Les travaux sur  la ligne 3 du métro

La ligne 3 du métro parisien se refait une beauté cet été. Résultat : plus de trafic entre Opéra et Gallieni jusqu’au 3 août 2025 ! Dans son article en ligne, notre partenaire mon petit 20e nous en donne les précisions.  

https://monpetit20e.com/metro-parisien-une-grande-partie-de-la-ligne-3-fermee-pour-travaux-du-28-juin-au-3-aout-2025/

Plus proche de nous, juste en face de la place Édith Piaf, la RATP dispose  d’un important atelier de maintenance raccordé à la ligne 3. Cet espace est aussi actuellement en travaux, plus précisément en cours de démolition. 

RATP ligne 3, atelier de maintenance rue Belgrand

RATP ligne 3, atelier de maintenance rue Belgrand en démolition. 18 juillet 2025-PG

 

Une démolition avec en remplacement un projet d’urbanisme,  L’occasion pour l’AHAV de republier ci-dessous son article paru pour la première fois  le 17 juillet 2021.

Toujours à propos de la ligne 3, à lire également notre article sur la construction du premier escalator du métro, situé à la station Père Lachaise.

https://ahavparis.com/lescalator-du-metro-pere-lachaise-une-premiere/

Et enfin,  nos membres trouveront dans leur  espace adhérent, l’histoire un brin mouvementée des lignes 3 et 3-bis ». https://ahavparis.com/portfolio-item/histoire-des-lignes-de-metro-3-et-3bis/

 

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Sur le site de la RATP Belgrand, un projet urbain

En partenariat avec la Ville de Paris et la Mairie du 20e arrondissement, la RATP projette la réalisation d’un jardin, de logements et d’un établissement de santé dédié à l’enfance sur une partie du site des ateliers de maintenance des équipements (AME) Belgrand.

Le site RATP Belgrand

Situé le long des rues Belgrand, Pelleport et de la Py, en face de la place Édith Piaf, d’une superficie d’1,5 hectare, le site RATP Belgrand accueille aujourd’hui plusieurs fonctions liées aux activités du groupe RATP :

  • l’atelier de maintenance des trains des lignes de métro 3, 3bis et 7bis,
  • l’atelier de maintenance des équipements électroniques et électropneumatiques des métros, trams et RER,
  • le poste de commandes centralisées (PCC) et les équipes de direction des lignes 3 et 3 bis,
  • des logements.
 l'atelier RATP dans le 20e arrondissement

Entrée de l’atelier RATP rue Belgrand, PG

L’atelier dès la création du métro

La Compagnie du chemin de fer métropolitain de Paris (CMP) est créée en 1899. Dès lors, elle a besoin d’ateliers de maintenance pour le matériel roulant, qui s’ouvrent au fur et à mesure des créations de lignes.

Ainsi, après l’atelier de Charonne conçu pour les lignes 1 et 2, le site RATP Belgrand accueille le deuxième atelier du métro parisien, construit en 1904 pour la ligne 3.

La ligne 3 est la troisième ligne du métropolitain parisien. Ouverte en octobre 1904 pour la section Villiers-Père-Lachaise, elle fait ensuite l’objet de plusieurs prolongations : jusqu’à Gambetta en 1905, Péreire en 1910, Porte de Champerret en 1911, Porte des Lilas en 1921, Pont de Levallois-Bécon en 1937.

En 1969, est ouverte la nouvelle station Gambetta, qui absorbe l’ancienne station Martin Nadaud dont les quais constituent désormais son prolongement et servent de sortie.

Création de la ligne RATP 3bis

Métro Gambetta en 1969

En 1971, la ligne 3 fait l’objet d’un remaniement important à l’est. Elle est prolongée jusqu’à Gallieni, tandis que son ancien tronçon terminal de Gambetta à Porte des Lilas est débranché et exploité séparément sous le nom de ligne 3 bis.

Longue de 11,665 kilomètres, la ligne 3 traverse Paris d’ouest en est sur la rive droite, et dessert les quartiers résidentiels du 17e arrondissement, la gare Saint-Lazare, les grands magasins, le quartier d’affaires autour de l’Opéra et l’est parisien. Elle a transporté 98 millions de voyageurs en 2009 (ligne 3 bis incluse) et se situe en neuvième position sur le réseau pour son trafic.

Périmètre du sIte RATP voué à la démolition - 20ème Arrondissement

Périmètre du site RATP voué à la démolition

Les ateliers du site Belgrand sont raccordés à la ligne 3 après son terminus Gambetta, sur l’arrière-gare de l’ancien terminus.

L’organisation initiale comprenait un atelier de petit entretien, des ateliers et une salle de peinture, une menuiserie, un hangar à bois ou encore des magasins, pour une superficie d’environ 12 000m2.

La ville s’est ensuite développée tout autour du site Belgrand, avec des grands ensembles et des rues étroites. Ce site industriel a été maintenu en milieu urbain dense pour répondre aux besoins liés à l’activité de transport.

Le projet en cours

Une partie du terrain RATP Belgrand va être libérée par le déménagement de l’Atelier de Maintenance des Equipements (AME) des réseaux métro, RER et tramways sur le site de Vaugirard dans le cadre du regroupement des fonctions de maintenance des réseaux ferrés gérés par la RATP. D’autre part, l’Atelier de Maintenance des Trains (AMT) doit être entièrement repensé et modernisé pour s’adapter à l’arrivée d’une nouvelle génération de trains sur les lignes 3, 3 bis et 7 bis. Ces nouveaux trains, appelés MF19, ont des caractéristiques différentes des trains actuels : ils sont équipés d’intercirculations qui permettent aux voyageurs de circuler entre les voitures et de ventilations réfrigérées en toitures pour un meilleur confort d’été.

Projet d'un immeuble RATP sur son site Belgrand

Projet d’un immeuble RATP sur son site Belgrand

La RATP, en partenariat avec la Ville de Paris et la Mairie du 20e et conformément au Plan local d’urbanisme (PLU), prévoit à la place la réalisation d’un jardin, de logements et d’un centre de santé pluridisciplinaire permettant l’accès aux soins des enfants et des adolescents.

La concertation avec les riverains

La RATP va mener une démarche de conception urbaine collaborative pendant la durée du projet, depuis les études jusqu’aux travaux et la livraison des futurs programmes, qui sera conduite par l’agence Res publica. Dès le lancement des études, d’avril à septembre 2021, elle organise une première séquence de concertation avec le public, riverains, habitants, associations, commerçants, élus, pour les associer à l’élaboration d’un diagnostic partagé et aux premiers scénarios d’aménagement de la parcelle.

Pour en savoir plus :

Ligne 3 du métro de Paris – Article Wikipedia

Le site RATP BELGRAND – Les composantes du futur projet

Pour participer à la concertation :

Site RATP BELGRAND – Concertation

 

L’église Saint-Jean-Bosco va ressusciter

 

Un chantier de restauration de l’église Saint-Jean-Bosco est à l’étude actuellement auprès de l’agence Point 05 sous la direction de Charlotte Langlois, architecte du Patrimoine, et Juliette Selingue, architecte collaboratrice.

Édifiée entre 1933 et 1938 grâce au financement des Chantiers du Cardinal, l’église Saint-Jean-Bosco va voir sa restauration financée à nouveau par cette même association créée en 1931.

 

À l’origine, un projet ambitieux

Dominant le quartier de la Réunion, l’église Saint-Jean-Bosco a été construite sous la maîtrise d’œuvre de l’architecte Dumitru Rotter (1878-1937), d’origine roumaine, architecte jusqu’alors inconnu, puis, après sa mort, de son fils René Rotter. Le projet initial était très ambitieux : il correspondait alors à un programme incluant un vaste patronage et lieu d’enseignement, au cœur duquel était prévue l’insertion de l’église. Depuis, de nombreux travaux ont continué à être menés.

 

Maquette du projet d’ensemble Saint-Jean-Bosco

Maquette du projet d’ensemble, archives de la maison provinciale de l’ordre des Salésiens. (Photographie Valérie Gaudard, 2009. © CRMH Île-de-France).

L’église Saint-Jean-Bosco se compose de trois vaisseaux encadrés d’abord par un clocher-porche puis un transept, pour finir sur un chœur à chevet plat. Elle se divise en deux niveaux principaux accessibles au public : une église haute destinée aux fidèles, et une église basse dédiée aux élèves du patronage et aux enfants de la paroisse.

Au contraire de la plupart des églises dont l’axe et le chœur sont en principe dirigés vers l’orient, ici, le chevet est au nord, le portail au sud, tandis que les bas-côtés et les bras de transept s’étendent à l’ouest et à l’est. Cette orientation avait pour but de faire face à la rue, dans un quartier déjà fortement urbanisé avant sa construction en 1933. Le clocher-porche se dresse à 54 mètres en incluant la girouette à coq.

Inscrite partiellement à l’Inventaire supplémentaire des Monuments Historiques, par arrêté du 14 mai 2001, à l’exception de l’église basse et du presbytère construit au-dessus de la sacristie, l’église Saint-Jean-Bosco fait l’objet d’une étude minutieuse préalable, qui va permettre d’orienter les lignes décisives quant à sa restauration.  Mais cette étude, remise en janvier 2025 par Point 05, a surtout permis de faire des découvertes.

 

Les découvertes issues de l’étude préalable

Ainsi l’église, qu’on croyait en béton, est essentiellement construite en briques enduites de ciment. Et la blancheur immaculée des murs extérieurs n’est pas du tout d’origine : ces murs étaient d’un ton pierre avec des faux joints et des effets de texture tracés à la main. De même, si l’unité esthétique semble étudiée jusqu’au moindre détail, des chaises aux poignées de porte des confessionnaux, les matériaux, eux, ne sont pas toujours homogènes, ce qui rendra délicates les reprises.

 

Baptistère de l’église Saint-Jean-Bosco

Baptistère de l’église Saint-Jean-Bosco © Art culture et foi

L’ensemble des décors peints intérieurs, y compris la chapelle des fonts baptismaux, et des mosaïques ainsi que le chemin de croix de l’église haute, ont été réalisés par Mauméjean Frères et sur leurs dessins d’intention. Les décors des autels et de la chaire ont été réalisés par la maison Guitard, sur modèles de Mauméjean Frères. Le chemin de croix en mosaïques initialement disposé dans l’église basse et aujourd’hui mis en dépôt sur les tribunes est l’œuvre de Léon Guillemaind.

Avec ses lignes modernistes à pans coupés du plus pur style Art Déco, et son ornementation simple et raffinée, la chaire à prêcher, composée d’onyx, mosaïque et verre, est sans nul doute l’un des chefs d’œuvre de l’église Saint-Jean-Bosco.

 

La nature des travaux de restauration

La restauration du bâtiment va traiter en premier lieu les problèmes d’infiltration. Cela concerne principalement les vitraux, coincés entre deux claustras de béton armé. Ces vitraux souffrent en effet de l’explosion des bétons sous l’effet de la corrosion de leurs fers. Les eaux pluviales s’y insinuent, des morceaux de béton tombent à l’intérieur de l’église sur les tribunes latérales et des infiltrations d’eau pluviale en provenance des toitures provoquent de nombreuses taches et décollements sur les plafonds.

De multiples fissures apparaissent ici et là. La couverture ondulée amiantée de la nef doit être changée sans délai et ses prolongations en zinc, ainsi que les toits terrasse en revêtements bituminés, doivent aussi être rénovés. L’étanchéité du bâtiment est donc la priorité absolue, avant toute intervention sur l’intérieur de l’église même. Les premiers travaux sur les toitures auront lieu dès 2026.

 

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L’article complet de Frédérique Gaudin est à lire dans l’espace adhérent : Saint-Jean-Bosco va ressusciter



Une pensée pour Fernande Onimus de la rue des Rondeaux

 

 

Nous gardons toujours en mémoire les résistantes de notre arrondissement, parfois moins connues mais qui disposent d’une plaque commémorative en leur nom, fleurie officiellement chaque année par la Ville.

Parmi elles, Fernande Onimus, née Phal le 9 octobre 1899 à Charenton-le-Pont. Elle est la fille d’un employé de chemin de fer et d’une institutrice. Elle habitait 88 rue des Rondeaux (n°84 actuellement) à Paris 20e, avec son mari Robert et leurs deux enfants.

Réseau et ligne Comète

En juillet 1943, elle devient, avec Odile Verhulst son amie du quartier, cheffe-hébergeuse du 20e pour Comète, un réseau de résistance créé par une jeune belge, Andrée de Jong, pour récupérer, héberger, accompagner et exfiltrer les aviateurs alliés tombés en Belgique ou en France, jusqu’en Espagne via la frontière basque, et leur permettre ensuite de rallier Gibraltar alors sous contrôle britannique [1].

Andrée de Jong, dirigeante du réseau Comète – Imperial War Museum London

Comète est financé par le MI9 britannique mais opère de manière indépendante. Environ 800 aviateurs alliés et de nombreux résistants emprunteront la ligne Comète de juillet 1941 à juin 1944.

 

Routes utilisées par le réseau Comète (en rouge), le réseau Pat O'Leary (en bleu), et le réseau Shelburn (en brun) -National museum of the US Air Force

Routes utilisées par le réseau Comète (en rouge), le réseau Pat O’Leary (en bleu), et le réseau Shelburn (en brun) – National museum of the US Air Force

Le réseau comporte des refuges clandestins pour quelques jours ou plusieurs semaines, où les militants logent, nourrissent et habillent en civil les pilotes. Avec d’autres, elles constituent un petit réseau de planques, notamment chez Odile Verhulst, rue du Cher, « la maison à quatre pattes » (il fallait se faufiler par une trappe).

Pour les faux papiers indispensables aux aviateurs, elles sont en lien avec Marguerite Cécile du bureau militaire de la mairie du 20e, sous-lieutenant dans un groupe résistant lié à Libération-Nord. Pour des raisons de sécurité, Robert et Fernande Onimus envoient alors leur fils à la campagne car à l’école Sorbier, il rêve de devenir pilote…

 

Blason du réseau Comète

Blason du réseau Comète

En 1943, Fernande Onimus est connue dans la clandestinité sous divers pseudonymes : Rosa, ou parfois « Madame Françoise », ou encore décrite comme « The little lady in black« , car « elle mesure 1m40 et s’habille toujours en noir. On la rencontre dans tout le 20e arrondissement, serrant contre elle un grand sac noir ».[2]

À plusieurs reprises, les dirigeants et agents nationaux et parisiens du réseau Comète sont déjà « tombés », dénoncés par des agents infiltrés par l’Abwehr, le contre espionnage allemand. Le 18 janvier 1944, les Allemands arrêtent les membres parisiens du réseau dont Fernande Onimus et Odile Verhulst, mais aussi d’autres responsables parisiens ainsi que George Goldstein, un aviateur américain caché alors rue du Cher.

 

7 rue du Cher, domicile d'Odile Verhulst - PG

7 rue du Cher, domicile d’Odile Verhulst – PG

 

De Romainville à Ravensbrück

Fernande Onimus et ses camarades sont d’abord incarcérées dans les quartiers allemands, puis regroupées au camp de Romainville. Elles partent de la gare du Nord en wagons à bestiaux le 13 mai 1944, elles retrouvent les résistantes communistes des Comités féminins du 20e « libérées » par la Gestapo de la Centrale de Rennes [3].

Toutes sont déportées au camp de concentration de Ravensbrück, « l’Enfer des femmes », dans le cadre de la procédure NN, Nacht und Nebel (secret, pas de nouvelles ni contact avec l’extérieur).

Fernande Onimus meurt à 45 ans à Ravensbrück le 23 ou le 24 avril 1945. Mais il sera mentionné le 5 avril 1945 comme date fictive collective, comme c’est l’usage, avec mention portée à l’état civil du 20e arrondissement le 11 février 1947. L’état lui reconnaît le statut de militaire des forces combattantes : agent P2 de juin 1943 au 18 janvier 1944, « Morte pour la France » [4].

 

Plaque à la mémoire de Fernande Onimus, du réseau d'évasion Comète, 84 rue des Rondeaux Paris 20

Plaque à la mémoire de Fernande Onimus – 84 rue des Rondeaux – PG

 

Une plaque commémorative honorant sa mémoire est apposée au bas de son immeuble, 84 rue des Rondeaux. Selon l’historienne Corinne Von List, l’aide à l’évasion a été la forme de résistance la plus mortelle : 51,2 % des femmes engagées dans cette forme de résistance ont succombé.

Par ailleurs, Odile Verhulst, 64 ans, est gazée à Ravensbrück le 20 février 1945, avec 18 autres femmes.[5]

Le dénonciateur infiltré belge travaillant pour l’Abwehr, Jean-Jacques Desoubrie, aurait participé à l’arrestation de plus de mille personnes. Arrêté en Allemagne en 1947 par les Américains, il est jugé puis fusillé en 1949 en France, en criant « Heil Hitler ! ».[6]

 

[1] Odile de Vasselot, Tombés du ciel, Histoire d’une ligne d’évasion, Le Félin, 2005, p139.
[2] https://evasioncomete.be/fgoldstgg.html
[3] Liste de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation, I-212. : 552 femmes dont 77% rentreront.
[4] GR28 P4 256280 – 16P473803.
[5] www.bddm.org
[6] AN AJ72/45



La Foire du Trône est ouverte… !



Ouverte cette année le 4 avril, la Foire du Trône vous attend jusqu’au 9 juin 2025, de midi à minuit (jusqu’à une heure du matin les samedis et veilles de jour férié), sur la pelouse de Reuilly, au bois de Vincennes.

Un espace « forain » très populaire du 20e arrondissement

La Foire du Trône, aussi appelée « foire aux pains d’épices », a été longtemps associée au passé festif et récréatif du 20e arrondissement. Créée en 957, c’est la plus ancienne et la plus grande fête foraine de France et elle a une riche histoire.

En 957, la famine frappe le royaume et le roi Lothaire autorise les moines-boulangers de l’abbaye Saint-Antoine à vendre leur pain à la population affamée. Puis la vente de charité se transforme en fête populaire où viennent se produire des jongleurs, des clowns et d’autres saltimbanques. La Foire du Trône est lancée, avec son fameux cochon en pain d’épices.

 

Les cochons en pain d'épices

Le fameux cochon en pain d’épices… DR

 

Pourquoi un cochon ? Le 13 octobre 1131, le fils du roi Louis VI Le Gros, traverse Paris à cheval. Son cheval est effrayé par un cochon surgi au milieu de son chemin, il se cabre et fait chuter le cavalier qui décédera des suites de ses blessures. Le roi interdit alors toute divagation de pourceaux dans la capitale, à la seule exception de ceux de l’abbaye Saint-Antoine. En remerciement de cette faveur royale, les moines inventent un cochon en pain d’épices… vendu pendant la foire, à laquelle il donne son nom.

Pourquoi Foire du Trône ?

La plupart des rois de France étaient sacrés à Reims. Au retour, c’est donc par la porte de Vincennes qu’ils font leur entrée dans Paris. Selon la tradition, un immense trône est installé sur l’actuelle place de la Nation. Le roi y prend place et la population vient lui rendre hommage. D’où le nom de place du trône, qui donnera bien plus tard son nom à la fête qui se tient, jusqu’alors, le long de l’avenue de Vincennes voisine.

A la fin du XIXe siècle, la foire connaît un immense essor, avec plus de 2 000 forains en 1880. Le public vient nombreux pour y voir femmes à barbe, frères siamois, nains et géants. Les trains fantômes, les manèges de chevaux de bois et les dompteurs de fauves y font aussi leur apparition.

 

Place de la Nation, Foire du Trône, vers 1900. Carte postale

Place de la Nation, Foire du Trône, vers 1900. Carte postale

 

Mais l’installation de la Foire du Trône dans le quartier de la Nation est de moins en moins commode et les riverains se plaignent. En 1964, on décide de déplacer l’événement sur la pelouse de Reuilly, où elle se tient toujours aujourd’hui.

La présence de la Foire du Trône dans le 20e arrondissement y a attiré l’installation d’une population assez nombreuse de gens du cirque, et même, à la fin du XIXème siècle, la création d’un petit cirque rue des Prairies : le Théâtre-Cirque miniature Corvi. Ses divertissants spectacles d’animaux dressés ont eu leur petite heure de gloire avant la Première Guerre mondiale.

 

Affiche du Théâtre-Cirque CORVI

Affiche du Théâtre-Cirque CORVI, Paris, BHVP. Photo CDD

 

Les « forains » dans le paysage urbain

Longtemps la population parisienne n’a pas été composée seulement d’urbains. Quoique majoritaires, les urbains cohabitaient avec des ruraux, jardiniers et maraîchers qui nourrissaient les Parisiens, nombreux particulièrement dans notre arrondissement, et des gens du voyage, forains, bohémiens… plus exotiques, dont les roulottes sont bien visibles sur de nombreuses représentations de l’espace parisien.

 

Les Bohémiens à Paris, campement, L’Illustration

Les Bohémiens à Paris, campement-L’Illustration

 

Le 20e arrondissement, comme les autres arrondissements périphériques, comportait naguère encore de vastes espaces de friches non occupées. C’était la « zone », héritée du système défensif mis en place autour de Paris dans les années 1840. Les fortifications militaires enserrant la capitale étaient précédées, côté banlieue, d’un vaste espace de 250 mètres de large, sur laquelle il était prohibé d’élever toute construction en dur. À partir de 1919, les fortifications ont été peu à peu démantelées, mais la « zone non edificandi » était restée et est devenue le refuge d’une population précaire survivant tant bien que mal.

La « zone », sur laquelle sera ouvert le boulevard périphérique de Paris à partir des années 1970, était le refuge, entre autres populations précaires (sans domicile fixe, chiffonniers et récupérateurs de vieux métaux et objets, clochards…), des forains, artistes ou commerçants ambulants qui parcouraient les villes et les villages et faisaient étape à Paris.

Roulottes porte d’Ivry, photographie d'Eugène Atget

Eugène Atget, Roulottes porte d’Ivry, Paris. BHVP

A Paris, les roulottes des forains investissent tous les lieux disponibles, comme les terre-pleins et contre-allées des boulevards ouverts sur le tracé de l’ancien mur des Fermiers généraux. Ainsi, les registres de l’état civil relèvent, par exemple en 1896, le décès d’une foraine, Catherine Landauer, décédée « boulevard de Belleville face au 87 », et en 1907, celui d’une Louise Caroline Landauer « face au n°6 boulevard Rochechouart ».

Et ce 20e arrondissement bigarré, où les roulottes de forains faisaient partie du paysage, a duré longtemps. Les plus anciens se souviennent sans doute de la roulotte de la cartomancienne, fort célèbre à Paris disait-on alors, stationnée jusqu’il y a peu, boulevard de Ménilmontant, à la sortie du métro Père-Lachaise.

Mais aujourd’hui Mme Irma s’en est allée… Où maintenant allons-nous aller nous faire dire la bonne aventure ou tirer les cartes ?

La caravane de la cartomancienne du métro Père-Lachaise

La caravane de la cartomancienne du métro Père-Lachaise. DR