Ramsès et l’Égypte au Père Lachaise
À la Grande Halle de La Villette, l’exposition « Ramsès et l’or des Pharaons » se poursuit jusqu’au 10 septembre 2023.
Dans notre article du 18 juin 2022, nous avions déjà cité son nom. Il se trouve que son portrait figurait alors sur la bâche de l’obélisque en restauration… avec celui de Champollion. Nous fêtions cette année-là les 200 ans du décryptage des hiéroglyphes.
Lui-même enterré au Père Lachaise, Champollion partage notre cimetière-musée avec d’autres personnages liés à l’Égypte ancienne. Ajoutons ici à notre article ci-dessous, celui moins connu de Vivant Denon, fondateur du musée du Louvre, égyptologue et qui a participé à la campagne d’Égypte de Bonaparte.
La tombe de Vivant Denon en octobre 2022-PG
Les deux hommes se connaissent et au Louvre, Champollion a pu créer et diriger les salles dédiées à l’Égypte. En 1827, le roi inaugure les lieux et donne son nom à cette partie du Louvre : musée Charles X, tout simplement.
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Champollion et l’Égypte il y a 200 ans
Le Père Lachaise est créé en 1804, soit six ans après la campagne d’Égypte décidée par Bonaparte. La mode égyptienne est entrée par la suite dans notre cimetière : nous y croisons de nombreuses sépultures en forme d’obélisques et autres pyramides.
Champollion y est pour beaucoup et en premier lieu pour lui-même puisqu’un obélisque est posé sur sa propre tombe. En cet anniversaire des 200 ans de son décodage des hiéroglyphes, plusieurs événements ont lieu cette année .
Tombe de Champollion le jeune au Père Lachaise, restaurée en 2021-PG
Champollion et la place de la Concorde
Tout d’abord l’obélisque de la place de la Concorde qui vient d’être restauré en ce premier semestre 2022, et sous la bâche qui recouvre son échafaudage métallique figurent les portraits des quatre grands hommes liés à ce monument : Ramsès II, Méhémet Ali, Charles X et Jean-François Champollion.
Le vice-roi d’Égypte Méhémet-Ali est à l’origine de cet obélisque offert à la France sous Charles X en 1829, et devenu parisien sur la place de la Concorde en 1836. Il offre ce cadeau à la France en reconnaissance notamment de la découverte de Champollion, lui-même en charge des négociations pratiques liées à cette « main tendue ».
La toute récente restauration de cette œuvre égyptienne est réalisée grâce au mécénat signé en 2021 entre le ministère de la Culture et la société Kärcher.
Bäche de l’obélisque en restauration place de la Concorde en 2022
https://www.culture.gouv.fr/Regions/Drac-Ile-de-France/Actualites/Actualite-a-la-une/L-Obelisque-de-Louxor-fait-peau-neuve
https://www.kaercher.com/fr/a-propos-de-kaercher/mecenat/mecenat-culturel/restauration-de-l-obelisque-place-de-la-concorde-paris-france.html
Aujourd’hui, l’obélisque est présenté comme « le plus ancien monument de Paris » … si l’on considère la date de création de l’œuvre. Robert Solé, journaliste et historien français né au Caire en 1946, le souligne ainsi : « L’obélisque de la place de la Concorde a été taillé en Égypte alors que l’ancienne Lutèce n’existait même pas. »
Champollion, l’autodidacte de génie
Champollion est surdoué pour l’apprentissage des langues : il apprend tout jeune l’hébreu, l’arabe, le copte… et même le chinois. Il est ainsi bien prédisposé pour aboutir dans ses recherches.
Au moment de l’expédition de Bonaparte, les soldats français découvrent en 1799 une pierre à Rosette. Lui n’avait alors que 9 ans, et il ne partira en Égypte qu’en août 1828.
Mais son frère Jacques-Joseph -bibliophile et féru d’antiquité, futur conservateur de la Bibliothèque royale puis professeur à l’école des Chartes- fera tout pour participer à cette expédition : sans succès pour autant.
Bicentenaire du déchiffrement des hiéroglyphes, logo du Musée du Louvre
Cette pierre de Rosette va faciliter grandement ses recherches en lui donnant une clé de compréhension, les repères grâce à un même texte traduit en trois langues sur ce même support : en grec ancien, en démotiques et en hiéroglyphes.
Avec l’aide d’une copie de cette pierre, de son génie érudit et le soutien permanent de son frère Jacques-Joseph dit « Champollion l’ainé », la recherche de « Champollion le jeune » finira par porter ses fruits.
À 32 ans, en déchiffrant la pierre de Rosette, il finit par découvrir enfin le mystère des hiéroglyphes. Nous sommes alors le 14 septembre 1822 et, bien après l’expédition de Bonaparte. Son immense découverte va prendre une place majeure dans la création d’une nouvelle science : l’égyptologie. https://sfe-egyptologie.website
L’exposition Champollion à la Bibliothèque nationale de France
Actuellement dans le cadre du bicentenaire de sa découverte, La BNF lui consacre une exposition riche et également conçue à l’attention des plus jeunes.
Le titre de l’exposition : L’AVENTURE CHAMPOLLION, dans le secret des hiéroglyphes. Du 12 avril au 24 juillet 2022. https://www.bnf.fr/fr/agenda/laventure-champollion
Bulle à l’exposition de la BNF sur l’hiéroglyphe destinée aux jeunes -PG
Les prochaines conférences parisiennes sur Champollion
Au Collège de France
Comme nous le souligne l’un des panneaux de l’exposition à la BNF, le 12 mars 1831 Champollion est nommé par Louis-Philippe à la chaire d’archéologie nouvellement créée au Collège de France. Par ailleurs, il aura sa statue dans la cour du Collège en 1875, une sculpture d’Auguste Bartholdi.
En sa mémoire, le Collège de France lui consacre un cycle de conférences du 15 septembre au 28 octobre 2022, ayant comme titre provisoire Champollion au Collège de France.
Au calendrier :
- Le 22 septembre, lecture de la leçon inaugurale de J.-Fr. Champollion
- Les mardis, du 27 septembre au 28 octobre : cinq conférences sur J.-Fr. Champollion et son œuvre.
Et au musée du Louvre
- Les 1er et 2 décembre : 1822/2022 – Autour de Champollion. Déchiffrements d’hier et d’aujourd’hui (titre provisoire), organisée par l’EPHE et le musée du Louvre (Auditorium du Louvre).
Champollion, Fourier et Lebas au Père Lachaise
Détail de la tombe de Champollion avec un chat miniature, simplement posé sur le rebord en bas, symbole de la déesse maternelle et protectrice-PG
« Champollion le jeune » meurt le 4 mars 1832. Il avait alors 41 ans. La cause exacte de sa mort n’est pas connue, probablement du choléra, qui s’abat sur Paris en mars. Les obsèques ont lieu le 7 mars à l’église Saint-Roch.
Le journal La France nouvelle datée du 8 mars 1832 nous en rend compte :
le comte de Forbin, M. Silvestre de Sacy, M. de Humboldt, M. Arago , portaient les quatre coins du drap mortuaire, et ont accompagné le corps de l’illustre défunt jusqu’au cimetière de l’Est , où MM. Walckenaër et Letronne, de l’Institut , ont prononcé des discours funèbres…
Champollion meurt sans fortune, et ne laisse à sa jeune famille que son nom qui la recommande à la protection du Gouvernement. Nous apprenons en ce moment que M. de Forbin, directeur des Musées royaux, vient de s’adresser au Roi pour lui demander l’autorisation de faire exécuter en marbre le buste de M. Champollion jeune, pour être placé dans le Musée égyptien, dont il est le fondateur. (Journal des Débats.)
Il est enterré, selon sa volonté, près de son ami Joseph Fourier décédé deux ans avant lui, un mathématicien qui a fait partie de la campagne d’Égypte avant de devenir préfet. Fourier s’était lié avec les frères Champollion et avait soutenu « le jeune » dans l’aboutissement de ses recherches.
Tombe de Fourrier -près de celle de Champollion- restaurée en 2022, en attendant son buste-PG
Enfin, en ce qui concerne l’obélisque de la place de la Concorde, il aura fallu 5 ans à l’ingénieur polytechnicien Apollinaire Lebas (au Père Lachaise, lui aussi avec un obélisque sur sa tombe) pour faire ériger ce monument, en commençant en 1831 par la construction d’un bateau sur mesure, jusqu’à sa mise en place finale en 1836.
Tombe d’Apollinaire Le Bas, avec au bas de son obélisque un bas-relief représentant l’érection du monument place de la Concorde-PG