Entrée de ND des Otages

 

Rue Haxo, les otages et l’église

Entretien avec Jacques Benoist, prêtre et historien

 

Nous sommes le 26 mai 1871, soit deux jours avant la fin de la Commune de Paris. Dans le 20e, la colère est forte et malgré l’opposition de plusieurs responsables de la Commune, 50 otages seront fusillés au 85 rue Haxo.  Parmi eux, dix ecclésiastiques. Aujourd’hui en mémoire de ce drame, il nous reste sur place une église et un véritable petit musée extérieur dans le jardin attenant.

Plus de 150 ans après, le sujet reste toujours sensible, voire clivant. Si la Commune est commémorée chaque année au Père Lachaise, cette fois-ci le 29 mai 2021, le diocèse de Paris avait organisé une « marche des otages martyrs de la rue Haxo » jusqu’à la paroisse Notre-Dame des otages.

Ce jour-là, les participants ont été violemment pris à partie au point que l’un d’entre eux sera blessé à la tête. Un agresseur sera condamné à 10 mois de prison avec sursis.

Le spécialiste des lieux

Nous avons rencontré un passionné de cette période et de ces lieux, Jacques Benoist. Lui-même est à la fois prêtre et docteur en histoire des religions de l’université Paris IV Sorbonne, et diplômé de l’École Pratique des Hautes Études. Il fait partie de notre association, très certainement par solidarité.

 

Notre Dame des Otages - Jacques Benoist, prêtre historien

Jacques Benoist devant ND des Otages-PG

 

D’une approche particulièrement conviviale, Jacques Benoist est aussi une tête chercheuse permanente, et cela depuis plus de 40 ans. Il continue de s’épanouir et de faire son petit bonhomme de chemin en marchant allègrement sur ses deux pieds : l’histoire et la religion… Et réciproquement.

Actuellement prêtre de la paroisse Notre-Dame-des-Otages, rue Haxo, il a mené plus particulièrement ses recherches sur trois axes et en trois volumes : Le Sacré-Cœur de Montmartre, paru en 1992 aux éditions de l’Atelier, les communards et les otages de la rue Haxo.

Il a bien voulu nous recevoir sur place rue Haxo, nous faire pleinement visiter les lieux et partager le fruit de ses recherches.

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Entretien avec Jacques Benoist

Q : Dans l’hebdomadaire La Vie daté du 28 mai 2021, à l’occasion du 150ème anniversaire de la Commune, la journaliste vous décrit comme « toujours un peu en marge des activités paroissiales et tenant fermement à son indépendance »…

R : En fait, je suis indépendant dans mes recherches historiques que je poursuis depuis 45 ans, et suis statutairement directement rattaché sous l’autorité de l‘évêque. Indépendant donc par rapport aux paroisses locales, mais disponible pour elles en permanence en cas de besoin.

Q : En tant qu’historien, après avoir présenté une thèse sur l’église de Montmartre, vous avez effectué une recherche approfondie sur les évènements qui ont conduit au massacre de la rue Haxo…

R : Tout d’abord, j’applique les règles universitaires avec les méthodes de recherche historique aboutissant à leur validation. L’EPHE, -école dans laquelle j’avais soutenu ma thèse sur le Sacré Cœur de Montmartre- et la Sorbonne m’ont encouragé plus tard à poursuivre et présenter mes recherches sur notre sujet.

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Les faits sur place, la Commune de Paris et le drame à la Rue Haxo

Le 26 mai 1871, 50 otages sont abattus sous la pression de la foule : 36 gendarmes, 1 policier, 3 civils considérés comme espions et 10 religieux.

Extrait du texte résumant en 2018 l’exécution des otages, écrit en équipe avec Jacques Benoist et à la disposition du public de Notre-Dame-des-Otages.

« Sur place, malgré les réticences de leur chef militaire et cédant à une foule qui hurle à la mort, les fédérés tirent à volonté durant un quart d’heure sur les otages, tous exterminés, devant un gros mur qui se trouvait rue du Borrégo, à la hauteur de l’actuel maison des jeunes ».

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Q : Pourquoi avoir utilisé le mot otage et non prisonnier, puisqu’ils ont tout d’abord été enfermés à la prison de la Roquette ?

R : En fait, prisonnier veut dire prisonnier de guerre, on utilise alors ce mot lorsqu’il s’agit globalement de militaires arrêtés. Là, il s’agit d’environ 200 personnes civiles emprisonnées simplement par la Commune pour servir de monnaie d’échange.

Celle-ci veut ainsi stopper les exécutions sommaires du gouvernement versaillais en place. Et le 5 avril 1871, elle légifère dans ce sens : avec le décret dit des otages, il est prévu qu’à chaque prisonnier communard exécuté sous la responsabilité de Thiers, en retour, les communards pourront exécuter trois otages.

Environ 200 otages seront arrêtés

Décret sur les otages du 6 avril 1871-Archives de Paris

En fait, ce décret sera peu appliqué sauf les derniers jours de la Commune, notamment pour l’exécution de Monseigneur Darboy à la suite d’une proposition d’échange contre Auguste Blanqui (au PL) restée sans succès.

Q : Ce 26 mai, quelques responsables de la Commune ont tenté sans succès de s’opposer au massacre, comme Eugène Varlin, Zéphirin Camelinat, Jules Vallès (au PL) et Eugène Protot : pourquoi ces responsables communards n’ont-ils pas été écoutés ?

R : Il y a eu une réunion quelques jours avant, à Notre-Dame de Ménilmontant, l’église étant transformée en club sous la Commune. Jules Vallès est présent au moment du vote. Question : doivent-ils être exécutés ou pas ? Le oui l’emporte. Ensuite, les autorités dont ceux que vous citez se sont réfugiées ici. Ils n’ont pas voulu les fusiller et souhaité apaiser les passions. Sans succès.

 

Notre Dame de la Croix, lieu du vote de l'exécution des otages.

Pelle Stark Notre Dame de la Croix -photo Carlotta Olmez, wikipédia. Texte rédigé par Christiane Demeulenaere-Douyere, vice-présidente de l’AHAV

Rue Haxo, rue du Borrégo… rue Planchat

Q : Qu’en est-il de la rue Haxo et de la vocation du terrain autour du n°85 ?

R : La rue Haxo, est une ancienne allée du parc du château de Ménilmontant, devenue une voie militaire le long des fortifs : à l’époque Il n’y avait pas encore les boulevards des maréchaux. Quant à notre lieu lui-même et à sa destination finale, il y a eu bien du flottement sur ses propriétaires dans les années 1870.

Q : Juste en face de Notre-Dame des Otages, cette ancienne chapelle devenue église, vous m’avez fait découvrir le domicile où Gabriel Ranvier -maire de Belleville en 1870- meurt en 1879 au 2 rue des Tourelles, juste à l’angle de la rue Haxo.

Lui-même blanquiste, communard et franc-maçon… il était aussi surnommé le « Christ de Belleville ». Pourquoi ce surnom paradoxal ? Y a-t-il eu une relation entre lui et le massacre de la rue Haxo ?

R : Oui, le « Christ de Belleville », c’est le titre du livre d’Alain Dalotel. Était-il lui-même présent ce jour-là ? Ce n’est pas clairement explicité encore aujourd’hui, même par Alain Dalotel.

Rue Haxo - Gabriel Ranvier

Gabriel Ranvier Le Christ de Belleville, par Alain Dalotel

En tout cas, il reçoit les communards à la Mairie (anciennement près du métro Jourdain) et tente de les convaincre pour que l’exécution n’ait pas lieu… en tout cas pour le moins « pas de ça ici ! » puisqu’il ne peut pas s’opposer frontalement à la décision votée antérieurement. Le groupe avec les otages finira donc par quitter la Mairie pour se diriger rue Haxo. La suite est connue et Alain Dalotel a fait un excellent travail de référence à ce sujet.

Q : Un an plus tard, en mars 1872, un conseil de guerre de Versailles va avoir lieu sur ce drame…

R : En fait, le meneur ou la meneuse n’a pas pu être identifié. Au total, peu d’acquittement, quelques condamnations à mort, aux travaux forcés et beaucoup de condamnations à la déportation.

Q : Après la Commune, la construction de l’église de Montmartre fait toujours polémique quant à son interprétation. Elle est érigée sur le lieu même où a débuté la Commune. Par contre, Notre-Dame des Otages est passée sous les radars.

R : La construction de l’église de Montmartre a une vocation expiatoire par rapport à la globalité des péchés de la France. Il faut se rappeler qu’elle était déjà prévue avant la Commune. Pour l’Église et dans la même logique, les événements de la Commune viennent ici simplement s’y ajouter.

C’est donc l’ensemble de ce dispositif qui est mis en place et dans lequel vient s’insérer Notre-Dame des Otages. Il existe par ailleurs une plaque commémorative au cimetière de Belleville.

Q : En 1872, des catholiques fondent ici l’Œuvre expiatoire du massacre des otages.

R : Il faut dire qu’après une période de flottement sur les lieux eux-mêmes, leur acquisition, leurs différents propriétaires… les jésuites et des religieuses arrivent finalement à acquérir les lieux. En fait, l’œuvre expiatoire est une association qui durera peu de temps et plus tard sera créée La société des otages de la Commune.

Les jésuites vont construire une petite chapelle en 1894, puis une chapelle plus grande quatre ans plus tard. Enfin en 1938 sur ce même emplacement, l’église actuelle remplacera l’ancienne chapelle.

Q : Côté jardin, à l’arrière de l’édifice, le musée extérieur. En libre accès ?

: Oui, et en libre d’accès par le 81 rue Haxo, mais c’est un véritable petit  jeu de piste pour y accéder.

L’ Abbé Planchat, l’otage qui a sa rue dans le 20e

 

Rue Planchat, abbé fusillé sous la Commune

Rue Planchat donnant rue de Bagnolet-wikipédia

Q : Henri Planchat fait partie des 10 otages religieux fusillés. Le 22 avril 2023, il est béatifié à l’église Saint-Sulpice avec quatre autres prêtres. Au total cinq béatifiés sur dix religieux.

Pourquoi le père Henri Planchat a été mis en avant par rapport aux autres ? Et pourquoi 5 au lieu de lui-seul ou de tous les 10 ?

R : Beaucoup de congrégations religieuses sont concernées dans cette affaire. Le temps a passé et finalement ce sont les plus motivées d’entre elles, les Religieux de Saint-Vincent de Paul et ceux de Picpus, qui ont fini par obtenir ces béatifications dans ces conditions.

L’histoire aura donc poursuivi sa route pour en arriver jusqu’en 2023.

 

Visite guidée au Père Lachaise des monuments de la Guerre de 1870-1871

et des tombes des maréchaux du Ier Empire

En 2022, nous avions abordé  les maréchaux d’Empire et Paris par une conférence à la mairie du 20e.

Et puis, avec son spectacle  hors les murs intitulé « Boulevard Davout », le Théâtre national de la Colline nous a donné l’occasion de présenter le maréchal qui lui a donné son nom.

Et enfin en décembre de cette même année, nous devions terminer ce cycle au Père Lachaise avec une sortie principalement liée à la partie militaire du cimetière.

Une visite guidée prévue à l’origine pour le 4 décembre 2022. Elle a dû être reportée et vous est désormais proposée tout prochainement.

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Grégoire Vialaret, président du Souvenir Français (Comité du 20e), abordera dans un premier temps les monuments commémoratifs des combattants des guerres mondiales. Il nous fera ensuite découvrir ceux de la guerre de 1870/1871 et terminera la visite par les sépultures des grands maréchaux de l’Empire.

📅 Dimanche 7 avril 2024

🕙 À 10h00

Durée 90 mn

🪧 Le lieu de rendez-vous sera précisé par retour du courrier d’inscription

 

Cette visite gratuite sur inscription est réservée aux adhérent-e-s. Pour vous inscrire, cliquez ici.

Photo d'un soldat kabyle en uniforme au restaurant Ramus - PG

Au restaurant « Le Ramus », portrait du grand-père en uniforme qui s’est battu pour la France-PG

L’arrivée des kabyles au XXème siècle

 

Après Idir et les kabyles dans le 20e et Les kabyles en 1871, une histoire « Commune », nous terminons notre enquête sur les kabyles et le 20e arrondissement en prenant connaissance de leur arrivée en France au XXème siècle.

À l’origine de leur venue, la guerre et le manque de main-d’œuvre. Les autorités françaises vont alors se tourner vers leur recrutement depuis les colonies.

Lire la suite

 

Après Idir et les Kabyles dans le 20e, nous poursuivons notre série d’articles sur les kabyles dans le 20e. Nous abordons cette fois-ci l’origine de leur venue, le lien entre deux événements historiques parallèles qui finiront par se rejoindre. 

La troisième et dernière partie sera consacrée à L’arrivée des kabyles au XXème siècle.

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1871, une histoire «Commune»

 

Azziz El Haddad est mort le 22 août 1895, juste en face du Père Lachaise. Figure emblématique de la révolte kabyle de 1871, il habitait au 45 boulevard de Ménilmontant chez son ami et compagnon de déportation Eugène Mourot.  Il est le fils du Cheick de la Rahmaniya, et a été recherché par toutes les polices à la suite de son évasion de Nouvelle-Calédonie.

La rencontre des déportés en Nouvelle Calédonie

Azziz El Haddad est une des deux figures de proue du groupe de déportés en Nouvelle-Calédonie. Il a rencontré ses compagnons d’infortune dont Louise Michel, et Eugène Mourot, tous deux anticolonialistes, ce qui était rare à l’époque… même chez les communards. Dans ses mémoires, Louise Michel écrit :

« Un matin, dans les premiers temps de la déportation, nous vîmes arriver dans leurs grands burnous blancs, des Arabes déportés pour s’être, eux aussi, soulevés contre l’oppression. Ces orientaux, emprisonnés loin de leurs tentes et de leurs troupeaux étaient simples et bons et d’une grande justice ».

1871 Maison Carrée, Alger - Départ des forçats pour la nouvelle Calédonie

1871 Départ des forçats d Alger pour la nouvelle Calédonie – Photo J. Geiser

Puis, l’amnistie générale est déclarée en juillet 1880 pour « tous les condamnés pour faits relatifs aux insurrections de 1871 et à tous les condamnés pour crimes ou délits relatifs à des faits politiques ». Tous sauf les algériens qui, au contraire des parisiens, sont maintenus en résidence en Nouvelle-Calédonie. Azziz El Haddad, lui, décide alors de s’enfuir via l’Australie.

De son côté, Eugène Mourot, devenu conseiller municipal de Nouméa et vice-président de l’Union démocratique de propagande anticléricale, préférera ne rentrer en France qu’en 1884.

C’est ainsi que, fidèle aux amitiés nouées en captivité, à son retour en France, Eugène Mourot offre l’hospitalité à Azziz El Haddad. Celui-ci mourra en 1895, le jour-même où quelques rares survivants de la « Commune kabyle » enfin graciés, embarquaient à Nouméa pour rentrer au pays.

Une collecte effectuée parmi les anciens communards déportés a permis le rapatriement du corps du défunt en Algérie.

À l’origine,  les décisions coloniales

En Algérie, plusieurs mouvements de révolte préludent à la grande insurrection. La politique française tend à morceler les tribus et à diminuer l’influence des grandes familles. Avant tout autre, les notables se sentent menacés par la promesse de mesures telles que la libération des khammès (métayers qui recevaient le cinquième de la récolte contre leur force de travail), la confiscation de leurs terres ou des impôts considérables.

Peu à peu la révolte nobiliaire enfle précédant de peu la révolte populaire, celle des djouad ou noblesse d’épée qui possède souvent des terres [1].

Outre celles déjà citées, plusieurs causes à cette révolte dont une famine et un appauvrissement des foyers kabyles à la suite d’un hiver rigoureux en 1868-69. Et surtout, c’est la fin des « bureaux arabes », ces structures administratives mises en place par la France après la conquête de l’Algérie en 1830. Ceux-ci sont remplacés par un régime civil qui allait coûter cher aux populations locales, par une domination accrue des colons, et une aggravation de la spoliation de leurs terres.

1871, la mobilisation forcée des spahis contre la Prusse

Cette insurrection de 1871 va prendre son essor dans l’Est du pays, particulièrement dans les régions berbérophones de Kabylie. Cette révolte provient d’abord de l’échec de la politique française depuis 1830 notamment sous le Second Empire.

Le premier mouvement éclate le 20 janvier 1871, il est sans doute le plus significatif.

Il met en cause une institution, celle des spahis (régiment de cavalerie algérien), qu’on veut faire venir en France pour faire la guerre contre la Prusse, alors qu’il était entendu que ceux-ci ne devaient pas quitter leur pays.

La révolte de Soukaras - 24 février 1871

Révolte des spahis à Soukaras in Le Petit Moniteur universel – 24 février 1871

En février, d’autres révoltes apparaissent, et l’autorité française semble incapable de maintenir l’ordre, ce qui encourage un homme, comme le bachaga Mokrani, à déclencher la grande révolte.

Le 15 mars, la révolte est menée depuis le massif montagneux des Bibans en Kabylie par le cheikh El Mokrani et son frère BouMezrag, tous deux rejoints par le cheikh El Haddad. Elle soulève environ 250 tribus, soit un tiers de la population de l’Algérie. El Mokrani se retrouve à la tête de 120 000 combattants (200 000 selon les chiffres de l’Armée française).

La répression est terrible. Après en avoir fini avec les communards, des troupes françaises arrivent en renfort fin mai 1871. Le 30 juin, le fils Aziz al-Haddad se rend et le 13 juillet le cheikh al-Haddad est capturé. L’insurrection ne prend définitivement fin qu’après la capture de BouMezrag, le 20 janvier 1872.

Outre une contribution de guerre de 36,5 millions de francs-or imposée aux tribus insurgées, 446 000 hectares de terres sont séquestrés. Les kabyles sont rejetés vers les montagnes, les principaux chefs sont déportés en Guyane française ou en Nouvelle-Calédonie.

Les défenseurs de Paris - Spahis au Cours-la-Reine en février 1871

Spahis à Paris in Le Monde illustré – 18 février 1871

Il faudra attendre 1928 pour que le régime de l’indigénat français soit modifié. Ce régime, appliqué dans les territoires du second empire colonial, finira par être aboli en 1946. Un aboutissement après une demande du mouvement des Jeunes-Algériens de la suppression de ce code d’exception en 1908 et 1912, suivie d’une autre de la Ligue des droits de l’homme lors de son 20ème Congrès, en 1924.

[1] Avec les lignages maraboutiques, cette classe sociale constitue l’une des deux castes aristocratiques de la société algérienne traditionnelle

 

Prochain article : L’arrivée des kabyles en France, de la guerre 1914-1918 aux années 1950

 

Pour les membres de l’AHAV, un article long est disponible dans l’espace adhérent : Les Kabyles du XXe
(Merci de vous identifier dans Mon espace adhérent / Connexion avant de cliquer sur le lien pour y accéder)

Eugène Pottier au Père Lachaise

La Commune d’hier et d’aujourd’hui au Père Lachaiseceux qui l’ont vécue et ceux qui s’en sont inspirés au XXème siècle, visite guidée

 

À l’origine de la Commune, la guerre

En 1870, la Prusse envahit la France mais n’entre pas dans Paris. Elle laisse le soin de la reddition des parisiens au gouvernement provisoire d’Adolphe Thiers (au PL). En 1871, les « communeux » ne veulent pas se rendre, être dominés en l’état actuel de la République autoritaire qui veut les désarmer. Ils veulent une république sociale, telle qu’elle sera inscrite plus tard et officiellement dans l’article premier de notre Constitution.

La fin de la Commune au Père Lachaise

La Commune se termine dramatiquement dans le vingtième arrondissement. C’est au Père Lachaise qu’auront lieu les derniers combats de la Commune, et les traces de balle restent encore aujourd’hui bien visibles. Trois monuments nous rappellent la guerre contre les prussiens, à l’origine de la défaite de la France et avec ses nombreuses conséquences : la fin de l’Empire, le gouvernement provisoire, ses décisions, et enfin la Commune de Paris (sans oublier celles de la province moins médiatisées), qui finira dans le sang jusqu’aux exécutions sommaires devant le Mur des fédérés.

C’est à travers les tombes des personnalités et les différents monuments du cimetière que nous aborderons localement cette partie, tragique encore dans nos souvenirs. Cette page d’histoire est toujours commémorée -chaque année au mois de mai devant le mur des Fédérés- par les organisations syndicales, les partis politiques de gauche et les francs-maçons.

Que reste-t-il aujourd’hui de la Commune 

Au bout des 72 jours de combat, ils s’agit d’une défaite militaire des parisiens (qui ne sont pas véritablement militaires), mais une mémoire historique des français qui y font toujours référence aujourd’hui. Une évocation toujours d’actualité avec de nombreuses sources d’inspiration artistiques et des chansons populaires comme le temps des cerises, interprétées dans le monde entier… et par Mouloudji et Yves Montand, enterrés au Père Lachaise.

Les précisions sur la visite :

Date : dimanche 21 mai 2023

Heure de rendez-vous : 10h00

Durée : 2 heures

Cette visite guidée est proposée par Philippe Gluck, président de l’AHAV. Elle est réservée aux adhérents et sur inscription à ahav.paris20@gmail.com. Le lieu de rendez-vous vous sera précisé en retour.

PS : la mairie du 20ème commémore chaque année la Commune de Paris. Cette année, la cérémonie aura lieu :

📅 Dimanche 28 mai
🕒 à 11h30
📍 au cimetière du Père-Lachaise, devant le Mur des Fédérés

Le 20e sous la Commune

La Commune et le 20e, seconde partie

Notre Bulletin n° 78 vient de paraître. Il fait suite au précédent sur le même sujet, avec dix nouveaux articles extraits de la page Actualité du site Internet de l’AHAV. Il complète ainsi la publication de notre sélection de vingt articles relatifs au 150e anniversaire de la Commune de 1871.

Le 20e arrondissement y avait tenu une place toute particulière, et cet anniversaire 2021, ces faits au retentissement mondial, a été un temps fort qui a mobilisé notre association : en plus de nos conférences et visites guidées au Père Lachaise, nous avions précédemment publié sur le même sujet :

  • le bulletin n° 75, un tableau de la Commune, à travers nos quartiers et les personnalités marquantes de cette époque.
  • le bulletin n° 76, le portrait de Félix Pyat, un républicain engagé, par les personnalités qui l’ont connu.

À signaler sur un temps plus long, l’évolution de notre démocratie dont la Commune a été le marqueur principal : « 1869-1879 : la République en son creuset », diffusée sur France Culture, dans l’émission Concordance des temps le 5 mars 2022. Émission dans laquelle le rôle de Gambetta y est abondamment décrit.

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En 1871, le Gouvernement de la Défense provisoire négocie avec les Prussiens

et se charge de prendre Paris : là débute la Commune. C’était il y a 151 ans…

Au sommaire, nos dix articles parus en 2021 :

  • 8 mars – Les femmes dans la Commune
  • 28 mars – La Commune proclamée par le maire du 20e
  • 3 avril – Colline, Covid, Commune : les artistes en action
  • 5 avril – 3 avril 1871, 3 actions de la Commune 13
  • 12 avril – Un Bellevillois barricadier en chef de la Commune
  • 24 mai – 21 mai 1871, les Versaillais entrent dans Paris
  • 25 mai – Robida, reporter de guerre communard
  • 30 mai – Finalement, une plaque au mur des fédérés
  • 1er juin – La fin de l’aventure communaliste
  • 7 juin – Inauguration du jardin Paule Minck

Ces articles ont été écrits par Christiane Demeulenaere-Douyère et Philippe Gluck

Caricature de Ranvier

Gabriel Ranvier, une plaque au héros de Belleville

Le mercredi 25 mai prochain, en fin d’après-midi, M. Éric Pliez, maire du 20e arrondissement, dévoilera une plaque à la mémoire d’un de ses prédécesseurs, Gabriel Ranvier (1828-1879), qui a joué un rôle éminent lors de la Commune de Paris.

Ranvier a représenté le 20e arrondissement au Comité Central de la Garde nationale et, par deux fois, il a été élu maire de l’arrondissement. Depuis la mairie, située à cette époque rue de Belleville, dans l’ancienne guinguette de L’Ile d’Amour, il a veillé sur ses administrés et été l’âme de la résistance de Belleville pendant la Semaine sanglante (21-28 mai 1871).

Le dévoilement sera précédé à 18h00, sur le parvis de l’église Saint-Jean-Baptiste de Belleville, 139 rue de Belleville, d’un spectacle historique sur la Commune de Paris par la troupe « Les mystères du Vieux Paris ».

Tous les citoyens de l’arrondissement sont chaleureusement conviés à assister à cette cérémonie

Plaque à l'ancienne mairie du 20e

Gabriel Ranvier, invitation à la cérémonie du 25 mai 2022

« Ranvier. Un long corps maigre au haut duquel est plantée, comme au bout d’une pique, une tête livide, qu’on croirait coupée s’il baissait les paupières […] Mais qu’il ouvre la bouche et qu’il parle, un sourire d’enfant éclaire son visage », L’Insurgé, Jules Vallès

L’élu du 20e

Gabriel Ranvier fait partie de ces figures qui n’ont pas écrit l’histoire de la Commune. Mais qui l’ont faite !

Après la proclamation de la République, Gabriel Ranvier est élu une première fois maire du 20e, le 6 novembre 1870, mais très vite, l’élection de ce « petit patron » d’un atelier de décoration sur porcelaine et laque est invalidée pour faillite quelques années plus tôt.

1ère mairie du 20e

Ancienne mairie de Belleville puis du 20e arrondissement, rue de Belleville

Il entre alors en politique et s’engage plus que jamais aux côtés des blanquistes. Membre du Comité Central de la Garde nationale, il est impliqué dans l’insurrection du 18 mars 1871, date à laquelle il est réélu et reprend ses fonctions de maire du 20e. Et c’est lui qui aura l’honneur de proclamer la Commune de Paris à l’Hôtel de Ville le 28 mars 1871.

Le nouvel édile, par ailleurs franc-maçon, prend les armes et participe aux sorties des fédérés contre les forces du gouvernement de Versailles, notamment à celle, désastreuse, du 3 avril, où Gustave Flourens perd la vie. Le 1er mai, il vote pour l’institution d’un Comité de Salut public. Il combattra avec acharnement jusqu’au dernier jour de la Commune le 28 mai 1871.

Caricature de Ranvier

Portrait de Gabriel Ranvier, maire du 20e arr, musée Carnavalet

Réfugié à Londres, il y reprend son métier et combat pour l’amnistie des Communards. Il milite notamment dans les comités de secours aux réfugiés, puis il se rapproche de Bakounine et des libertaires. Au même moment, en France, il est deux fois condamné par contumace pour participation à la Commune.

En 1879, il demande aux autorités françaises de l’autoriser à passer par Paris. Et c’est rue des Tournelles, à Belleville, qu’il meurt soudainement, le 25 novembre 1879, à 51 ans. 600 personnes, dont 200 amnistiés, suivent son convoi.

Le signataire de la dernière affiche de la Commune

Au soir du 26 mai 1871, il signe la dernière affiche de la Commune… un dernier appel à l’unité et à la solidarité :

« Citoyens du XXe arrondissement

Le moment est venu de combattre avec acharnement un ennemi qui nous fait depuis deux mois une guerre sans pitié.

Si nous succombions, vous savez quel sort nous serait réservé. Aux armes donc, et ne les quittons plus qu’après la victoire. De la vigilance, surtout la nuit […].

Je viens donc, dans un intérêt commun, au nom de la solidarité qui unit en ce moment tous les révolutionnaires, vous demander d’exécuter fidèlement les ordres qui vous seront transmis. Prêtez votre concours au 19e arrondissement, aidez-le à repousser l’ennemi, là est votre sécurité, et la victoire est à ce prix. N’attendez pas que Belleville soit lui-même attaqué, il serait peut-être trop tard. En avant donc et Belleville aura encore une fois triomphé. Vive la République ! »

Une première version de cet article, rédigé par Christiane Demeulenaere-Douyère, vice-présidente de l’Association d’histoire et d’archéologie du 20e arrondissement de Paris (AHAV), est parue dans le Journal municipal Paris Vingtième n°1 – Hiver-Printemps 2021.

J-B Clémaent au Père Lachaise

Bulletin n° 77

En 2021, la commémoration du 150e anniversaire de la Commune de Paris a marqué profondément l’héritage de l’Est parisien et particulièrement de notre arrondissement.

Ce bulletin n° 77 complète et enrichit notre bulletin n° 75, publié en mars 2021 sous la coordination de la même autrice, Christiane Demeulenaere-Douyère.

Précédement sur le même sujet, le bulletin n° 76 nous présente Félix Pyat, républicain engagé par ceux qui l’ont connu, par Guy Sabatier.

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Pour mémoire, en 1870 la Prusse envahit la France, Paris encerclé résiste. En 1871, le Gouvernement provisoire négocie avec les Prussiens et se charge de « prendre » Paris : là débute la Commune.

Le 20e arrondissement y a pris une place toute particulière, d’où cette première compilation  de 10 articles sur les 20 concernant la Commune, et qui sont extraits des 34 « actualités » publiées sur notre site internet.

La Commune de Paris et le 20e

Gabriel Ranvier, maire du 20e pendant la Commune, in No 1 de Paris 20e, magazine de la Mairie

Au sommaire de ce numéro :

Nos articles parus en 2020

 Décembre 1870, que la vie est dure à Belleville 

 Noël 2020… Noël 1870  

 

Nos articles parus en 2021

 L’Affiche rouge du 7 janvier 1871                    

Paris et l’armistice du 26 janvier 1871 

66 ballons pour sauver Paris… en 1870 et 1871

Législatives du 8 février 1871 : « Ruraux » contre Parisiens                                                                                                                              

La Commune divise l’Hôtel de Ville 

La « vache à Gambon » 

Gabriel Ranvier dans le journal de la Mairie du 20

Main-basse sur les canons de Montmartre 

Transfert de la Taverne rue de Belleville

 

Et le 31 décembre, qu’est-ce qu’on fait ?

La Taverne du Bagne… ça vous dit ?

 

Discothèques et cabarets interdits en cette fin d’année 2021 ? Qu’importe… Belleville a toujours été un lieu de divertissements et de plaisirs. Alors, histoire de finir joyeusement l’année du 150e anniversaire de la Commune de Paris, nous vous proposons une soirée à la Taverne du Bagne.

En février 1884, est inauguré, au 12 rue de Belleville, à un jet de pierre des Folies-Belleville, un drôle de cabaret : La Taverne du Bagne et des Ratapoils.

« Le d’Artagnan de la Commune »

Le directeur en est Maxime Lisbonne, ancien colonel de la Commune, qu’un de ses biographes a surnommé pour son courage « le d’Artagnan de la Commune ». Cluseret disait de lui : « Qui ne se souvient de Lisbonne, caracolant sur son cheval arabe, vêtu mi-partie en garde national et mi-partie en je ne sais quoi de grenadier de Sambre et Meuse ? D’une bravoure hors ligne… ». Né à Paris, en 1839, il a d’abord connu la vie militaire, notamment en Crimée. Puis, en 1864, il s’est lancé dans le théâtre aux Folies-Saint-Antoine.

En 1871, il s’est engagé avec bravoure pour défendre la Commune. Il a été blessé, pris et condamné aux travaux forcés en Nouvelle-Calédonie, puis amnistié en 1880.

Lisbonne, fondateur de la Taverne du Bagne

Maxime Lisbonne, photo.

En 1880, la vie à Paris n’est pas facile pour qui revient de dix années de bagne à l’autre bout du monde. Heureusement, Lisbonne a de la ressource. Il reprend les Bouffes du Nord et monte des pièces militantes de Louise Michel, d’Emile Zola et de Victor Hugo. Chaque soir, son théâtre est le rendez-vous des vieux communards et des jeunes collectivistes. Il crée un journal, L’Ami du Peuple – Seul journal qui ose dire la vérité, qui ne dure pas. Comme il a de l’imagination et de l’humour à revendre, il se lance dans le cabaret, à Montmartre et à Belleville.

Forçats et Ratapoils

Rue de Belleville, sa Taverne du Bagne ne manque pas d’originalité. Son décor est directement inspiré d’une caserne de Nouméa. Au-dessus de la porte, une lanterne rouge. Sur la toiture, à droite et à gauche, deux canons. L’intérieur est d’un minable à faire fuir. Les murs sont décorés de scènes de bagne, de paysages de Nouvelle-Calédonie ou de portraits de forçats célèbres comme Henri Rochefort.

Le service est confié à des « forçats », ayant au pied une chaîne terminée par un boulet. Mais le boulet est creux, il s’accroche à la ceinture, s’ouvre et contient… la serviette avec laquelle le serveur essuie les tables. Le bock s’appelle un boulet et sont au menu « soupe canaque, gourgane de Toulon et Badinguet ». On ne sort de l’établissement qu’avec un « certificat de libération » attestant que « le Condamné a consommé et s’est bien conduit ».

Taverne du bagne, "certificat de libération"

Taverne du bagne, « certificat de libération »

A Belleville, Lisbonne ajoute une attraction supplémentaire : les Ratapoils, « beaux messieurs en redingote, ayant sur le chef un chapeau haut de forme. Au-dessus de celui-ci planait un aigle empaillé dont le bec tenait un morceau de lard ». Il y a aussi du spectacle : par moments, une dispute s’engage entre forçats et ratapoils. « Cinq ou six forçats se jetaient sur un ratapoil, s’en emparaient et le poussaient sur un petit théâtre simulant une forge. Ils le couchaient de force sur un banc et lui mettaient les fers aux pieds. C’était la revanche de l’opprimé ! » (C. Chincholle, Les Mémoires de Paris, 1889).

Déceptions et revers de fortune

Quand La Taverne du Bagne de Belleville doit fermer, Lisbonne lui donne une longue descendance d’autres cabarets tout aussi fantaisistes : La Taverne de la Révolution française, aux Halles (1886), Les Frites révolutionnaires, boulevard de Clichy, La Brioche politique, rue du faubourg-Montmartre (1893), ou encore Le Casino des Concierges (1894). En 1898, ce sera Le Jokey-Club de Montmartre, à l’inauguration duquel on sert des « maquereaux pêchés dans le bassin de la place Pigalle ».

Mais la fortune ne sourit pas à Maxime Lisbonne. Il finit sa vie, en 1905, dans l’oubli d’un bureau de tabac à la Ferté-Alais (Essonne), où il est enterré et où une rue porte son nom.

Maxime Lisbonne, portrait dans la rue. Taverne du Bagne

Maxime Lisbonne, par Morèje-République.

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Pour en savoir plus :

Charles Chincholle, « Les Fantaisies de Maxime Lisbonne », Les Mémoires de Paris, Paris, Librairie moderne, 1889, p. 61-79.

Marcel Cerf, Le D’Artagnan de la Commune (Le Colonel Maxime Lisbonne), Bienne, Editions du Panorama, 1967 ; rééd. Paris, Dittmar, 2014.

Sur Internet : https://www.lafertealais.com/les-personnages-de-la-ferte-alais-au-temps-des-cabarets/maxime-lisbonne/

Éloi Valat à la mairie du 20e

  « Dessiner la Commune » 

Illustrations et dessins d’Éloi Valat

L’exposition à la mairie du 20e

Du 6 novembre au 18 décembre 2021

« Dessiner la Commune » est à l’origine un livre illustré d’Éloi Valat datant d’avril 2021. Depuis quinze ans ce peintre dessinateur s’y est investi sous forme de quatre différents albums (*).

À propos du style qui l’identifie, Jean-Michel Arnold, directeur de Images/Média (CNRS), souligne à son sujet qu’il est « sans doute l’un des plus originaux parmi les graphistes de sa génération… avec une rare ferveur documentaire (il ne manque pas un pavé au Faubourg) »

En avril dernier, l’association  Faisons Vivre la Commune ! (domiciliée comme la nôtre à la MVAC du 20e arrondissement) a invité Éloi Valat et Raphaël Meyssan au Pavillon Carré de Baudouin, une conférence destinée à présenter chacun d’eux avec leur œuvre d’actualité.

Entretien d'Eloi Valat et Raphael Meyssan

Eloi Valat et Raphael Meyssan au Pavillon Carré de Baudouin le 2 avril 2021

Le choix de la Commune pour Éloi Valat

Lors de cette conférence, Éloi Valat nous explique ce qui, à l’origine, l’a personnellement motivé :

« C’est une entreprise de longue haleine, une histoire personnelle assurément c’est aussi un goût pour les images très fort, le fait de rencontrer cet évènement, cette révolution pour laquelle j’ai vraiment énormément d’affection, et également pour l’œuvre d’un écrivain important par rapport à la Commune et qui est l’œuvre de Jules Vallès ».

Dessiner la Commune, inauguration de l'expositionon

Eloi Valat à l’inauguration de son exposition à la Mairie du 20e, PG

Une exposition d’une forte intensité, à la fois moderne et digne à travers ses illustrations à son image, de notre mouvement social parisien, d’ampleur nationale… et au retentissement mondial.

____________ (*) Le Journal de la Commune (2007), L’enterrement de Jules Vallès (2011), La Semaine sanglante (2013), Louises, les femmes de la Commune (2019).