Une plaque mémorielle pour Bull, née dans le 20e arrondissement
Ce 25 octobre 2023 à 14h30, une délégation de la FEB (Fédération des Équipes Bull) Région parisienne, et deux membres de l’AHAV ont procédé à la pose de la plaque à côté de celle indiquant le « 94 » avenue Gambetta.
Bull le premier employeur de l’arrondissement.
Bull a vécu dans le 20e de 1931 à 1993, date du départ de ses derniers collaborateurs. Il a été le premier employeur de l’arrondissement. La Fédération des Équipes Bull (FEB) a mis près de vingt ans avant de pouvoir apposer une plaque souvenir destinée aux passants. Pourtant, c’est bien ici, dans ce bâtiment de l’avenue Gambetta, qu’est née l’informatique européenne avec la Compagnie des Machines Bull (CMB).
Sous la plaque Bull le jour de l’inauguration-FEB
C’est également dans ses ateliers que la première machine française à cartes perforées, la tabulatrice T30, a été fabriquée. Celle-ci est désormais classée monument historique.
Le fameux T30 de Bull conservé par la FEB
Le 9 mars 1931, la Société EGLI-BULL est créée Avenue Gambetta
Débutant avec un effectif de 50 personnes en 1931, Bull va croître au fil des années jusqu’à un effectif de 15 600 personnes en 1964, réparties en France et dans le monde.
Cette entreprise si innovante, liée à l’indépendance nationale, a aussi vécu par la suite de nombreuses tourmentes financières : de Bull-General Electric, en passant par Honeywell-Bull, CII-Honeywell-Bull, puis à nouveau Bull pour finir actuellement chez Atos/Eviden.
L’inauguration de la plaque aboutissement d’un long parcours
L’initiative de cette plaque en revient uniquement à la FEB. Le chemin a été particulièrement long jusqu’à son succès d’aujourd’hui ; la réussite est due à la volonté et la détermination de cette fédération.
Texte de la plaque commémorative de Bull Gambetta-FEB
En effet, son président Daniel Humblot en est le témoin principal :
« pas facile d’obtenir l’autorisation d’apposer, en face du N° 94 de l’avenue. Gambetta une plaque souvenir de la Cie des Machines Bull, pourtant berceau de l’Informatique européenne. Il a fallu convaincre, pendant de longues années, la Mairie du XXème, puis les propriétaires des Murs (cinq depuis le départ en 1993 de Bull), puis les occupants des lieux (Rectorat de Paris, Carrefour Market, Publicis) ».
Cette plaque commémorative a effectivement une longue histoire. Déjà en 2005, un projet de plaque existait. Il a été reproduit dans le bulletin de l’AHAV dédié à Bull dans le 20e arrondissement. Ce bulletin écrit par François HOLVOET-VERMAUT (ancien dirigeant de Bull et membre de la FEB), faisait suite à sa conférence sur l’histoire de Bull, conférence que nous avions en son temps organisée à la mairie du 20e.
Pour sa part et loin d’être découragé par les lenteurs administratives, et après de nombreuses séances, l’ensemble du Bureau FEB a fini par réaliser et faire valider le projet. Au total, cinq propositions ont dû être soumises, avant d’aboutir à une validation définitive.
Et Daniel Humblot d’ajouter en conclusion
« Après de nombreux refus, des absences de réponse, puis des contraintes tatillonnes, puis des tentatives d’épuisement et de découragement… j’ai enfin abouti ! Le gros avantage du retraité, supporté par une bonne équipe, c’est -avec la détermination- le temps disponible »
Enfin en novembre 2022, l’autorisation a pu être accordée avec un engagement précis sur le cahier des charges de la plaque : matériau, dimensions, emplacement précis, coloris, police de caractères, mode de fixation, etc.
À propos du 94 avenue Gambetta
Tout d’abord, un fait divers : un attentat à la bombe a lieu le dimanche 30 septembre 1990 vers 6h30, revendiqué par le groupe » Gracchus Babeuf « . L’explosif a légèrement endommagé la façade du 94. Les dégâts ont été peu importants.
Plan des locaux de Bull dans le 20e en 1983-FEB
Ensuite, que deviennent les locaux ? Le Rectorat de Paris vient s’y installer puis partira dans le 19e arrondissement.
- En 2015, l’assureur Allianz vend le bâtiment à la multinationale américaine Cargill (135 Md de dollars de chiffre d’affaires)
- En 2016, il est prévu un Carrefour Market de 1950 m2 ; rappelons qu’au total les locaux ont une superficie totale de 20 000 m2.
- Le 12 mai 2017, Icade (société semi-publique) signe une promesse de rachat des 20 000 m² pour un montant de 137 millions d’euros. Le projet d’installation de Carrefour Market est contesté localement, il met en péril l’activité des petits commerçants.
L’affaire devient politique jusqu’à l’hôtel de ville. Après les écologistes, le groupe communiste/Front de Gauche demande également à ce que la Semaest (société d’économie mixte de la Ville de Paris, spécialisée dans l’animation économique des quartiers) se porte acquéreur de tout ou partie des locaux de l’ancien rectorat. Les choses en resteront là comme nous pouvons le voir ici.
La dernière ligne droite de Bull
Bull est entièrement privatisé en 1997, mais le 27 janvier 1998 Bull confie pour cinq ans la gestion de ses services de télécommunications en France à France Télécom, actionnaire à 17 % de son capital.
Le 27 février 1999 sur Radio Classique, le PDG de Bull, Guy de Panafieu, annonce la suppression de 1 800 postes net en 1999. C’est le début d’une grande page qui se tourne.
Aujourd’hui il ne nous reste de Bull que le nom d’une gamme de serveurs «BullSequana» baptisée ainsi par son dernier acheteur, le groupe Atos. Sans oublier le musée Bull et de la mécanographie à Belfort, avec ses machines à cartes perforées toujours en état de fonctionnement. Ce musée est géré par la Fédération des Équipes Bull et France Bleue nous le fait découvrir.