Printemps de la poésie dans le 20e

Le Printemps des Poètes au Père Lachaise

dans le cadre du festival « Du haut des cimes de Ménilmontant »

 

Comme chaque année, nous arrivons à nos festivités locales à l’occasion du Printemps des Poètes, une initiative de Jack Lang créée à Paris en 1999 avant qu’elle devienne par la suite un rendez-vous national. 

Printemps des poètes RV nationale

Le Printemps des poètes, logo du Ministère de la Culture

Dans le 20e arrondissement, le printemps de la poésie commence par une visite de nos poètes au cimetière du Père Lachaise. 

Festival poésie dans le 20e

Festival « Du haut des cimes de Ménilmontant » du 6 au 19 juin 2022

 

Dès le premier jour de ce festival riche en animations, soit le lundi 6 juin à 15h, nous proposons une visite guidée intitulée : avant de célébrer les poètes vivants, célébrons les morts !

Dans cette déambulation en compagnie de Philippe Gluck pour l’AHAV et de Julien Marcland, directeur artistique du festival « Du haut des cimes de Ménilmontant », au bout du chemin nous aurons  agréablement et spontanément produit  un poème collectif inspiré de la lecture de ces poètes.

Cette visite débutera par Georges Perec, qui vient de faire l’objet de notre tout récent article à l’occasion du 40ème anniversaire de sa mort : cliquez ici !

Printemps des poètes dans le 20e

Contacts Du haut des cimes de Ménilmontant 2022

Du côté AHAV, cette première sortie est réservée à ses adhérents et sur inscription :  ahav.paris20@gmail.com

Perdiguier en bande dessinée

Une plaque en hommage à Agricol Perdiguier

Les Compagnons de l’Union Compagnonnique des Devoirs Unis et la Société des Compagnons et Affiliés, Menuisiers et Serruriers du Devoir de Liberté annoncent l’inauguration d’une plaque en hommage à

Agricol PERDIGUIER

le samedi 4 juin 2022, à 14h30,
au 16, passage de la Bonne Graine, Paris 11e

Plaque Perdiguier 4 juin 2022

Invitation à la pose de la plaque à la mémoire d’Agricol Perdiguier

 

Agricol Perdiguier, dit Avignonnais la Vertu (1805-1875)

Compagnon menuisier du Tour de France, écrivain et député, il repose au cimetière du Père-Lachaise (85e division), sous un curieux monument, en forme de ruche symbolisant le travail collectif. Selon sa volonté, il a eu droit à des funérailles civiles. Perdiguier est sans doute le compagnon du devoir (de liberté) le plus connu des historiens et sa tombe fait toujours l’objet de fréquentes commémorations de Compagnons de tous rites.

Perdiguier, une ruche comme symbole

Tombe d’Agricol Perdiguier au cimetière du Père-Lachaise (85e division)-PG

Compagnon du Tour de France

En 1823, à 17 ans, il entre chez les Compagnons d’Avignon pour apprendre le dessin technique (l’art du trait) et devient affilié chez les Compagnons du Devoir de la Liberté. Bientôt, il commence son Tour de France qui va le mener de Marseille à Nîmes, puis à Montpellier, où il est fait compagnon reçu sous le nom d’Avignonnais la Vertu, de Béziers à Bordeaux, enfin de Nantes à Chartres où il devient compagnon fini.

Puis, il gagne Lyon où il est placé à la tête de sa « Société » comme premier compagnon, puis dignitaire.

Dans toutes ces villes, il découvre le combat fratricide des différentes sociétés de compagnonnage, reflet des conflits sociaux de cette époque. Convaincu de l’inutilité des conflits entre compagnons de différents devoirs, pour faire mieux passer ses idées sur « l’indispensable réunification », il compose des chansons qu’il réunit en cahiers et fait distribuer gratuitement à travers la France.

Perdiguier et l'indispensable réunification

La réconciliation des compagnons. Lithographie éditée par A. Perdiguier. Cliché MUCEM

Perdiguier complète son éducation, lit beaucoup, notamment les poètes et Voltaire. En 1839, il publie son célèbre Livre du Compagnonnage, le premier écrit sur les compagnons et par un compagnon, qui attire l’attention d’intellectuels comme Eugène Sue et George Sand, dont il devient un ami très proche. Paru à compte d’auteur, cet ouvrage, tout en décrivant les différents Devoirs compagnonniques,dénonce leur manque de fraternité et propose de moderniser les structures, de développer le rôle de société de secours mutuel et de formation professionnelle.

Livre d'Agricol Perdiguier

Le Livre du Compagnonnage, éd. 1857

À travers ses ouvrages publiés ensuite, Perdiguier se montre l’ardent ouvrier de la réconciliation entre les différentes sociétés de compagnonnage. Pour lui, tout passe par l’éducation et la lecture.

Malade des yeux, blessé à la main, il doit abandonner l’établi pour se consacrer à l’enseignement du trait. Passionné par le livre et l’écriture, il ouvre à Paris, dans le faubourg Saint-Antoine, une librairie où il donne ses cours, fréquentée par Gambetta, Jules Ferry et d’autres acteurs sociaux de l’époque.

Ce travailleur autodidacte qui connaissait et citait Socrate, Platon, Aristote et… Machiavel, admirait chez les Modernes aussi bien Chateaubriand que Victor Hugo, Eugène Sue et George Sand.

Républicain engagé et franc-maçon

Très actif durant la révolution de 1830, il se rapproche de son compatriote François-Vincent Raspail au cours de l’insurrection provoquée par les incidents du 5 juin 1832, lors des funérailles du général Lamarque.

Républicain de conviction, il prend position pour la laïcité de l’enseignement. La fraternité, l’entraide mutuelle et l’accès à l’instruction sont les moteurs de son action qui se déplace sur un terrain plus politique. En 1846, il est initié à la franc-maçonnerie, dans la loge parisienne « Les hospitaliers de la Palestine » du Suprême Conseil de France.

Perdiguier en bande dessinée

Agricol Perdiguier en BD par François Icher et Mor, Cairn, 2021

Défenseur des ouvriers charpentiers lors de la grève de 1845, combattant inlassablement la présence du « troisième ordre » (caste aristocratique et patronale) dans le compagnonnage, Perdiguier est conscient que la défense des travailleurs nécessite une action politique. Il répond à l’appel de Raspail, le 24 février 1848, lorsqu’il proclame la République à l’Hôtel de Ville de Paris.

Perdiguier se présente à la députation et, avec l’appui de Béranger, de Lamartine et de George Sand, il est élu dans la Seine et dans le Vaucluse. Il choisit la Seine et siège sur les bancs de la Montagne. Son opposition au coup d’État du 2 décembre 1851 lui vaut l’exil politique en Belgique. Il rejoint Genève, où il reprend son métier de menuisier et ses cours de dessin, et entretient une correspondance avec d’autres proscrits comme Victor Hugo et il écrit Mémoires d’un Compagnon en 1854.

Après la proclamation de la République, en septembre 1870, il est nommé maire-adjoint du 12e arrondissement de Paris, fonction qu’il occupe pendant le siège de la capitale. En tant qu’adjoint, il préside à l’élection des chefs de sections d’un grand nombre de compagnies de Gardes Nationaux et tente d’organiser la défense de Paris dans son secteur.

La maladie le contraint à démissionner et il continue ses combats par la plume pour le suffrage universel, l’abolition de la peine de mort, la liberté de la presse et la suppression du budget des cultes.

Agricol Perdiguier meurt à Paris, le 25 mars 1875, dans une grande pauvreté, laissant le souvenir d’un homme qui ne travailla qu’à un seul but : le bonheur et le bien-être des travailleurs.

Livre d'Agricol Perdiguier

Perdiguier, Mémoires d’un Compagnon, 1854

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Pour en savoir plus :

https://fr.wikipedia.org/w iki/Agricol_Perdiguier

Les Mémoires d’un compagnon ont été rééditées par Alain Faure, Maspero, 1977, La Découverte, 2002.

Les 2 tomes du « Livre du compagnonnage » (édition 1857) d’Agricol Perdiguier sont accessibles et téléchargeables ici :

Tome 1  : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5684793z?rk=42918;4  (322 pages)
Tome 2 : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5684841k?rk=21459;2# (310 pages)

Journées du patrimoine des cimetières

Rendez-vous au Printemps des cimetières

Le Printemps des cimetières a lieu tous les ans au mois de mai. Il a été créé en 2016 en Auvergne-Rhône-Alpes par sa commission Patrimoine funéraire avec le soutien de la Région. Et puis, l’événement a pris une ampleur nationale. Il s’agit là d’un patrimoine méconnu et peu mis en lumière. Pourtant, comme tout type de patrimoine, il mérite d’être sauvegardé. Cette année, le Printemps des cimetières a lieu les 20, 21 et 22 mai.

Plus localement au Père Lachaise, de nombreuses manifestations ont lieu ce dimanche 22 mai 2022 à l’intérieur de notre cimetière. En voici la liste :

  • Balade féminine au fil du temps, de 10h30 à 12h00, par l’Association des Amis et Passionnés du Père-Lachaise
  • Sur les Pas d’Isadora DUNCAN, 11h30 à 12h00, par L’association L’Aquilone et la compagnie Le Temps d’Une Danse
  • À la découverte des maréchaux d’Empire et des monuments de la guerre de 1870/1871, de 10h30 à 12h00, par le Souvenir Français du 20e arrondissement
  • La Franc Maçonnerie au Père-Lachaise, de 14h00 à 15h30, par l’Association des Amis et Passionnés du Père-Lachaise
  • L’allée des monuments des camps de concentration et d’extermination, de 14h30 à 17h00, par l’Association des amis de la fondation pour la mémoire de la déportation
  • Les métiers du Père Lachaise, de 11h30 à 17h30, par la Ville de Paris
  • Faune et Flore au Père Lachaise, de 09h30 à 12h30, par la Ligue de Protection des Oiseaux.
  • Visite généraliste du Père-Lachaise, de 14h00 à 15h30,  par l’Association des Amis et Passionnés du Père-Lachaise
  • Vie et œuvres des mathématiciens Monge, Laplace, Fourier et Terquem, de 10h00 à 12h00, par l’Association pour la Formation et l’Animation Culturelle.
  • Balade commentée et dessinée, 10h00 à 12h30 par Auberfabrik
  • Toujours vivante – car la littérature ne meurt jamais, de 14h45 à 16h50, par le comédien Yves Heck de la compagnie Tête Chercheuse

De nombreuses propositions pour tous les goûts suivant vos curiosités. Vous en trouverez toutes les précisions sur le site du Printemps des cimetières :

https://printempsdescimetieres.org/programme-2022/

Escalier donnant sur commerce

2022… c’est l’année Perec dans le 20!

Cette année 2022 marque le 40e anniversaire de la mort de l’écrivain Georges Perec, dont une partie de la vie (courte) et une part de l’œuvre (plus importante) sont intimement liées au 20e arrondissement où il vécut enfant.

Georges Perec- Wikipédia.

Perec, de la rue de l’Atlas à Ivry… en passant par la rue Vilin

Georges Perec naît le 7 mars 1936, au 6 rue de l’Atlas (19e arr.), du mariage de Icek Judko Perec (1909-1940) et de Cyrla Szulewicz (1913-1943), juifs d’origine polonaise. Il passe sa petite enfance au 24 rue Vilin, à Belleville, où sa mère tient un salon de coiffure jusqu’en 1942, dont le souvenir occupe une place importante dans son œuvre.

Rue Vilin en 1959

Gamins de Belleville sous l’escalier de la rue Vilin, Paris, 1959. Médiathèque du Patrimoine, donation W. Ronis

Engagé volontaire contre l’Allemagne, son père est tué dès juin 1940. Sa mère envoie son fils en zone libre, à Villard-de-Lans, où il passe le reste de la guerre auprès de son oncle et de sa tante Bienenfeld, tandis que Cyrla est arrêtée et déportée à Auschwitz en février 1943. En 1945, Georges rentre à Paris et est adopté par les Bienenfeld.

Il devient documentaliste au CNRS et entame en même temps une carrière d’écrivain. En 1965, son premier roman Les Choses remporte le prix Renaudot. En juin 1967, il est coopté pour entrer à l’Oulipo (Ouvroir de littérature potentielle), cooptation qui marque un point important dans son œuvre littéraire puisque désormais ses textes suivront en général des contraintes de type oulipien. Perec est, avec Raymond Queneau et Italo Calvino, un des membres de l’Ouvroir dont les ouvrages ont eu le plus de succès.

Oulipo, écriture innovante

Basile Morin, ambigramme de l’Oulipo

En 1969, il publie La Disparition, son premier roman oulipien, 300 pages écrites sans utiliser la lettre « e ». Au-delà de cette prouesse lexicographique, Perec reprend aussi sa thématique de l’absence et la douleur qu’elle engendre. Il inverse ensuite la contrainte lipogrammatique dans Les Revenentes, où il n’utilise que la voyelle « e » à l’exclusion de toutes les autres, même au prix de libertés orthographiques.

Ensuite il achève W ou le souvenir d’enfance, qui paraît en 1975. Très estimé, ce grand roman moderne obtient un succès critique qui place Perec parmi les meilleurs de son temps. L’alternance binaire d’une fiction fascisante et d’une écriture autobiographique fragmentaire adosse une histoire collective fantasmée au destin singulier de l’orphelin qu’est l’auteur.

À partir de 1976, il publie des mots croisés dans Le Point, soit un total de 135 grilles jusqu’en 1982.

Perec dessiné par la Poste

Timbre-poste en hommage à G. Pérec, 2002.

Perec atteint la consécration en 1978 avec la publication de La Vie mode d’emploi, qui obtient le prix Médicis et un grand succès public, qui permet à son auteur d’abandonner son travail de documentaliste et de se consacrer à l’écriture. Il y explore de façon méthodique la vie des différents habitants d’un immeuble, selon une contrainte de circulation : la polygraphie du cavalier. À cette première contrainte s’ajoutent de nombreuses autres, ordonnées selon un bi-carré latin orthogonal d’ordre.

Le 3 mars 1982, Georges Perec meurt, à 45 ans, d’un cancer du poumon, à Ivry-sur-Seine, quelques mois seulement après avoir publié « 25 choses à faire avant de mourir »[1]. Ses cendres ont été déposées au columbarium du cimetière du Père-Lachaise (case 382).

Inédit de Perec

Couverture de Lieux, ouvrage inédit de G. Perec publié en 2022 au Seuil.

Et… Surprise !!… En cette présente année 2022, 40 ans après sa mort, vient de paraitre au Seuil un « nouveau » Perec. Il s’agit d’un recueil de 133 textes restés inédits, intitulé Lieux, dans lequel l’auteur explore « douze lieux, des rues, des places, des carrefours, liés à des souvenirs, à des événements ou à des moments importants de mon existence » sur six années, entre descriptions et souvenirs[2].

« En remontant la rue Vilin »

En 1969, date de la publication de La Disparition, Georges Perec se lance le défi de documenter, année après année, la destruction de la rue Vilin, la rue de son enfance qui serpente sur les coteaux escarpés de Belleville.

Rue Vilin, 20e populaire

Georges Pérec rue Vilin-DR.

L’écrivain projette d’y revenir régulièrement pendant douze ans, ainsi que sur onze autres lieux parisiens, pour conserver la trace d’un triple vieillissement, « celui des lieux eux-mêmes, celui de mes souvenirs et celui de mon écriture » (Espèces d’espaces, 1974). Abandonné en cours de route, ce travail provisoirement intitulé Lieux n’aboutira jamais. Et, le 4 mars 1982, au lendemain de sa mort, les démolisseurs s’attaquaient aux dernières masures de la rue. Ce jour-là tombe le nº 24, la maison où Perec avait vécu avec ses parents.

Escalier donnant sur commerce

La rue Vilin, années 1950 – photo Henri Guérard

Ouverte en 1846 et classée en 1863, puis déclarée îlot insalubre un siècle plus tard, la rue Vilin a disparu dans la réalisation du Parc de Belleville. À l’origine, elle partait de la rue des Couronnes, se poursuivait en ligne droite vers le nord-est, en pente douce, sur 200 mètres environ, avant de se terminer par un escalier d’une cinquantaine de marches qui rejoignait la rue Piat. La chaussée était pavée, les trottoirs étroits, sans arbre. La circulation y était peu importante, du fait de l’escalier au bout, qui la rendait quasiment semblable à une impasse. C’était un terrain de jeu idéal pour les enfants qui aimaient dévaler l’escalier ou jouer tranquillement au ballon dans la rue.

Film de de Robert Bober

En remontant la rue Vilin, de Robert Bober, montage

De la rue Vilin, il ne reste guère que les photos prises par des photographes et les textes de Georges Perec. Le cinéaste Robert Bober s’en est emparé et a reconstitué comme dans un puzzle cette rue disparue. Le film est tout à la fois la reconquête d’un espace, une réflexion sur le regard et un hommage rendu à son ami Perec[3].

Et qui donc est ce M. Vilin qui a donné son nom à la rue Vilin ?

Sans doute un ancien propriétaire des terrains sur lesquels la rue fut ouverte : Pierre Augustin Vilin, né à Paris, section de Popincourt, le 22 juillet 1793 et décédé le 18 mars 1857, à Belleville. Issu d’une famille de tisserands d’Amiens, il fut d’abord vérificateur des bâtiments, tout en étudiant l’architecture à l’École des Beaux-arts de Paris. Il fit une carrière d’architecte et mena des opérations de spéculation foncière qui lui rapportèrent, semble-t-il, une confortable aisance.

Bas de la rue Vilin

9 – Angle de la rue des Couronnes et de la rue Vilin, début du XXe siècle. Carte postale.

Il fut aussi maire de Belleville de la Révolution de février 1848, époque à laquelle il était adjoint, jusqu’aux événements de juin 1848. Il semble être encore conseiller municipal de Belleville en juillet 1853, date à laquelle la sous-préfecture de Saint-Denis le signale comme n’ayant pas prêté serment à l’Empereur.

En 2022, Georges Perec fait encore l’actualité avec le festival Du haut des cimes de Ménilmontant

Printemps de la poésie dans le 20e

Affiche du festival Du Haut des Cimes, édition 2022

Le festival Du haut des cimes de Ménilmontant (6-19 juin 2022) rendra hommage « à l’enfant du quartier, Georges Perec, anniversaire des 40 ans de sa disparition »

le samedi 18 juin, avec 2 spectacles solo, l’un à 18h : L’Encyclopédiste (Conception Encyclopédie de la parole. Texte et interprétation Frédéric Danos) et l’autre à 20h : Beaux présents dorés, ou le voyage dans l’alphabet extraordinaire de Jude Call Mirann (Compagnie belles absentes. Texte et interprétation Julien Marcland) à la MJC des Hauts de Belleville, 43 rue du Borrego.

-le dimanche 19 juin, avec une promenade poétique « Sur les pas de Georges Pérec » avec Stéphane Bouquet et les poétesses Molly Lo Freemann (USA) et Anna Maligon (Ukraine), précédée de la rencontre « Qu’est-ce que tu fabriques ? », avec Stéphane Bouquet (15h-18h). RV entrée du Père-Lachaise, rue des Rondeaux, en face de l’avenue du Père-Lachaise, puis à l’amphithéâtre de verdure du Conservatoire Georges Bizet, 3 place Carmen, rue des Cendriers.

Et, en ouverture du festival, le lundi 6 juin, de 15 à 17h, l’AHAV participera à une visite des poètes du Père-Lachaise. Pour l’AHAV, sortie réservée à ses adhérents et sur inscription.

Rue Vilin et son terrain vague

« Au repos de la Montagne », 53-55 rue Vilin. Image tirée du film « En remontant la rue Vilin » réalisé par Robert Bober en 1992

 

Pour en savoir plus :

Sur Georges Perec et son œuvre : https://fr.wikipedia.org/wiki/Georges_Perec.

Sur l’Oulipo : https://www.bing.com/search?q=Oulipo%20wikipedia&form=WIKIRE.

Sur le festival Du haut des cimes de Ménilmontant : https://www.facebook.com/festivalduhautdescimes.

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[1] https://www.youtube.com/watch?v=Gh81fubFMEw. On trouve beaucoup d’interviews de G. Perec en ligne sur Internet.

[2] L’ouvrage est accessible gratuitement sur https://www.seuil.com/ouvrage/lieux-georges-perec/9782021114096

[3] Film documentaire réalisé par Robert Bober,1992, 48 min, couleur ; nombreux extraits sur Internet.

Échaffaudage du crématorium

Quoi de neuf du côté du crématorium du Père-Lachaise ?

Les habitués du Père-Lachaise ont certainement remarqué l’« emballage » récent du crématorium du cimetière. Non, que les touristes nombreux au Père-Lachaise se rassurent… il ne s’agit pas d’une nouvelle œuvre posthume de Christo !… mais plutôt de l’annonce de grands travaux.

Travaux en 2022 du crématorium du Père-Lachaise

Le crématorium du Père-Lachaise « emballé » en avril 2022 dans l’attente des travaux-CD

Une petite histoire de la crémation en France

Elle se confond avec celle des civilisations depuis la préhistoire jusqu’à l’Antiquité et au début de notre ère (en Grèce, à Rome, en Gaule…). L’Europe a abandonné la crémation au fur et à mesure qu’elle s’est convertie au christianisme, dont les adeptes souhaitaient être inhumés « à l’image du Christ ». Charlemagne, dans un capitulaire de 789, interdit la crémation dans son Empire. Et jusqu’au XIXe siècle, il n’en a plus été question en France.

Et vint la IIIe République… En 1880, la première Société pour la propagation de la crémation est créée en France et, un an plus tard, elle compte 420 membres parmi lesquels de nombreux noms illustres, dont Gambetta, Nobel, Paul Bert, De Lesseps, Schoelcher, l’astronome Flammarion, et un jeune député qui allait devenir une figure éminente de la IIIe République, Edouard Herriot… La crémation a alors pour partisans des esprits éclairés, des scientifiques soucieux de l’hygiène et du respect de l’individu, et des Francs-maçons et des Libres penseurs.

Après bien des vicissitudes et des débats parlementaires acharnés, le 29 octobre 1887, est adoptée la loi portant sur la liberté des funérailles : elle autorise les citoyens à choisir un mode de sépulture autre que l’inhumation. La pratique de la crémation commence à se développer.

Introduction dans le four crématoire

Le 1er four crématoire du Père Lachaise. Le Figaro, 13 novembre 1893.

Mais elle se heurte encore longtemps à l’hostilité de Rome qui dénonce ses promoteurs comme « des hommes de foi douteuse ou liés à la secte maçonnique qui travaille activement à rétablir l’usage païen de brûler les cadavres humains ». C’est seulement en 1963 qu’est publié, dans la foulée du Concile de Vatican II, un décret pontifical indiquant « que l’incinération du corps n’affecte pas l’âme… Il ne s’agit pas d’une pratique intrinsèquement mauvaise ou, de soi, hostile à la religion chrétienne » (5 juillet 1963).

Les esprits et les mœurs évoluent lentement, mais, aujourd’hui, la crémation tend à devenir un phénomène de société. En 1980, 1% des obsèques faisait l’objet d’une crémation en France, en 2010, c’était 30% ! Selon le CREDOC, cette tendance s’affirme : on compte 50% d’intentions de crémation. Et cela continuera à progresser, du fait d’une baisse de la pratique religieuse, mais aussi pour des critères sociaux (décider de son devenir après la mort, ne pas être une charge pour ses proches, pas d’entretien des tombes), écologiques (protection de l’environnement, hygiénisme, moindre occupation de l’espace, surtout en milieu urbain), économiques (une crémation est moins coûteuse)…

Le crématorium du Père-Lachaise : un pionnier dans son domaine

Le crématorium du cimetière du Père-Lachaise est le premier de France et jusqu’à maintenant l’unique à Paris. Ouvert à la fin du XIXe siècle, il a réalisé, après des essais sur des animaux, sa première crémation le 30 janvier 1889.

Depuis, cet équipement arrive à saturation. Avec ses cinq fours crématoires, il assure 6 500 crémations par an (45 % des funérailles) alors qu’on en attend près du double dans un avenir proche. Son columbarium qui compte 40 800 cases sur quatre niveaux est aussi saturé.

Une architecture originale et exotique

Crématorium du Père-Lachaise

Le crématorium du Père-Lachaise, vue extérieure. Wikipedia

Entouré des quatre ailes du columbarium, le crématorium a des allures de mausolée antique. Il est implanté dans la partie Est du cimetière du Père-Lachaise sur une superficie de 4 900 m2 (87e div.). Son architecture est de style néo-byzantin, marqué par sa chapelle en appareil polychrome de pierres blanches et noires disposées en bandes horizontales et son toit composé d’un vaste dôme de briques et de grès, de trois petites demi-coupoles et de deux cheminées.

Le Crématorium du Père-Lachaise du projet à aujourd'hui

Le Crématorium du Père-Lachaise, façade postérieure (projet Formigé) et aspect actuel-AHAV

C’est l’œuvre de Jean-Camille Formigé (1845-1926), par ailleurs architecte de plusieurs palais de l’Exposition universelle de 1889, de la grande serre des jardins d’Auteuil (1898-1901) et de monuments au sein même du cimetière (tombe du peintre Guillaume Dubufe (1853-1909) en 1909 (10e div.), chapelle de l’industriel Emile Bariquand (1842-1904) (2e div.) et monument aux Victimes du Bazar de la Charité (92e div.). Le crématorium est décoré de vitraux colorés des verriers Maumejean, posés en 1920.

L’ensemble a été agrandi à plusieurs reprises depuis sa mise en service. Les derniers travaux datent de 2007-2008. Il est classé Monument historique depuis 1995.

Père Lachaise crématorium

Crématorium et columbarium du PL. Vue aérienne.

Dans la salle Landowski, on remarque une statue monumentale, Le Retour Éternel (1954), due au sculpteur Paul Landowski (1875-1961), un artiste internationalement connu pour être, entre autres, le sculpteur de la Sainte Geneviève du pont de la Tournelle à Paris (1928), du Christ Rédempteur de Corcovado à Rio de Janeiro (1931) et des fontaines de la porte de Saint-Cloud (1936).

Espace Landowski au Père Lachaise

Crematorium PL Le Retour Éternel par Landowski (1954)

Après la crémation ?

Rappelons que la crémation est une pratique funéraire qui consiste à incinérer le corps d’un défunt en vue de le réduire en cendres. Le cercueil est introduit dans un four préchauffé à 850-900°C environ, et la crémation dure 90 minutes environ. Une fois achevée, les restes du défunt (os) sont réduits pour obtenir les cendres funéraires, placées dans une urne remise à la famille.

Les cendres peuvent être dispersées dans un jardin du souvenir ou un site cinéraire aménagé dans un cimetière, ou dispersées en pleine nature (loin de la voie publique). L’urne peut aussi être déposée dans un columbarium, scellée sur un monument funéraire ou inhumée dans une sépulture familiale.

Un deuxième crématorium en projet à Paris

Crématorium dans le 19e en 2024

Entrée principale et vue aérienne du futur parc funéraire de Paris, dans le 19e arrondissement (AAVP Architecture)

Il devrait voir le jour en 2024 sur une parcelle de 3 000 m2 située à la porte de la Villette (19e arr.). Bucoliquement baptisée L’Orée, le bâtiment sera en grande partie souterrain, laissant place en surface à un parc planté d’arbres qui ressemblera à une colline arborée.

L’exploitation en sera confiée à une société privée. Selon Le JDD, le projet de la Société des crémations de France (SCF, filiale du leader du secteur Funecap) a été retenu dans le cadre d’un appel d’offres.

Cette opération à 40 M€ comprend également la rénovation du crématorium historique du Père-Lachaise et la gestion des deux sites pour 30 ans.

Doté de quatre fours, le futur « parc funéraire » de la Villette sera « écoresponsable », limitant ses rejets dans l’atmosphère, et « à énergie positive ».

 

Pour en savoir plus :

Fontaine Wallace entre Mairie et MK2 Gambetta

Les fontaines Wallace, un Paris réussi

Dans ses voeux de bonne année, la Mairie de Paris annonce la couleur : « en 2022 Paris mettra en lumière toutes ses fontaines ». À cette occasion, l’Hôtel de Ville  fêtera les 24 et 25 septembre prochains les 150 ans des fontaines Wallace, lui-même enterré volontairement en toute simplicité au Père Lachaise.

Nous reproduisons ci dessous notre article paru le 23 juillet 2021, sur ce mécène, beaucoup moins connu par ailleurs pour son aide aux parisiens pendant la Commune. Dès l’année suivante aparaîtront ses premières fontaines et leur eau potable, gratuite et accessible à tous.

Gobelets des fontaines Wallace

La canicule de 1946 et « la Wallace », avec ses gobelets attachés. Magazine V du 28 juillet 1946

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Depuis la fin du XIXème siècle, et surtout quand il fait chaud l’été à Paris, nous pouvons boire gratuitement de l’eau près du lieu où nous trouvons.

Cette possibilité nous a été offerte grâce à l’eau potable des fontaines Wallace, ces 120 fontaines qui font partie de l’identité de la capitale en tant que mobilier urbain. Neuf d’entre elles se trouvent dans notre arrondissement.

On doit ces fontaines à la générosité d’un londonien, Richard Wallace, député conservateur anglais par la suite, mais auparavant bien parisien y compris dans l’âme. Son souvenir en tant que bienfaiteur reste « definitely » gravé dans notre ville.

Fréquentation fontaine Wallace début 20e siècle

Près de 120 fontaines Wallace à Paris

Richard Wallace amoureux de Paris

Élevé à Paris à l’âge de 6 ans par sa grand-mère, il est venu ici avec son père naturel, le marquis d’Hertford, qui lui léguera en mourant (le 25 août 1870) son immense fortune.

Richard Wallace épouse une française, Mlle de Castelnau, et leur fils ira combattre dans les rangs français, avant de démissionner après la répression de la Commune.

Quant à sa générosité, elle est multiple, incessante et d’un niveau élevé. Citons dès avril 1870, la création d’un hôpital de l’avenue de Neuilly qui porte le nom de son père. Et la liste de ses dons va régulièrement s’allonger dans les années qui suivent.

À Paris pendant la Commune

Pendant le siège de Paris puis la Commune, et contrairement à la bourgeoisie qui fuit, Richard Wallace non seulement reste à Paris mais va aider les parisiens dans leur quotidien.

Il finance notamment la Société internationale des secours aux blessés, en leur donnant 3oo ooo F pour acheter une ambulance urbaine portant le nom de son père, et une autre ambulance qui suivra le 13ecorps d’armée.

Portrait de Wallace 1890

Portrait de Wallace,, Le Monde illustré du 26 juillet 1890

Après l’armistice, la ville de Londres lui confie la distribution du ravitaillement qu’elle expédie pour les parisiens. En reconnaissance de l’ensemble de ses services, la reine d’Angleterre l’élève au rang de baronnet le 24 décembre 1871. De son côté, dès le 16 juin 1871, le gouvernement français l’a nommé commandeur de la Légion d’honneur.

Par ailleurs à l’occasion de l’exposition universelle, Richard Wallace -collectionneur et marchand d’art- est nommé par l’Angleterre en 1878, correspondant de l’Institut de France, en lien avec l’Académie des beaux-arts.

À l’origine des fontaines

Mais revenons à 1871. À la fin du siège de Paris et de la Commune, certains aqueducs sont détruits, avec comme conséquence le prix de l’eau qui flambe brutalement.

En urgence dès septembre 1871, Richard Wallace propose à la Ville de Paris de l’eau gratuite à toute heure et pour tous les habitants. Il demande l’autorisation d’installer à ses frais 50 fontaines aux endroits que la Ville aura choisis. La canalisation sera à la charge de la Ville et le choix des lieux se fera finalement d’un commun accord, avec l’eau de la Dhuys pour alimenter ces fontaines.

130e anniversaire des fontaines Wallace. Timbre poste 2001

Fontaine Wallace, timbre poste sorti en 2001

La création et la mise en place des fontaines

La première fontaine est inaugurée en août 1872, sur la place du Combat, boulevard de la Villette.

Haute de 2,71 m pour un poids en fonte de 610 kg, la fontaine est composée de 80 pièces assemblées dans les ateliers. Les croquis ont été dessinés par les soins du bienfaiteur, en s’inspirant de la fontaine des Innocents, dans le quartier des Halles. S’y ajoutent deux gobelets en étain retenus par des chaînettes, gobelets qui seront finalement supprimés en 1952 par mesure d’hygiène.

Du point de vue esthétique, l‘originalité de cet édifice inspire les parisiens au point de lui donner comme surnom populaire : « la brasserie des quatre femmes ». Ces quatre cariatides représentent quatre vertus : simplicité, bonté, charité et… sobriété. Elles rappellent aussi les quatre saisons, pour souligner la mise à disposition d’une eau potable disponible à tout moment de l’année.

Fontaine Wallace

La fontaine Wallace rue Belgrand, avant d’être peinte en rouge

Une couleur unique est imposée, comme tout le mobilier urbain depuis Napoléon III : il s’agit d’un vert profond destiné à s’insérer dans le paysage, la couleur de la nature dans la ville. Le temps a passé et actuellement quelques fontaines parisiennes ont changé de couleur. Celle de la rue Belgrand tout près de la mairie, est peinte en rouge depuis novembre 2019, tout comme antérieurement celle de l’avenue d’Ivry dans le 13e arrondissement.

Richard Wallace au Père Lachaise

Le 23 juillet 1890, jour de son enterrement au Père Lachaise, le journal La Souveraineté Nationale décrivait ainsi cette personnalité discrète qu’était Richard Wallace : « il comprit (et c’est à son honneur) que ceux que la fortune favorise doivent en restituer aux victimes du hasard inégal ».

 sépultures les plus imposantes au Père Lachaise

Angle de la sépulture de la famille Hertford-Wallace,PG

Son enterrement a eu lieu avec une certaine simplicité, à la suite de sa demande répétée de son vivant. Sa volonté a ainsi été respectée et un corbillard de troisième classe suivi de six voitures de deuil sont partis depuis sa propriété, le château de Bagatelle, jusqu’au cimetière du Père Lachaise. Il est inhumé dans sa sépulture de famille à l’entrée sommairement murée.

Richard Wallace au Père Lachaise

Entrée de la sépulture familiale Wallace,PG

Les maréchaux d'empire

Les maréchaux d’Empire et Paris, conférence

Au cimetière du Père Lachaise il existe un lieu d’enterrement bien particulier qui a aidé à la notoriété du cimetière. On l’appelle communément la colline des maréchaux, le coin des maréchaux, le quartier des maréchaux, ou même le carré des maréchaux.

Ce lieu nous fait immédiatement penser à Napoléon et ses boulevards des Maréchaux, plus spécialement ceux qui bordent l’est de notre arrondissement. 

Les maréchaux au Père Lachaise

Sépulture du maréchal Davout situé au « quartier des maréchaux » du Père Lachaise-PG

Mais qui sont-ils plus précisément et qu’ont-ils fait notamment pour la défense de Paris en 1814 face aux troupes coalisées de Prusse et de Russie ?

Pour en savoir davantage, l’AHAV et le Souvenir Français (Comité Paris XX) vous invitent à assister à la conférence

Les maréchaux d’Empire et Paris

de la Cour impériale aux combats pour la défense de la capitale en 1814 

 

par Walter Bruyère-Ostells, professeur d’histoire à Sciences Po Aix,

directeur scientifique du service historique de la Défense

 

Jeudi 21 avril 2022 à 18H30

À la Mairie du 20e

Les maréchaux d'empire, conférence

Les maréchaux d’empire, par Walter Bruyère-Ostells

Entrée gratuite dans la limite des places disponibles.

Inscription préalable obligatoire par mail : souvenir.français.paris@gmail.com

ou ahav.paris20@gmail.com

1962, de Charonne au Père Lachaise

60 ans se sont passés depuis les accords d’Évian du 18 mars 1962 qui ont mis fin à la guerre d’Algérie, prélude à son indépendance. La France était alors plongée dans une série d’attentats et de manifestations.

Le mois précédent ces accords, un drame devenu tristement célèbre a eu lieu au métro Charonne : le 8 février 1962, 250 manifestants sont blessés et neuf tués -dont un journaliste de l’Humanité- par la police sous les ordres du préfet Papon. Les neuf victimes ont été étouffées contre les grilles fermées du métro.

Les 9 morts du métro Charonne

Une pleine page sur les victimes du 8 février 1962

Plusieurs organisations politiques et syndicales viennent de commémorer le 60ème anniversaire de cette tragédie. À Paris, il s’agit principalement du PCF (huit militants sur les 9 morts étaient communistes), de la CGT (tous les 9 en étaient membres), du PS et de la Ligue des Droits de l’Homme. Une exposition lui est également dédiée devant la mairie du 11e arrondissement.

60ème anniversaire de Charonne

Présentation de l’exposition Charonne devant la mirie du 11e. PG

Par ailleurs, le préfet de police, Didier Lallement, est venu officiellement fleurir la sépulture collective du Père-Lachaise au nom du président de la République. « C’est la première fois qu’un président de la République rend hommage aux victimes de Charonne » souligne l’historien Benjamin Stora, spécialiste de la guerre d’Algérie.

 

Tombe des victimes de Charonne

Tombe des victimes de Charonne le 22 février 2022. PG

Gerbe pour la tombe des victimes de Charonne en 2022

Gerbe du président de la République le 8 février 2022. Site de l’Élysée

Le 8 février 1962 au métro Charonne

La manifestation de « défense républicaine » du 8 février a été organisée en réaction à une série d’attentats commis la veille par l’OAS (180 plasticages en deux mois) et qui bouleversent les parisiens. Cette manifestation est interdite comme les précédentes et se termine par une « tuerie », mot repris plus tard par Alain Dewerpe, lui qui avait 10 ans au moment où sa mère Fanny Dewerpe est tuée sur place ce jour-là.

Alain Dewerpe est devenu historien et directeur d’études à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales (EHESS). À l’issue de nombreuses recherches documentaires (fonds du ministère de l’Intérieur et de la préfecture de police), il en arrive à conclure que les morts du métro Charonne ne sont pas le résultat d’une « bavure » ou d’un « dysfonctionnement ». D’où le titre explicite de son livre : « Charonne, 8 février 1962. Anthropologie historique d’un massacre d’État ».

Enterrement des victimes de Charonne en 1962

13 février 1962, le cortège à l’enterrement au Père Lachaise. Photo prise à l’angle du boulevard de Ménilmontant et de l’avenue de la République

Les obsèques des neuf victimes au Père Lachaise

Le 10 février 1962, le journal Le Monde titrera : Le plus sanglant affrontement entre policiers et manifestants depuis le 6 février 1934.

Le 13 février 1962, une grève générale de protestation et de solidarité avec les familles des victimes paralyse le pays. Les obsèques des 9 victimes ont lieu ce jour-là au Père Lachaise, avec un cortège évalué en centaines de milliers de personnes. Sur la pierre tombale, le nom des morts y est gravé, surmonté de l’inscription suivante : « À la mémoire des victimes du 8 février 1962 ».

3 Plaques du groupe Manoukian dans le 20e

Manouchian : une rue, un monument, une cérémonie

 

Depuis 1996, le 21 février donne lieu à une commémoration annuelle dans notre arrondissement. À cette date en 1944, 23 membres du groupe FTP-MOI ont été fusillés par l’Allemagne nazie.

Ce groupe a été appelé groupe Manouchian depuis la création de « l’Affiche rouge » apposée dans Paris. Le 20e en garde la mémoire avec le nom d’une rue, une fresque murale et un monument au Père Lachaise.

Rue du groupe Manouchian

Rue du groupe Manouchian, cérémonie du 21 février 2022 devant les trois plaques commémoratives. La plaque à la mémoire des membres du groupe sera inaugurée en 1999 par Michel Charzat, sénateur-maire du 20e. PG

À l’origine des FTP-MOI

Dès 1924, le Parti Communiste choisit de créer un organisme spécifique « permettant de développer l’action solidaire des travailleurs français et immigrés » (1).

Cette section s’est d’abord appelée la « section de Main-d’Oeuvre Étrangère », la MOE, qui deviendra en 1936 la MOI, « section de Main d’Œuvre Immigrée », période où beaucoup d’entre eux sont partis rejoindre les Brigades internationales en Espagne.

Les FTP-MOI étaient composés de communistes et sympathisants d’origine immigré -avec la section communiste juive-  en relation étroite avec la direction des FTP français.

Le récit de ce mouvement de résistance a été diffusé sur France 3 : il fait partie de l’excellente série documentaire produite par Patrick Rotman en 1994 « les brûlures de l’histoire ». En fin d’émission, l’historien Stéphane Courtois, directeur de recherche au CNRS et spécialiste du mouvement communiste, nous affirme à l’appui des derniers documents connus que « le groupe n’a pas été trahi. Ni par la direction communiste, ni par des responsables communistes ».

Procès du groupe Manouchian dans la presse

La une du Matin daté du 20 février 1944

Sur les 24 accusés qui font face au tribunal militaire allemand, 1 accusé est transféré devant une juridiction française. Les 23 autres sont condamnés à mort sans possibilité d’appel, et 22 sont fusillés le 21 février, au fort du Mont-Valérien ; la 23ème, Olga Bancic voit sa condamnation suspendue pour supplément d’enquête. Elle sera rejugée le 10 mai 1944 à Stuttgart et exécutée par décapitation le jour de ses 32 ans.

Les lieux mémoriels du groupe Manouchian dans le 20e

Au Père Lachaise, un large espace appelé parfois « le panthéon des communistes » s’étire près du mur des Fédérés. C’est à cet endroit que le monument (cénotaphe) des FTP MOI a été érigé, entre la tombe de Waldeck-Rochet et le caveau du PCF.

L’artiste à l’origine de la mosaïque posée sur la stèle nous est inconnu ; sur la pierre tombale nous pouvons lire un extrait du poème d’Aragon écrit en 1956 qui leur est dédié. Ces vers seront mis en musiques et chantées en 1959 par Léo Ferré sous le titre « l’Affiche Rouge »,puis repris par Marc Ogeret, Leny Escudero et Bernard Lavilliers.

Monument FTP MOI groupe Manouchian

Monument FTP-MOI au Père Lachaise. PG

Ce monument à l’initiative du Parti communiste français a été inauguré le 20 mai 1989 par Georges Marchais, secrétaire du PCF et Henri Rol-Tanguy, entourés de la direction du parti et Mélinée, la veuve de Missak Manouchian.

Henri ROL-TANGUY, responsable des FFI de la région parisienne, a pris la parole pour notamment rappeler les faits sur les derniers jours de leur vie :

… Les nazis vont alors reprendre l’idée d’un procès public ; dans l’impossibilité de détruire la Résistance, ils vont tenter de la diviser. Ce sera le procès dit de l’Affiche rouge. La Résistance focalisée sur les étrangers et les juifs…

Procès Manouchian par la presse

La une de Paris Soir daté du 21 février 1944

Le 17 février 1944, à l’Hôtel Continental à Paris, vingt-trois FTP-MOI ayant participé à cent cinquante actions, de janvier à novembre 1943, défiaient la cour martiale.

Le 21 février, ils tomberont au Mont-Valérien… L’Affiche rouge se couvrit d’inscriptions : « martyrs », « Morts pour la France ».

L'affiche rouge, verso du tract

L’Affiche Rouge a été décliné sous form de  tract. Ci-dessus le texte imprimé au verso  « L’armée du crime »  . Wikipédia

 

En plus du cénotaphe au Père Lachaise, vous pouvez lire notre article sur la rue du groupe Manouchian, son histoire, son projet en cours et sa fresque toute proche qui lui est dédiée.

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(1) Extrait du discours de Georges Marchais le 20 mai 1989 au Père Lachaise.

1921 devant la tombe de Thiers

La Toussaint à Paris en 1921

Jour férié catholique devenu légal, la Toussaint fête ces 120 ans en 1921. À l’origine de cette décision, le Concordat signé en 1801 à l’initiative de Bonaparte qui souhaitait pacifier les relations entre l’État français et la Papauté.

Et cette année-là, la Toussaint tombe un mardi. Conséquence à Paris, les administrations publiques et la grande majorité des établissements privés ont donné congé à leur personnel. Les parisiens concernés peuvent ainsi faire « le pont », expression déjà courante à cette époque.

Ce jour-là, la mémoire de la « grande guerre » 1914-1918 est toujours bien vivante : les représentants du Conseil municipal de Paris, du Conseil général de la Seine, ainsi que ceux de la préfecture de la Seine et de la préfecture de police se sont rendus dans les grands cimetières parisiens et de son côté, le président Millerand s’est rendu sur la tombe du Soldat inconnu.

Millerand place de l'Étoile

Le président Alexandre Millerand, le 1er novembre 1921 devant la tombe du soldat inconnu. Gallica

La Toussaint au Père-Lachaise en 1921

À l’entrée du Père-Lachaise, un grand marché aux fleurs s’est installé et dans Le Gaulois daté du 2 novembre 1921, on peut lire :

HENRI KARCHER, maire du 20e arrondissement, a prononcé, devant le monument aux morts (Victimes du devoir) un discours préconisant l’institution d’une cérémonie annuelle qui aurait lieu le même jour, chez nos alliés et chez nous, pour témoigner la dette de reconnaissance de l’humanité envers ceux qui furent les artisans héroïques et glorieux de la victoire. Beaucoup de sociétés patriotiques, anciens combattants, mutilée, travailleurs municipaux, sapeurs-pompiers, etc., ont également rendu visite, dans les cimetières, aux tombes et aux monuments des morts pour la patrie.

Les cimetières parisiens en ce jour de la Toussaint 

À propos de ce jour-là, la Préfecture de Police communique à la presse la fréquentation dans les cimetières parisiens:

    • Père-Lachaise 86.759,
    • Montmartre 16.860,
    • Montparnasse 52.405,
    • Saint-Ouen nouveau 50.483,
    • Saint-Ouen ancien 5.720,
    • Ivry parisien 46.480,
    • Ivry ancien 40.400,
    • Pantin parisien 108.517,
    • Passy 4.630,
    • La Chapelle 8.000,
    • Saint-Pierre de Montmartre 1.560,
    • La Villette 1.670,
    • Bagneux parisien 58.000. 

Comment la Préfecture a-t-elle pu réaliser un chiffrage aussi précis ? Mystère.