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L’autre monument du Bazar de la Charité

L’autre monument du Bazar de la Charité

L’incendie du Bazar de la Charité a eu lieu un 4 mai. Cette manifestation caritative est liée à double titre au 20e arrondissement : tout d’abord lors des tous premiers pas de l’association organisatrice dès sa création en 1872, et bien évidemment par la suite avec le monument au Père Lachaise érigé après le drame. Nous reproduisons ici notre article paru le 18 mai 2021.

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De ce qui fut un drame devenu tristement célèbre, en mai 1897, l’incendie du Bazar de la Charité en a gardé la mémoire grâce à deux monuments bien distincts.

À travers ces deux lieux mémoriels, la séparation entre les Églises et l’État s’est ainsi concrétisée peu avant la loi de 1905 : chaque institution a marqué l’événement à son image : la Ville s’est chargée d’élever un monument laïc au Père-Lachaise, l’Église érigera une chapelle commémorative.

Le Bazar de la Charité, une vente de bienfaisance catholique

Cette manifestation est à l’initiative de L’Œuvre des cercles catholiques d’ouvriers. L’association avait été créée en 1871 par le comte Albert de Mun : lui est député, catholique social et royaliste.

L’objet de son association est clair : sept mois après la fin de la Commune, il souhaite « rechristianiser » le monde ouvrier.

Il est vrai qu’au moment de la Commune, le conseil municipal avait voté un décret à l’unanimité, sur la liberté de conscience et décrété « que l’Église est séparée de L’État » et que « le budget des cultes est supprimé ».

Albert de Mun choisit le 7 avril 1872 d’en inaugurer son premier cercle à Belleville –sur les vingt prévus à Paris- au 11 rue Levert, « sur ce sol fécondé par le sang des martyrs » en faisant référence au massacre de la rue Haxo.

 Bazar de la Charité, la violence du sinistre - Le Petit journal

Incendie Bazar de la Charité in Le Petit Journal 10 mai 1897

La tragédie du 4 mai 1897

L’incendie est dû à une nouvelle distraction de foire : le cinématographe. La lampe de projection fonctionne à l’éther, et les vapeurs d’éther s’enflamment.

Les victimes : presque toutes des femmes aristocratiques ou de la grande bourgeoisie.

Le nombre de victimes décédées : Le Petit Journal en dénombre 121 (110 femmes, 6 hommes, 5 non identifiés) … dont celle de la duchesse d’Alençon, la sœur de l’impératrice Sissi.

Très peu d’hommes sont morts mais certains ont fui sans porter secours aux victimes. Dans la presse, ces hommes du « monde » en fuite sur place, sont qualifiés de « chevaliers de la pétoche » et de « marquis d’Escampette ».

Dans L’Écho de Paris du 14 mai 1897, la journaliste féministe Séverine titre son article en « une » et sur deux colonnes : « Qu’ont fait les hommes ? » Elle rapporte notamment le témoignage d’une religieuse : « des messieurs m’ont jeté à terre, foulée aux pieds. Ils abattaient les dames à coup de poing pour faire plus vite. C’est une jeune fille qui m’a sauvé ».

Quelques années plus tard, les deux monuments

 

Deux ans plus tard, avec la délibération du conseil municipal validée par arrêté préfectoral du 28 février 1899, la Ville peut faire élever ce monument au Père Lachaise, modeste par sa taille : 1,20 mètre de large sur 2 mètres de long. L’architecte Formigé en a dessiné le plan, lui-même étant plus connu par sa réalisation du crématorium tout proche.

Le monument est dédié « Aux victimes de l’incendie non reconnues » et en juillet 1899, trois ou quatre corps de victimes non identifiés sont déposés en concession gratuite dans le caveau. Beaucoup de victimes de l’incendie sont par ailleurs enterrées au Père-Lachaise.

Bazar de la Charité, la chapelle initiative catholique

Bazar de la Charité, la chapelle rue Jean Goujon

De son côté, le cardinal Richard lancera une souscription pour construire, sur le lieu- même du drame (au 23 rue Jean Goujon, dans le 8ème arrondissement) une chapelle commémorative. Celle-ci sera construite en 1901 grâce au financement des familles des victimes, réunies d’abord sous forme de Société Civile Immobilière, puis en tant qu’association 1901 :

Mémorial du Bazar de la Charité

Un drame, deux monuments.

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