Fresque de Popof en hommage au Groupe Manouchian, à l’angle de la rue et du passage du Surmelin.
À l’initiative de la copropriété de l’immeuble, avec le soutien de la Mairie du 20e et du Conseil de Quartier Gambetta, elle a été inaugurée le 20 mars 2012.
Fin janvier 2014, des tags antisémites ont été effacés par les services municipaux.
Rue Manouchian, l’affiche rouge passe au vert
Le 20e a une âme et les voisins de la rue Manouchian ont un projet pour leur rue. Il est à la fois original, global et au besoin de financement modeste.
Leur projet ? Végétaliser la rue Manouchian en tenant compte de son identité : « un projet de végétalisation, mais avec l’Histoire en plus » nous souligne Patrice Garo, co-président de l’association l’affiche verte Manouchian. En passant, un choix de co-présidence plutôt qu’un seul président, puisque leur volonté commune est de diriger collégialement.
Mettre cet espace en valeur, le concevoir dans l’intérêt général.
L’affiche verte Manouchian souhaite activement mettre en valeur la totalité de la rue Manouchian, cette petite rue au nom chargé de mémoire qui descend depuis le métro Saint-Fargeau. En 2019, la rue avait déjà été piétonnisée dans sa partie basse -trop étroite et en dessous des normes de sécurité- à la demande des riverains.
La mairie y a donné une suite favorable et l’histoire aurait pu ainsi s’arrêter là. Mais la période Covid avec son confinement est arrivée, alors nos voisins ont créé dans un premier temps un réseau social à vocation solidaire. « On se connaît et on s’entend bien, poursuit Patrice Garo, alors on a créé un collectif. Et puis, la mairie nous a poussé à nous constituer en association pour nous permettre de présenter notre projet dans le cadre du budget participatif. Ça s’est fait comme ça, par ajout successif ».
Une rue végétale et artistique en hommage vivant aux 23 du Groupe Manouchian
Voici la synthèse de ce projet novateur, richement documenté et particulièrement bien illustré, tel qu’il est déposé pour le budget participatif 2021
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Le projet consiste à créer un parcours environnemental, mémoriel, artistique et pédagogique sur 350m afin de rendre un hommage vivant original aux résistants du Groupe Manouchian et au poème-chanson « l’Affiche rouge » écrit par Aragon pour l’inauguration de notre rue en 1955. Il propose de :
- Végétaliser la partie piétonne de la rue avec la construction collaborative de 23 grandesjardinières et capter l’eau de pluie.
- Rendre hommage à chacun de ces 23 résistants exécutés avec, pour chacun, une jardinière portant son portrait street-art, sa biographie, sa dernière lettre de condamné (travail avec les enseignants et élèves des établissements scolaires voisins).
- Créer un parcours audioguide gratuit sur smartphone afin de valoriser le poème chanté en accompagnant les visiteurs entre la plaque commémorative de l’Affiche rouge, le futur hommage végétal aux 23, la fresque du potager partagé avec Melinée Manouchian et enfin la fresque de 160m2 de Missak Manouchian (Popov 2012).
Ce projet durable s’adresse aux riverains, aux élèves et enseignants, ainsi qu’aux Parisiens et touristes et sera entretenu et développé par l’association des riverains.
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La rue du Groupe-Manouchian, Aragon et Thierry Marx
La rue du Groupe-Manouchian prend son nom d’aujourd’hui en 1954. Elle a été formée vingt ans auparavant en englobant l’impasse Fleury, l’impasse du Progrès et la voie non dénommée reliant ces impasses.
Le nom du groupe Manouchian, groupe d’immigrés résistants (FTP-MOI), est associé à celui de l’Affiche rouge, cette affiche placardée en 15000 exemplaires dans Paris par la propagande allemande. En 1944, sur les 23 résistants arrêtés du réseau Manouchian, 22 sont fusillés au Mont Valérien. La 23ème résistante sera décapitée en Allemagne trois mois plus tard.
Par la suite, en 1950, Paul Éluard publie un poème « à la mémoire de vingt-trois terroristes étrangers torturés et fusillés à Paris par les Allemands ».
Le 15 mars 1951, les conseillers municipaux du XXe arrondissement (dont Albert Ouzoulias, ex résistant combattant avec Missak Manouchian) créent un comité de soutien pour demander une rue au nom du « Groupe Manouchian ». Le 28 octobre 1954, la rue prend son nouveau nom et le dimanche 6 mars 1955, M. Bernard Lafay, président du Conseil municipal de Paris, l’inaugure.
Cette même année, Louis Aragon écrira ce poème devenu célèbre « Strophes pour se souvenir » à l’occasion de l’inauguration de la rue, en paraphrasant la dernière lettre de Missak Manouchian, lui-même poète arménien. Manouchian avait écrit cette lettre particulièrement émouvante juste avant sa mort à sa femme Méline. En 1959, le poème est mis en musique et chantée par Léo Ferré, sous le titre de « l’Affiche rouge ».
Le 22 février 1999, une plaque commémorative est apposée par la mairie au 49 de la rue.
Le dernier membre du groupe Manouchian qui a pu échapper à la rafle, Arsène Tchakarian -resté apatride jusqu’en 1958 – est mort en 2018.
Et pour la petite histoire, Thierry Marx, enfant de Belleville et « cuisinier engagé » du 20e, a habité au « 140 » rue de Ménilmontant… mais aussi au 18 rue du groupe Manouchian.
L’association est jeune avec encore plein d’idées, mais en attendant si vous souhaitez soutenir ce projet, alors à vos clics !
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Histoire du groupe Manouchian groupe de personnes engagés prêtes à laisser leur vie pour leurs convictions, et la liberté.
Mémoire de Paris en guerre
Bien belle initiative, que ce projet “d’Affiche rouge qui passe au vert”
Ce projet est plein d’idées!
Merci pour cet article et par la le soutien de l’ahav
Que vive ce projet végétal, historique, culturel et bien élaboré.
MH Leherissey
Bravo pour ce magnifique projet, imaginatif et dans le vent de l’histoire !!! On vote pour vous…
Il est insoutenable, insupportable et humiliant de savoir que leurs visages, à hauteur aisément accessibles, seront recouverts de pisse de chiens ou pire. Qu’ ils seront éventuellement tagués, que ces jardinières comme elles le sont toutes dans Paris, vont rapidement servir de cendriers géants, de poubelles à canettes etc.
Voulez-vous les enterrer une seconde fois ?
Apparemment vous n’avez pas lu le projet dans sa totalité. ou pris la peine de le comprendre…. Il s’agit d’un parcours global rendant hommage au poème d’Aragon dédié à notre rue, aux 23 dont chacun mérite d’être mieux connu et avec différentes approches : audioguides, plaques biographiques et explicatives, street art et végétalisation.
On a par ailleurs prévu des dispositifs antivandalismes dans le projet et, on fait contrairement à vous, le pari du respect du travail des uns et des autres et notre association de riverains de la rue l’Affiche Verte Manouchian y veillera.. Effectivement la fresque de Missak par Popof avait été taguée par l’extrême droite de Dieudonné et a été réparée de cet affront. Nous qui combattons justement ces diffuseurs de haine. Vous viendrez voir le résultat, ce sera mieux que des jugements à priori apocalyptiques qui n’apportent rien.
Célia,
Malheureusement, la rue appartient à tous et même aux gens mal éduqués et sans respect. On peut tenir son chien en laisse et l’empêcher de faire ses besoins n’importe où… Et puis apprendre qui étaient ces hommes (et cette femme) et ce qu’ils ont fait pour nous peut sans doute inciter à les respecter. ça sert à cela d’apprendre l’histoire… Il ne faut pas désespérer de l’humanité !!
Bonjour Célia,
Vous avez écrit, donc le sujet vous tient à coeur.
La question de protéger leur mémoire, leurs visages, est à mon avis avec vous partagée par tous.
Il reste, dans la forme, à respecter les porteurs/porteuses du projet global (dont je ne fais pas partie)
avoir un minimum de bienveillance à leur égard avec une parole plus apaisée.
Bravo pour cet article très documenté qui replace l’histoire des résistants de « l’Affiche Rouge » dans l’actualité d’aujourd’hui . Je pense qu’à l’époque où beaucoup de quartiers du Paris d’autrefois ont disparu il est plus que jamais important de préserver cette mémoire pour les générations futures et lui donner de nouvelles couleurs. J’espère que les promeneurs et flâneurs prendront plaisir à découvrir l’histoire de notre rue et les projets de L’Affiche Verte dans le 20 e
Arrondissement de Paris . Un bon moyen de lutter contre l’oubli .Christiane Stromboni .
Malheureusement, il y a quelques jours le si doux portrait peint de Mélinée Manouchian, dans le potager partagé de la rue du Groupe Manouchian, a été vandalisé. On ne sait qui a eu ce geste indigne. Qui pouvait-il déranger ? Espérons que cette peinture murale sera bien vite restaurée…