Auguste Métivier, médecin, conseiller municipal et bienfaiteur

Un engagement républicain sans faille au service du XXe arrondissement

Par Christiane Demeulenaere-Douyère, vice-présidente de l’AHAV (54mn)

Aujourd’hui, pour les habitants de l’Est parisien, ‘Auguste Métivier’ évoque une petite place mal dessinée, tout près du métro Père-Lachaise.

Mais beaucoup seraient bien en peine d’en dire plus sur cet homme, son itinéraire et sa personnalité… moi la première, quand j’ai commencé cette recherche après avoir constaté qu’aucune monographie ne lui était consacrée.

Auguste Métivier, a été très engagé dans la vie politique, sociale et philanthropique de l’arrondissement.

Par Christiane Demeulenaere-Douyère le 15 décembre 2016.

Façade de la Bellevilloise rénovée en 1977

La Source des coops dans le 20e

Dans le 20e, les initiatives sociales perpétuent une tradition de 150 ans de partage et de solidarité.

Il en est ainsi aujourd’hui notamment de l’épicerie coopérative la Source. Elle a pour vocation d’offrir aux habitants au faible pouvoir d’achat une gamme de produits sains et durables, à moindre coût. Son modèle économique s’appuie sur le travail bénévole des membres qui assurent en rotation les tâches quotidiennes.

Ouverte il y a deux ans, elle compte plus de 900 sympathisants et 150 adhérents. Actuellement en grande difficulté financière, elle risque de fermer ses portes définitivement. Endettée à hauteur de 37 000 euros, son unique salariée dit attendre au moins une partie des 300 000 € obtenus en 2021 en tant que lauréate du budget participatif municipal.

Cette «Épicerie Participative Autogérée» comme elle se définit elle-même, se situe aujourd’hui au 4 rue Félix Terrier. Un beau projet selon la mairie du 20e, mais finalement mal situé selon elle… pour être viable, en rappelant qu’une première subvention de 70 000 € lui a déjà été versée. Son avenir dépend maintenant de l’Hôtel de ville. L’occasion pour nous de rappeler que dans le passé, notre arrondissement a été riche de ces implantations, une réponse aux crises économiques qui se sont succédé.

Les coop, une longue tradition de l’Est Parisien

Dans l’Est parisien notamment, aux lendemains de la Commune, dans les XIXe et XXe arrondissements de Paris encore meurtris par la répression, les coopératives existent déjà en grand nombre. Elles se proposent d’acheter au meilleur compte et de revendre au prix coûtant l’alimentation, les vêtements et les produits nécessaires au chauffage qui sont indispensables pour vivre. La clientèle de ces institutions était composée des ouvriers du fer, du bois, du bâtiment qui descendaient chaque jour à leur travail dans le centre de Paris.

S’il fallait définir l’entreprise coopérative en un seul principe, il s’agirait de celui de « un homme, une voix ». Issue des penseurs socialistes du XIXᵉ siècle, Saint-Simon (au Père Lachaise) et Charles Fourier entre autres, et plus précisément du Britannique Robert Owen.

Les bénéfices qui ne sont pas investis sont partagés entre les sociétaires. Ce mode coopératif, pour la consommation ou la production, a alors le vent en poupe dans un mouvement ouvrier qui « souffle lui-même sa propre forge » contre un modèle capitaliste qu’il dénonce et concurrence. Il ne s’agit donc pas seulement de « nourrir la classe ouvrière », mais aussi de porter un « projet émancipateur » en lui offrant les bases d’une éducation populaire par des cours, des formations, des cercles de discussion voire des bibliothèques.

Pour en savoir +

Petite histoire des coop’ en France

Les premières « associations ouvrières » naissent dans la clandestinité au début du XIXe siècle, les ouvriers cherchant à défendre leur droit au travail et leur autonomie. Elles sont créées de façon clandestine, la loi Le Chapelier de 1791 interdisant toute association entre personnes d’un même métier et « toute coalition ouvrière ».

Pendant la Commune de Paris, des coopératives ouvrières rouvrent dans les ateliers abandonnés par leurs patrons, mais cette reprise ne dure que le temps de la Commune.

En 1879, le Congrès Ouvrier est défavorable aux coopératives. Et en 1884, l’appartenance aux « associations ouvrières » est à nouveau abandonnée à cause d’une loi interdisant aux associations d’avoir une activité commerciale. Les coopératives qui se constituent sont presque toutes animées par des militants syndicalistes. Une vingtaine de sociétés coopératives cherchent à se regrouper et à se faire reconnaître publiquement.

Dans la foulée, l’École de Nîmes (sous la houlette de Charles Gide) voit le jour. Elle constitue pendant des dizaines d’années le haut lieu de la pensée coopérative en France.

Dans le 20e … La Bellevilloise

L’AHAV a publié un bulletin à ce sujet.

Fondée en 1877 aux lendemains de la Commune, La Bellevilloise a pour projet de permettre aux gens modestes, outre l’accès aux besoins de base, l’accès à l’éducation politique et à la culture. De 1910 à 1949, la Bellevilloise joue un rôle de premier plan dans la vie économique et culturelle de l’Est Parisien.

C’est en janvier 1877 que tout commence. Vingt ouvriers, parmi lesquels dix-huit mécaniciens, fondent la troisième coopérative de Belleville, un petit dépôt d’épiceries ouvert deux soirs par semaine et où, à tour de rôle, après leur journée de travail, ils assurent la vente.

A la veille de la Grande Guerre, avec ses 9 000 sociétaires, elle fait figure de modèle national. A cette époque, dans « La maison du Peuple de la Bellevilloise », tandis que Jean Jaurès tient des rassemblements politiques au 1er étage, on expérimente au rez-de-chaussée la première version du « commerce équitable » suivant les principes de Joseph Proudhon, s’appuyant sur une devise qui allait marquer l’histoire des échanges : « du producteur au consommateur ».

La majeure partie du bâtiment est affectée à des salles de réunion, les activités commerciales se limitant à la boutique en façade et au café contigu.

En 1906, pic du nombre de grèves du début du siècle, 10 000 kilos de pain et 2 000 litres de lait sont distribués aux grévistes. Mais ce n’est pas tout ! L’association se préoccupe aussi de la santé des travailleurs, elle ouvre une pharmacie et offre des consultations médicales gratuites dans son dispensaire.

Vers 1910, en plus d’une dizaine de magasins (qui désormais salarient du personnel), la Bellevilloise compte une chorale (la Muse Bellevilloise), un patronage pour les enfants des sociétaires, une bibliothèque riche de plus de 5 000 titres, une université populaire (la Semaille). On peut aussi y suivre des cours de théâtre, de musique, d’espéranto. Une caisse de solidarité est créée pour fournir des secours aux accidentés du travail, aux veuves et aux orphelins.

Salle du café de la coopérative "La Bellevilloise" vers 1905

Le café de la Bellevilloise, vers 1905. (Photo Coll. Kharbine-Tapabor)

Pour en savoir +

Aujourd’hui dans le quartier …

Dans cette continuité, d’autres initiatives ont vu le jour et continuent à fleurir. Un autre exemple du quartier :

Saveurs en partage, situé au 38 boulevard Mortier. Relativement récent, Saveurs en partage a ouvert ses portes en juin 2020.

Comme exprimé sur la page « projet » de leur site, Saveurs en Partage est une initiative portée par un collectif de femmes entrepreneures et offre une double-tarification qui permet aux personnes à bas revenus de bénéficier de 70% de réduction sur tous les produits du magasin. L’épicerie est « locavore », c’est à dire qu’elle se fournit en produits locaux comme ceux de la ferme urbaine de Charonne soutenue entre autres par Le Paysan Urbain, située rue Stendhal

C’est aussi un lieu de rencontres et de mixité sociale avec à des ateliers participatifs.

Autre coopérative aux mêmes vocations : les Marmoulins de Ménil’, créée en 2015 et également engagée dans les enjeux d’inégalités sociales et les problématiques environnementales. Les Marmoulins sont répartis sur trois lieux : « Le local »  au 4 rue Place Henry Matisse, « L’équipe de Belleville » à la Maison du Bas Belleville, 5 rue de Tourtille, et à la boutique BMG, « le comptoir du vélo »  au 10 rue Sorbier.

Cet article est collaboratif 

Venez contribuer en faisant connaitre les coopératives et lieux de partage que vous connaissez, nous les ajouterons au fur et à mesure.

 

Plaques rue du groupe Manouchian

Missak et Mélinée Manouchian entreront au Panthéon le 21 février 2024

 

C’est officiel depuis ce 18 juin 2023, Missak et Mélinée Manouchian entreront au Panthéon le 21 février 2024.

Le 20e les garde également en mémoire dans plusieurs lieux : leur rue au nom du groupe Manouchian, une commémoration annuelle organisée par la Ville dans cette rue, la fresque rue du Surmelin et un monument au Père Lachaise.

Nous leur avions consacré trois articles dont celui-ci -daté du 28 février 2023-  incluant les deux autres sous forme de liens.

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Hommage aux membres du groupe Manouchian

 

Ils étaient vingt et trois quand les fusils fleurirent
Vingt et trois qui donnaient leur cœur avant le temps
Vingt et trois étrangers et nos frères pourtant…

Le 21 février dernier, dans la lumière dorée d’un soleil d’hiver déclinant, le 20e arrondissement a commémoré le 79ème anniversaire de la mort de Missak Manouchian (1906-1944) et de ses camarades de l’organisation FTP – MOI (Francs-tireurs et partisans – Main-d’œuvre immigrée), fusillés, le 21 février 1944, comme résistants au Mont-Valérien.

Les membres du groupe Manouchian

Réseau Manouchian, montage photo-Internet

Ce soir-là, la rue du Groupe Manouchian, la rue du Surmelin et leurs abords ont retenti des noms de ces 23 hommes et femme*, communistes, anarchistes, juifs, arméniens, polonais, hongrois, italien, espagnol, roumain… ces 23 étrangers « morts pour la France ».

Ils ont aussi retenti des vers du poète Louis Aragon, écrits en hommage aux résistants de « l’affiche rouge » et mis en musique par Léo Ferré**. Qu’on la fredonne doucement comme une chanson d’amour, ou qu’on la chante avec ardeur comme un chant révolutionnaire, cette chanson ne s’est jamais tue.

Les ombres de Missak et de Mélinée Manouchian étaient présents aussi parmi nous : leurs visages peints sur les deux magnifiques fresques murales que leur ont consacrées les street-artistes de Art Azoï veillaient avec bienveillance sur la réunion.

Fresque Manouchian dans le 20e arrondissement

Fresque représentant Mélinée Manouchian-CDD

Bien sûr, il y avait les drapeaux des Anciens Combattants, des gerbes de fleurs, des écharpes tricolores, des prises de parole officielles – Madame l’Ambassadrice d’Arménie à Paris, Madame Hidalgo, Maire de Paris, la municipalité du 20e arrondissement et d’autres –, et les bravos nourris d’un auditoire nombreux… Et aussi un grand sentiment réconfortant, celui d’appartenir à une vaste communauté rassemblée là, dans les valeurs de la République : la Liberté, l’Égalité et la Fraternité.

L’année prochaine, comme tous les 21 février, nous nous retrouverons encore rue du Groupe Manouchian. Et peut-être même avant, à l’occasion de l’entrée au Panthéon de Missak Manouchian et de sa compagne Mélinée… actuellement en discussion.

Rue du groupe Manouchian le 21 février 2023

Cérémonie dédiée au groupe Manouchian en 2023, vue générale-CDD

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*Le réseau Manouchian comptait une femme, Olga Bancic, roumaine, qui fut non pas fusillée avec ses camarades de lutte, mais transférée en Allemagne et guillotinée à la prison de Stuttgart, le 10 mai 1944.

**Le poème d’Aragon, Groupe Manouchian, paraît en une du journal L’Humanité et est publié un an plus tard sous le titre Strophes pour se souvenir dans Le Roman inachevé. II est mis en musique par Léo Ferré, en 1959, sous le titre L’Affiche Rouge ; la chanson restera censurée, interdite à la radio et la télévision françaises jusqu’en 1981.

Si en ce mois de juin 2023, une nouvelle page se tourne dans la guerre en Ukraine, les conflits entre les deux pays ne datent pas d’aujourd’hui. La contre-offensive ukrainienne actuelle et à haute intensité, entamée sur leur territoire occupé, nous donne l’occasion de reproduire ici notre article paru le 21 avril 2022. Un rappel, à travers notre arrondissement et le Père Lachaise, des conflits russes liés à l’Ukraine… et à la France au 19ème et 20ème siècle.

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L’Ukraine, la Russie et le Père Lachaise

L’Ukraine est un État indépendant qui a fait partie des membres fondateurs de l’ONU en 1945. Dans son histoire, elle a vécu plusieurs conflits militaires avec la Russie. Rappelons également qu’au 19ème siècle la France avait fait face à la Russie à pusieurs occasions.

À travers le Père Lachaise, nous pouvons en retracer quelques liens, y compris celui des russes et de l’URSS comme alliés lors de la seconde guerre mondiale. En voici la chronologie.

Le tsar envahit Paris

Déjà en 1814, la France napoléonienne est attaquée par la Russie avec la majeure partie des forces européennes coalisées. Une guerre qui se terminera par  la bataille de Paris  : le 31 mars, le tsar Alexandre 1erentre pour la première fois dans la capitale à la tête de huit troupes alliées.

Cette guerre atteindra le haut de la colline de Charonne. Les élèves des écoles militaires de Polytechnique et d’Alfort (école vétérinaire) se retranchent dans le cimetière du Père Lachaise et perdront cette bataille. Plus globalement, cette guerre aboutira quelques jours plus tard à l’abdication de Napoléon.

Balzac a vécu deux ans en Ukraine

Au Père Lachaise, la tombe d’Honoré de Balzac fait partie de celles qui sont les plus visitées du cimetière. Balzac a passé deux ans de sa vie en Ukraine, au village de Verkhivnia. Il a rejoint la noble polono-ukrainienne Eve Hanska et tous deux finiront par se marier dans ce pays. À Paris, il nous reste aussi la Maison de Balzac, petit musée ouvert au public et qui propose des. expositions temporaires.

L’empire français et la Crimée

Quarante ans après son oncle conquérant, Napoléon III se retrouve avec le même ennemi russe, mais cette fois-ci en Crimée et seulement en soutien. En 1853, la guerre de Crimée est déclarée contre l’empire russe et sa volonté d’expansion territoriale, avec les anglais venus  aussi protéger l’empire ottoman contre l’envahisseur.

 

La guerre de Crimée en 1853

La Crimée au 19e siècle

Cette même année à Paris, à la faveur de ce soutien français, l’ambassade ottomane négocie l’ouverture d’un carré musulman au sein du Père Lachaise. Le conseil municipal du 17 juin 1853 en autorise sa création qui sera validée trois ans plus tard par un arrêté du préfet de la Seine Haussmann « pour l’inhumation des personnes décédées à Paris professant la religion mahométane ».

 

enclos musulman au Père Lachaise

L’enclos musulman et sa mosquée à la fin du 19ème siècle -bnf

Deux communards liés à la Russie

Puis en 1871 arrive la Commune de Paris dont nous avons commémorée le 150ème anniversaire l’an dernier. Et pour mémoire, une célèbre militante féministe russe, Élisabeth Dmitrieff, était venue ici y participer activement. Cette révolutionnaire s’ était engageé auprès des communards et, avec Nathalie Lemel, avait fondé l’Union des femmes pour la Défense de Paris et les soins à donner aux blessés.

Au Père Lachaise, un autre acteur de la Commune : Adrien Lejeune. Né à Bagnolet, il a brandi à Belleville le drapeau rouge et a été par la suite considéré comme le dernier d’entre eux à avoir vécu aussi longtemps après la Commune. Il finira sa vie en URSS, depuis son arrivée en 1928 jusqu’à  sa mort en 1942. Il était alors agé de 94 ans.

À Moscou, un monument à la gloire d’Adrien Lejeune a été érigéautour du kremlin. Enfin, à l’occasion du centenaire de la Commune, le Parti communiste français fait rapatrier ses cendres au Père-Lachaise le 23 mai 1971.

Adrien Lejeune Père Lachaise

Adrien Lejeune dernier communard près du mur des fédérés-PG

Nestor Makhno, de l’Ukraine à Paris

Au columbarium, nous trouvons la case où se trouve l’urne de Nestor Makhno, célèbre communiste libertaire ukrainien qui a dû fuir son pays. En 1918, Makhno rencontre Lénine à Moscou et s’allie avec les bolcheviques contre les armées blanches ukrainiennes.

Lui-même était parvenu à lever une « armée insurrectionnelle d’Ukraine » de 50 000 hommes, appelée la Makhnovtchina (1), et après leur victoire commune sur les russes blancs, l’armée rouge se retourne contre lui. Nestor Makhno doit alors se résigner à fuir en traversant l’est de l’Europe. Il finira par arriver à Paris en avril 1925, affaibli et pauvre en ayant travaillé un temps comme ouvrier chez Renault. Il est décédé en 1934 au pavillon des tuberculeux de l’hôpital Tenon.

Portrait de Makhno

Nestor Makhno vers 1920-Maitron

Les Combattants russes et soviétiques alliés à la Résistance Française

À l’occasion du 60ème anniversaire de la fin de la deuxième guerre mondiale, un monument a été inauguré à l’entrée Gambetta du Père Lachaise le 3 mai 2005, en hommage aux soldats russes et soviétiques ayant combattu dans la Résistance française.

Voici un extrait de la déclaration ce jour-là de M. Hamlaoui Mekachera, ministre délégué aux anciens combattants :

Enfin, comment oublier les 4 000 citoyens soviétiques, russes, mais aussi ukrainiens, géorgiens, arméniens, tadjiks ou azeris qui désertent la WEHRMACHT, dans laquelle ils avaient été enrôlés de force, pour rejoindre les rangs de la résistance française… Au total, 35 000 combattants russes ou issus des ex-républiques soviétiques ont lutté à nos côtés contre les Nazis. 6 000 d’entre eux sont tombés au combat.

 

Mémoriel russe au Père Lachaise

Monument aux combattants russes au Père Lachaise, entrée Gambetta-PG

Ce monument de maquisard en bronze a été réalisé à Moscou par le sculpteur Vladimir Sourovtsev.

Le camps de Rawa Ruska

Toujours au Père Lachaise et près du mur des fédérés, le 14 octobre 2016 a eu lieu l’inauguration de la stèle en hommage à « Ceux de Rawa-Ruska« . Il s’agit du camp de déportation en Ukraine tout près de la frontière polonaise. Le monument est dédié à la mémoire des résistants déportés français et belges en Ukraine.

Catherine Vieu-Charrier, adjointe à la Mairie de Paris, chargée de la Mémoire et du Monde combattant, a pris la parole ce jour-là en y soulignant plus spécialement le lien de cet emplacement avec l’histoire de notre arrondissement :

Le choix de ce lieu et de cet emplacement n’est pas anodin : c’est même tout un symbole.

Un symbole d’abord, parce que nous nous trouvons dans le XXe arrondissement, et que l’un de ses anciens Maires ne fut autre que Raymond Bossus, déporté́ et rescapé de Rawa Ruska. À travers cette figure emblématique, Paris et le XXe arrondissement ont donc un lien très fort avec l’histoire du « camp de la goutte d’eau et de la mort lente », et portent en héritage le message de Résistance de ceux qui y furent déportés et qui, malgré́ la faim, la soif, et l’emprisonnement, ont continué de lutter contre la barbarie.

 

Rawa Ruska. près du mur des fédérés

Rawa Ruska, le monument au Père Lachaise en avril 2022-PG

De ces événements passés dont il nous reste la trace… nous pensons surtout aujourd’hui à l’histoire immédiate :  ce que vivent chaque jour actuellement les ukrainiens dans cette guerre qu’ils subissent.

(1)  » Il est à noter qu’à l’origine le diminutif « tchina » est péjoratif. Cette formulation dépréciative est par exemple utilisée par Trotski en juin 1919. Elle sera retenue par l’historiographie soviétique. » in https://wikirouge.net/Arm%C3%A9e_r%C3%A9volutionnaire_insurrectionnelle_ukrainienne

Grands décors de l’Est parisien

 La IIIe République à l’œuvre (1870-1940)

 par Anne Delaplace (43mn)

En 1860, Paris se dote de nouvelles mairies d’arrondissement. La guerre de 1870 et l’insurrection de la Commune interrompent l’exécution des chantiers, que la IIIe République achève.

Répondre aux besoins des administrés par de simples bâtiments/mairies est jugé insuffisant et il est décidé de les agrémenter en les faisant décorer par des artistes sélectionnés,  suivant la nature de la salle : salle des Mariages, salle des Fêtes et salle du Conseil. Représentations sous forme d’allégorie ou de réalisme rappelant la vie quotidienne ou l‘arrondissement lui-même.

  Par Anne Delaplace le 19 novembre 2014

Entretien avec Georges Kiejman

Georges Kiejman, un gamin de Belleville

Nous connaissons bien Georges Kiejman, l’avocat et figure emblématique du monde judidiciaire au parcours exceptionnel. Il a été le défenseur de nombreuses personnalités médiatiques. Il vient de nous quitter le 9 mai 2023 à l’âge de 90 ans et il est utile de nous rappeler la carrière du célèbre avocat. 

Georges Kiejman a également joué un rôle politique en tant que proche collaborateur de Pierre Mendès-France et en a été un de ses secrétaires. Il a plus modestement assuré une carrière ministérielle, avec trois portefeuilles différents en deux ans, entre 1990 et 1993..

Kiejman, un proche de Mendes-France

Georges Kiejman travaillant avec Pierre Mendes-France-extrait LCP

Jeunesse et origines modestes à Belleville

Fils d’une famille juive polonaise, il est né à Paris et a passé une partie de sa jeunesse dans nos quartiers. Il se présente lui-même comme un enfant de Belleville.

Sa biographie a été écrite avec lui par Vanessa Schneider  L’homme qui voulait être aimé. Elle a été co-signée et publiée deux ans avant sa mort. En audio et produit ici par l’INA et la Fondation pour la mémoire de la Shoah, son témoignage direct -sous forme de quatre épisodes de 15 mn- se trouve également très facilement accessible sur plusieurs sites internet.

Issu d’une famille de prolétaires immigrés

Ses parents, arrivés en France en 1931, étaient des immigrants de la région de Varsovie, et c’est l’année suivante que va naître à Paris le petit Georges. Son père exerçait un ou plusieurs métiers inconnus, dont il n’a jamais révélé les détails à la famille. La mère est illettrée et il la décrit comme « incapable d’instinct maternel ». 

Malheureusement, le père quitte le foyer familial avant la guerre, lorsque Georges avait 3 ou 4 ans, et si Georges l’a peu connu, il dit malgré tout l’avoir beaucoup aimé. Il en apprendra sa mort seulement en 1945, gazé à Auschwitz deux ans plus tôt.

Dans ses récits, Georges Kiejman partage une anecdote révélatrice de sa situation : « J’ai toujours porté les vêtements des autres ». Dès l’âge de 4 ans, il a appris à lire grâce aux livres empruntés à ses deux sœurs. Sa jeunesse a été marquée par des grandes difficultés financières, un challenge à relever pour nourrir ses grandes ambitions.

 

Les racines juives en héritage

Bien que ses parents étaient juifs, ils n’étaient pas pratiquants, et Georges Kiejman n’a pas été élevé dans la tradition religieuse. Lui se considère comme un « petit juif » immigré, mais la véritable conscience de son identité juive s’est surtout développée en réaction à la Shoah. Il se décrit lui-même comme étant à la fois profondément laïque et viscéralement juif.

Le gamin de Belleville

« Je suis né près de la rue des Rosiers que je n’ai pas fréquentée. J’ai vécu à Belleville beaucoup plus tard… Je suis un enfant de Belleville »

Georges Kiejman enfant

Georges Kiejman avec sa mère-extrait LCP

« Avant la guerre, j’ai vécu dans une toute petite pièce avec ma mère, une petite pièce que je retrouverai après la guerre, qui était une chambre d’hôtel de passe reconverti en immeuble dit d’habitation. Et j’allais à l’école du boulevard de Belleville »

Avant la guerre, à la suite des démarches de ses parents, il a pu acquérir la nationalité française.

Comme son père avait déjà quitté sa mère et, en 1939, s’était engagé en tant qu’étranger dans l’armée française, sa mère accepte de suivre la décision administrative de partir avec leur fils et ses deux sœurs dans le Berry… où le petit Georges deviendra même très brièvement enfant de chœur ; il retrouvera sa mère à Paris en 1946, pour habiter à nouveau dans cette minuscule chambre de Belleville du 11e arrondissement, très précisément au 13 rue de la Présentation. Il entrera quelques années plus tard au lycée Voltaire en classe de première.

Georges Kiejman, photo de classe

Georges Kiejman au lycée Voltaire-extrait LCP

À l’époque où il vit seul avec sa mère, ses deux sœurs habitent au 94 rue de Charonne, dans l’immeuble du Palais de la Femme géré par l’Armée du Salut.

Lorsque le jeune Georges est devenu étudiant, il donne à sa mère l’argent qu’il gagne  et une fois adulte, il s’en occupera jusqu’à la mort de celle-ci en 1974

Modifier son nom à double sens

Le nom paternel Kiejzman s’écrit à l’origine avec un « z » après le « j ». Il faut savoir que dans l’alphabet polonais, il existe une lettre double qui s’appelle le « jz ». Alors une fois devenu tout jeune avocat, il souhaite supprimer le « z » de son nom. Il le justifie ainsi :

« Ce « z » avait fait l’objet de beaucoup d’éclat de rire auprès de mes petits camarades quand j’épelais mon nom ».

Il relate cette anecdote à Pierre Assouline qui l’interroge un an avant sa mort : l’historien -ici en tant qu’animateur de l’émission d’Akadem TV- rebondit complaisamment sur le sujet. Pierre Assouline lui propose une formulation donnant un sens plus profond à cette modification du nom : « vous l’avez dépolonisé, mais vous ne l’avez pas déjudaïsé ».

Georges Kiejman en apprécie immédiatement l’idée, au point de se l’approprier en le répétant avec un sourire complice.

Sa vocation d’avocat

Au début de sa jeunesse, il a dû exercer plusieurs petits métiers pour pouvoir vivre. Mais à l’heure du choix de sa carrière, en quoi le métier d’avocat correspond-il à sa vocation ? Il y répond très simplement :

« Je n’avais pas conscience ni connaissance du droit, mais on me disait : il cause bien le petit Georges, il sera avocat, et cette idée m’est restée en tête. »

Et c’est ainsi quen décembre 1953, Georges Kiejman prête serment au barreau de Paris, alors qu’il a seulement 21 ans, et dès l’année suivante il obtient la coupe d’éloquence des jeunes avocats. Tout cela se passait il y a tout juste 70 ans, une longue carrière s’en est suivie. Elle se terminera à l’âge de 90 ans.

Ci-dessous au Père Lachaise, les différentes personnalités qu’il a représentées

Tombe de Montand et Signoret au Père Lachaise-PG

Montand et Signoret au Père Lachaise-PG

 

Tombe de Tignous

Charlie Hebdo, Tignous au Père Lachaise

Tombe de Malik Oussekine

Stèle de Malik Oussekine au Père Lachaise-PG

Tombe de Pierre Goldman

Pierre Goldman au Père Lachaise-PG

Tombe de Marie Trintignant

Marie Trintignant au Père Lachaise-PG

 

 

L'enceinte de Thiers (Paris)- la muraille, le fossé, le talus de défense, et des petits zonards faisant paître leurs chèvres

 

Du périph vers une ceinture verte

 

« Une ceinture grise que nous voudrions voir transformer en ceinture verte ». C’est ainsi que le 18 mai 2023 Anne Hidalgo, maire de Paris, a présenté son projet de mutation du périphérique parisien. Rappelons qu’actuellement un million de voitures et camions y circule à 35 km/h en moyenne chaque jour.

La maire de Paris (PS) propose de réserver l’une des voies aux bus, taxis et autres transports en commun; face aux nécessités exprimées de davantage de nature, elle envisage également de faire planter environ 50 000 arbres sur le terre plein central, sur les bretelles et partout où cela est possible.

L’ensemble du projet avec en ligne de mire les jeux olympiques de 2024, avec temporairement une « voie olympique » réservée aux participants. Il est vrai que l’approche de ces jeux olympiques accélère le passage de l’idée de transformation d’un ouvrage, face aux nombreux projets mis sur la table depuis tellement d’années.

La mairie de Paris envisage ainsi de revenir, très modestement, à l’idée qu’avait eue en 1880 Adolphe Alphand de transformer par une ceinture verte les terrains de l’enceinte de Thiers.

 

Future ceinture verte incluant une zone de 500 mètres de part et d'autre du Périph'

Projet 2023 de ceinture verte élargie du Périph – Apur

Histoires avortées d’une ceinture verte

 

Il faut dire que l’intérêt de l’enceinte de Thiers avait été déjà critiqué dès sa construction en 1840. Les progrès de l’artillerie vont dans ce sens et dès 1882, son inutilité pour la défense de Paris est devenue manifeste, au point d’y envisager son démantèlement. Finalement déclassées par la loi du 19 avril 1919, les fortifications seront progressivement détruites jusqu’en 1929.

Que faire de cet immense espace en bordure de Paris qui, dès 1890, est occupée par des barraques en bois servant de domicile à des miséreux ? Près de 30 000 personnes y vivent dans des conditions désastreuses.

Le projet d’Adolphe Alphand

 

 

Portrait d'Alphand en 1888, par Alfred Roll

Portrait d’Adolphe Alphand, 1888, par Alfred Roll – Musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris, Petit Palais.

Adolphe Alphand (enterré au Père-Lachaise) a été appelé en 1855 par le baron Haussmann (également au Père-Lachaise) pour diriger le nouveau service municipal des Promenades et Plantations. C’est à lui que nous devons la création de nombreux parcs et squares à Paris. Il reste en service sous Thiers et aurait voulu réaliser une grande ceinture verte entourant Paris, avec des hôtels et des lieux d’amusement. Ce projet ne verra pas le jour.

De nombreux projets de ceinture verte

 

Enceinte de Thiers - Porte de Bagnolet

Porte de Bagnolet. Fortification. Enceinte de Thiers, 1919 – Musée Carnavalet

Plus tard, entre 1900 et 1914, de multiples projets ont été étudiés et discutés pour l’utilisation des terrains après le démantèlement de l’enceinte, nous n’en citerons que quelques-uns.

Dans un rapport de 1908 au conseil municipal, Ambroise Rendu écrit :

« Créer des parcs et des places de jeux devenues nécessaires dans les quartiers périphériques surpeuplés, les réunir par une suite non interrompue de promenades et de monuments, tel est le but qui doit guider l’État dans sa décision au sujet des terrains militaires des fortifications désaffectées ».

Il propose de

« créer dans un délai de cinq ans sur leur emplacement, neuf parcs d’une contenance moyenne de 15 hectares sans qu’aucun d’eux puisse être d’une surface inférieure à 10 hectares; d’aménager dans l’intervalle, des places de jeux ayant au moins un hectare et relier l’ensemble par une large avenue dont les dispositions pourront être variables, mais dont la largeur ne sera pas inférieure à 70 mètres ».

D’autres projets sont étudiés comme celui de Dausset qui veut transformer la zone en parcs et jardins, la grevant d’une servitude non plus « défensive » mais « hygiénique ». Pour créer un mouvement d’opinion à l’appui de son projet, Louis Dausset suscite la création d’une « ligue pour les espaces libres et les sports ».
Celle-ci préconise la création d’une ceinture verte de 210 hectares et d’un chapelet de onze parcs de 370 m de largeur moyenne.

Le projet de Louis Dausset en 1913 - Nord de Paris

Le projet de Louis Dausset en 1913 - Est de Paris

Projet d’espace vert sur les fortifications par Louis Dausset en 1913

 

Le 1er juillet 1908, Jules Siegfried propose la création de quatre grands parcs sur la Ceinture. Entre 1910 et 1912, Eugène Hénard présente un plan global d’aménagement en proposant, comme Jules Siegfried, des grands parcs au lieu d’une ceinture verte continue.

En Allemagne, le remplacement des fortifications de Francfort par un anneau de promenade est un sujet de discussions passionnées. Un journaliste, Jules Huret, ironise en 1907 sur l’amour de la nature des Français

« En France quand on démolit des remparts on cherche immédiatement à faire de l’argent avec le prix des terrains » alors qu’en Allemagne « on pense tout de suite à y tracer des promenades et à y planter des arbres et l’on bâtit plus loin ».

Tout ces projets avorteront.
Les problèmes de circulation à une époque où la voiture devient reine, le besoin de logements sociaux après la guerre de 14-18 feront que ces projets ne seront que très partiellement réalisés : on bétonnera la zone en construisant le boulevard des Maréchaux, puis une ceinture de logement en brique (les HBM) et enfin le boulevard périphérique.

Les projets de 2023 tournent en rond

Aujourd’hui, on est très loin des ambitions d’hier et les discussions sont animées entre, d’une part, la ville, qui veut construire des logements sociaux et des bureaux sur une partie des terrains disponibles, et, d’autre part, les écologistes qui refusent toute nouvelle construction.

Le projet de l’aménagement de la porte de Montreuil en est un exemple : la mairie propose un projet comprenant un chapelet de huit immeubles en bordure de la zone, avec, entre autres, des bureaux et un hôtel. Les écologistes présentent un contre-projet sans construction nouvelle.

Et les discussions animées restent toujours en cours.

Fouilles Saint-Germain-de-Charonne

Conférence : l’archéologie parisienne et la fouille de l’église de Charonne

Notre association porte le nom « d’Histoire et d’Archéologie » et il faut reconnaître que nous abordons rarement le thème de l’archéologie. Nous en connaissons bien-sûr la raison : le 20e n’est pas très riche en ce domaine. D’où l’idée d’inviter un expert de la Ville pour nous aider à en savoir davantage dans ce domaine, sur Paris et sur notre arrondissement.

La conférence a lieu le jeudi 15 juin à 18h30 précises à la mairie du 20e

De sa naissance au XIXème siècle jusqu’à aujourd’hui, l’archéologie parisienne a profondément renouvelé ses méthodes et ses problématiques. Une présentation de ces évolutions permettra de mieux comprendre notamment la fouille récente de l’église Saint-Germain de Charonne.

Archéologie à Saint Germain de Charonne

Rapport de fouille de l’église Saint-Germain de Charonne

L’opportunité des travaux d’Haussmann

À cette occasion, rappelons que nous fêtons cette année les 170 ans de la nomination du préfet Haussmann à Paris, devenu surtout  célèbre par ses travaux et constructions qui ont transformé la ville. Qui dit travaux, dit destruction avant construction et au XIXème siècle, la préservation du patrimoine va prendre toute son importance avec les moyens matériels et humains pour sa recherche, sa collecte et sa protection.

Patrimoine visible et patrimoine caché

Pour assurer cette large mission, la Ville de Paris dispose de son Pôle archéologique, rattaché à la Direction des Affaires Culturelles (DAC). Cette Direction est dirigée depuis l’an dernier par l’ancienne ministre Aurélie Filipetti, et le pôle archéologique est lui-même issu à l’origine de la Commission du Vieux Paris.

Notre conférencier, Julien Avinain, est le responsable du Pôle archéologique de la Ville de Paris.

 

Porte de Bagnolet éclairé

50 ans après, le périph parisien a-t-il encore un avenir ?


Il a un demi-siècle exactement, le 25 avril 1973, le boulevard périphérique parisien – vite rebaptisé en « périph » – bouclait la boucle (35 km) en signant la fin de près de vingt ans de travaux. Balayés « les fortifs » et « la zone »… et les rêves hygiénistes de la « ceinture verte ». En ce temps-là, la voiture toute puissante dominait tout et Pierre Messmer, premier ministre de Pompidou, saluait « la grande œuvre [qui devait] améliorer la circulation » des Parisiens et de leurs voisins. Mais, après l’euphorie des premiers temps, on déchanta vite… et aujourd’hui le périph parisien s’interroge sur son avenir.

Porte de Bagnolet - bretelle d'entrée du boulevard périphérique

Entrée du périphérique à la porte de Bagnolet

Un coup d’œil dans le rétro

Vers 1840-1843, le gouvernement de Thiers fait édifier tout autour de la « petite banlieue » mitoyenne de Paris, qui sera annexée en 1860, une enceinte militaire défensive destinée à protéger la capitale de toute menace d’invasion.

Faite de murailles imposantes, elle est doublée à l’intérieur d’une route militaire ou rue Militaire, large de 40 mètres, qui dessert les fortifications, et, à l’extérieur, côté banlieue, de fossés et d’un large glacis, zone non aedificandi de 250 mètres, sur laquelle sont strictement interdites toutes installations pérennes en dur. Ces fortifications créent une profonde rupture dans le tissu urbain entre Paris et sa banlieue. Mais, les techniques de la guerre évoluant, ces fortifications ne serviront jamais, sauf peut-être contre les Parisiens, pendant les sièges en 1870-1871.

Dans les années 1920, on en décide le démantèlement et on urbanise les terrains situés à l’extérieur des boulevards des Maréchaux. On y construit notamment les immeubles sociaux en briques rouge des « habitations à bon marché » (HBM) et des équipements publics, installations sportives et espaces verts, comme, dans l’Est parisien, le square Séverine ou le parc de la Butte du Chapeau Rouge.

Porte de Bagnolet vers 1900

Bagnolet, barrière et fortifications, vers 1900

Et aujourd’hui ?

Aujourd’hui, alors même qu’il fête son demi-siècle, le périph est devenu synonyme d’embouteillages (1,1 million de véhicules l’empruntent quotidiennement) et de nuisances, de bruit et de pollution qui impactent la santé et les conditions de vie des milliers de Parisiens et de résidents de la métropole vivant à ses abords.

Une réflexion menée depuis 2019 par la Ville de Paris (APUR) sur le devenir du périphérique parisien a abouti à la rédaction d’un « Livre blanc » prônant 40 mesures qui visent à transformer cette autoroute urbaine en boulevard urbain à l’horizon de 2030. Objectifs : réduire la pollution sur l’ensemble de la métropole et permettre aux plus de 500 000 Franciliens concernés de vivre mieux et en meilleure santé. Les transformations se dérouleront en plusieurs phases, avec des échéances à 2024 puis à 2030.

Porte de Bagnolet en 1966, construction de l'échangeur

Porte de Bagnolet en 1966, construction de l’échangeur 

Déjà quelques aménagements ont été livrés, comme notamment la couverture du périph à la porte des Lilas.

Mais, à quelques mois de l’ouverture des JO 2024, dans la logistique desquels le périph est appelé à tenir une place déterminante, le mouvement s’accélère et déjà une concertation a été lancée autour de la pérennisation d’une voie du périph réservée au covoiturage/bus/taxis.

Et d’ici 2030, les choses vont s’intensifier avec la transformation de certaines portes de Paris en places vertes (22 au total), la végétalisation large des abords du périph et l’optimisation et la prolongation des réseaux de transports en commun.

Ainsi continue de s’écrire la longue histoire du périphérique parisien.

Porte de Bagnolet avec les Mercuriales au fond

Porte de Bagnolet avec les Mercuriales au fond. Wikimedia.

Pour en savoir plus :

https://www.paris.fr/pages/de-la-ceinture-grise-a-la-ceinture-verte-comment-le-peripherique-va-se-metamorphoser-21145

François-Nicolas Haxo (1774-1838)

par Yannick Guillou (54mn)

Dans notre arrondissement, nous connaissons la rue Haxo devenue tristement célèbre du fait du massacre des otages lors de la semaine sanglante de 1871. Dans sa conférence du 7 janvier 2015, Yannick Guillou nous raconte l’histoire de ce général baron d’empire, son parcours militaire et sa vie personnelle.

François-Nicolas Haxo changera plusieurs fois d’activité dans l’armée : parmi notamment ses constructions, il mettra en chantier les fortifications de Belfort, après Vauban et avant Denfert-Rochereau. Il s’intéressera aussi aux fortifications de Paris. Il tentera par ailleurs sans succès une carrière politique.

par Yannick Guillou le 7 octobre 2015.