Jacques Delors, un enfant de Ménilmontant
Enfant de Ménilmontant, Jacques Delors nous a quittés
Jacques Delors vient de mourir ce 27 décembre 2023 et la presse nationale et européenne s’en est émue. Elle a rappelé son parcours d’homme politique arrivé jusqu’à la présidence de la Commission européenne entre 1985 et 1995. Jacques Delors, le favori des sondages aux présidentielles de 1994 et qui a pourtant décidé de « ne pas y aller ».
Sans doute plus anciens, son engagement religieux et son action syndicale ont été moins abordés, et tout commence dans le 20e. Son engagement en tant que chrétien social l’a poussé à vouloir déconfessionnaliser la CFTC. Avec d’autres responsables, il a participé à la création de la CFDT en 1964, ainsi laïcisée, c’est-à-dire en toute indépendance de l’Église.
Le mensuel le Pèlerin cite son proche collaborateur, Jérôme Vignon, qui se souvient d’un échange à Bruxelles en 1985 entre Jacques Delors et le pape : « Le pape lui en a voulu de laisser tomber la CFTC. Pour lui, il fallait revendiquer de manière visible sa foi chrétienne ».
Un riche parcours européen et français, celui d’un jeune qui avait déjà commencé à s’engager dans nos quartiers.
Le jeune catholique pratiquant dans le 20e
Plus localement donc, Jacques Delors est né à Paris en 1925 et c’est un enfant de Ménilmontant, là où habitaient ses parents. Ses grands parents tenaient un restaurant bar, maintenant disparu, dans le 20e.
Élève brillant d’une école du quartier, il obtient son certificat d’études avec la mention « très bien », et puis il poursuit ses études au lycée Voltaire.
Ses parents étaient des catholiques pratiquants et Jacques Delors allait à une église catholique située au 130 rue Pelleport, Notre-Dame-de-Lourdes. L’église qu’il fréquentait a été détruite pour raison de sécurité et à sa place, une nouvelle église sera construite et bénie en 1980. Comme beaucoup d’enfants du quartier, il allait au patronage les jeudis et dimanches.
À cette époque, deux patronages catholiques se partagent la rue de Ménilmontant :
– La « Jeanne d’Arc de Ménilmontant » dans le haut de la rue, créée en 1899 et liée à la paroisse Notre-Dame-de-Lourdes,
– Les « Ménilmontagnards » dans le bas de la rue, créée en 1898.
Ces patronages permettaient aux jeunes de pratiquer du sport et des activités culturelles.
Lui a fréquenté « La Jeanne d’Arc de Ménilmontant » et joué au basket. Il était considéré comme un bon joueur mais préférait le football, et allait, avec des camarades, taper le ballon dans les terrains vagues du 20e.
Sa jeune vie de cinéphile à Ménilmontant
L’une de ses passions était le cinéma ; il a créé le « Ciné-club de la Jeanne d’Arc » dans les locaux du patronage et, sous l’œil attentif du curé, projeté des films qui lui plaisaient. Il louait un projecteur de 16mm et un film. Lors de la séance, il présentait le film puis, après la projection, il animait une discussion. Ses préférences allaient aux films du néoréalisme Italien, aux films français comme « La règle du jeu » et au cinéma américain, en particulier les films d’Orson Wells et de John Houston dont la « philosophie de l’échec » l’intéressaient beaucoup. Sa mère l’a d’ailleurs inscrit à l’école du cinéma l’IDHEC, mais il cède finalement à la pression de son père et renonce à y aller. Dans une interview il disait « on devrait avoir plusieurs vies ».
Voilà pour sa jeunesse dans nos quartiers, mais sa modestie sans doute ne nous a pas permis d’en savoir davantage.
Jacques Delors, un enfant de Ménilmontant
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