Cet automne, nous inaugurons notre partenariat avec notre consœur du 12e arrondissement.
Les 8 et 15 octobre à 15h, notre nouveau partenaire Histoire et Patrimoine du 12e  invite l’AHAV (5 adhérents par date) à visiter gratuitement la Fondation Eugène Napoléon. Nous leur transmettrons la liste des inscrits. 
Pour notre part avec eux… et en pensant aussi à nos nouveaux membres, nous proposons une visite générale du Père Lachaise :


Voyage au bout du Père Lachaise

 

À travers le cimetière-musée, aborder l’histoire du quartier, de Paris… et de la France.

Découvrir ce cimetière le plus visité au monde avec ses personnages célèbres, mais aussi son origine, les enjeux/conflits entre l’Église et l’État… et aujourd’hui comment ça marche.

Cette visite gratuite réservée aux adhérents aura lieu :

📅 Samedi 12 octobre et samedi 16 novembre 2024 (même visite aux deux dates)

🕙 À 10h00

⏳ Durée 2h

Le lieu de rendez-vous sera précisé par retour du courrier d’inscription

Sortie Père Lachaise signalée au métro Gambetta- PG




Les eaux nouvelles et anciennes du 20e

 

Nous vous proposons une visite sur Les eaux nouvelles et anciennes du 20e

📅 Dimanche 27 octobre 2024

🕙 À 10h

⏳ Durée environ 2h30mn – 3,5km

Cette visite guidée par Jacques Paulic est réservée à nos adhérents sur inscription à notre courriel : ahav.paris20@gmail.com
Le lieu de rendez-vous sera précisé en retour.

 

L’alimentation en eau potable de Paris partage une longue histoire avec le 20e arrondissement.
Dans ce parcours original, nous évoquerons en premier lieu l’approvisionnement en eau, récent et présent.
Puis nous remonterons dans le temps pour découvrir des captages historiques des Sources du Nord.

Portrait d'Eugène Belgrand

Eugène Belgrand

Une personne a bien connu les eaux nouvelles et anciennes au 19ème  siècle : il s’agit du grand ingénieur Eugène Belgrand.

Il a conçu une grande partie du réseau moderne et actuel de Paris. Il avait aussi étudié les réseaux anciens et écrivait en 1877 :

« Lorsque j’aurai disparu avec trois ou quatre collaborateurs et autant d’anciens serviteurs qui surveillent les tronçons d’aqueducs comme une chose sacrée, qui en jaugent l’eau comme si elle était encore indispensable à Paris, il ne restera pas même un souvenir de ces vieilles choses ».

Venez voir !

Châteaux d'eau du réservoir de Ménilmontant

Châteaux d’eau rue du Télégraphe-PG

Depuis l’an dernier, le théâtre de la Ville a pris à nouveau le nom de son ancienne directrice Sarah Bernhardt, nom qui lui est désormais acollé. Mais aujourd’hui il s’agit de (re)découvrir L’Extraordinaire Destinée de Sarah Bernhardt grâce à la nouvelle pièce qui se joue actuellement … au théâtre du Palais Royal.

Sarah Bernhardt revient régulièrement dans nos actualités. Excellente occasion de mettre en avant notre article paru pour la première fois le 11 juin 2021. Il traite un peu de son parcours et surtout de sa popularité lors de son enterrement au Père Lachaise.

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mise à jour du 23 mars 2023

À une jeune comédienne qui lui disait  : «Moi, je n’ai jamais le trac sur scène»,  Sarah Bernhardt lui aurait répondu: «Ne vous inquiétez pas ma petite, ça vous viendra avec le talent».

Sarah Bernhardt, la première « mégavedette internationale » comme l’intitule aimablement  Radio Canada, est morte il y a cent ans,  le 26 mars 1923. Un hommage national lui est rendu tout prochainement sous différentes formes, avec en particulier une exposition ouverte au Petit Palais jusqu’au 27 août 2023.

De notre côté, plus modestement, nous reproduisons ici notre article paru le 11 juin 2021.

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Sarah Bernhardt : la presse, les ondes et Vénus

Elle est née « officiellement » le 25 septembre 1844. En tout cas, d’après son état civil reconstitué, les archives de l’Hôtel de Ville ayant été brûlées lors des derniers jours de la Commune.

Elle est la première actrice de théâtre à avoir fait des tournées dans le monde entier

Elle a atteint des sommets de sa célébrité… au point même que son nom est choisi en 1985 désigner un cratère sur Vénus.

Et enfin, elle reste encore ces mois-ci d’actualité, on ne sait pas pourquoi. Ainsi, dans son numéro de juin, L’ami du 20e lui consacre deux articles : celui dans sa série sur le Matrimoine du Père-Lachaise (extrait du livre le Matrimoine de Paris), et le second à propos du square du 20e qui porte son nom… et des arbres qui y sont abattus.

Le matrimoine de Paris, un itinéraire dans le 20e

Le matrimoine de Paris, éditions Bonneton

Autre support, ce 9 juin 2021 sur France Culture, dans son émission le cours de l’histoire, Sarah Bernhardt fait l’objet d’une émission entière à propos de son éloquence, d’un autre temps, avec comme titre : « Sarah Bernhardt en faisait-t-elle trop ? ». Nous pouvons y entendre un court extrait de sa voix enregistrée à cette époque.

Dans leur lettre d’information daté de mai 2021, nos amis de la Société historique du VIe arrondissement nous parlent aussi d’elle, dans le cadre du Paris assiégé en 1871, avec comme sous-titre : Quand Sarah Bernhardt joue les infirmières. Nous y apprenons, en détail et au quotidien, son rôle premier et son implication dans la transformation du théâtre de l’Odéon en hôpital.

Enfin -mais cette fois-ci pour mémoire- lors de ses funérailles similaires à celles des funérailles nationales, cinq chars ont défilé, couverts d’un ensemble de gerbes et de couronnes.

cortège lors du décès Sarah Bernhardt

Début de cortège lors du décès Sarah Bernhardt, bnf

Obsèques de Sarah Bernhart

La foule lors des obsèques de Sarah Bernhart, bnf

Le quotidien Le Siècle, daté du 31 mars 1923, avance le fait que « de l’église (Saint-François-de-Sales) au cimetière, l’on a évalué à plus d’un million le nombre des assistants… Au coin des rues, des marchands de cartes postales vendaient le portrait de la grande artiste. » Au Père Lachaise, des milliers de personnes l’attendaient.

 Enterrement de Sarah Bernhardt au Père Lachaise

Enterrement de Sarah Bernhardt au Père Lachaise, bnf

 Père Lachaise tombe de Sarah Bernhardt

Au Père Lachaise, en attendant le cercueil de Sarah_Bernhardt, bnf

Tombe de Sarah Bernhardt au Père Lachaise en 2021

Tombe de Sarah Bernhardt au Père Lachaise, PG

Une flamme paralympique est passée dans le 20e

au Père Lachaise, devant le mur des Fédérés

 

Ce 28 août 2024, Paris a vu arriver 12 flammes paralympiques venues de toute la France, et parmi elles, celle qui a traversé le tunnel sous la Manche. Un évènement rare, particulièrement innovant dans sa mise en scène, d’importance mondiale. Un événement incontournable et toute la presse s’en est largement fait l’écho.

Mais localement, peu d’entre nous ont su qu’une flamme -parmi les douze en mouvement- passerait par le 20e arrondissement… et plus précisément à l’intérieur du Père Lachaise.

Le rendez-vous a eu lieu à 14h. Le lieu choisi ? Devant le mur des Fédérés, un relais situé sur les traces de l’Histoire de France -par son patrimoine- et dont la main est tendue symboliquement ce jour-là par le sportif tenant la flamme.

 

L’origine du sport obligatoire à l’école

Autre lien sur place entre le passé et le sport, Ménil’info nous apprend que Paschal Grousset avait créé en 1888 la Ligue nationale de l’éducation physique. Ce député communard ira jusqu’à « instituer tous les ans un grand concours entre les champions des écoles »

D’une manière générale, la mise en place et l’évolution de l’éducation physique à l’école s’étalera tout au long de la seconde moitié du XIXème siècle.

 

L’événement du 28 août 2024 en images

Parcours flamme paralympique, fermeture partielle au Père Lachaise

Parcours paralympique, fermeture partielle au Père Lachaise, Affiche sur la barrière provisoire-PG

 

Dès 11h30 ce 28 août, plusieurs barrières bloquent  le passage aux véhicules à certains endroits-clé. Les préparatifs sont en place pour une cérémonie qui débute à 14h devant le mur des fédérés.

 

Flamme paralympique au Père Lachaise

Flamme paralympique devant le mur des Fédérés-PG

 

Pendant un court moment, l’athlète portant la flamme fait face  à la plaque du mur des Fédérés puis  se retourne face à la centaine de personnes présentes à cette occasion. Et dans cet instant, une choriste accompagnée d’un guitariste est venue chanter « le temps des cerises ».

 

Flamme paralympique Athlète  devant le public du Père Lachaise

Flamme paralympique devant le mur des Fédérés, face au public-PG

 

Puis, notre athlète fait face au public et après un nouvelle courte pause  prend le chemin du départ. Il va effectuer le parcours prévu, un parcours qui le mènera vers la sortie principale du cimetière.

Et au moment où le porteur de la flamme vient de quitter les lieux, arrive l’instant de la « photo de famille », réalisée sur place devant le mur des Fédérés. À noter, la plaque commémorative avec juste au-dessus les roses déposées juste avant la photo par des personnes présentes.

Les élus et les membres des amies et amis de la Commune de Paris se regroupent derrière leur banderole. 

Une flamme paralympique, au mur des fédérés et les élus parisiens

La « photo de famille » du 28 août 2024, célébrant le départ de la flamme devant le mur des Fédérés-PG

À droite de l’image nous pouvons distinguer Anne Hidalgo maire de Paris. À ses côtés Éric Pliez maire du 20e et, tout à droite, Hamidou Samaké, élu du 20e notamment chargé de la mémoire et des anciens combattants.

Cette photo marquera la fin de la cérémonie, le top du départ où tout doucement les spectateurs se disperseront pour rejoindre lentement les différentes sorties du cimetière.

 



Les JO de 1924 et la piscine des Tourelles

 

En 2024, Paris accueille les Jeux Olympiques pour la troisième fois.

Son rénovateur, le Baron Pierre de Coubertin, souhaitait que la première édition des Jeux se déroule à Paris en 1900, en raison de l’Exposition universelle. Pour mémoire, les premiers Jeux Olympiques de l’ère moderne auront symboliquement lieu à Athènes en 1896 et seront inaugurés par le roi Georges 1er de Grèce.

Le Baron Pierre de Coubertin en 1915

Baron Pierre de Coubertin-Wikimédia

Dans le prolongement d’Athènes donc, Paris prend la suite avec ses premiers Jeux dans la capitale en 1900, puis une nouvelle fois en 1924… Et à cette occasion, la ville construira la piscine des Tourelles devenue « Georges Vallerey » (voir notre article Les JO 2024 et la piscine Georges Vallerey)

Piscine Georges Vallerey, site d'entrainement pour les JO 2024

La piscine Georges Vallerey, site d’entrainement pour les JO 2024 – VV

À souligner à propos des JO de 1900

En 1900, pour la première fois, 22 femmes s’affrontent dans 95 épreuves olympiques, même si Coubertin et d’autres sont hostiles à la participation des femmes.

Parmi les compétitions reconnues, certains sports comme la pelote basque, le cricket et le croquet (l’ancêtre du golf) et plusieurs épreuves (par exemple le saut en longueur à cheval et la natation avec obstacles) font leur seule apparition de l’histoire au programme olympique. Il y a des compétitions non reconnues comme la pêche à la ligne et le tir au canon.

Les principales épreuves ont lieu à Paris et dans les bois de Vincennes et de Boulogne, et les sports nautiques (aviron, natation, water-polo) ont lieu le long de la Seine.

Cette année-là, la France remporte le plus de médailles devant les États-Unis et la Grande-Bretagne.

Les Jeux Olympiques de 1924

La septième édition des Jeux Olympiques a lieu à Paris du 5 au 27 juillet 1924.

La participation atteint le record, pour l’époque, de 44 nations et 3 089 athlètes (dont 135 femmes) qui s’affrontent dans 17 sports et 23 disciplines.

Comme lors des deux éditions précédentes, les États-Unis arrivent en tête des nations les plus médaillées (99 médailles), suivis par la Finlande… et la France qui remporte trente-huit médailles, dont treize en or.

Le baron Pierre de Coubertin se retire à l’occasion de ces Jeux et meurt en 1937.

Carte postale : compétition de water-polo à la piscine des Tourelles - JO de 19124

Match de water-polo à la piscine des Tourelles – JO de 1924 – carte postale

La piscine des Tourelles parmi les nouvelles constructions

Le premier village olympique est construit à cette occasion, un ensemble de baraquements en bois ainsi qu’un stade olympique de 45 000 places à Colombes.

Parmi les autres constructions réalisées en vue de ces Jeux, citons la piscine des Tourelles située dans notre arrondissement, au 148 avenue Gambetta. Le complexe comprend un bassin aux dimensions olympiques (50 × 21 m), qui peut être divisé en deux piscines de 25 m ou 37,5 m + 12,5 m grâce à une cloison mobile.

Il peut accueillir des compétitions de natation et de water-polo et possède des gradins pour une capacité de 1 500 spectateurs.

Départ de la finale du 400 mètres nage libre à la piscine des Tourelles le 18 juillet 1924

Départ de la finale du 400 mètres nage libre à la piscine des Tourelles le 18 juillet 1924 – Wikimédia

La piscine des Tourelles est rénovée entre 1986 et 1989 sur les plans de l’architecte Roger Taillibert. La piscine porte depuis 1959 le nom du nageur Georges Vallerey décédé en octobre 1954.
Durant ces jeux de 1924, le nageur américain Johnny Weissmuller, qui venait d’avoir 20 ans, remporte dans cette piscine trois médailles d’or et une de bronze. Son exceptionnel palmarès s’élève à 52 titres nationaux et 67 records du monde. Il mettra un terme à sa carrière en n’ayant jamais perdu une course. À partir de 1929, Johnny Weissmuler interprète le rôle de Tarzan au cinéma et obtient un grand succès.

Podium du 400 mètres nage libre aux JO de 1924 : Andrew Charlton 3e - Johnny Weissmuller 1er - Arne Borg 3e

JO 1924, Johnny Weissmuller 1er sur le podium du 400 m nage libre-Wikipédia

Les JO de 1924, un succès médiatique

Cette année là, environ sept cents journalistes sont présents à Paris pour suivre les compétitions. Pour la première fois, des épreuves olympiques sont commentées en direct à la radio. C’est le début d’un intérêt pour les Jeux qui va grandissant avec l’arrivée de la retransmission des épreuves par la télévision en 1936 à Berlin.

Aujourd’hui, les Jeux Olympiques sont regardés par des milliards de téléspectateurs et le CIO (Comité International Olympique), qui possède tous les droits de retransmission, en retire là sa principale source de financement.

Août 1944, la libération de Belleville

 

Ce dimanche 25 août 2024, la mairie du 20e commémore la Libération de Paris et de l’arrondissement. Il s’agit cette année de son 80ème anniversaire et l’événement a lieu à 12h30 dans le hall d’entrée, devant le monument aux Morts. À cette occasion, nous reproduisons notre article  paru le 24 août 2022.

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Maurice Arnoult, le bottier de Belleville… nous raconte la libération de Belleville

Sur notre site, vous avez pu lire ici un article consacré à la « bataille du rail » de la gare de Ménilmontant, héroïquement menée, le 23 août 1944, par Madeleine Riffaut à la tête d’une poignée de résistants.

Un autre Bellevillois nous a laissé un témoignage sur cette période mouvementée. Maurice ARNOULT (1908-2010) a passé presque toute sa vie dans le quartier de Belleville ; il y est arrivé en 1922, s’y est formé et y a travaillé comme artisan bottier, pendant plusieurs décennies, pour les grandes maisons de couture parisiennes. Dans son modeste atelier de la rue de Belleville, il a observé la vie quotidienne de son quartier, particulièrement pendant la Seconde Guerre mondiale. Il y a donc vécu la guerre, avec les horreurs de l’Occupation, les restrictions, le marché noir, la collaboration et les déportations…

Maurice Arnoult résistant du 20e

Maurice Arnoult après la guerre, bottier à Belleville dans son atelier

Lui, il a protégé et caché plusieurs familles juives de son quartier menacées par les rafles[1]Il témoigne aussi de l’excitation et de la pagaille joyeuse qui s’emparent du quartier quand les troupes américaines, lancées aux trousses des Allemands, le traversent, au matin du 30 août 1944… Autant de souvenirs qu’il consigne au soir de sa vie dans son livre, Moi, Maurice, bottier à Belleville. Souvenirs d’une vie, écrit avec Michel Bloit et publié chez L’Harmattan en 1993.

Passons la parole à Maurice ARNOULT 

La 2division blindée à Paris

« Avec le mois d’août [1944], chaque jour apporte son cortège de rumeurs sur l’arrivée des troupes alliées. Enfin, le 25 août c’est sûr ; les premiers éléments de la 2e division blindée du général Leclerc |…] roule vers l’Hôtel de ville et la préfecture de police. Des combats d’arrière-garde ont lieu dans tous les quartiers entre les Alliés et les résistants d’un côté et les troupes allemandes de l’autre. La confusion la plus extrême règne faute d’informations précises.»

Les barricades des bellevillois

« Le bruit court qu’il faut partout élever des barricades. Le jeudi 28 août, je me joins aux groupes qui se forment au carrefour de la rue des Pyrénées et de la rue de Belleville. Armé d’une barre de fer j’arrache les petits pavés parisiens en granit gris, à quelques mètres de mon atelier. Des dizaines d’hommes et de femmes du quartier sont là, heureux, après 4 ans d’oppression, de faire quelque chose de défendu, tout en regardant si les Frisés comme on les appelle, ne risquent pas d’arriver. Des troupes ennemies étaient, disait-on, massées dans les banlieues nord.

Dépavement pour barricade

Du 22 au 24 août 1944, des enfants préparant une barricade. Musée Carnavalet

À 3h de l’après-midi, la barricade a fière allure. Les enfants grimpent dessus. Un agent de police, porteur d’un brassard tricolore, y plante un drapeau français. Tout le monde applaudit.

« Le lendemain, 29 août […], il faut l’enlever au plus vite car une division américaine doit passer par Belleville dans les heures qui viennent, à la poursuite des Allemands qui, regroupés dans le nord et l’est de Paris, préparent une contre-attaque. Je me rends aussitôt au carrefour de la rue des Pyrénées qui a servi de point de ralliement pendant la construction de la barricade et où des groupes nombreux commentent les événements. Je leur annonce la nouvelle et n’ai pas trop de mal à les convaincre qu’il faut démolir aujourd’hui ce qu’on a construit hier. […] La barricade est plus vite démolie que construite ; c’est moins excitant et tout le monde est vaguement inquiet. Et si c’était une fausse nouvelle et si c’était une division allemande qui arrivait ? »

Les américains entrent dans Belleville

« Le lendemain matin, vers 6h, le quartier est réveillé par un roulement énorme et continu. Ce sont des chars américains facilement reconnaissables à leur grande étoile blanche. […] Nous nous habillons rapidement et voyons les premiers blindés remonter la rue de Belleville dans un fracas étourdissant. Après les tanks, ce sont des jeeps, des camions, des voitures dépanneuses, de gigantesques remorques, porteuses de pontons pour traverser les rivières. La colonne avance par secousses, s’arrête cinq minutes puis repart.

« Les trottoirs sont maintenant noirs de monde : les enfants en pyjamas, les femmes en chemises de nuit et peignoirs, les hommes en pantalons et tricots de corps. Dès que les chars s’arrêtent, on monte dessus pour embrasser les soldats américains qui vident les verres de vin qu’on leur tend. […] Jamais on n’avait vu une telle armée. Pas un homme à pied ; tout le monde sur des roues, et quelles roues ! On comprend que l’armée allemande ait été complètement enfoncée par de tels engins.

« […] Au café de la rue des Pyrénées, on vide toutes les bouteilles dans les quarts des Américains qui, en échange, jettent à la foule des paquets de cigarettes, de vraies américaines comme on n’en avait pas vu depuis 4 ans. A midi, passent les dernières jeeps. On crie et on chante : good bye, good bye, vive la France. »

Aout 1944, le 20e libéré

Soldats de la 4e division d’infanterie américaine devant la mairie du 20e. Henri Guérard, Paris Musée

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[1] https://www.cercleshoah.org/spip.php?article740. Il a été reconnu Juste parmi les Nations en 1994. 

Fontaine des Innocents, fontaines Wallace

Les fontaines à Paris et dans le 20e

À l’heure de l’été, les fontaines parisiennes font l’actualité. Plus particulièrement celles qui offrent l’eau potable. 1200 d’entre elles y sont installées sous la gestion municipale d’Eau de Paris.

Eau de Paris, siège social -PG

Siège social d’Eau de Paris dans le 13e-PG

La mairie du 20e nous rappelle la partie de l’arrondissement à travers son article intitulé « Les poings d’eau », les statues du bd Davout.

Du côté historique, le musée Carnavalet présente une exposition sur la fontaine des Innocents. Cette exposition se termine le 25 août 2024. Notons que dans le jardin du musée, une fontaine Wallace a été posée en 2022, à l’occasion du 150ème anniversaire de l’installation de ces fontaines.

 

Fontaine Wallace au musée Carnavalet

Fontaine Wallace dans le jardin du musée Carnavalet-PG

Sur la place d’un ancien cimetière

Mais revenons à la fontaine des Innocents, celle qui alimentait en eau le quartier de Halles. Elle vient d’être restaurée tout récemment par la Ville et se situe à l’emplacement de l’ancien cimetière des (saints) innocents, une nécropole particulièrement importante depuis le Moyen-âge et qui restera en place jusqu’en 1785.

Le cimetière des Innocents, musée Carnavalet-

Le cimetière avant la fontaine des Innocents, dessin pour enfants de miss Prickly exposé au musée Carnavalet-PG

Prenant la suite des anciens cimetières, d’abord le Père Lachaise… plus tard dernière demeure de Richard Wallace

À cette date, le cimetière des Saints-Innocents sera définitivement fermé et les ossements transférés dans ce lieu que l’on finira par appeler les Catacombes. À long terme et pour les futurs décès, la solution de remplacement arrivera, avec cette fois-ci une règlementation laïque.

Le Père Lachaise inaugurera en premier lieu cette nouvelle forme de cimetière  -public cette fois-ci- en ouvrant ses portes 20 ans plus tard. Et sur ces terres de Charonne, le lieu disposait déjà de sa propre citerne, installée par les jésuites depuis le XVIIème siècle et qui servait à alimenter sur place leurs fontaines et bassins.

Arrivent les fontaines Wallace en 1872

La fontaine des Innocents aurait-elle inspiré celle créée par Richard Wallace ? En tout cas, la rumeur a couru et objectivement elle lui ressemble en beaucoup de points. Cela dit, la vie de mécène de Richard Wallace va au-delà du don de ses fameuses fontaines parisiennes. Et si pourtant l’homme est très riche, il a voulu être enterré en toute simplicité au Père Lachaise.

L’occasion de reproduire ci-dessous notre article « Les fontaines Wallace, un Paris réussi », paru pour la première fois dans nos actualités le 23 juillet 2021, et mis à jour le 22 mai 2022.

Visite des eaux du 20e par l’AHAV

Enfin, toujours à propos d’histoire d’eau, nous proposons une visite guidée en automne prochain sur : « Les eaux nouvelles et anciennes du 20». Une sortie réservée aux adhérents et dont la date sera précisée dans notre prochaine lettre mensuelle. À noter pour les nouveaux adhérents : leur cotisation  à neuf euros leur est proposée, valable pendant la période de ce second semestre.

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Les fontaines Wallace, un Paris réussi

mis à jour le 22 mai 2022.

Dans ses voeux de bonne année, la Mairie de Paris annonce la couleur : « en 2022 Paris mettra en lumière toutes ses fontaines ». À cette occasion, l’Hôtel de Ville  fêtera les 24 et 25 septembre prochains les 150 ans des fontaines Wallace, lui-même enterré volontairement en toute simplicité au Père Lachaise.

Nous reproduisons ci dessous notre article paru le 23 juillet 2021, sur ce mécène, beaucoup moins connu par ailleurs pour son aide aux parisiens pendant la Commune. Dès l’année suivante aparaîtront ses premières fontaines et leur eau potable, gratuite et accessible à tous.

Gobelets des fontaines Wallace

La canicule de 1946 et « la Wallace », avec ses gobelets attachés. Magazine V du 28 juillet 1946

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Mis en ligne le le 23 juillet 2021

Depuis la fin du XIXème siècle, et surtout quand il fait chaud l’été à Paris, nous pouvons boire gratuitement de l’eau près du lieu où nous trouvons.

Cette possibilité nous a été offerte grâce à l’eau potable des fontaines Wallace, ces 120 fontaines qui font partie de l’identité de la capitale en tant que mobilier urbain. Neuf d’entre elles se trouvent dans notre arrondissement.

On doit ces fontaines à la générosité d’un londonien, Richard Wallace, député conservateur anglais par la suite, mais auparavant bien parisien y compris dans l’âme. Son souvenir en tant que bienfaiteur reste « definitely » gravé dans notre ville.

Fréquentation fontaine Wallace début 20e siècle

Près de 120 fontaines Wallace à Paris

Richard Wallace amoureux de Paris

Élevé à Paris à l’âge de 6 ans par sa grand-mère, il est venu ici avec son père naturel, le marquis d’Hertford, qui lui léguera en mourant (le 25 août 1870) son immense fortune.

Richard Wallace épouse une française, Mlle de Castelnau, et leur fils ira combattre dans les rangs français, avant de démissionner après la répression de la Commune.

Quant à sa générosité, elle est multiple, incessante et d’un niveau élevé. Citons dès avril 1870, la création d’un hôpital de l’avenue de Neuilly qui porte le nom de son père. Et la liste de ses dons va régulièrement s’allonger dans les années qui suivent.

À Paris pendant la Commune

Pendant le siège de Paris puis la Commune, et contrairement à la bourgeoisie qui fuit, Richard Wallace non seulement reste à Paris mais va aider les parisiens dans leur quotidien.

Il finance notamment la Société internationale des secours aux blessés, en leur donnant 3oo ooo F pour acheter une ambulance urbaine portant le nom de son père, et une autre ambulance qui suivra le 13ecorps d’armée.

Portrait de Wallace 1890

Portrait de Wallace,, Le Monde illustré du 26 juillet 1890

Après l’armistice, la ville de Londres lui confie la distribution du ravitaillement qu’elle expédie pour les parisiens. En reconnaissance de l’ensemble de ses services, la reine d’Angleterre l’élève au rang de baronnet le 24 décembre 1871. De son côté, dès le 16 juin 1871, le gouvernement français l’a nommé commandeur de la Légion d’honneur.

Par ailleurs à l’occasion de l’exposition universelle, Richard Wallace -collectionneur et marchand d’art- est nommé par l’Angleterre en 1878, correspondant de l’Institut de France, en lien avec l’Académie des beaux-arts.

À l’origine des fontaines

Mais revenons à 1871. À la fin du siège de Paris et de la Commune, certains aqueducs sont détruits, avec comme conséquence le prix de l’eau qui flambe brutalement.

En urgence dès septembre 1871, Richard Wallace propose à la Ville de Paris de l’eau gratuite à toute heure et pour tous les habitants. Il demande l’autorisation d’installer à ses frais 50 fontaines aux endroits que la Ville aura choisis. La canalisation sera à la charge de la Ville et le choix des lieux se fera finalement d’un commun accord, avec l’eau de la Dhuys pour alimenter ces fontaines.

130e anniversaire des fontaines Wallace. Timbre poste 2001

Fontaine Wallace, timbre poste sorti en 2001

La création et la mise en place des fontaines

La première fontaine est inaugurée en août 1872, sur la place du Combat, boulevard de la Villette.

Haute de 2,71 m pour un poids en fonte de 610 kg, la fontaine est composée de 80 pièces assemblées dans les ateliers. Les croquis ont été dessinés par les soins du bienfaiteur, en s’inspirant de la fontaine des Innocents, dans le quartier des Halles. S’y ajoutent deux gobelets en étain retenus par des chaînettes, gobelets qui seront finalement supprimés en 1952 par mesure d’hygiène.

Du point de vue esthétique, l‘originalité de cet édifice inspire les parisiens au point de lui donner comme surnom populaire : « la brasserie des quatre femmes ». Ces quatre cariatides représentent quatre vertus : simplicité, bonté, charité et… sobriété. Elles rappellent aussi les quatre saisons, pour souligner la mise à disposition d’une eau potable disponible à tout moment de l’année.

Fontaine Wallace

La fontaine Wallace rue Belgrand, avant d’être peinte en rouge

Une couleur unique est imposée, comme tout le mobilier urbain depuis Napoléon III : il s’agit d’un vert profond destiné à s’insérer dans le paysage, la couleur de la nature dans la ville. Le temps a passé et actuellement quelques fontaines parisiennes ont changé de couleur. Celle de la rue Belgrand tout près de la mairie, est peinte en rouge depuis novembre 2019, tout comme antérieurement celle de l’avenue d’Ivry dans le 13e arrondissement.

Richard Wallace au Père Lachaise

Le 23 juillet 1890, jour de son enterrement au Père Lachaise, le journal La Souveraineté Nationale décrivait ainsi cette personnalité discrète qu’était Richard Wallace : « il comprit (et c’est à son honneur) que ceux que la fortune favorise doivent en restituer aux victimes du hasard inégal ».

 sépultures les plus imposantes au Père Lachaise

Angle de la sépulture de la famille Hertford-Wallace,PG

Son enterrement a eu lieu avec une certaine simplicité, à la suite de sa demande répétée de son vivant. Sa volonté a ainsi été respectée et un corbillard de troisième classe suivi de six voitures de deuil sont partis depuis sa propriété, le château de Bagatelle, jusqu’au cimetière du Père Lachaise. Il est inhumé dans sa sépulture de famille à l’entrée sommairement murée.

Richard Wallace au Père Lachaise

Entrée de la sépulture familiale Wallace,PG



Juillet 1794, place de la Nation

La place de la Nation il y a 230 ans, lieu d’un terrible spectacle

 

Pour les habitants du 20e, la place de la Nation est un lieu important. Du point de vue patrimonial bien-sûr, mais aussi bien pratique au quotidien : elle dispose d’excellentes interconnexions avec ses métros, bus, le RER, les taxis et cinq stations Vélib’.

Pourtant et contrairement à une idée répandue, elle ne figure pas à l’intérieur du périmètre de notre arrondissement. Elle le côtoie seulement.

Le quartier de la place de la Nation - Panneau de la Ville de Paris

Panneau local sur la place de la Nation-PG

 

Les 11e et 12e arrondissements ont eu sa préférence alors qu’elle constituait l’ancien axe royal depuis le château de Vincennes. Avec ses 255 mètres de diamètre, elle nous fait penser à la place de l’Étoile. Quant au cours de Vincennes lui-même – ancien lieu de la Foire du Trône depuis 1830 – il dépasse de 13 mètres la largeur de celle Champs Élysées.

Lieu historique sous la royauté, il deviendra le rendez-vous de manifestations, rassemblements notamment sous le Front populaire, et d’une manière générale de fin de parcours à caractère politique et syndical.

 

14 juillet 1936 à la Nation - extrait du journal Le Petit Parisien du 15 juillet 1936 - Gallica-BnF

14 juillet 1936 à la Nation – Le Petit Parisien du 15 juillet 1936 – Gallica-BnF

 

Mais revenons 230 ans en arrière, sous la Révolution avec ses victimes guillotinées sur place.

 

La France sous le régime de la Terreur

Depuis la loi du 10 juin 1794, les tribunaux révolutionnaires sont expéditifs contre « les ennemis du peuple ». Sans tarder, dès le 14 juin 1794 devant la place du Trône renversé, devenue place de la Nation, la guillotine est installée à côté d’un des deux pavillons construits par Nicolas Ledoux.

 

Barrière de Vincennes / Faubourg S(t) Antoine - Estampe de Charles André Mercier - musée Carnavalet

Nation-barrière de Vincennes vers 1787-Paris Musées

 

La guillotine en mouvement

Il faut savoir qu’auparavant, les premières victimes de la Terreur étaient guillotinées face au Louvre, sur la place du Carrousel. Puis la guillotine est déplacée pour s’installer place de la Révolution, aujourd’hui connue sous le nom de place de la Concorde, et ensuite sera démontée pour être posée à l’emplacement de l’ancienne forteresse de la Bastille.

Les raisons de ces déplacements ? Comme les habitants du voisinage sont mécontents à cause des odeurs qui en résultent, il est donc décidé de l’installer loin des habitations, à l’une des portes de Paris. Et c’est ainsi que la porte de la Nation sera choisie et les exécutions en nombre vont commencer sans tarder.

 

Représentation de la guillotine - eau-forte - 20 mars 1792 - image BnF

Représentation de la guillotine – 1792 – BnF

 

Les Victimes

Le 26 Prairial, c’est-à-dire le 14 juin 1794, 38 premières victimes sont exécutées : il s’agit des magistrats des parlements de Paris et de Strasbourg.

Le 17 juin, 61 nouvelles exécutions de condamnés, connus sous le nom de « chemises rouges ». On les avait vêtus de chemises rouges, les vêtements d’infamie d’alors réservés aux assassins.

Ensuite, les exécutions se poursuivent jusqu’au 27 juillet 1794, date de la dernière charrette. La guillotine sera démontée le soir-même et retournera dès le lendemain sur l’actuelle place de la Concorde… le jour-même où sur place Robespierre finira guillotiné.

Au total, du 14 juin au 27 juillet 1794, 1306 personnes âgées de 16 à 85 ans ont été exécutées place de la Nation : 1109 hommes, 197 femmes, 131 gens d’église dont 23 religieuses. À côté de familles nobles se trouvent en majorité des gens modestes : cochers, cuisiniers, couturières, journaliers, épiciers, boutonniers, etc.

La plupart ont été condamnés pour des motifs inexistants ou dérisoires, comme par exemple l’Abbesse Louise de Montmorency sourde et aveugle, accusée d’avoir comploté « sourdement et aveuglément ».

Ont péri entre autres le poète André de Chénier et 16 carmélites de Compiègne dont l’histoire inspirera « Le Dialogue des Carmélites » adapté sous la plume de Georges Bernanos.

Affiche du film Le dialogue des Carmélites de Philippe Agostini et Raymond Léopold Bruckberger - Unifrance1960.

Affiche du film Le dialogue des Carmélites-Unifrance

 

Que faire des cadavres des personnes exécutées ?

À cette époque, il n’existe pas de cimetière près de la Place de la Nation, et les responsables vont rechercher un lieu proche et discret pour enterrer les cadavres.

À côté se trouve le couvent des Chanoinesses dont elles avaient été chassées et qui possède un grand jardin. Il a donc été décidé d’en réquisitionner une partie. Les corps y seront jetés sans cérémonie dans les fosses communes.

Des membres de la famille de La Fayette ont aussi été exécutés, et c’est la raison pour laquelle La Fayette sera enterré dans ce lieu qui deviendra le cimetière de Picpus.

 

Le cimetière de Picpus, depuis sa création jusqu’à aujourd’hui

En 1795, le domaine est vendu. Seuls quelques officiels sont au courant de l’existence des fosses communes. La princesse Amélie de Hohenzollern-Sigmaringen acquiert la parcelle du terrain où se trouvent les deux fosses communes.

Un mur est édifié pour séparer cette parcelle contenant les fosses du reste du jardin. En 1802, Mme de Montagu et ses sœurs organisent une souscription qui permet d’acheter le couvent des chanoinesses et les terrains avoisinants. Un portail est construit pour relier le jardin des Chanoinesses du terrain contenant les fosses communes.

 

Photographie d'une des 2 fosses communes du cimetière de Picpus - PhD

Cimetière de Picpus, une des deux fosses communes-PHD

 

En 1805, une communauté religieuse s’installe dans les bâtiments.

Les familles de nobles exécutés fondent le comité de la Société de Picpus. Un cimetière est créé à côté des sinistres fosses communes – il en est juste séparé par une grille – destiné à accueillir les seuls descendants des familles des personnes exécutées pendant la Révolution. C’est toujours le cas aujourd’hui et constitue ainsi la singularité de ce cimetière.

En 1841, une église toujours existante remplace l’ancienne chapelle.

Dans le cimetière, parmi les tombes célèbres, on trouve celle de Gilbert du Motier, marquis de La Fayette, général de l’armée américaine… dit La Fayette. Il repose à côté de son épouse. Son cercueil est recouvert avec de la terre ramenée des États-Unis et un drapeau américain flotte au-dessus de sa tombe. Chaque 4 juillet, jour de la fête nationale américaine, l’ambassadeur des États-Unis vient lui rendre hommage, accompagné de représentants de la Ville de Paris, du Sénat et d’autres associations.

 

Photographie de la tombe de La Fayette au cimetière de Picpus - PhD

Cimetière de Picpus, tombe de La Fayette-PHD

 

À noter que l’on trouve également dans le cimetière des plaques commémoratives en mémoire des membres des familles descendantes des personnes exécutées qui ont été déportés et sont morts dans les camps nazis durant la Seconde Guerre Mondiale.

Rappelons enfin que le cimetière situé au 35 rue de Picpus, dans le 12e arrondissement, peut être visité. Les informations du texte proviennent de la brochure éditée par le Cimetière de Picpus.

La rafle du Vel d’hiv dans le 20e en 1942

Dans la cour de la Métairie (métro Pyrénées), la mairie de notre arrondissement commémore chaque 16 juillet la « Journée nationale à la mémoire des victimes des crimes racistes et antisémites de l’État français et d’hommage aux Justes de France ».

Ce 16 juillet 2024, Rachel Jedinak était à nouveau présente tout au long des quatre points du chemin, et en fin de parcours au square Édouard Vaillant (photo ci-dessous). Elle nous a rappelé les faits durant cette rafle à travers les moments terribles qu’elle a pu vivre.

Rachel Jedinak square Edouard Vaillant le 16 juillet 2024Rachel Jedinak témoigne devant le panneau rappelant les enfants nés juifs du 20e assassinés-PG

Nous reproduisons ci-dessous notre article paru pour la première fois le 18 juillet 2022,  à l’occasion des 80 ans de cette rafle dans nos quartiers, à destination du Vel d’hiv.

 

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Comme chaque année, ce samedi 16 juillet 2022 a eu lieu la cérémonie rappelant à notre mémoire la rafle du Vel d’hiv des 16 et 17 juillet 1942. Il s’agit de trois endroits de nos quartiers où ont été arrêtés et regroupés les juifs par la police française sous l’occupation.

Leurs plaques commémoratives ont été successivement fleuries après la prise de parole des survivants qui se souviennent de ces jours-là.

Une cinquantaine de personnes était rassemblée à la Métairie, puis à la Bellevilloise et enfin devant l’ancien commissariat intégré dans le bâtiment de la Mairie du 20e. Par ailleurs la cérémonie finira square Édouard Vaillant où un large panneau nous rappelle la longue liste des enfants qui n’en sont jamais revenus.

Cérémonie du Cel d'hivernal dans le 20e

La cour de la Métaierie devant la plaque mémorielle de la rafle de 1942. 16 juillet 2022-PG

Lieux de drame, lieux de mémoire

Devant la cour de la Métairie, lieu de mémoire tout près du métro Pyrénées, nous pouvons voir sur la photo ci-dessus le maire du 20e, Éric Pliez avec de dos à sa droite Jean-Michel Rosenfeld notre ancien maire adjoint . Jean-Michel Rosenfeld -lui-même survivant de la Shoah- a toujours gardé sur lui son étoile jaune ; cette étoile, il finira par nous la montrer en la sortant de sa poche -lentement et dignement- au cours de cette matinée, après nous avoir rapporté ce qu’il a vécu. Il a 8 ans lorsqu’il va vivre et survivre à cette rafle, alors que moins de deux mois avant cette date, le port de l’étoile venait de devenir obligatoire dès l’âge de 6 ans.

 

port de l'étoile juive dès 6 ans

Ordonnance du chef suprême des SS sur le port étoile juive dès 6 ans, extrait du 28 mai 1942- PG

Simplement parce qu’ils étaient juifs

Déjà en 1941 à Paris, une grande rafle avait été effectuée du 20 au 24 août, au cours de laquelle 4 232 hommes juifs ont été arrêtés. Simplement parce qu’ils étaient juifs.

Mais en juillet 1942, les autorités allemandes ordonnent plus largement l’arrestation d’hommes et de femmes juifs en âge de travailler, c’est-à-dire âgés de 16 à 60 ans (55 ans pour les femmes). La France de Vichy va plus loin encore dès le 13 juillet : dans la circulaire d’application de la Préfecture de Police n°173-42 -dactylographiée « secret »- elle va prendre l’initiative d’ajouter cette courte phrase dans un nouveau paragraphe :

« les enfants de moins de 16 ans seront emmenés en même temps que les parents ».

Pas un seul soldat allemand n’a pris part à cette rafle, seule la police française était à la manœuvre sous l’autorité du régime de Vichy. Nos témoins survivants seront victimes de cette circulaire, ils avaient alors bien moins de 16 ans.

De la Bellevilloise jusqu’au square Édouard Vaillant

Ainsi, devant la Bellevilloise, Rachel Jedinak -rescapée à l’âge de 8 ans- se souvient devant nous de ce qu’elle a vécu :

« À la Bellevilloise, « nous étions peut-être plusieurs centaines. Nous étions serrés comme des sardines ». Elle souligne ce qui l’a marqué à vie : « ma mère m’a demandé de partir, je voulais rester avec elle, et elle a fini par me gifler… sur le coup je n’ai pas compris mais plus tard j’ai su que par cette gifle, elle m’avait sauvé la vie ».

Rachel Jedinak témoigne devant la Bellevilloise

Les témoignages de Rachel Jedinak et Ginette Kolinka à sa droite, devant La Bellevilloise le 16 juillet 2022-PG

Puis dans l’ancien commissariat de la Mairie du 20e, Rachel sera enfermée dans la cave et elle nous montrera sur place d’un geste de la main le soupirail où elle se trouvait, cet endroit donnant sur le trottoir fermé par des barreaux.

Ses mots sont simples, sa voix posée appuyant doucement et bien distinctement sur chacun d’entre eux, l’ensemble de ses paroles décrit très précisément les faits, comme le témoignage d’une enfant abordant calmement et intensément ce qu’elle venait de subir. Rachel tient d’ailleurs chaque année à témoigner régulièrement devant les élèves des écoles, tout comme à ses côtés Ginette Kolinka survivante du camp d’Auschwitz-Birkenau et passeuse de mémoire.

Et puis derrière la Mairie, la dernière étape de cette matinée : à l’intérieur du square Édouard Vaillant un grand panneau de novembre 2004 rappelle  la liste des jeunes victimes avec en préambule ce texte en majuscules :

 

Arrêtés par la police du gouvernement de Vichy, complice de l’occupant nazi – Plus de 11 000 enfants furent déportés de France de 1942 à 1944 – Et assassinés à Auschwitz parce qu’ils étaient nés juifs – Plus de 1000 de ses enfants vivaient dans le 20e arrondissement – Parmi eux 133 tout-petits n’ont pas eu le temps de fréquenter une école – Passant, lis leur nom, ta mémoire est leur unique sépulture. Ne les oublions jamais.

suivent les noms de chaque enfant avec leur âge

Stèle des enfants déportés derrière la Mairie du 20e

Square Edouard Vaillant à la mémoire des enfants juifs déportés du 20e – PG

« Ils n’avaient pas de sépulture mais un nom et un âge » rappelle Pascal Joseph, chargé de la Mémoire du 20et du Monde Combattant, avant que chaque volontaire lise chacun successivement cinq noms d’enfants, jusqu’à la fin de la liste.

Enfin plus globalement à l’échelle de notre arrondissement, l’historien Michel Dreyfus présente ainsi dans les Cahiers de la mémoire vivante du 20e datée de 2002, le bilan macabre de ce génocide.

« Le 16 juillet 1942 la plaque dans l’entrée de la mairie le rappelle, 3500 habitants du 20e, dont 1000 enfants, ont été « raflés », par la police parisienne. Déportés, la quasi-totalité d’entre eux n’est jamais revenu, n’ayant pas dépassé, à la fin des trois jours d’un terrible voyage en wagons à bestiaux, le quai des sélections de Birkenau, camp de la mort. Au lycée Hélène Boucher a été inauguré, il y a quelques années, une des premières plaques posées dans un établissement scolaire parisien. Elle porte le nom de 14 lycéennes juives déportées. Le souvenir des enfants est commémoré sur les murs de plusieurs écoles. »

  • À écouter également  le témoignage d’Esther SENOT sur le site de la ville de Paris, une jeune fille de 14 ans qui habitait passage Ronce, dans le 20e avec sa famille et sa communauté d’immigrés polonais. Elle a échappé à la Rafle mais a été prise et déportée quelques mois plus tard à Birkenau, dont elle est malgré tout revenue (lire ici les marches de la mort).

Elle a écrit un livre de souvenirs, « la Petite fille du passage Ronce » (Editions Grasset). 

 

Témoignage d'Esther Senot

Esther Senot, rescapée de la rafle du Vél d’Hiv, témoigne-Photo Ville de Paris

https://www.paris.fr/pages/80-ans-apres-la-rafle-du-vel-d-hiv-le-temoignage-d-esther-senot-21524

https://memoiresdesdeportations.org/personne/senot-esther



Action matrimoniale au Père Lachaise

deux étudiantes au service d’une restauration

 

 

Elles ont réussi, Marie et Violette, nos deux Sciences Po sympas.  Leur challenge de financer la restauration d’un médaillon au Père Lachaise est allé au-delà de leur espérance et elles viennent de nous le faire savoir. Une aventure que nous avons partagée en partie avec elles. Une belle aventure, un excellent souvenir pour nous aussi.
Voici le texte intégral qu’elles nous ont adressé le 28 juin dernier :


Nous voulions simplement vous partager une excellente nouvelle : nous avons réussi à rassembler plus que la somme nécessaire à la tombe de Zoé Alexandrine Cadiot, au Père Lachaise (5370 euros avec un objectif de 4000 euros !), au sujet de laquelle nous nous étions rencontré⋅es cet hiver ! Cette réussite est en grande partie due au mécénat de la Fondation Roc Eclerc et de l’agence AEC, qui ont été sensibles à notre projet. Le surplus financier ira à la restauration de la tombe de l’artiste Claude Vignon elle-même, située à proximité, qui va réintégrer le buste autoportrait de la sculptrice, que l’on a longtemps cru disparu. 
Nous voulions encore vous remercier pour votre aide et votre intérêt pour cette sépulture, l’article a permis d’ancrer le projet localement et de le faire connaître ! Ce fut un vrai plaisir de vous rencontrer et de faire cette belle promenade instructive !

Nous publions ci-dessous l’article paru le 4 mars 2024.




L’action se passe au Père-Lachaise. Coïncidence du calendrier, tout près de la journée de la femme, deux étudiantes de Sciences Po, Marie et Violette, se sont lancées bénévolement dans une opération de préservation du patrimoine au féminin.

Ce sympathique binôme vient plus précisément de s’engager en vue de restaurer le médaillon d’une femme sculpté sur sa stèle. La tombe se situe dans la 86ème division, celle où se trouve notamment Guillaume Apollinaire. Et il ne s’agit pas là de n’importe quelle tombe pour l’auteure célèbre de cette œuvre, puisqu’il s’agit du portrait de sa propre mère.

Recherches, rendez-vous, étude de faisabilité… elles en sont actuellement arrivées à la finalisation du projet : il reste la collecte, le financement destiné à sa restauration. Car l’œuvre sculptée vient de Claude Vignon, sculptrice renommée, écrivaine et féministe. Le montant à collecter pour la restauration s’élève à 4000 €, somme modeste.

Encourageons Violette et Marie dans leur action, faisons connaître ce projet autour de nous. Toute participation, même modeste, est un soutien au patrimoine… ou devrions-nous dire, au matrimoine.

Cimetière Père Lachaise sépulture Zoé Alexandrine Cadiot

Marie et Violette au Père Lachaise devant la sépulture de Zoé Alexandrine Cadiot -PG

La tombe de Zoé Alexandrine Cadiot

Tout ceci est donc une histoire de femmes.
Marie et Violette, toutes deux étudiantes à Sciences Po Paris, ont décidé de choisir la tombe de Zoé-Alexandrine Cadiot pour en restaurer le médaillon. Pas n’importe quel médaillon puisqu’il a été sculpté par sa fille Noémie, dite Claude : Claude Vignon, beaucoup plus connue que sa mère, et dont la tombe est située non loin de la sienne.

Où et qui est monsieur Cadiot ? Sur cette tombe, l’histoire ne le dit pas. Cependant, on trouve trace de nombreux ouvrages d’Histoire politique à la Bibliothèque Nationale.

Sa fille Marie-Noémie Cadiot, dite Claude Vignon (1828-1888), aura une vie haute en couleurs. Et décidera de sculpter ce médaillon de sa mère pour l’apposer sur sa tombe, en hommage à celle-ci. Sculpté en pierre, il a d’abord été exposé au Salon de 1868. La datation du monument est plus tardive et se situe entre 1877 (mort de Zoé-Alexandrine Cadiot) et 1886, soit deux années avant la mort de Claude Vignon elle-même.

 

Tombe de Zoé Alexandrine Cadiot au Père Lachaise

Tombe de Zoé Alexandrine Cadiot – PG

 

Cette initiative part du projet « Le Plus Grand Musée de France étudiant  » (PGMF), issu d’une coopération entre Sciences Po et la fondation de la Sauvegarde de l’Art Français.

Dans la même division que celle de Zoé-Alexandrine Cadiot, on trouve la tombe d’Hélène Bertrand de Beauvoir (1910-2001), peintre et sœur de Simone. Engagée dans la cause féministe, tout comme sa sœur auteure du Deuxième Sexe ; Hélène a créé un foyer pour femmes en Alsace. Élue présidente de SOS Femmes battues à Strasbourg, elle dénonce durant toute sa vie l’oppression des femmes, et notamment à travers ses tableaux.

La sculptrice Claude Vignon

Née le 12 décembre 1828 à Paris et morte le 10 avril 1888 à Villefranche-sur-Mer, Marie-Noémie Cadiot, qui deviendra Claude Vignon, a eu plusieurs vies. Elle sera à la fois sculptrice, critique d’art, journaliste, romancière et féministe française.

En 1843, à l’âge de 15 ans, elle quitte le pensionnat pour se lier à un diacre ayant quitté le séminaire avant d’être ordonné prêtre. Lui deviendra à la fois écrivain libre-penseur et artiste. En 1846, à 18 ans, elle vient vivre avec lui, au grand dam des parents. Échappant de peu à une accusation de détournement de mineure par le père de Noémie, ce défroqué est obligé d’épouser civilement la jeune fille, à la mairie du 10e arrondissement de Paris. Elle le quittera cependant une dizaine d’années plus tard pour le marquis Alexandre Sarrazin de Montferrier.

C’est à ce moment-là que Marie-Noémie Cadiot prend des leçons auprès du sculpteur James Pradier, également au Père Lachaise. Sa vie de sculptrice commence alors, et elle mène de front écriture et sculpture. Au Salon de 1852, elle expose une statue de Bacchus, aujourd’hui au Musée de Caen. Elle participe notamment aux travaux de la fontaine Saint-Michel de Paris – le bas-relief central -, à la décoration du Louvre et des Tuileries – dix bas-reliefs sont placés dans l’escalier qui mène à la Bibliothèque du Louvre. À l’église Saint-Denys-du-Saint-Sacrement, elle réalise les quatre figures du haut-relief du porche : la Force, la Justice, la Prudence et la Tempérance. Elle sculpte de nombreux bustes, dont une statue de Daphné exposée à l’Exposition Universelle de 1867.

Parallèlement, elle écrit dans Le Tintamarre et Le Moniteur du Soir des feuilletons littéraires sous le pseudonyme de « Claude Vignon » (nom tiré du roman « Béatrix » de Balzac, également au Père Lachaise), pseudonyme qu’elle adopte officiellement en 1866. À partir de 1849, elle développe une activité de critique d’art pour le Journal des femmes.

Durant cette période, Claude Vignon fréquente le club des Femmes d’Eugénie Niboyet (1796-1883) née Eugénie Mouchon. Eugénie Niboyet est saint-simonienne, et côtoie la misère effrayante des faubourgs. Face aux inégalités sociales, Eugénie Niboyet invective : « Riches, ouvrez vos coffres-forts ! » ; écrivaine, elle est la première traductrice de Dickens en France ; pionnière du journalisme, elle fonde cinq journaux dont Le Conseiller des femmes, La Voix des femmes et le Journal pour toutes.

 

Carte postale de la tombe de Claude Vignon

Sépulture de Claude Vignon ornée de son autoportrait en buste (début du XXe siècle) – Wikipedia

C’est dans ce contexte à la fois politique, social, artistique et intime, dans ce XIXème siècle riche en luttes et combats sociaux, que s’inscrit la vie de Claude Vignon. Une époque où peu de femmes trouvent la reconnaissance de leurs œuvres. D’où plus localement pour nous, tout l’intérêt de la sculpture de ce médaillon sur la tombe de Zoé-Alexandrine Cadiot.

Aujourd’hui grâce à l’initiative de Marie et Violette, une souscription est ouverte pour restaurer cette œuvre à perdurer.

La restauration est estimée à 4000 euros. Sur place au Père Lachaise, Arnaud Schoonheere, chef de la cellule du patrimoine, a aidé à identifier cette sculpture et soutient pleinement le projet. La campagne de mécénat est donc lancée.

Merci à toutes et à tous de la contribution que vous pourrez apporter à une telle œuvre et à ce qu’elle représente :

https://www.sauvegardeartfrancais.fr/projets/la-sepulture-de-zoe-alexandrine-cadiot/

Pour contacter les porteuses du projet

marie.seigne@sciencespo.fr

violette.lafondgrellety@sciencespo.fr

 

 

Tombe de Claude Vignon au Père Lachaise avant 2006 - aujourd'hui

Tombe de Claude Vignon; À gauche, avant 2006-landrucimeteres.fr / à droite, aujourd’hui-PG

 

Buste de Claude Vignon volé en 2006 puis retrouvé

Buste de Claude Vignon au Père-Lachaise sur sa tombe jusqu’en 2006-www.landrucimetieres.fr
Sculpté par elle-même, il a été volé puis retrouvé et se trouve désormais à la Conservation.

 

Et cette page où vous verrez toutes les œuvres disparues, âmes sensibles s’abstenir !

https://www.landrucimetieres.fr/spip/spip.php?article3114