Pavillon de l’Ermitage, lieu à restaurer

Pavillon de l’Ermitage, du sauvetage aux projets

Entretien avec Claire Goffaux-Espejo

 

Les 16 et 17 septembre 2023, ont lieu les Journées européennes du patrimoine, et cette année pour le 20e, le Pavillon de l’Ermitage est en pleine actualité. Claire Goffaux-Espejo nous en parle.

 

Claire Goffaux-Espejo, vous êtes déléguée auprès du maire du 20e en charge du tourisme et du patrimoine. Vos deux missions sont liées mais plus précisément de quelle manière ?

Nous travaillons actuellement à faire connaître différemment nos quartiers, le Père Lachaise et certains autres points du 20e, comme le Pavillon Carré de Baudouin… et ce fameux Pavillon de l’Ermitage que l’on cherche à restaurer, l’unique pavillon de l’époque Régence de Paris.

En ce qui concerne mes délégations, le regroupement du patrimoine et du tourisme dans une même délégation est une nouveauté bienvenue, à l’initiative du maire.

Claire GOFFAUX déléguée au patrimoine

Claire GOFFAUX dans son bureau en août 2023-PG

Le 20e dispose d’un patrimoine modeste si on le compare aux arrondissements du centre de Paris. Pas facile de le valoriser pour faire venir les touristes ?

C’est vrai au niveau du bâti par exemple. Mais de notre côté, nous avons une offre différente à proposer et ma tâche c’est de valoriser notre originalité, à l’intérieur de cette jonction de plusieurs anciens villages. Deux exemples à propos de nos lieux : nous savons proposer une autre approche du Père Lachaise à travers sa biodiversité et nous disposons de l’une des plus belles vues de Paris au niveau du belvédère du parc de Belleville.

À nous ensuite de le faire savoir, en proposant en plus des circuits touristiques. C’est le cas tout récemment avec « Le temps des cerises », un choix de plusieurs parcours autour de la Commune de 1871, rassemblés sous forme d’un bulletin tout récent et disponible notamment à l’accueil de la Mairie.

À propos de notre patrimoine local, quelles missions vous ont été plus spécialement confiées ?

Tout d’abord et dès mon arrivée, notre maire m’a demandé de m’occuper de la restauration du pavillon de l’Ermitage et de l’utiliser dans le cadre d’un projet d’activités.

Et puis d’une manière générale, j’ai pour mission de développer le tourisme en donnant une image différente du 20e. Il s’agit dans notre patrimoine, non seulement du bâti mais aussi de ceux  qui l’ont construit à travers l’histoire. Les hommes mais aussi les femmes (d’où le titre : Journées du matrimoine et du patrimoine dans le 20e) dont l’importance a souvent été oubliée dans le passé. D’ailleurs actuellement, des projets de balades sont à l’étude dans tous les arrondissements pour raconter l’histoire de Paris à travers les femmes.

Vous intervenez actuellement pour préserver le pavillon de l’Ermitage. Quelle est l’importance à vos yeux de ce pavillon dans l’arrondissement ?

Franchement j’en suis devenue amoureuse, au point d’y vouer une véritable passion. Il faut dire que ce pavillon dispose de plusieurs atouts dans sa manche : il s’agit bien sûr de l’histoire du 20e, ce qui reste du château de Bagnolet, mais il fait aussi partie de l’histoire de France à travers ce dernier bâtiment Régence de Paris. Tous ceux qui viennent le voir sont charmés, il est unique en son genre et bien situé dans le parc public particulièrement fréquenté. Et à l’intérieur, nous pouvons y admirer plusieurs anciennes peintures murales.

Votez pour sauver le pavillon de l'Ermitage

Flyer pour le vote participatif en faveur du Pavillon de l’Ermitage

Quelles sont les étapes à franchir pour la réussite de votre mission au pavillon de l’Ermitage, et où en sommes-nous actuellement ?

En premier lieu, il faut savoir que pour l’instant ce pavillon appartient au Centre d’action sociale de la Ville de Paris (CASVP). Cela dit, même si aujourd’hui elle n’en est pas légalement propriétaire, la mairie peut déjà intervenir – à l’initiative de l’Hôtel de Ville – pour faire effectuer des premiers travaux de sauvegarde. Le pavillon est actuellement fermé et n’est pas sécurisé pour le faire visiter.

Au niveau financement, on attend le résultat du budget participatif. Nous espérons un vote positif en nombre : son résultat est particulièrement important dans la validation de ce projet, non seulement par l’apport financier qu’il propose bien sûr mais surtout à travers le nombre de votants, l’importance de l’attachement exprimé par les habitants.

En attendant, une première somme a été mise à notre disposition, et l’architecte de la Direction des Affaires Culturelles de la Ville est venu plusieurs fois contrôler l’évolution de son «état de santé». Le pavillon continue de se dégrader lentement et nous avons pu en faire lister le coût des travaux, estimé actuellement à deux millions d’euros.

Parallèlement, nous arrivons à la fin d’une longue négociation avec le CASVP pour pouvoir acquérir le Pavillon au nom des habitants du 20e. Avec l’Hôtel de Ville comme troisième interlocuteur.

Dans quel délai pensez-vous finaliser votre action ?

Une fois la négociation de transfert de propriété terminée et le résultat du vote participatif, si tout va bien donc, les travaux pourront commencer dans un an. Mais sans attendre, nous avons déjà préparé la suite, un projet où les enfants pourront entrer avec des propositions qui répondent à leurs curiosités, et où tout sera gratuit.

Ils pourront venir depuis le parc et choisir de voir une expo, un reportage… Nous mettrons à disposition ce que l’on appelle les « micro-folies », une réalisation conçue et supervisée par La Villette à partir des choix de la mairie.

Le catalogue de La Villette est riche de 3000 propositions et notre responsable du pavillon Carré de Baudouin s’est déjà chargé des acquisitions. Pour l’instant, nos « micro-folies » sont itinérantes, et prêtées actuellement au centre Louis Lumière.

Concrètement, chacun pourra choisir son sujet, consultable à l’aide de projections vidéo, de tablettes et de casques de réalité virtuelle.

Ajoutons dans nos projets, une buvette mobile, un atelier d’artistes au premier étage. En résumé, un lieu dédié à l’art, la culture et le divertissement. Un lieu interactif et familial.

Y a-t-il d’autres actions liées au patrimoine, engagées dans nos quartiers ?

Un comité de réflexion travaille actuellement sur la signalétique du Père Lachaise qui va être entièrement refaite, en accord avec le conservateur et validée par l’Hôtel de Ville.

Nous travaillons aussi sur d’autres circuits thématiques, des balades spécifiques sur le patrimoine du 20e. Elles seront ensuite consultables sur le site de la Mairie.

Enfin, une carte interactive est en cours de réalisation. Vous êtes dans la rue, vous pourrez cliquer sur un lien et découvrir tout ce qui existe aux alentours, qu’il s’agisse de commerces, ou de lieux remarquables.

Pavillon de l'Ermitage rue de Bagnolet

Chef d’œuvre en péril : le pavillon de l’Ermitage

 

La conférence est présentée par Christiane Demeulenaere-Douyère, vice-présidente de l’AHAV

Elle a lieu

📅 Dimanche 17 septembre
🕒 À 15h
📍  Au Mama Shelter Paris East, 109 rue de Bagnolet

Au coin de la rue de Bagnolet et de celle des Balkans, se dresse encore une jolie grille de style Régence. Elle cache le Pavillon de l’Ermitage qui est un rare témoignage architectural du passé aristocratique de l’ancien village de Charonne qui a survécu au passage du temps.

Aujourd’hui, le Pavillon de l’Ermitage fait triste figure. Il est fermé depuis longtemps au public et son état matériel se dégrade de jour en jour… Il est grand temps de songer à lui rendre sa splendeur d’antan.

Mais avant de parler d’un avenir que nous espérons tous radieux et prochain, nous retracerons l’histoire de ce lieu, de ses heures de gloire du parc du château de Bagnolet aux années plus grises du vieil hospice Alquier-Debrousse.

Pavillon de l'Ermitage près de l'entrée de l'Hospice

Hospice DEBROUSSE, l’entrée rue de Bagnolet vers 1900

Budget participatif 2023

La rénovation du Pavillon de l’Ermitage est inscrite, à l’initiative de notre association (AHAV), parmi les demandes présentées au Budget participatif 2023 de la Ville de Paris. Nous vous remercions de nous aider par vos votes à soutenir ce projet 

 

Votez pour sauver le Pavillon de l'Ermitage !

Flyer soutenant le vote participatif en faveur du Pavillon de l’Ermitage

… Et consulter le lien suivant pour savoir comment voter pour les idées du budget participatif.

20e Regard des Petites Rigoles

Les eaux nouvelles et anciennes du 20e

Dans le cadre des événements de l’AHAV, nous proposons une visite sur les eaux nouvelles et anciennes du 20e.

  • Dimanche 1er octobre à 10h – environ 2h30 de visite.

Cette visite guidée par Jacques Paulic est réservée à nos adhérents sur inscription à notre courriel : ahav.paris20@gmail.com. Le lieu de rendez-vous sera précisé en retour.

 

L’alimentation en eau potable de Paris partage une longue histoire avec le 20e arrondissement. Dans ce parcours original, nous évoquerons en premier lieu l’approvisionnement en eau, récent et présent. Puis nous remonterons dans le temps pour découvrir des captages historiques des Sources du Nord.

Portrait d'Eugène Belgrand

Eugène Belgrand

Une personne a bien connu les eaux nouvelles et anciennes au 19ème siècle : il s’agit du grand ingénieur Eugène Belgrand.

Il a conçu une grande partie du réseau moderne et actuel de Paris. Il avait aussi étudié les réseaux anciens et écrivait en 1877 : « lorsque j’aurai disparu avec trois ou quatre collaborateurs et autant d’anciens serviteurs qui surveillent les tronçons d’aqueducs comme une chose sacrée, qui en jaugent l’eau comme si elle était encore indispensable à Paris, il ne restera pas même un souvenir de ces vieilles choses ». Venez voir !

Châteaux d'eau du réservoir de Ménilmontant

Châteaux d’eau rue du Télégraphe-PG

Paris et L’Est De La Ville Lumière 1855-1937

par Joanne Vajda (48mn)

Et si pour une fois on faisait un tour chez les riches touristes … ou supposés tels, pour visiter Paris et ses transformations sous leur influence.

architecte de formation, notre conférencière nous emmène avec un léger humour vers le monde de ces personnalités : elle décrit les grands hôtels, palaces et autres constructions avec leurs choix commerciaux pour mieux répondre aux demandes de leur clientèle de passage.

Restaient pour ces touristes le Belleville avec ses guinguettes, le lac Saint-Fargeau, le Père Lachaise… devenus périphériques à leurs yeux mais décrits malgré tout dans les guides touristiques.

par Joanne Vajda le 14 avril 2016.

Champollion en 2022 à la bof

Ramsès et l’Égypte au Père Lachaise

 

À la Grande Halle de La Villette, l’exposition « Ramsès et l’or des Pharaons » se poursuit jusqu’au 10 septembre 2023.

Dans notre article du 18 juin 2022, nous avions déjà cité son nom. Il se trouve que  son portrait figurait alors sur la bâche de l’obélisque en restauration… avec celui de Champollion. Nous fêtions cette année-là les 200 ans du décryptage des hiéroglyphes.

Lui-même enterré au Père Lachaise, Champollion partage notre cimetière-musée avec d’autres personnages liés à l’Égypte ancienne. Ajoutons ici à notre article ci-dessous, celui moins connu de Vivant Denon, fondateur du musée du Louvre, égyptologue et qui a participé à la campagne d’Égypte de Bonaparte.

Vivant Denon au Père Lachaise

La tombe de Vivant Denon en octobre 2022-PG

Les deux hommes se connaissent et au Louvre, Champollion a pu créer et diriger les salles dédiées à l’Égypte. En 1827, le roi inaugure les lieux et donne son nom à cette partie du Louvre : musée Charles X, tout simplement.

________

Champollion et l’Égypte il y a 200 ans

Le Père Lachaise est créé en 1804, soit six ans après la campagne d’Égypte décidée par Bonaparte.  La mode égyptienne est entrée par la suite dans notre cimetière :  nous y croisons de nombreuses sépultures en forme d’obélisques et autres pyramides.

Champollion y est pour beaucoup et en premier lieu pour lui-même puisqu’un obélisque est posé sur sa propre tombe. En cet anniversaire des 200 ans de son décodage des hiéroglyphes, plusieurs événements ont lieu cette année .

Pyramide de Champollion

Tombe de Champollion le jeune au Père Lachaise, restaurée en 2021-PG

Champollion et la place de la Concorde

Tout d’abord l’obélisque de la place de la Concorde qui vient d’être restauré en ce premier semestre 2022, et sous la bâche qui recouvre son échafaudage métallique figurent les portraits des quatre grands hommes liés à ce monument : Ramsès II, Méhémet Ali, Charles X et Jean-François Champollion.

Le vice-roi d’Égypte Méhémet-Ali est à l’origine de cet obélisque offert à la France sous Charles X en 1829, et devenu parisien sur la place de la Concorde en 1836. Il offre ce cadeau à la France en reconnaissance notamment de la découverte de Champollion, lui-même en charge des négociations pratiques liées à cette « main tendue ».

La toute récente restauration de cette œuvre égyptienne est réalisée grâce au mécénat signé en 2021 entre le ministère de la Culture et la société Kärcher.

Portrait de Champollion place de la Concorde

Bäche de l’obélisque en restauration place de la Concorde en 2022

https://www.culture.gouv.fr/Regions/Drac-Ile-de-France/Actualites/Actualite-a-la-une/L-Obelisque-de-Louxor-fait-peau-neuve

https://www.kaercher.com/fr/a-propos-de-kaercher/mecenat/mecenat-culturel/restauration-de-l-obelisque-place-de-la-concorde-paris-france.html

Aujourd’hui, l’obélisque est présenté comme « le plus ancien monument de Paris » …  si l’on considère la date de création de l’œuvre. Robert Solé, journaliste et historien français né au Caire en 1946, le souligne ainsi : « L’obélisque de la place de la Concorde a été taillé en Égypte alors que l’ancienne Lutèce n’existait même pas. »

Champollion, l’autodidacte de génie

Champollion est surdoué pour l’apprentissage des langues : il apprend tout jeune l’hébreu, l’arabe, le copte… et même le chinois. Il est ainsi bien prédisposé pour aboutir dans ses recherches.

Au moment de l’expédition de Bonaparte, les soldats français découvrent en 1799 une pierre à Rosette. Lui n’avait alors que 9 ans, et il ne partira en Égypte qu’en août 1828.

Mais son frère Jacques-Joseph -bibliophile et féru d’antiquité, futur conservateur de la Bibliothèque royale puis professeur à l’école des Chartes- fera tout pour participer à cette expédition : sans succès pour autant.

Les 200 ans de Champollion

Bicentenaire du déchiffrement des hiéroglyphes, logo du Musée du Louvre

Cette pierre de Rosette va faciliter grandement ses recherches en lui donnant une clé de compréhension, les repères grâce à un même texte traduit en trois langues sur ce même support : en grec ancien, en démotiques et en hiéroglyphes.

Avec l’aide d’une copie de cette pierre, de son génie érudit et le soutien permanent de son frère Jacques-Joseph dit « Champollion l’ainé », la recherche de « Champollion le jeune » finira par porter ses fruits.

À 32 ans, en déchiffrant la pierre de Rosette, il finit par découvrir enfin le mystère des hiéroglyphes. Nous sommes alors le 14 septembre 1822 et, bien après l’expédition de Bonaparte. Son immense découverte va prendre une place majeure dans la création d’une nouvelle science : l’égyptologie. https://sfe-egyptologie.website

L’exposition Champollion  à la Bibliothèque nationale de France

Actuellement dans le cadre du bicentenaire de sa découverte, La BNF lui consacre une exposition riche et également conçue à l’attention des plus jeunes.

Le titre de l’exposition : L’AVENTURE CHAMPOLLION, dans le secret des hiéroglyphes. Du 12 avril au 24 juillet 2022. https://www.bnf.fr/fr/agenda/laventure-champollion

Champollion exposé pour les jeunes

Bulle à l’exposition de la BNF sur l’hiéroglyphe destinée aux jeunes -PG

Les prochaines conférences parisiennes sur Champollion

Au Collège de France

Comme nous le souligne l’un des panneaux de l’exposition à la BNF, le 12 mars 1831 Champollion est nommé par Louis-Philippe à la chaire d’archéologie nouvellement créée au Collège de France. Par ailleurs, il aura sa statue dans la cour du Collège en 1875, une sculpture d’Auguste Bartholdi.

En sa mémoire, le  Collège de France  lui consacre un cycle de conférences du 15 septembre au 28 octobre 2022, ayant comme titre provisoire Champollion au Collège de France.

Au calendrier :

  • Le 22 septembre, lecture de la leçon inaugurale de J.-Fr. Champollion
  • Les mardis, du 27 septembre au 28 octobre : cinq conférences sur J.-Fr. Champollion et son œuvre.

Et au musée du Louvre

  • Les 1er et 2 décembre : 1822/2022Autour de Champollion. Déchiffrements d’hier et d’aujourd’hui (titre provisoire), organisée par l’EPHE et le musée du Louvre (Auditorium du Louvre).

 

Champollion, Fourier et Lebas au Père Lachaise

Champollion au Père Lachaise

Détail de la tombe de Champollion avec un chat miniature, simplement posé sur le rebord en bas, symbole de la déesse maternelle et protectrice-PG

« Champollion le jeune » meurt le 4 mars 1832. Il avait alors 41 ans. La cause exacte de sa mort n’est pas connue, probablement du choléra, qui s’abat sur Paris en mars.  Les obsèques ont lieu le 7 mars à l’église Saint-Roch.

Le journal La France nouvelle datée du 8 mars 1832 nous en rend compte :

le comte de Forbin, M. Silvestre de Sacy, M. de Humboldt, M. Arago , portaient les quatre coins du drap mortuaire, et ont accompagné le corps de l’illustre défunt jusqu’au cimetière de l’Est , où MM. Walckenaër et Letronne, de l’Institut , ont prononcé des discours funèbres…

Champollion meurt sans fortune, et ne laisse à sa jeune famille que son nom qui la recommande à la protection du Gouvernement. Nous apprenons en ce moment que M. de Forbin, directeur des Musées royaux, vient de s’adresser au Roi pour lui demander l’autorisation de faire exécuter en marbre le buste de M. Champollion jeune, pour être placé dans le Musée égyptien, dont il est le fondateur. (Journal des Débats.)

Il est enterré, selon sa volonté, près de son ami Joseph Fourier décédé deux ans avant lui, un mathématicien qui a fait partie de la campagne d’Égypte avant de devenir préfet. Fourier s’était lié avec les frères Champollion et avait soutenu « le jeune » dans l’aboutissement de ses recherches.

Fourier proche de Champollion

Tombe de Fourrier  -près de celle de Champollion- restaurée en 2022, en attendant son buste-PG

Enfin, en ce qui concerne l’obélisque de la place de la Concorde, il aura fallu 5 ans à l’ingénieur polytechnicien Apollinaire Lebas (au Père Lachaise, lui aussi avec un obélisque sur sa tombe) pour faire ériger ce monument, en commençant en 1831 par la construction d’un bateau sur mesure, jusqu’à sa mise en place finale en 1836.

Le Bas fait venir l'obélisque

Tombe d’Apollinaire Le Bas, avec au bas de son obélisque un bas-relief représentant l’érection du monument place de la Concorde-PG

Le territoire de Charonne et son évolution

par Philippe Dubuc, du Bureau de l’AHAV,  délégué au partenariat (1h 16mn)

Le territoire de Charonne est l’un des quatre quartiers du 20èmearrondissement avec une superficie de 200 ha, c’est-à-dire d’environ le tiers de la superficie de l’arrondissement. Il s’est considérablement transformé en deux siècles.

En 1800, le territoire de Charonne n’avait pas beaucoup changé et était une campagne agréable et prospère, appréciée des Parisiens, avec des coteaux plantés de vignes, quelques rares bois, des pâturages et deux principaux villages, ceux de Charonne et de Belleville.

par Philippe Dubuc le 4 octobre 2018.

Décor en mosaïque d'Orphée sur le mur du kiosque du square Sarah Bernhardt

La « Divine » Sarah Bernhardt, actrice tout autant qu’artiste, première « star » internationale, fait l’objet d’une exposition au Petit Palais jusqu’au 27 août 2023, à l’occasion du centenaire de sa mort.

Un square porte son nom dans notre 20e arrondissement, près du cours de Vincennes.

Ce square accueille près de 200 arbres réunissant 50 espèces différentes, des sophoras du Japon, des ginkgo biloba, des peupliers noirs, des tilleuls, mais aussi des arbustes : noisetiers, forsythias, cornouillers, oliviers, lauriers et photinias.

Des bâtiments en béton rosé dans le square Sarah Bernhardt

 

Le square Sarah Bernhardt - photographie du kiosque à musique

Le square Sarah Bernhardt – le kiosque à musique derrière les arbres – VV

Les différents bâtiments, typiques des années 30, sont construits en béton rosé et présentent d’élégantes lignes courbes.

Le kiosque à musique est orné de décors en mosaïque représentant Orphée sur le mur et des instruments de musique sur le sol.

Dans l’angle nord-est du parc se dresse un grand abri dont le sol est revêtu d’une mosaïque représentant des animaux des différents continents.

Une fontaine de 33 m de diamètre devait constituer la pièce centrale du square, mais sa structure présente des altérations peu de temps après sa mise en service. Elle est rapidement mise hors d’eau, c’est aujourd’hui une aire de jeux pour enfants.

Au sud-est s’élève un obélisque dont l’origine semble mystérieuse : il existait déjà sur les photographies de l’inauguration du square en 1936. La délibération du Conseil Municipal de Paris du 12 juillet 1934 qui décrit les espaces verts projetés spécifie la fontaine, le kiosque à musique et l’abri de l’angle, mais il n’est fait aucune mention d’un obélisque ou d’une pyramide.

Les seules indications fournies actuellement par la Ville de Paris sont les suivantes : « L’obélisque n’est pas sans rappeler celui du square René-Le Gall (13e). Il est typique des années 30». Le square René-Le-Gall a été créé un peu plus tardivement et son obélisque n’est pas en béton mais en pierres meulières, il était même hérissé de petites touffes d’herbes lors de l’inauguration du square Le Gall en 1938. Le mystère reste donc entier….

Le square Sarah Bernhardt - photographie de l'obélisque

Le square Sarah Bernhardt – l’obélisque – VV

 

Sous le square, l’usine à gaz

Le square Sarah Bernhardt et son voisin le square Réjane ont été aménagés sur un terrain moins verdoyant, où était implantée l’usine à gaz de Saint-Mandé : jusqu’à l’annexion de 1860, la toute petite partie de l’actuel 20e arrondissement située au sud de la rue de Lagny appartenait à la commune de Saint-Mandé.

En 1855, la Compagnie Parisienne du Gaz décide de construire de nouvelles usines à gaz sur des sites à l’extérieur de l’enceinte des fermiers généraux. Elle cherche à limiter les nuisances de cette industrie polluante sur les riverains en s’installant dans des quartiers peu urbanisés.

Ainsi, l’usine de Saint-Mandé s’établit le long du cours de Vincennes. Mais l’expansion foncière rattrape rapidement ces implantations.

Pour faire face à une demande croissante, les installations de l’usine à gaz s’étendent sur des terrains adjacents : les deux derniers gazomètres sont construits en 1885.

Emplacement de l'usine à gaz de Saint-Mandé

Emplacement de l’usine à gaz – Fonds de carte OpenStreetMap

Les conditions de travail des ouvriers gaziers sont extrêmement rudes, les accidents sont nombreux, les brûlures causées par les cokes et goudrons sont les principales causes d’accidents du travail.

En 1907, la Société du Gaz de Paris, qui a repris les installations, cherche à améliorer sa rentabilité en fermant progressivement les plus anciennes usines dont fait partie l’usine de Saint-Mandé.

Mais la baisse de production due à la cessation d’activité de ces anciennes installations doit être contrebalancée par l’agrandissement et la modernisation des usines plus récentes. En effet, malgré la concurrence de l’électricité, la consommation de gaz continue à croître à Paris avec le développement de ses utilisations pour le chauffage et la cuisine.

Le renouvellement des installations est ralenti par la 1ère guerre mondiale et ce n’est qu’après l’hiver 1930-1931 que l’usine à gaz de Saint-Mandé peut cesser de fonctionner.

L'usine à gaz peinte par André Lhote en 1937

L’usine à gaz – André Lhote – 1937
© Musée d’art et d’histoire Paul Eluard de Saint Denis

 

Un nouveau quartier sous le signe du théâtre

Les terrains libérés par la destruction de l’usine à gaz sont rapidement occupés par des logements HBM (Habitations à Bon Marché) et des immeubles ILM (Immeubles à Loyers Modérés)

En 1935, l’église Saint-Gabriel est bénie par le cardinal Verdier.

En 1936, les squares Réjane et Sarah-Bernhardt sont inaugurés.

En 1937, s’ouvre le premier lycée de Jeunes Filles de l’Est de Paris, le Lycée de Jeunes Filles du Cours de Vincennes, qui va prendre en 1946 le nom de l’aviatrice Hélène Boucher ; son annexe des Maraichers deviendra en 1961 le lycée Maurice Ravel.

En 1939 c’est le terrain de sport Lagny qui est aménagé.

La plupart des nouvelles voies crées en 1934 et 1935 porteront le nom de personnalités théâtrales :

Beaucoup plus tard, en 2022, une allée à l’intérieur du square Sarah Bernhardt prendra le nom de Louise Abbéma, peintre et graveuse française, amie de Sarah Bernhardt.

Le square Réjane a une superficie de 3 650 m2, tandis que celui de Sarah Bernhardt s’étend sur 12 400 m2, ce qui en dit long sur les popularités respectives de ces deux actrices parisiennes qui ont pourtant eu des carrières internationales comparables.

Discours de M. Villey, préfet de la Seine à l'inauguration du square Sarah Bernhardt

Inauguration du square : Achille Villey, préfet de la Seine, prononçant son discours
Le Petit Journal – 10 mai 1936 – © Gallica BnF

Maurice Levillain, conseiller municipal du quartier, déclare lors de l’inauguration des squares Sarah-Bernhardt et Réjane que ce quartier de Charonne est devenu :

par l’effet des réminiscences musicales, théâtrales, littéraires, que font naître les noms donnés à ses voies nouvelles, un de ces lieux dont on peut dire que l’esprit y souffle.

Ainsi, la présence de vastes terrains occupés par des usines à gaz, l’une des industries les plus insalubres qu’ait connu Paris, a été gommée des mémoires. En donnant des noms de célébrités théâtrales aux nouvelles voies du quartier, on a réussi à oublier la noirceur de son passé gazier.

Tramway parisien ligne 89

L’aller-retour du tramway parisien

Nos transports en commun sont à l’ordre du jour depuis quelques mois avec notamment les travaux d’extension du métro pour les tous prochains jeux olympiques. Ils viennent également de faire l’objet, en urgence,  de décisions politiques du fait des toutes récentes émeutes à Paris : ce 4 juillet 2023, tout le trafic RATP a dû être interrompu dès 22h.

Il en a été ainsi ce jour-là de notre tramway qui, depuis 2006, roule sur le boulevard des Maréchaux avec un grand succès. L’occasion de revenir sur l’histoire plus générale du tramway parisien.

L‘origine des premiers tramways

Les premiers tramways, alors tractés par des chevaux, sont apparus aux États-Unis. La première ligne est ouverte par John Stephenson en 1832, à New York, entre Manhattan et Harlem.
Pour cette raison, le mot anglais « tramway », qui signifie tout simplement « ligne de pièces de bois guidant les roues des chariots des mines et voies », sera utilisé en France. Vingt ans plus tard, en 1855, une première ligne de tramway est mise en service à Paris entre le rond-point de Boulogne et le pont de l’Alma. Le tramway va ensuite se développer très rapidement.

Tramway hippomobile Gare du Nord – Bd de Vaugirard. CGO

Le cheval pour tracter les tramways

En 1880, on compte des milliers de chevaux à Paris pour tracter les tramways. Tous les soirs, les chevaux rejoignent leurs dépôts parisiens qui servent de greniers à fourrage, de remises de voitures, d’écuries et d’ateliers. Une multitude de métiers (palefreniers, cochers, bourreliers, maréchaux-ferrants etc.) travaillent autour de ce mode de locomotion. Très vite on se rend compte des inconvénients de la traction animale, le crottin dans les rues, le coût élevé de l’exploitation, la nécessité d’avoir des étables dans la ville, et on recherche d’autres solutions. La traction animale des tramways prend fin vers 1914.

De la traction animale à la traction mécanique

Pour remplacer la traction animale, dès 1873, on essaye la traction à vapeur, puis à air comprimé et enfin la traction électrique à partir de 1881 (présentation de la traction électrique par Siemens à l’Exposition Internationale d’Electricité de Paris).

La traction électrique des tramways est finalement retenue, de loin la plus souple et la plus économique, mais la grande difficulté réside toutefois dans l’alimentation électrique des moteurs.

Courte vie du tramway à air comprimé

Tramway à air comprimé Gare de l’Est vers 1900-wikipedia

L’alimentation par catenaire et fil aérien apparait comme la plus simple et la plus économique en installation et en utilisation. Elle est utilisée en banlieue parisienne mais refusée à Paris pour des questions d’esthétique, car les fils d’alimentation se situent à la hauteur du premier étage des immeubles.
L’alimentation par batteries est aussi essayée, mais elle ne donne pas non plus entière satisfaction à cause du poids des batteries, de leur puissance insuffisante et de la longue durée du rechargement.
La solution retenue consiste à faire passer le courant par des rails électrifiés encastrés dans le sol. Bien entendu, il faut en conséquence éliminer le risque d’électrocution des piétons ; le système Diatto à plots, donc sans catenaire, est utilisé sur certaines lignes à Paris.

Tramway à catenaire, ligne de Saint-Denis

Tramway à catenaire-Wikipedia

Il consiste en un ensemble de plots, installés entre les rails et alimentant le tramway. Ces plots se lèvent verticalement de quelques centimètres au passage du tramway et sont en contact avec la prise de courant située sous le tramway. Le système Diatto disparaît vers 1905, à la suite de dysfonctionnements et de la lourde infrastructure qu’il exige.

Les tramways parisiens à leur apogée

À la fin du 19ème siècle, la région parisienne est desservie par neuf compagnies, chacune ayant sa billetterie et des modes de transport différents.
On trouve de la traction à vapeur, à accumulateur, animale, avec catenaire, à air comprimé etc.

En 1890, le tramway a transporté 72 millions de voyageurs sur 17 lignes.
Vers 1910, une fusion s’impose entre toutes ces compagnies d’autant plus que le métro, est venu faire son apparition, ainsi que les autobus.

En 1925, on compte 122 lignes transportant des centaines de millions de voyageurs.
Ce sera le point culminant du tramway parisien.

122 lignes de tramway en 1923

plan des tramways dans le 20e en 1923- extrait STCRP

 

Le tramway funiculaire de Belleville

Un tramway particulier a été créé à la fin du 19ème siècle, celui aboutissant à Belleville.
Il avait pour but de desservir le quartier grâce à une ligne tirée par un câble. La tête de ligne se situe place de la République et doit affronter les pentes de la colline atteignant près de 8% par endroit.

Maquette avec câbles

Le funiculaire de Belleville, coupe

Le tram emprunte la rue du Faubourg du Temple et finit à l’église Saint-Jean-Baptiste de Belleville. La ligne a une longueur de 2000m à voie unique, compte tenu de l’étroitesse de la rue de Belleville.

Il s’agit-là d’un système hybride entre le tramway et le funiculaire, similaire au célèbre « cable car » de San Francisco. Le « tramway funiculaire » est mis en service en 1891 et il devient rapidement un succès. En 1902 il a transporté plus de 5 millions de voyageurs et il fonctionnera jusqu’en 1924.

La fin des tramways parisiens

À partir des années 1920, la voiture prend une place de plus en plus importante et les lignes de tramway constituent une gêne pour les automobilistes. Les autobus, beaucoup plus souples d’utilisation, ainsi que la concurrence du métro, conduit à partir des années 1930 à décider le remplacement des tramways parisiens par des autobus.

Embouteillage parisien début 20e siècle

Encombrement de tramways place du Châtelet vers 1920-Wikimedia

En huit années, de 1930 à 1938, ce sera chose faite : dans Paris et sa banlieue, des centaines de kilomètres de lignes de tramway disparaissent et le dernier tramway parisien arrêtera son service le 14 mars 1937.
Les dépôts de tramways sont alors transformés en dépôts d’autobus et c’est la fin provisoire du tramway à Paris.

Le renouveau du tramway à Paris

La politique du tout automobile triomphe dans les années1960-1970, au point que la ville envisage dans un premier temps de construire une autoroute nord–sud en empruntant le tracé du canal Saint Martin.

L’accroissement constant du nombre d’automobiles crée des problèmes de stationnement et de circulation insolubles. Face à cela, la politique d’élargissement des rues et la création de parkings souterrains n‘a pas suffisamment permis de faciliter la fluidité dans les rues. Bien au contraire, ces divers aménagements ont entrainé l’arrivée de plus en plus de véhicules et la circulation -pour les autobus comme pour les voitures- est devenue très difficile. Pour les bus, la mise en place des premiers couloirs réservés parviendra à leur faire obtenir quelques résultats significatifs.

D’une manière générale, lorsque le choc pétrolier de 1973 arrive en France, il entraîne une réflexion générale sur la politique des transports. Le maire de Paris, Jean Tiberi, appuyé par les Verts, défend l’idée du retour du tramway.

La concrétisation du projet

Tout d’abord, la ville envisage d’utiliser la voie de la « petite ceinture », et puis après beaucoup de débats cette solution va finalement être abandonnée.

Il faut attendre janvier 2001 pour que le Conseil de Paris valide le lancement d’une concertation préalable en faveur de la réalisation du tramway que nous connaissons, celui mis en place sur les boulevards des Maréchaux.  L’avantage de la largeur des boulevards permet aux tramways de leur créer deux voies centrales réservées, avec une alimentation par catenaire et fil.

Et dans la continuité, le nouvel exécutif parisien élu en mars 2001 autour du maire Bertrand Delanoë, reprend à son compte le projet : la concertation préalable se déroule entre mai et juillet. L’enquête publique entre février à avril 2003 aboutit deux mois plus tard à un avis favorable. Les travaux débutent en 2003 et les aménagements s’achèvent en octobre 2006.

Un mois plus tard, après soixante-neuf ans d’absence, la ligne T3 marque le grand retour du tramway à Paris. Elle est inaugurée le 16 décembre 2006 par Bertrand Delanoë. Elle sera, six ans plus tard, prolongée et scindée en deux lignes, T3a et T3b.

Le succès de fréquentation

Le nombre de passagers atteindra un niveau très supérieur aux prévisions, mais avec par ailleurs deux points noirs : la vitesse moyenne de circulation qui était prévue de 20km /heure n’est pas atteinte et sa régularité n’est pas encore jugée satisfaisante.

Actuellement, le prolongement du tramway T3 est envisagé pour aller de la Porte de Vincennes à la place de la Nation. Ce prolongement pourrait offrir une correspondance avec des lignes de métro ainsi qu’avec la A du RER.

Signalons enfin qu’un passager en tramway consomme, à trajet égal, environ 15 fois moins d’énergie qu’un passager dans une voiture ce qui, compte tenu du réchauffement climatique, n’est pas négligeable.

_________________

Pour en savoir plus :

https://trainconsultant.com/2021/02/28/quand-paris-avait-vraiment-beaucoup-de-tramways/

https://www.cairn.info/revue-transports-urbains-2007-1-page-11.htm

 

 

Rafle du Vel d'hiv dans le 20e

La rafle du Vel d’hiv dans le 20e en 1942

Comme tous les ans, la « Journée nationale à la mémoire des victimes des crimes racistes et antisémites de l’État français et d’hommage aux Justes de France »  a été commémorée ce dimanche 16 juillet 2023 dans notre arrondissement.

Une vingtaine de personnes y participait, une fréquentation plus modeste que l’an dernier évidemment due, au même moment cette année, à la cérémonie nationale  devant le monument de la rafle du Vél’ d’Hiv.

Nous reproduisons ci-dessous notre article sur les 80 ans de cette rafle, paru le 18 juillet 2022.

_______________________

Comme chaque année, ce samedi 16 juillet 2022 a eu lieu la cérémonie rappelant à notre mémoire la rafle du Vel d’hiv des 16 et 17 juillet 1942. Il s’agit de trois endroits de nos quartiers où ont été arrêtés et regroupés les juifs par la police française sous l’occupation.

Leurs plaques commémoratives ont été successivement fleuries après la prise de parole des survivants qui se souviennent de ces jours-là.

Une cinquantaine de personnes était rassemblée à la Métairie, puis à la Bellevilloise et enfin devant l’ancien commissariat intégré dans le bâtiment de la Mairie du 20e. Par ailleurs la cérémonie finira square Édouard Vaillant où un large panneau nous rappelle la longue liste des enfants qui n’en sont jamais revenus.

Cérémonie du Cel d'hivernal dans le 20e

La cour de la Métaierie devant la plaque mémorielle de la rafle de 1942. 16 juillet 2022-PG

Lieux de drame, lieux de mémoire

Devant la cour de la Métairie, lieu de mémoire tout près du métro Pyrénées, nous pouvons voir sur la photo ci-dessus le maire du 20e, Éric Pliez avec de dos à sa droite Jean-Michel Rosenfeld notre ancien maire adjoint . Jean-Michel Rosenfeld -lui-même survivant de la Shoah- a toujours gardé sur lui son étoile jaune ; cette étoile, il finira par nous la montrer en la sortant de sa poche -lentement et dignement- au cours de cette matinée, après nous avoir rapporté ce qu’il a vécu. Il a 8 ans lorsqu’il va vivre et survivre à cette rafle, alors que moins de deux mois avant cette date, le port de l’étoile venait de devenir obligatoire dès l’âge de 6 ans.

 

port de l'étoile juive dès 6 ans

Ordonnance du chef suprême des SS sur le port étoile juive dès 6 ans, extrait du 28 mai 1942- PG

Simplement parce qu’ils étaient juifs

Déjà en 1941 à Paris, une grande rafle avait été effectuée du 20 au 24 août, au cours de laquelle 4 232 hommes juifs ont été arrêtés. Simplement parce qu’ils étaient juifs.

Mais en juillet 1942, les autorités allemandes ordonnent plus largement l’arrestation d’hommes et de femmes juifs en âge de travailler, c’est-à-dire âgés de 16 à 60 ans (55 ans pour les femmes). La France de Vichy va plus loin encore dès le 13 juillet : dans la circulaire d’application de la Préfecture de Police n°173-42 -dactylographiée « secret »- elle va prendre l’initiative d’ajouter cette courte phrase dans un nouveau paragraphe :

« les enfants de moins de 16 ans seront emmenés en même temps que les parents ».

Pas un seul soldat allemand n’a pris part à cette rafle, seule la police française était à la manœuvre sous l’autorité du régime de Vichy. Nos témoins survivants seront victimes de cette circulaire, ils avaient alors bien moins de 16 ans.

De la Bellevilloise jusqu’au square Édouard Vaillant

Ainsi, devant la Bellevilloise, Rachel Jedinak -rescapée à l’âge de 8 ans- se souvient devant nous de ce qu’elle a vécu :

« À la Bellevilloise, « nous étions peut-être plusieurs centaines. Nous étions serrés comme des sardines ». Elle souligne ce qui l’a marqué à vie : « ma mère m’a demandé de partir, je voulais rester avec elle, et elle a fini par me gifler… sur le coup je n’ai pas compris mais plus tard j’ai su que par cette gifle, elle m’avait sauvé la vie ».

Rachel Jedinak témoigne devant la Bellevilloise

Les témoignages de Rachel Jedinak et Ginette Kolinka à sa droite, devant La Bellevilloise le 16 juillet 2022-PG

Puis dans l’ancien commissariat de la Mairie du 20e, Rachel sera enfermée dans la cave et elle nous montrera sur place d’un geste de la main le soupirail où elle se trouvait, cet endroit donnant sur le trottoir fermé par des barreaux.

Ses mots sont simples, sa voix posée appuyant doucement et bien distinctement sur chacun d’entre eux, l’ensemble de ses paroles décrit très précisément les faits, comme le témoignage d’une enfant abordant calmement et intensément ce qu’elle venait de subir. Rachel tient d’ailleurs chaque année à témoigner régulièrement devant les élèves des écoles, tout comme à ses côtés Ginette Kolinka survivante du camp d’Auschwitz-Birkenau et passeuse de mémoire.

Et puis derrière la Mairie, la dernière étape de cette matinée : à l’intérieur du square Édouard Vaillant un grand panneau de novembre 2004 rappelle  la liste des jeunes victimes avec en préambule ce texte en majuscules :

 

Arrêtés par la police du gouvernement de Vichy, complice de l’occupant nazi – Plus de 11 000 enfants furent déportés de France de 1942 à 1944 – Et assassinés à Auschwitz parce qu’ils étaient nés juifs – Plus de 1000 de ses enfants vivaient dans le 20e arrondissement – Parmi eux 133 tout-petits n’ont pas eu le temps de fréquenter une école – Passant, lis leur nom, ta mémoire est leur unique sépulture. Ne les oublions jamais.

suivent les noms de chaque enfant avec leur âge

Stèle des enfants déportés derrière la Mairie du 20e

Square Edouard Vaillant à la mémoire des enfants juifs déportés du 20e – PG

« Ils n’avaient pas de sépulture mais un nom et un âge » rappelle Pascal Joseph, chargé de la Mémoire du 20et du Monde Combattant, avant que chaque volontaire lise chacun successivement cinq noms d’enfants, jusqu’à la fin de la liste.

Enfin plus globalement à l’échelle de notre arrondissement, l’historien Michel Dreyfus présente ainsi dans les Cahiers de la mémoire vivante du 20e datée de 2002, le bilan macabre de ce génocide.

« Le 16 juillet 1942 la plaque dans l’entrée de la mairie le rappelle, 3500 habitants du 20e, dont 1000 enfants, ont été « raflés », par la police parisienne. Déportés, la quasi-totalité d’entre eux n’est jamais revenu, n’ayant pas dépassé, à la fin des trois jours d’un terrible voyage en wagons à bestiaux, le quai des sélections de Birkenau, camp de la mort. Au lycée Hélène Boucher a été inauguré, il y a quelques années, une des premières plaques posées dans un établissement scolaire parisien. Elle porte le nom de 14 lycéennes juives déportées. Le souvenir des enfants est commémoré sur les murs de plusieurs écoles. »

  • À écouter également  le témoignage d’Esther SENOT sur le site de la ville de Paris, une jeune fille de 14 ans qui habitait passage Ronce, dans le 20e avec sa famille et sa communauté d’immigrés polonais. Elle a échappé à la Rafle mais a été prise et déportée quelques mois plus tard à Birkenau, dont elle est malgré tout revenue (lire ici les marches de la mort).

Elle a écrit un livre de souvenirs, « la Petite fille du passage Ronce » (Editions Grasset). 

 

Témoignage d'Esther Senot

Esther Senot, rescapée de la rafle du Vél d’Hiv, témoigne-Photo Ville de Paris

https://www.paris.fr/pages/80-ans-apres-la-rafle-du-vel-d-hiv-le-temoignage-d-esther-senot-21524

https://memoiresdesdeportations.org/personne/senot-esther