Fontaine des Innocents, fontaines Wallace
Les fontaines à Paris et dans le 20e
À l’heure de l’été, les fontaines parisiennes font l’actualité. Plus particulièrement celles qui offrent l’eau potable. 1200 d’entre elles y sont installées sous la gestion municipale d’Eau de Paris.
La mairie du 20e nous rappelle la partie de l’arrondissement à travers son article intitulé « Les poings d’eau », les statues du bd Davout.
Du côté historique, le musée Carnavalet présente une exposition sur la fontaine des Innocents. Cette exposition se termine le 25 août 2024. Notons que dans le jardin du musée, une fontaine Wallace a été posée en 2022, à l’occasion du 150ème anniversaire de l’installation de ces fontaines.
Sur la place d’un ancien cimetière
Mais revenons à la fontaine des Innocents, celle qui alimentait en eau le quartier de Halles. Elle vient d’être restaurée tout récemment par la Ville et se situe à l’emplacement de l’ancien cimetière des (saints) innocents, une nécropole particulièrement importante depuis le Moyen-âge et qui restera en place jusqu’en 1785.
Prenant la suite des anciens cimetières, d’abord le Père Lachaise… plus tard dernière demeure de Richard Wallace
À cette date, le cimetière des Saints-Innocents sera définitivement fermé et les ossements transférés dans ce lieu que l’on finira par appeler les Catacombes. À long terme et pour les futurs décès, la solution de remplacement arrivera, avec cette fois-ci une règlementation laïque.
Le Père Lachaise inaugurera en premier lieu cette nouvelle forme de cimetière -public cette fois-ci- en ouvrant ses portes 20 ans plus tard. Et sur ces terres de Charonne, le lieu disposait déjà de sa propre citerne, installée par les jésuites depuis le XVIIème siècle et qui servait à alimenter sur place leurs fontaines et bassins.
Arrivent les fontaines Wallace en 1872
La fontaine des Innocents aurait-elle inspiré celle créée par Richard Wallace ? En tout cas, la rumeur a couru et objectivement elle lui ressemble en beaucoup de points. Cela dit, la vie de mécène de Richard Wallace va au-delà du don de ses fameuses fontaines parisiennes. Et si pourtant l’homme est très riche, il a voulu être enterré en toute simplicité au Père Lachaise.
L’occasion de reproduire ci-dessous notre article « Les fontaines Wallace, un Paris réussi », paru pour la première fois dans nos actualités le 23 juillet 2021, et mis à jour le 22 mai 2022.
Visite des eaux du 20e par l’AHAV
Enfin, toujours à propos d’histoire d’eau, nous proposons une visite guidée en automne prochain sur : « Les eaux nouvelles et anciennes du 20e ». Une sortie réservée aux adhérents et dont la date sera précisée dans notre prochaine lettre mensuelle. À noter pour les nouveaux adhérents : leur cotisation à neuf euros leur est proposée, valable pendant la période de ce second semestre.
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Les fontaines Wallace, un Paris réussi
mis à jour le 22 mai 2022.
Dans ses voeux de bonne année, la Mairie de Paris annonce la couleur : « en 2022 Paris mettra en lumière toutes ses fontaines ». À cette occasion, l’Hôtel de Ville fêtera les 24 et 25 septembre prochains les 150 ans des fontaines Wallace, lui-même enterré volontairement en toute simplicité au Père Lachaise.
Nous reproduisons ci dessous notre article paru le 23 juillet 2021, sur ce mécène, beaucoup moins connu par ailleurs pour son aide aux parisiens pendant la Commune. Dès l’année suivante aparaîtront ses premières fontaines et leur eau potable, gratuite et accessible à tous.
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Mis en ligne le le 23 juillet 2021
Depuis la fin du XIXème siècle, et surtout quand il fait chaud l’été à Paris, nous pouvons boire gratuitement de l’eau près du lieu où nous trouvons.
Cette possibilité nous a été offerte grâce à l’eau potable des fontaines Wallace, ces 120 fontaines qui font partie de l’identité de la capitale en tant que mobilier urbain. Neuf d’entre elles se trouvent dans notre arrondissement.
On doit ces fontaines à la générosité d’un londonien, Richard Wallace, député conservateur anglais par la suite, mais auparavant bien parisien y compris dans l’âme. Son souvenir en tant que bienfaiteur reste « definitely » gravé dans notre ville.
Richard Wallace amoureux de Paris
Élevé à Paris à l’âge de 6 ans par sa grand-mère, il est venu ici avec son père naturel, le marquis d’Hertford, qui lui léguera en mourant (le 25 août 1870) son immense fortune.
Richard Wallace épouse une française, Mlle de Castelnau, et leur fils ira combattre dans les rangs français, avant de démissionner après la répression de la Commune.
Quant à sa générosité, elle est multiple, incessante et d’un niveau élevé. Citons dès avril 1870, la création d’un hôpital de l’avenue de Neuilly qui porte le nom de son père. Et la liste de ses dons va régulièrement s’allonger dans les années qui suivent.
À Paris pendant la Commune
Pendant le siège de Paris puis la Commune, et contrairement à la bourgeoisie qui fuit, Richard Wallace non seulement reste à Paris mais va aider les parisiens dans leur quotidien.
Il finance notamment la Société internationale des secours aux blessés, en leur donnant 3oo ooo F pour acheter une ambulance urbaine portant le nom de son père, et une autre ambulance qui suivra le 13ecorps d’armée.
Après l’armistice, la ville de Londres lui confie la distribution du ravitaillement qu’elle expédie pour les parisiens. En reconnaissance de l’ensemble de ses services, la reine d’Angleterre l’élève au rang de baronnet le 24 décembre 1871. De son côté, dès le 16 juin 1871, le gouvernement français l’a nommé commandeur de la Légion d’honneur.
Par ailleurs à l’occasion de l’exposition universelle, Richard Wallace -collectionneur et marchand d’art- est nommé par l’Angleterre en 1878, correspondant de l’Institut de France, en lien avec l’Académie des beaux-arts.
À l’origine des fontaines
Mais revenons à 1871. À la fin du siège de Paris et de la Commune, certains aqueducs sont détruits, avec comme conséquence le prix de l’eau qui flambe brutalement.
En urgence dès septembre 1871, Richard Wallace propose à la Ville de Paris de l’eau gratuite à toute heure et pour tous les habitants. Il demande l’autorisation d’installer à ses frais 50 fontaines aux endroits que la Ville aura choisis. La canalisation sera à la charge de la Ville et le choix des lieux se fera finalement d’un commun accord, avec l’eau de la Dhuys pour alimenter ces fontaines.
La création et la mise en place des fontaines
La première fontaine est inaugurée en août 1872, sur la place du Combat, boulevard de la Villette.
Haute de 2,71 m pour un poids en fonte de 610 kg, la fontaine est composée de 80 pièces assemblées dans les ateliers. Les croquis ont été dessinés par les soins du bienfaiteur, en s’inspirant de la fontaine des Innocents, dans le quartier des Halles. S’y ajoutent deux gobelets en étain retenus par des chaînettes, gobelets qui seront finalement supprimés en 1952 par mesure d’hygiène.
Du point de vue esthétique, l‘originalité de cet édifice inspire les parisiens au point de lui donner comme surnom populaire : « la brasserie des quatre femmes ». Ces quatre cariatides représentent quatre vertus : simplicité, bonté, charité et… sobriété. Elles rappellent aussi les quatre saisons, pour souligner la mise à disposition d’une eau potable disponible à tout moment de l’année.
Une couleur unique est imposée, comme tout le mobilier urbain depuis Napoléon III : il s’agit d’un vert profond destiné à s’insérer dans le paysage, la couleur de la nature dans la ville. Le temps a passé et actuellement quelques fontaines parisiennes ont changé de couleur. Celle de la rue Belgrand tout près de la mairie, est peinte en rouge depuis novembre 2019, tout comme antérieurement celle de l’avenue d’Ivry dans le 13e arrondissement.
Richard Wallace au Père Lachaise
Le 23 juillet 1890, jour de son enterrement au Père Lachaise, le journal La Souveraineté Nationale décrivait ainsi cette personnalité discrète qu’était Richard Wallace : « il comprit (et c’est à son honneur) que ceux que la fortune favorise doivent en restituer aux victimes du hasard inégal ».
Son enterrement a eu lieu avec une certaine simplicité, à la suite de sa demande répétée de son vivant. Sa volonté a ainsi été respectée et un corbillard de troisième classe suivi de six voitures de deuil sont partis depuis sa propriété, le château de Bagatelle, jusqu’au cimetière du Père Lachaise. Il est inhumé dans sa sépulture de famille à l’entrée sommairement murée.
Les fontaines Wallace, un Paris réussi