Paris village dans le 20e arrondissement

Autour de la place Gambetta, visite guidée

 

Cette balade chemine approximativement autour du quartier Gambetta, au sens du conseil de quartier du même nom.

Elle nous emmène à la découverte de curiosités topographiques ou architecturales, reflets ou scories d’un passé oublié : un pont sur une rue, un lotissement hétéroclite, l’un des plus petits cimetières de Paris, le souvenir des nombreuses activités artisanales etc…

  • Date : dimanche 16 avril 2023
  • Heure de rendez-vous : 10h00
  • Lieu : au coin de l’avenue du Père-Lachaise et de la place Gambetta (sortie n°3 du métro Gambetta)
  • Durée : 2 heures

Cette visite guidée est proposée par Pierre Besson de l’AHAV. Elle est réservée aux adhérents et sur inscription.

Le 20e arrondissement en deuil de Jean-Michel Rosenfeld (1934-2023)

Jean-Michel Rosenfeld a quitté ce monde le 4 mars 2023, à la veille de son anniversaire. Par sa vie, son histoire personnelle, ses engagements et les valeurs morales et philosophiques auxquelles il croyait et qu’il défendait, il était étroitement lié à notre arrondissement et il restera dans nos mémoires.

Nous garderons de lui le souvenir d’un homme d’action, un homme engagé avant tout, et pourtant si simple, si proche des gens, toujours souriant et courtois, un homme modeste au regard des fonctions politiques qu’il a assumées : chargé de mission auprès du Premier ministre Pierre Mauroy (1981-1984), chef de cabinet adjoint du ministre du Travail Michel Delebarre (1984-1986)…

Pour nous, gens du 20e, il restera aussi le maire adjoint du 20e arrondissement (1984-2008), celui qui avait à cœur de se mobiliser pour soutenir la culture et le patrimoine de nos quartiers, y compris en appuyant notre association dans ses missions.

Soutien dans le 20e de Jean-Michel Rosenfeld présent

Vernissage à l’UDAC vers les années 2000. À gauche de JMR, le photographe Henri Guérard et sa femme. À droite, Florence Desserin, directrice de l’UDAC-FD

Concrètement, et en reprenant le titre de son livre Lumières de l’espoir : l’étoile, le triangle et la rose, paru en 2007, aux éditions La Bruyère :

L’étoile

Fils d’une famille juive originaire d’Europe centrale installée à Paris depuis 1907, il a perdu 38 membres de sa famille dans la Shoah. Né à Paris en 1934, il a connu la guerre, un père prisonnier, l’Occupation, les menaces de rafles, le port de l’étoile jaune, qui l’ont marqués à jamais.

Tout enfant, il a échappé à la rafle du Vel d’Hiv’ (juillet 1942), caché avec sa mère par la patronne de celle-ci. Toujours, il a conservé sur lui l’étoile juive qu’il avait dû porter alors et, lorsqu’il prenait la parole lors de certaines commémorations, il lui arrivait de la sortir de sa poche et son geste par surprise si émouvant augmentait encore l’intensité de son témoignage.

L'étoile juive dont il ne se sépare jamais.

Jean-Miche Rosenfeld lors d’un entretien avec une journaliste de The times of Israel. Il lui confie vouloir être enterré avec son étoile juive.

Cette étoile existe toujours aujourd’hui dans les têtes de l’extrême droite. Jean-Michel Rosenfeld a dû y faire face : au moment des élections régionales de 2004, il a dû porter plainte contre des militants du Front National pour l’avoir publiquement traité de «  youpin ».

Cette étoile, il l’a partagée avec notre association, à la mairie du 20e arrondissement, en 2000, dans une conférence sur La communauté juive dans le 20e arrondissement, de 1860 à nos jours, parue dans notre Bulletin n° 19 (disponible en ligne).

Le triangle

Jean-Michel Rosenfeld a toujours parlé très librement de son riche parcours dans la franc-maçonnerie au sein du Grand Orient de France.

En tant que président du congrès des loges de Paris et d’Île-de-France, c’est suite à son action que les différentes obédiences maçonniques se réunissent chaque année devant le Mur des Fédérés, au cimetière du Père-Lachaise.

La première fois, ce fut à l’occasion du centenaire de la Commune de Paris, le samedi 24 avril 1971, jour anniversaire de la tentative de médiation des francs-maçons auprès du gouvernement de Thiers. En 1871, leur demande de conciliation pour faire cesser les assauts contre les Parisiens a échoué et, devant l’intransigeance d’Adolphe Thiers, bon nombre de francs-maçons se sont ralliés à la Commune. Et depuis 1997, cette commémoration se reproduira chaque année, en hommage notamment à la mémoire de cent d’entre eux victimes de la répression versaillaise.

Et la rose

Dans son livre, Lumières de l’espoir : l’étoile, le triangle et la rose, qui se lit comme un témoignage vivant, Jean-Michel Rosenfeld s’ouvre en toute simplicité, tel qu’en lui-même, à livre ouvert. Inscrit à la SFIO à la fin des années 1960, il entre en 1979 dans l’équipe parisienne de Pierre Mauroy, auprès duquel il travaille longtemps et est notamment chargé des contacts avec la presse et avec diverses associations et communautés (Juifs, Arméniens, Maghrébins, LICRA, MRAP, Amnesty International, ainsi qu’avec des obédiences maçonniques).

Pierre Mauroy premier ministre

Jean-Michel Rosenfeld et Pierre Mauroy en juin 1981-FJJ

Puis, il rejoint le ministère du Travail dans le gouvernement Fabius. Ensuite, il devient membre de la section « Cadre de vie » au Conseil économique et social à deux reprises, et enfin sous-directeur de la Caisse nationale d’assurance maladie des travailleurs salariés (1993-1998). Il restera un homme de confiance de Pierre Mauroy, qui en fera son conseiller spécial quand il créera la Fondation Jean-Jaurès en 1992. Totalement engagé pour la République mais libre dans ses paroles, il n’hésite pas à dire ses vérités sur son parcours des années Mitterrand, à parler de son Parti Socialiste, de sa vie privée depuis sa jeunesse, allant parfois même jusqu’à se critiquer lui-même.

Ouverture du PCB vers la rue de Ménilmontant

Pavillon Carré de Baudoin, dessin 2022 du projet de travaux-MdP

Avec son soutien, le sauvetage du Pavillon Carré de Baudouin

Enfin, cet homme de culture s’est toujours tenu aux côtés de l’AHAV quand il s’agissait de se battre pour sauvegarder le patrimoine de notre arrondissement. Quand, rue de Ménilmontant, le Pavillon Carré de Baudouin a été menacé par une opération immobilière imminente, il a su relayer l’action déjà initiée par l’AHAV et son président de l’époque,Thierry Halay. Notre président avait déjà commencé à alerter l’opinion et à faire les démarches nécessaires pour sauver ce patrimoine architectural rarissime dans le 20e. Jean-Michel Rosenfeld nous soutiendra en reprenant la préservation dans son programme électoral.

Le Pavillon Carré de Baudouin est prévu pour réouvrir ses portes fin mars 2023. Quand nous y retournerons pour voir une exposition ou écouter une conférence ou un concert, nous aurons une pensée affectueuse et reconnaissante pour Jean-Michel Rosenfeld. En tout cas, dans nos pensées, il restera toujours présent parmi nous.

Le Conseil d’administration de l’AHAV tient chaleureusement à s’associer à la peine de ses proches et particulièrement de sa fille et de ses petits-enfants à qui il était tant attaché.

Exposition du Pavillon Carré de Baudoin 2023

Notre Dame de la Croix de Ménilmontant et son architecte

la Société de l’histoire de Paris et de l’Ile-de-France, fondée en 1874, propose tout prochainement une conférence qui nous concerne plus particulièrement :

 

L’église Notre-Dame-de-la-Croix de Ménilmontant

et son architecte, Louis Héret (1821-1899)

par Christiane DEMEULENAERE-DOUYÈRE, conservateur général (h) du patrimoine, vice-présidente de l’Association d’histoire et d’archéologie du 20e arrondissement de Paris

Cette conférence a lieu :

le mardi 14 mars 2023, à 15h30,

aux Archives de Paris, salle de conférences,

18 boulevard Sérurier, 75019 Paris,

Métro et Tram : Porte des Lilas

L’église Notre-Dame-de-la-Croix de Ménilmontant, dans le 20e  arrondissement de Paris, est sans doute une des églises parisiennes les plus impressionnantes avec ses dimensions exceptionnelles, son grand escalier monumental et son style alliant les caractéristiques  des architectures romane et gothique. Édifiée dans la seconde moitié du XIXe siècle (1863-1880), elle n’a fait encore l’objet que de peu d’études et son architecte, Louis Héret, encore moins.

Sépulture familiale d'Héret

Chapelle où est enterré Louis Héret au Père Lachaise-PG

Pourtant cet édifice est particulièrement représentatif du style « éclectique », en vogue notamment dans l’architecture religieuse de la seconde moitié du XIXe siècle, et de la mise en œuvre de procédés « modernes » de construction, hérités de l’architecture des grandes expositions industrielles.

Par ailleurs, une micro-étude attentive de la carrière de l’architecte et de son environnement familial et social montre un bel exemple d’ascension sociale et permet de poser quelques éclairages sur le statut de l’architecte dans la société du XIXe siècle.

Inscription obligatoire au moins une semaine avant la conférence

sur : inscriptions@shpif.fr

Entrée libre dans la limite des places disponibles.

Haxo station fantome

 

À Paris comme ailleurs ce 31 janvier 2023, une grève générale est annoncée et concerne le projet de réforme des retraites. La RATP -au régime spécial pour les non sédentaires- sera-t-elle à nouveau en première ligne ? En tout cas, l’occasion nous est donnée de republier cet article daté du 4 janvier 2022 et qui nous rappelle nos anciennes stations de métro à la retraite, celles qui ont été définitivement fermées au public.

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Nous connaissons l’ancienne station Martin Nadeau (1815-1898). Ce député, maçon (et franc-maçon) est l’auteur de la fameuse expression « Quand le bâtiment va… tout va ! ». Son nom sur le quai du métro a disparu en 1971 avec le rattachement 235m plus loin à sa voisine Gambetta.

Mais il existe aussi dans nos quartiers deux stations fantômes, celles-ci bien fermées au public. Leur nom ? Porte des Lilas et Haxo.

Porte des Lilas, arrêt sur image

À l’origine, tout était prévu pour que le métro Porte des Lilas devienne une correspondance entre trois lignes : la première Porte des Lilas sur la ligne 3 est mise en service en tant que terminus le 27 novembre 1921. Elle termine la ligne 3bis depuis 1971.

L’autre terminus vient de Chatelet (ligne 11) ; il est inauguré le 28 avril 1935… avant que la ligne ne soit prolongée deux ans plus tard jusqu’à la Mairie des Lilas.

Porte des Lilas, terminus en 1935

Porte des Lilas ligne 11 Inauguration du 28 avril 1935. RATP

Quant-à la troisième station du même nom, elle reste bien moins connue et pour cause : elle correspond à un projet de ligne interrompu pour des raisons d’exploitation commerciale.

Elle a été également construite en 1921 pour servir de lien avec la branche Pré-Saint-Gervais de la ligne 7. Mais cet embranchement réalisé ne sera finalement jamais exploité comme prévu initialement : elle deviendra une simple navette « Pré-Saint-Gervais – Porte des Lilas » jusqu’en 1939 et n’utilisera que l’une des deux voies.

Mais si la ville finance les travaux, l’exploitant privé de l’époque ne croit pas en sa rentabilité commerciale. Cet échec se transforme en opportunité pour la RATP qui loue à la demande la station devenue ainsi fantôme aux professionnels de l’image et à d’autres événements.

 Porte des Lilas loué pour le cinéma, RATP

Station Porte des Lilas et cinéma, RATP

Cette partie définitivement fermée au public est dédiée principalement aux tournages publicitaires et au cinéma : de fausses plaques de stations l’habillent suivant les nécessités des films produits. Une production en moyenne de cinq films chaque année, comme en son temps par exemple « Le fabuleux destin d’Amélie Poulain ».

Métro Haxo, voie sans issue

Au départ, il s’agissait donc de relier la Porte des Lilas à la ligne 7 qui passe par le Pré Saint-Gervais. Entre les deux, une nouvelle station du nom du général Haxo, dont la rue toute proche nous rappelle un triste épisode à la fin de la Commune. À l’arrivée, la station Haxo construite sur la voie dite « voie des Fêtes » n’a jamais été ouverte au public.

Métro Haxo station fantome

Métro Haxo sans sortie

Pour avoir une vision d’ensemble du projet, il faut dire que la Ville est propriétaire du réseau métropolitain : elle assure la construction de l’infrastructure et concède son exploitation à deux sociétés privées. Les travaux qui lui reviennent sont donc exécutés conformément au projet qu’elle a voté.

CMP exploitant du métro

Logo de la CMP, Wikipédia

Conformément ou presque : il n’en a pas  été de même pour l’exploitant, la Compagnie du chemin de fer métropolitain de Paris (CMP) qui ne croit pas en une fréquentation suffisante pour devenir rentable. Conséquence pour le métro Haxo : les sorties menant des quais à la rue ne seront jamais creusées. Ainsi, dès sa naissance, la station est devenue fantôme, sans par ailleurs jamais avoir vu le jour.

 Haxo quai du métro

Haxo station en 2019, Wikimédia

Comme chaque année, la mairie organise ce 25 août 2022 la cérémonie de la Libération de Paris dans le 20e

Le premier rendez-vous a lieu devant la mairie :

Entre 9h15 et 12h : fleurissement des plaques commémoratives de l’arrondissement 
12h30 : rassemblement devant la mairie du 20e
13h : rassemblement square Edouard Vaillant

 

À cette occasion, nous reproduisons ci-dessous notre article mis en ligne le 23 août 2021

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23 août 1944, la guerre souterraine à Ménilmontant

 

La bataille de Paris a commencé ce 19 août et elle finit le 25 août 1944. Elle aura fait environ 1700 morts du côté parisien dont 1000 résistants, et 3200 morts du côté allemand.

Quelques jours plus tôt, dès le 10 août 1944, les cheminots CGT de la région parisienne ont déclenché une grève insurrectionnelle, puis la CGT clandestine a appelé à la grève générale pour le 18 août.

Dès le lendemain, les résistants du groupe Libération s’emparent de la mairie du 20e et Raymond Bossus – conseiller municipal communiste jusqu’en 1940- est nommé président du Comité de libération. Il deviendra officiellement maire du 20e en mars 1945.

Raymond Bossus, maire provisoire du 20e en 1944

Le conseil municipal provisoire du 20e installé le 19 aout 1944

… Et le 23 août en gare de Ménilmontant (à propos de la gare, voir aussi l’article sur la fête de la petite Ceinture en 2019), la Résistance remporte une bataille dans notre arrondissement.

Ce jour-là on peut lire le résumé d’un appel téléphonique dans la main-courante de la Préfecture de police :

 

19h10. Du 20ème : Les deux trains bloqués sous tunnel Ménilmontant par suite attaque FFI sont entièrement aux mains de celles-ci. Ne contiennent que du matériel peu utile actuellement : onze personnes ont été capturées. Machine ayant déraillé, voie bloquée pour un certain temps.

 

Un embouteillage de trains bloqués

 

Sur le réseau ferré de la Petite Ceinture, l’intervention armée des résistants se situe plus précisément autour du tunnel long de 1124 m qui relie la gare de Ménilmontant à la gare de Belleville-Villette, tout près des Buttes-Chaumont.

Ce 23 août, un wagon de munitions stationne sous le pont de la rue Manin. Un autre train, « mal aiguillé » par les cheminots de la gare de Ménilmontant, vient percuter le convoi qui s’était abrité dans le tunnel. Un troisième train de troupes arrive par le nord, mais il est stoppé par les rails déboulonnés.

Les résistants des 19e et 20e arrondissements à la manœuvre

 

Plusieurs organisations de résistants interviennent sur place : des FFI du 19e, ceux du 20e -qui de leur côté bloquent les issues du tunnel au pont de Ménilmontant-, ceux du groupe Piat, des membres de l’O.C.M (Organisation Civile et Militaire), des policiers et quelques cheminots à la retraite.

 

Passerelle et gare de Ménilmontant

Gare de Ménilmontant, carte postale colorisée à la main.

 

Côté 19e, le colonel Rol-Tanguy désigne Madeleine Riffaud pour diriger (le jour de ses 20 ans) quatre hommes, et attaquer le train à la grenade depuis le pont de Belleville-Villette

Voici le récit de l’attaque du train, qu’en a fait Madeleine Riffaud, lieutenante des FTP Saint-Just :

 

« Tôt ce matin du 23 Août 1944, alors que les résistants des télécoms s’étaient débrouillés pour que les Allemands n’aient aucune communication, j’ai reçu un coup de téléphone avec ce message : « Compagnie Saint Just, vous vous devez vous poster au pont de Belleville-Villette afin de stopper à tout prix un train, car s’il peut pénétrer dans le ventre mou du 19e où il n’y a plus de barricades, ça risquerait d’être une tuerie générale. »

À son correspondant ; la lieutenant Franc-Tireur-Patriote expliqua qu’elle n’avait que 4 hommes à disposition. « Démerde-toi » lui répondit-on.

 

Les deux issues du tunnel sont maintenant bloquées. Un FFI qui tente de parlementer est abattu. Alors, tactiquement et plutôt que de faire exploser le tunnel, les résistants préfèrent préparer deux cents kilos de souffre pour enfumer les allemands. Finalement craignant l’asphyxie, cent trente-sept allemands au total vont se rendre. Bilan matériel : quatorze wagons contenant des armes, des habits et de la nourriture auront été ainsi récupérés.

Les résistants du 20e tués dans cette opération

Cinq résistants du 20e ont été tués, dont deux inconnus.

 

3 résistants du 20e tués gare de Ménilmontant

Plaque sur la passerelle rue de la Mare. PG

Plaque où habitait François Boltz

Plaque au 26 rue Piat. PG

François Boltz, habitait au 26, rue Piat ; Louis Godefroy au 11 rue des Envierges et Léon Adjeman à une adresse inconnue ; le décès des trois hommes a été enregistré à l’hôpital Tenon.

Deux célèbres résistants photographes étaient sur place

 

Robert Doisneau a été envoyé par la Résistance pour voir ce qu’il en est des deux trains allemands sous le tunnel. Faute de pouvoir les photographier, il fait alors le tour du quartier où notamment des bellevillois avaient monté une barricade.

Résistance et barricade à Belleville

22 août 1944, un résistant F.F.I. en alerte métro Belleville. Robert Doisneau, musée Carnavalet

Enfin, il nous faut bien-sûr citer également Henri Guérard, né à Ménilmontant -au 10 rue Sorbier- connu par ses engagements humanistes dans le 20e. Agé de 23 ans, il photographie « la bataille de Ménilmontant » et en cette même année 1944, il va entrer au service photographique et cinématographique des armées.

Henri Guérard, populaire dans le 20e arrondissement

Henri Guérard

Edgard Morin rayonnant dans la presse

Edgar Morin, un enfant de Ménilmontant

Les hauteurs de Belleville conservent en bonne santé si l’on en croit Edgar Morin, né le 8 juillet 1921 et donc âgé aujourd’hui de plus de 101 ans.

Ce qui n’empêche pas ce sociologue, ce chercheur populaire particulièrement sollicité par la presse, d’accepter très régulièrement les invitations des différents médias généralistes et spécialisés. Et tout dernièrement encore sur France Inter où il aborde en passant -et en toute simplicité- sa vie d’aujourd’hui.

Et quand il parle de vivre, il sait de quoi il parle :

« Vivre est une navigation dans un océan d’incertitudes

avec quelques îlots de certitudes

pour s’orienter et se ravitailler. »

Retour rapide sur sa jeunesse, son passé militant et  son apport intellectuel

La jeunesse d’ Edgar Morin

Ses parents, originaires de familles commerçantes juives de Salonique, venus en France au début des années 1910, s’étaient installés à Ménilmontant où vivait une importante communauté juive. Son père (Vidal Nahoum) tenait un commerce de bonneterie en gros.
Edgar Morin n’a reçu aucune éducation religieuse mais vivait au milieu d’une communauté de juifs saloniciens. Il se qualifie « d’incroyant radical ». En 1931, l’enfance d’Edgar Morin a été profondément bouleversée par la mort prématurée de sa mère. Après cette disparition brutale, il sera élevé par son père.

Edgar Morin jeune

Il passe toute sa jeunesse à Ménilmontant ; dans une interview à France Inter le 14 juillet 2022, il nous raconte un 14 juillet à Ménilmontant :

« J’ai tout d’abord pensé au 14 juillet de ma jeunesse avant-guerre. Le 14 juillet, lors de l’avant-guerre, c’était une grande fête populaire, il y avait partout, dans tous les quartiers, des bals, notamment dans mon quartier Ménilmontant, et des drapeaux français à toutes les fenêtres. C’était la grande fête de l’année, Peut-être que cette fête a diminué en qualité populaire…
Pour moi le 14 juillet ce n’est pas seulement le 14 juillet 1789 mais c’est le 14 juillet 1790, la grande fête de la Fédération où les délégués de toutes les provinces de France ont voulu dire nous voulons faire partie de la grande union…
Je pense que la France dans son unité et sa diversité actuelle a été fondée là. Donc pour moi, j’adore le 14 juillet. »

Edgard Morin toujours énergique

Edgar Morin sur France Inter le 14 juillet 2022

Âgé de 101 ans, il dit ressentir « la poésie de vivre, de marcher au soleil ».

« J’ai perdu beaucoup d’amis, mais j’en ai encore. J’ai une relation d’amour avec mon épouse. J’ai encore beaucoup de sentiments, bien que beaucoup de choses soient rétrécies, dont mon audition, ma capacité de gambader avec mes jambes. Mon corps a diminué de ses capacités, mais mon esprit reste pareil. La vie continue à travailler en moi. »

Il reste l’un de nos grands intellectuels français après avoir été un militant engagé.

Le militant de gauche
En 1936, pendant la guerre d’Espagne, son premier acte politique est d’intégrer une organisation libertaire, pour préparer des colis à destination de l’Espagne républicaine. En 1938, il rejoint les rangs d’une petite formation de la gauche pacifiste et antifasciste.

Il entre en 1942 dans la Résistance communiste au sein des Forces unies de la jeunesse patriotique, change son nom en Edgar Morin et devient membre du Parti Communiste. Il est alors proche de nombreux intellectuels « compagnons de route » de ce parti, comme Georges Friedmann ou Jean-Paul Sartre. Il en sera exclu en 1951 à cause de son opposition au stalinisme. Politiquement, Il se situe maintenant dans une gauche républicaine et humaniste et a récemment déclaré. « J’ai toujours les mêmes convictions, mais j’ai perdu des illusions »

L’intellectuel
Son œuvre en tant que sociologue, chercheur, cinéaste, écrivain et enseignant est considérable.

Il a écrit plus de cent livres. À l’âge de 100 ans il a publié Leçons d’un siècle de vie, Paris, Éditions Denoël, et, en 2022, à l’âge de 101 ans, Réveillons-nous ! Paris, Éditions Denoël. Il a participé ou réalisé neuf films.

Edgar Morin Révéillons nous !Édité chez Denoël

Il a beaucoup travaillé sur le concept de complexité, cette « pensée complexe » qui, selon lui, aide les dirigeants à mieux comprendre le monde qui les entoure. Si le mot complexité s’oppose apparemment à la simplicité, lui a le don de nous expliquer ici -en moins de 14mn agréables et pédagogiques- toute son utilité.

« Dans la vie, tout est lié » et il nous faut donc « relier ce qui est lié ». Une approche bien utile avant de prendre une bonne décision pour agir. Et dans cet entretien, son apparente simplicité conviviale et claire le rend accessible au grand public : elle fait à l’évidence de lui opportunément un bon « client » régulier pour les journalistes.

Terminons par une pensée d’Edgar Morin, toujours d’actualité : « À force de sacrifier l’essentiel pour l’urgence on oublie l’urgence de l’essentiel. »

Caricature de Ranvier

Gabriel Ranvier, une plaque au héros de Belleville

Le mercredi 25 mai prochain, en fin d’après-midi, M. Éric Pliez, maire du 20e arrondissement, dévoilera une plaque à la mémoire d’un de ses prédécesseurs, Gabriel Ranvier (1828-1879), qui a joué un rôle éminent lors de la Commune de Paris.

Ranvier a représenté le 20e arrondissement au Comité Central de la Garde nationale et, par deux fois, il a été élu maire de l’arrondissement. Depuis la mairie, située à cette époque rue de Belleville, dans l’ancienne guinguette de L’Ile d’Amour, il a veillé sur ses administrés et été l’âme de la résistance de Belleville pendant la Semaine sanglante (21-28 mai 1871).

Le dévoilement sera précédé à 18h00, sur le parvis de l’église Saint-Jean-Baptiste de Belleville, 139 rue de Belleville, d’un spectacle historique sur la Commune de Paris par la troupe « Les mystères du Vieux Paris ».

Tous les citoyens de l’arrondissement sont chaleureusement conviés à assister à cette cérémonie

Plaque à l'ancienne mairie du 20e

Gabriel Ranvier, invitation à la cérémonie du 25 mai 2022

« Ranvier. Un long corps maigre au haut duquel est plantée, comme au bout d’une pique, une tête livide, qu’on croirait coupée s’il baissait les paupières […] Mais qu’il ouvre la bouche et qu’il parle, un sourire d’enfant éclaire son visage », L’Insurgé, Jules Vallès

L’élu du 20e

Gabriel Ranvier fait partie de ces figures qui n’ont pas écrit l’histoire de la Commune. Mais qui l’ont faite !

Après la proclamation de la République, Gabriel Ranvier est élu une première fois maire du 20e, le 6 novembre 1870, mais très vite, l’élection de ce « petit patron » d’un atelier de décoration sur porcelaine et laque est invalidée pour faillite quelques années plus tôt.

1ère mairie du 20e

Ancienne mairie de Belleville puis du 20e arrondissement, rue de Belleville

Il entre alors en politique et s’engage plus que jamais aux côtés des blanquistes. Membre du Comité Central de la Garde nationale, il est impliqué dans l’insurrection du 18 mars 1871, date à laquelle il est réélu et reprend ses fonctions de maire du 20e. Et c’est lui qui aura l’honneur de proclamer la Commune de Paris à l’Hôtel de Ville le 28 mars 1871.

Le nouvel édile, par ailleurs franc-maçon, prend les armes et participe aux sorties des fédérés contre les forces du gouvernement de Versailles, notamment à celle, désastreuse, du 3 avril, où Gustave Flourens perd la vie. Le 1er mai, il vote pour l’institution d’un Comité de Salut public. Il combattra avec acharnement jusqu’au dernier jour de la Commune le 28 mai 1871.

Caricature de Ranvier

Portrait de Gabriel Ranvier, maire du 20e arr, musée Carnavalet

Réfugié à Londres, il y reprend son métier et combat pour l’amnistie des Communards. Il milite notamment dans les comités de secours aux réfugiés, puis il se rapproche de Bakounine et des libertaires. Au même moment, en France, il est deux fois condamné par contumace pour participation à la Commune.

En 1879, il demande aux autorités françaises de l’autoriser à passer par Paris. Et c’est rue des Tournelles, à Belleville, qu’il meurt soudainement, le 25 novembre 1879, à 51 ans. 600 personnes, dont 200 amnistiés, suivent son convoi.

Le signataire de la dernière affiche de la Commune

Au soir du 26 mai 1871, il signe la dernière affiche de la Commune… un dernier appel à l’unité et à la solidarité :

« Citoyens du XXe arrondissement

Le moment est venu de combattre avec acharnement un ennemi qui nous fait depuis deux mois une guerre sans pitié.

Si nous succombions, vous savez quel sort nous serait réservé. Aux armes donc, et ne les quittons plus qu’après la victoire. De la vigilance, surtout la nuit […].

Je viens donc, dans un intérêt commun, au nom de la solidarité qui unit en ce moment tous les révolutionnaires, vous demander d’exécuter fidèlement les ordres qui vous seront transmis. Prêtez votre concours au 19e arrondissement, aidez-le à repousser l’ennemi, là est votre sécurité, et la victoire est à ce prix. N’attendez pas que Belleville soit lui-même attaqué, il serait peut-être trop tard. En avant donc et Belleville aura encore une fois triomphé. Vive la République ! »

Une première version de cet article, rédigé par Christiane Demeulenaere-Douyère, vice-présidente de l’Association d’histoire et d’archéologie du 20e arrondissement de Paris (AHAV), est parue dans le Journal municipal Paris Vingtième n°1 – Hiver-Printemps 2021.

Escalier donnant sur commerce

2022… c’est l’année Perec dans le 20!

Cette année 2022 marque le 40e anniversaire de la mort de l’écrivain Georges Perec, dont une partie de la vie (courte) et une part de l’œuvre (plus importante) sont intimement liées au 20e arrondissement où il vécut enfant.

Georges Perec- Wikipédia.

Perec, de la rue de l’Atlas à Ivry… en passant par la rue Vilin

Georges Perec naît le 7 mars 1936, au 6 rue de l’Atlas (19e arr.), du mariage de Icek Judko Perec (1909-1940) et de Cyrla Szulewicz (1913-1943), juifs d’origine polonaise. Il passe sa petite enfance au 24 rue Vilin, à Belleville, où sa mère tient un salon de coiffure jusqu’en 1942, dont le souvenir occupe une place importante dans son œuvre.

Rue Vilin en 1959

Gamins de Belleville sous l’escalier de la rue Vilin, Paris, 1959. Médiathèque du Patrimoine, donation W. Ronis

Engagé volontaire contre l’Allemagne, son père est tué dès juin 1940. Sa mère envoie son fils en zone libre, à Villard-de-Lans, où il passe le reste de la guerre auprès de son oncle et de sa tante Bienenfeld, tandis que Cyrla est arrêtée et déportée à Auschwitz en février 1943. En 1945, Georges rentre à Paris et est adopté par les Bienenfeld.

Il devient documentaliste au CNRS et entame en même temps une carrière d’écrivain. En 1965, son premier roman Les Choses remporte le prix Renaudot. En juin 1967, il est coopté pour entrer à l’Oulipo (Ouvroir de littérature potentielle), cooptation qui marque un point important dans son œuvre littéraire puisque désormais ses textes suivront en général des contraintes de type oulipien. Perec est, avec Raymond Queneau et Italo Calvino, un des membres de l’Ouvroir dont les ouvrages ont eu le plus de succès.

Oulipo, écriture innovante

Basile Morin, ambigramme de l’Oulipo

En 1969, il publie La Disparition, son premier roman oulipien, 300 pages écrites sans utiliser la lettre « e ». Au-delà de cette prouesse lexicographique, Perec reprend aussi sa thématique de l’absence et la douleur qu’elle engendre. Il inverse ensuite la contrainte lipogrammatique dans Les Revenentes, où il n’utilise que la voyelle « e » à l’exclusion de toutes les autres, même au prix de libertés orthographiques.

Ensuite il achève W ou le souvenir d’enfance, qui paraît en 1975. Très estimé, ce grand roman moderne obtient un succès critique qui place Perec parmi les meilleurs de son temps. L’alternance binaire d’une fiction fascisante et d’une écriture autobiographique fragmentaire adosse une histoire collective fantasmée au destin singulier de l’orphelin qu’est l’auteur.

À partir de 1976, il publie des mots croisés dans Le Point, soit un total de 135 grilles jusqu’en 1982.

Perec dessiné par la Poste

Timbre-poste en hommage à G. Pérec, 2002.

Perec atteint la consécration en 1978 avec la publication de La Vie mode d’emploi, qui obtient le prix Médicis et un grand succès public, qui permet à son auteur d’abandonner son travail de documentaliste et de se consacrer à l’écriture. Il y explore de façon méthodique la vie des différents habitants d’un immeuble, selon une contrainte de circulation : la polygraphie du cavalier. À cette première contrainte s’ajoutent de nombreuses autres, ordonnées selon un bi-carré latin orthogonal d’ordre.

Le 3 mars 1982, Georges Perec meurt, à 45 ans, d’un cancer du poumon, à Ivry-sur-Seine, quelques mois seulement après avoir publié « 25 choses à faire avant de mourir »[1]. Ses cendres ont été déposées au columbarium du cimetière du Père-Lachaise (case 382).

Inédit de Perec

Couverture de Lieux, ouvrage inédit de G. Perec publié en 2022 au Seuil.

Et… Surprise !!… En cette présente année 2022, 40 ans après sa mort, vient de paraitre au Seuil un « nouveau » Perec. Il s’agit d’un recueil de 133 textes restés inédits, intitulé Lieux, dans lequel l’auteur explore « douze lieux, des rues, des places, des carrefours, liés à des souvenirs, à des événements ou à des moments importants de mon existence » sur six années, entre descriptions et souvenirs[2].

« En remontant la rue Vilin »

En 1969, date de la publication de La Disparition, Georges Perec se lance le défi de documenter, année après année, la destruction de la rue Vilin, la rue de son enfance qui serpente sur les coteaux escarpés de Belleville.

Rue Vilin, 20e populaire

Georges Pérec rue Vilin-DR.

L’écrivain projette d’y revenir régulièrement pendant douze ans, ainsi que sur onze autres lieux parisiens, pour conserver la trace d’un triple vieillissement, « celui des lieux eux-mêmes, celui de mes souvenirs et celui de mon écriture » (Espèces d’espaces, 1974). Abandonné en cours de route, ce travail provisoirement intitulé Lieux n’aboutira jamais. Et, le 4 mars 1982, au lendemain de sa mort, les démolisseurs s’attaquaient aux dernières masures de la rue. Ce jour-là tombe le nº 24, la maison où Perec avait vécu avec ses parents.

Escalier donnant sur commerce

La rue Vilin, années 1950 – photo Henri Guérard

Ouverte en 1846 et classée en 1863, puis déclarée îlot insalubre un siècle plus tard, la rue Vilin a disparu dans la réalisation du Parc de Belleville. À l’origine, elle partait de la rue des Couronnes, se poursuivait en ligne droite vers le nord-est, en pente douce, sur 200 mètres environ, avant de se terminer par un escalier d’une cinquantaine de marches qui rejoignait la rue Piat. La chaussée était pavée, les trottoirs étroits, sans arbre. La circulation y était peu importante, du fait de l’escalier au bout, qui la rendait quasiment semblable à une impasse. C’était un terrain de jeu idéal pour les enfants qui aimaient dévaler l’escalier ou jouer tranquillement au ballon dans la rue.

Film de de Robert Bober

En remontant la rue Vilin, de Robert Bober, montage

De la rue Vilin, il ne reste guère que les photos prises par des photographes et les textes de Georges Perec. Le cinéaste Robert Bober s’en est emparé et a reconstitué comme dans un puzzle cette rue disparue. Le film est tout à la fois la reconquête d’un espace, une réflexion sur le regard et un hommage rendu à son ami Perec[3].

Et qui donc est ce M. Vilin qui a donné son nom à la rue Vilin ?

Sans doute un ancien propriétaire des terrains sur lesquels la rue fut ouverte : Pierre Augustin Vilin, né à Paris, section de Popincourt, le 22 juillet 1793 et décédé le 18 mars 1857, à Belleville. Issu d’une famille de tisserands d’Amiens, il fut d’abord vérificateur des bâtiments, tout en étudiant l’architecture à l’École des Beaux-arts de Paris. Il fit une carrière d’architecte et mena des opérations de spéculation foncière qui lui rapportèrent, semble-t-il, une confortable aisance.

Bas de la rue Vilin

9 – Angle de la rue des Couronnes et de la rue Vilin, début du XXe siècle. Carte postale.

Il fut aussi maire de Belleville de la Révolution de février 1848, époque à laquelle il était adjoint, jusqu’aux événements de juin 1848. Il semble être encore conseiller municipal de Belleville en juillet 1853, date à laquelle la sous-préfecture de Saint-Denis le signale comme n’ayant pas prêté serment à l’Empereur.

En 2022, Georges Perec fait encore l’actualité avec le festival Du haut des cimes de Ménilmontant

Printemps de la poésie dans le 20e

Affiche du festival Du Haut des Cimes, édition 2022

Le festival Du haut des cimes de Ménilmontant (6-19 juin 2022) rendra hommage « à l’enfant du quartier, Georges Perec, anniversaire des 40 ans de sa disparition »

le samedi 18 juin, avec 2 spectacles solo, l’un à 18h : L’Encyclopédiste (Conception Encyclopédie de la parole. Texte et interprétation Frédéric Danos) et l’autre à 20h : Beaux présents dorés, ou le voyage dans l’alphabet extraordinaire de Jude Call Mirann (Compagnie belles absentes. Texte et interprétation Julien Marcland) à la MJC des Hauts de Belleville, 43 rue du Borrego.

-le dimanche 19 juin, avec une promenade poétique « Sur les pas de Georges Pérec » avec Stéphane Bouquet et les poétesses Molly Lo Freemann (USA) et Anna Maligon (Ukraine), précédée de la rencontre « Qu’est-ce que tu fabriques ? », avec Stéphane Bouquet (15h-18h). RV entrée du Père-Lachaise, rue des Rondeaux, en face de l’avenue du Père-Lachaise, puis à l’amphithéâtre de verdure du Conservatoire Georges Bizet, 3 place Carmen, rue des Cendriers.

Et, en ouverture du festival, le lundi 6 juin, de 15 à 17h, l’AHAV participera à une visite des poètes du Père-Lachaise. Pour l’AHAV, sortie réservée à ses adhérents et sur inscription.

Rue Vilin et son terrain vague

« Au repos de la Montagne », 53-55 rue Vilin. Image tirée du film « En remontant la rue Vilin » réalisé par Robert Bober en 1992

 

Pour en savoir plus :

Sur Georges Perec et son œuvre : https://fr.wikipedia.org/wiki/Georges_Perec.

Sur l’Oulipo : https://www.bing.com/search?q=Oulipo%20wikipedia&form=WIKIRE.

Sur le festival Du haut des cimes de Ménilmontant : https://www.facebook.com/festivalduhautdescimes.

____________

[1] https://www.youtube.com/watch?v=Gh81fubFMEw. On trouve beaucoup d’interviews de G. Perec en ligne sur Internet.

[2] L’ouvrage est accessible gratuitement sur https://www.seuil.com/ouvrage/lieux-georges-perec/9782021114096

[3] Film documentaire réalisé par Robert Bober,1992, 48 min, couleur ; nombreux extraits sur Internet.

Regard Saint-Martin fin de travaux 2022

Le regard Saint-Martin sous un nouveau jour

À la hauteur du 42 bis rue des Cascades, les travaux de réhabilitation sont prévus pour se terminer fin mars. En ce qui concerne le regard Saint-Martin, la consolidation du mur tout proche  se fait en partenariat avec les services de la Ville et  lui permet ainsi d’assurer sa pérennité.

Il est vrai que le temps avait fait son œuvre, les racines des arbres avaient poussé la terre jusqu’à en bousculer ce mur situé à l’arrière. L’intervention est à la charge de la propriété de la rue de l’Ermitage gérée par la RIVP qui  présente le chantier comme  » indispensable pour sécuriser ce jardin et son mur de soutènement ».

 

Restauration du regard Saint-Martin

L’annonce des travaux de la RIVP en 2021. « Pérenniser le regard Saint-Martin » en bas à droite -PG

 

Rappelons-nous au passage que juste à côté, au n° 44, la scène de la guinguette avec Simone Signoret et Serge Reggiani dans « Casque d’or » a été tournée en 1952 en ces lieux.

Un regard religieusement construit

Le regard Saint Martin a permis le captage des eaux de Belleville. L’aqueduc de Belleville lui-même avait été le premier chantier d’adduction par la ville à l’usage de ses habitants, une construction réalisée vers le 13ème siècle. Notre regard lui-même date du milieu du 17ème siècle à l’initiative des religieux de Saint Martin des Champs, d’où l’origine de son nom.

Il a permis d’accéder à une courte galerie souterraine, et pouvoir ainsi « regarder », surveiller l’eau de Belleville captée pour être destinée à leur enclos.

Le partage avec les religieux du Temple

Mais les religieux de Saint-Martin-des-Champs ont dû partager cette eau avec les religieux du Temple. Ils se sont mis d’accord pour répartir entre eux les frais d’entretien du réseau. La plaque en latin posée à l’entrée du regard nous en fait partager son histoire. En voici la traduction :

« Fontaine coulant d’habitude pour l’usage commun des religieux de Saint-Martin de Cluny et de leurs voisins les Templiers. Après avoir été trente ans négligée et pour ainsi dire méprisée, elle a été recherchée et revendiquée à frais communs et avec grand soin, depuis la source et les petits filets d’eau. Maintenant enfin, insistant avec force et avec l’animation que donne une telle entreprise, nous l’avons remise à neuf et ramenée plus qu’à sa première élégance et splendeur. Reprenant son ancienne destination, elle a recommencé à couler l’an du Seigneur 1633, non moins à notre honneur que pour notre commodité. Les mêmes travaux et dépenses ont été recommencés en commun, comme il est dit ci-dessus, l’an du Seigneur 1722 »

 

Regard Saint-Martin en 1650

Regard Saint Martin, dessin datant de 1650-Archives Nationales

 

Les dessous de ce patrimoine protégé

Pour finir, cet édifice de pierre -propriété de la ville- a dans un premier temps été classé monument historique en 1899, grâce à l’action de la toute nouvelle Commission du Vieux Paris créée deux ans plus tôt.

Comme cette protection légale ne couvrait pas la galerie souterraine alimentant le regard, en 2006 grâce à l’action de l’ASNEP (Association Sources du Nord – Études et Préservation), un nouvel arrêté de classement a permis de combler cet oubli.

À l’occasion de notre prochaine visite guidée du 23 avril, nous passerons devant cet emplacement avec davantage de curiosité.