Plaques rue du groupe Manouchian

Missak et Mélinée Manouchian entreront au Panthéon le 21 février 2024

 

C’est officiel depuis ce 18 juin 2023, Missak et Mélinée Manouchian entreront au Panthéon le 21 février 2024.

Le 20e les garde également en mémoire dans plusieurs lieux : leur rue au nom du groupe Manouchian, une commémoration annuelle organisée par la Ville dans cette rue, la fresque rue du Surmelin et un monument au Père Lachaise.

Nous leur avions consacré trois articles dont celui-ci -daté du 28 février 2023-  incluant les deux autres sous forme de liens.

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Hommage aux membres du groupe Manouchian

 

Ils étaient vingt et trois quand les fusils fleurirent
Vingt et trois qui donnaient leur cœur avant le temps
Vingt et trois étrangers et nos frères pourtant…

Le 21 février dernier, dans la lumière dorée d’un soleil d’hiver déclinant, le 20e arrondissement a commémoré le 79ème anniversaire de la mort de Missak Manouchian (1906-1944) et de ses camarades de l’organisation FTP – MOI (Francs-tireurs et partisans – Main-d’œuvre immigrée), fusillés, le 21 février 1944, comme résistants au Mont-Valérien.

Les membres du groupe Manouchian

Réseau Manouchian, montage photo-Internet

Ce soir-là, la rue du Groupe Manouchian, la rue du Surmelin et leurs abords ont retenti des noms de ces 23 hommes et femme*, communistes, anarchistes, juifs, arméniens, polonais, hongrois, italien, espagnol, roumain… ces 23 étrangers « morts pour la France ».

Ils ont aussi retenti des vers du poète Louis Aragon, écrits en hommage aux résistants de « l’affiche rouge » et mis en musique par Léo Ferré**. Qu’on la fredonne doucement comme une chanson d’amour, ou qu’on la chante avec ardeur comme un chant révolutionnaire, cette chanson ne s’est jamais tue.

Les ombres de Missak et de Mélinée Manouchian étaient présents aussi parmi nous : leurs visages peints sur les deux magnifiques fresques murales que leur ont consacrées les street-artistes de Art Azoï veillaient avec bienveillance sur la réunion.

Fresque Manouchian dans le 20e arrondissement

Fresque représentant Mélinée Manouchian-CDD

Bien sûr, il y avait les drapeaux des Anciens Combattants, des gerbes de fleurs, des écharpes tricolores, des prises de parole officielles – Madame l’Ambassadrice d’Arménie à Paris, Madame Hidalgo, Maire de Paris, la municipalité du 20e arrondissement et d’autres –, et les bravos nourris d’un auditoire nombreux… Et aussi un grand sentiment réconfortant, celui d’appartenir à une vaste communauté rassemblée là, dans les valeurs de la République : la Liberté, l’Égalité et la Fraternité.

L’année prochaine, comme tous les 21 février, nous nous retrouverons encore rue du Groupe Manouchian. Et peut-être même avant, à l’occasion de l’entrée au Panthéon de Missak Manouchian et de sa compagne Mélinée… actuellement en discussion.

Rue du groupe Manouchian le 21 février 2023

Cérémonie dédiée au groupe Manouchian en 2023, vue générale-CDD

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*Le réseau Manouchian comptait une femme, Olga Bancic, roumaine, qui fut non pas fusillée avec ses camarades de lutte, mais transférée en Allemagne et guillotinée à la prison de Stuttgart, le 10 mai 1944.

**Le poème d’Aragon, Groupe Manouchian, paraît en une du journal L’Humanité et est publié un an plus tard sous le titre Strophes pour se souvenir dans Le Roman inachevé. II est mis en musique par Léo Ferré, en 1959, sous le titre L’Affiche Rouge ; la chanson restera censurée, interdite à la radio et la télévision françaises jusqu’en 1981.

Entretien avec Georges Kiejman

Georges Kiejman, un gamin de Belleville

Nous connaissons bien Georges Kiejman, l’avocat et figure emblématique du monde judidiciaire au parcours exceptionnel. Il a été le défenseur de nombreuses personnalités médiatiques. Il vient de nous quitter le 9 mai 2023 à l’âge de 90 ans et il est utile de nous rappeler la carrière du célèbre avocat. 

Georges Kiejman a également joué un rôle politique en tant que proche collaborateur de Pierre Mendès-France et en a été un de ses secrétaires. Il a plus modestement assuré une carrière ministérielle, avec trois portefeuilles différents en deux ans, entre 1990 et 1993..

Kiejman, un proche de Mendes-France

Georges Kiejman travaillant avec Pierre Mendes-France-extrait LCP

Jeunesse et origines modestes à Belleville

Fils d’une famille juive polonaise, il est né à Paris et a passé une partie de sa jeunesse dans nos quartiers. Il se présente lui-même comme un enfant de Belleville.

Sa biographie a été écrite avec lui par Vanessa Schneider  L’homme qui voulait être aimé. Elle a été co-signée et publiée deux ans avant sa mort. En audio et produit ici par l’INA et la Fondation pour la mémoire de la Shoah, son témoignage direct -sous forme de quatre épisodes de 15 mn- se trouve également très facilement accessible sur plusieurs sites internet.

Issu d’une famille de prolétaires immigrés

Ses parents, arrivés en France en 1931, étaient des immigrants de la région de Varsovie, et c’est l’année suivante que va naître à Paris le petit Georges. Son père exerçait un ou plusieurs métiers inconnus, dont il n’a jamais révélé les détails à la famille. La mère est illettrée et il la décrit comme « incapable d’instinct maternel ». 

Malheureusement, le père quitte le foyer familial avant la guerre, lorsque Georges avait 3 ou 4 ans, et si Georges l’a peu connu, il dit malgré tout l’avoir beaucoup aimé. Il en apprendra sa mort seulement en 1945, gazé à Auschwitz deux ans plus tôt.

Dans ses récits, Georges Kiejman partage une anecdote révélatrice de sa situation : « J’ai toujours porté les vêtements des autres ». Dès l’âge de 4 ans, il a appris à lire grâce aux livres empruntés à ses deux sœurs. Sa jeunesse a été marquée par des grandes difficultés financières, un challenge à relever pour nourrir ses grandes ambitions.

 

Les racines juives en héritage

Bien que ses parents étaient juifs, ils n’étaient pas pratiquants, et Georges Kiejman n’a pas été élevé dans la tradition religieuse. Lui se considère comme un « petit juif » immigré, mais la véritable conscience de son identité juive s’est surtout développée en réaction à la Shoah. Il se décrit lui-même comme étant à la fois profondément laïque et viscéralement juif.

Le gamin de Belleville

« Je suis né près de la rue des Rosiers que je n’ai pas fréquentée. J’ai vécu à Belleville beaucoup plus tard… Je suis un enfant de Belleville »

Georges Kiejman enfant

Georges Kiejman avec sa mère-extrait LCP

« Avant la guerre, j’ai vécu dans une toute petite pièce avec ma mère, une petite pièce que je retrouverai après la guerre, qui était une chambre d’hôtel de passe reconverti en immeuble dit d’habitation. Et j’allais à l’école du boulevard de Belleville »

Avant la guerre, à la suite des démarches de ses parents, il a pu acquérir la nationalité française.

Comme son père avait déjà quitté sa mère et, en 1939, s’était engagé en tant qu’étranger dans l’armée française, sa mère accepte de suivre la décision administrative de partir avec leur fils et ses deux sœurs dans le Berry… où le petit Georges deviendra même très brièvement enfant de chœur ; il retrouvera sa mère à Paris en 1946, pour habiter à nouveau dans cette minuscule chambre de Belleville du 11e arrondissement, très précisément au 13 rue de la Présentation. Il entrera quelques années plus tard au lycée Voltaire en classe de première.

Georges Kiejman, photo de classe

Georges Kiejman au lycée Voltaire-extrait LCP

À l’époque où il vit seul avec sa mère, ses deux sœurs habitent au 94 rue de Charonne, dans l’immeuble du Palais de la Femme géré par l’Armée du Salut.

Lorsque le jeune Georges est devenu étudiant, il donne à sa mère l’argent qu’il gagne  et une fois adulte, il s’en occupera jusqu’à la mort de celle-ci en 1974

Modifier son nom à double sens

Le nom paternel Kiejzman s’écrit à l’origine avec un « z » après le « j ». Il faut savoir que dans l’alphabet polonais, il existe une lettre double qui s’appelle le « jz ». Alors une fois devenu tout jeune avocat, il souhaite supprimer le « z » de son nom. Il le justifie ainsi :

« Ce « z » avait fait l’objet de beaucoup d’éclat de rire auprès de mes petits camarades quand j’épelais mon nom ».

Il relate cette anecdote à Pierre Assouline qui l’interroge un an avant sa mort : l’historien -ici en tant qu’animateur de l’émission d’Akadem TV- rebondit complaisamment sur le sujet. Pierre Assouline lui propose une formulation donnant un sens plus profond à cette modification du nom : « vous l’avez dépolonisé, mais vous ne l’avez pas déjudaïsé ».

Georges Kiejman en apprécie immédiatement l’idée, au point de se l’approprier en le répétant avec un sourire complice.

Sa vocation d’avocat

Au début de sa jeunesse, il a dû exercer plusieurs petits métiers pour pouvoir vivre. Mais à l’heure du choix de sa carrière, en quoi le métier d’avocat correspond-il à sa vocation ? Il y répond très simplement :

« Je n’avais pas conscience ni connaissance du droit, mais on me disait : il cause bien le petit Georges, il sera avocat, et cette idée m’est restée en tête. »

Et c’est ainsi quen décembre 1953, Georges Kiejman prête serment au barreau de Paris, alors qu’il a seulement 21 ans, et dès l’année suivante il obtient la coupe d’éloquence des jeunes avocats. Tout cela se passait il y a tout juste 70 ans, une longue carrière s’en est suivie. Elle se terminera à l’âge de 90 ans.

Ci-dessous au Père Lachaise, les différentes personnalités qu’il a représentées

Tombe de Montand et Signoret au Père Lachaise-PG

Montand et Signoret au Père Lachaise-PG

 

Tombe de Tignous

Charlie Hebdo, Tignous au Père Lachaise

Tombe de Malik Oussekine

Stèle de Malik Oussekine au Père Lachaise-PG

Tombe de Pierre Goldman

Pierre Goldman au Père Lachaise-PG

Tombe de Marie Trintignant

Marie Trintignant au Père Lachaise-PG

 

 

Extension d'Haussmann

Quand Belleville et Charonne intègrent Paris

Conférence à l’occasion des 170 ans de la nomination d’Haussmann en tant que préfet de Paris

 

Dans le cadre des Mardis de l’histoire de Paris, cycle de manifestations consacrées cette année au préfet de la Seine Georges Haussmann, l’AHAV a été invitée à présenter, le mardi 2 mai 2023, à 18h30, une conférence consacrée à :

1860 – Paris annexe ses faubourgs, l’exemple de Belleville et de Charonne,

par  Christiane Demeulenaere-Douyère, vice-présidente de l’Association d’histoire et d’archéologie du 20e arrondissement de Paris .

 Cette présentation sera suivie d’une autre conférence, consacrée à :

Les transformations de l’île de la Cité sous Haussmann,

par  Christine Bru – La Cité, société historique et archéologique de Paris Centre

Elles auront lieu dans l’auditorium de l’Hôtel de Ville de Paris (entrée 5, rue Lobau, Paris 4earr.). Entrée libre dans la limite des places disponibles, mais inscription obligatoire à Christine.gosse@paris.fr.

 

Les Mardis de l’histoire de Paris

Mme Karen Taïeb, Adjointe à la Maire de Paris en charge du patrimoine, de l’histoire de Paris et des relations avec les cultes vous invite chaque premier mardi du mois, à 18h30 à l’Hôtel de Ville pour ce nouveau rendez-vous gratuit et ouvert à toutes et tous.

Ces conférences sont animées par les sociétés et associations d’histoire des arrondissements parisiens.Chaque année, elles aborderont un thème spécifique.

En 2023, elles s’inscrivent dans la programmation de l’année Haussmann ; en effet, en 1853, le baron Haussmann est nommé préfet de la Seine par Napoléon III. C’est à lui qu’ont été confiés les Grands travaux de Paris sous le Second Empire. À l’occasion du 170e anniversaire du lancement de ces travaux d’envergure, la Ville de Paris propose tout au long de 2023 de nombreux événements.

Plus d’informations sur paris.fr (https://www.paris.fr/evenements/mardis-de-l-histoire-un-cycle-de-conferences-sur-l-histoire-de-paris-32170 et https://www.paris.fr/pages/haussmann-l-homme-qui-a-transforme-paris-23091).

Annexion de Belleville et Charonne

Conférence à l’HdV sur Belleville et Charonne intègrant Paris, par Christiane Demeulenaere-Douyère

JO 2024 dans le 20e arrondissement

JO 2024 : la piscine Georges Vallerey fait peau neuve

 

Fermée depuis l’été dernier, la piscine Georges Vallerey, 148 avenue Gambetta, connaît de gros travaux afin de servir de piscine d’entraînement pour les athlètes olympiques et paralympiques des JO d’été de Paris en 2024.

C’est en 1924, pour les JO d’été à Paris, que le « stade aquatique des Tourelles » est construit près de la porte des Lilas.

La piscine Vallerey a 100 ans

Création de la piscine des Tourelles-Excelsior 5 juin 1924

Il est le théâtre des exploits du nageur américain Johnny Weissmuller*, reparti avec cinq médailles d’or dont le 100 mètres nage libre et le 400 mètres nage libre masculins.

100 m nage libre en moins d'1mn

Record olympique du 100m en 1924 par J Weissmuller-extrait de wikipedia

Ensuite, le stade devient le siège de la Fédération française de natation et accueille de nombreux championnats de France.

Rebaptisé en 1959 « piscine Georges Vallerey », du nom d’un jeune nageur prometteur mort très jeune**, l’équipement est rénové en 1986-1989 sur des plans de l’architecte Roger Taillibert***. Il comprend un bassin de dimensions olympiques (50 × 21 m) et peut accueillir jusqu’à 1 500 spectateurs.

En 2017, le Comité International Olympique (CIO) donne son accord pour que les anneaux olympiques soient apposés sur sa façade, mettant en valeur ce patrimoine olympique parisien.

Entrée de la piscine Valerey

Les anneaux olympiques sur la façade de la Piscine Georges Vallerey-VdP

Une nouvelle charpente et un nouveau toit ouvrant

A l’occasion des JO de Paris 2024, la piscine Vallerey va faire peau neuve. Le projet, conduit sous la maîtrise d’ouvrage de la Ville de Paris, prévoit la rénovation complète du bâtiment et de ses équipements afin de permettre les entraînements des athlètes pendant les JO.

Piscine en cours de travaux

Instalation de la toiture en bois de la piscine Vallerey-Photo Clement Dorval pour la Ville de Paris

Place notamment à une nouvelle toiture mobile composée d’une charpente bois maillée et de panneaux polycarbonates permettant à la transparence du ciel de pénétrer au sein du bassin.

Un chantier en pointe sur le sujet du réemploi

Pour les JO 2024, la Ville de Paris innove techniquement à tous les niveaux et les chantiers menés répondent à des normes environnementales strictes. Le chantier de la piscine Vallerey est l’occasion de privilégier le réemploi et le recyclage des matériaux. Plus de 90 % des déchets produits (fer, gravats, etc.) sont réemployés ou recyclés grâce à des filières spécifiques. Et 13 % de ces déchets de chantier sont réemployés, dont le bois de la charpente.

Une partie de la charpente va connaître une nouvelle vie grâce à l’association Extramuros. Six mètres cubes de bois ont été donnés par la Ville à cette « menuiserie solidaire, sociale et écologique », implantée rue de Ménilmontant et spécialisée dans le réemploi des matériaux, dont le bois.

Ce bois sera notamment réutilisé pour le nouvel équipement. L’entreprise Bonnardel, implantée en Seine-et-Marne, fabriquera le nouveau mobilier : le comptoir d’accueil de la piscine, mais aussi les bancs, des meubles pour la zone de déchaussage des nageurs et près de 1 400 petites pièces de signalétique de la nouvelle piscine.

Et la nouvelle charpente ? Le bois utilisé, issu de forêts françaises écocertifiées, sera du pin Douglas, provenant des forêts du Jura et des Vosges.

D’autres innovations visent à améliorer les performances énergétiques de l’équipement : raccordement à un réseau chaleur, nouveau système de ventilation, modernisation de l’éclairage…, et accessibilité universelle pour les personnes en situation de handicap.

Réouverture annoncée en janvier 2024 !

Maquette de la piscine Georges Vallerey 2024-VdP

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*Johnny Weissmuller, né János Péter Weissmüller (1904-1984), d’origine roumaine, est un nageur olympique américain cinq fois médaillé d’or aux Jeux olympiques et longtemps recordman du 100 m nage libre. Il a aussi été un acteur de cinéma célèbre pour avoir incarné le personnage d’Edgar Rice Burroughs, Tarzan, à douze reprises dans les années 1930-1940.

**Georges Vallerey (1927-1954) bat, entre 1945 et 1949, sept records d’Europe, et devient, en 1946, recordman du monde du 3 × 100 m trois nages, puis des 4 × 100 NL et 4 × 200 NL. Aux JO d’été de 1948, il remporte le bronze sur 100 m dos. Il est alors repéré par un entraîneur américain, mais meurt prématurément.

***Roger Taillibert (1926-2019) est l’architecte, entre autres, du nouveau stade du Parc des Princes à Paris (1969-1972) et du stade olympique de Montréal (Canada), construit pour les JO de 1976.

Paris village dans le 20e arrondissement

Autour de la place Gambetta, visite guidée

 

Cette balade chemine approximativement autour du quartier Gambetta, au sens du conseil de quartier du même nom.

Elle nous emmène à la découverte de curiosités topographiques ou architecturales, reflets ou scories d’un passé oublié : un pont sur une rue, un lotissement hétéroclite, l’un des plus petits cimetières de Paris, le souvenir des nombreuses activités artisanales etc…

  • Date : dimanche 16 avril 2023
  • Heure de rendez-vous : 10h00
  • Lieu : au coin de l’avenue du Père-Lachaise et de la place Gambetta (sortie n°3 du métro Gambetta)
  • Durée : 2 heures

Cette visite guidée est proposée par Pierre Besson de l’AHAV. Elle est réservée aux adhérents et sur inscription.

Le 20e arrondissement en deuil de Jean-Michel Rosenfeld (1934-2023)

Jean-Michel Rosenfeld a quitté ce monde le 4 mars 2023, à la veille de son anniversaire. Par sa vie, son histoire personnelle, ses engagements et les valeurs morales et philosophiques auxquelles il croyait et qu’il défendait, il était étroitement lié à notre arrondissement et il restera dans nos mémoires.

Nous garderons de lui le souvenir d’un homme d’action, un homme engagé avant tout, et pourtant si simple, si proche des gens, toujours souriant et courtois, un homme modeste au regard des fonctions politiques qu’il a assumées : chargé de mission auprès du Premier ministre Pierre Mauroy (1981-1984), chef de cabinet adjoint du ministre du Travail Michel Delebarre (1984-1986)…

Pour nous, gens du 20e, il restera aussi le maire adjoint du 20e arrondissement (1984-2008), celui qui avait à cœur de se mobiliser pour soutenir la culture et le patrimoine de nos quartiers, y compris en appuyant notre association dans ses missions.

Soutien dans le 20e de Jean-Michel Rosenfeld présent

Vernissage à l’UDAC vers les années 2000. À gauche de JMR, le photographe Henri Guérard et sa femme. À droite, Florence Desserin, directrice de l’UDAC-FD

Concrètement, et en reprenant le titre de son livre Lumières de l’espoir : l’étoile, le triangle et la rose, paru en 2007, aux éditions La Bruyère :

L’étoile

Fils d’une famille juive originaire d’Europe centrale installée à Paris depuis 1907, il a perdu 38 membres de sa famille dans la Shoah. Né à Paris en 1934, il a connu la guerre, un père prisonnier, l’Occupation, les menaces de rafles, le port de l’étoile jaune, qui l’ont marqués à jamais.

Tout enfant, il a échappé à la rafle du Vel d’Hiv’ (juillet 1942), caché avec sa mère par la patronne de celle-ci. Toujours, il a conservé sur lui l’étoile juive qu’il avait dû porter alors et, lorsqu’il prenait la parole lors de certaines commémorations, il lui arrivait de la sortir de sa poche et son geste par surprise si émouvant augmentait encore l’intensité de son témoignage.

L'étoile juive dont il ne se sépare jamais.

Jean-Miche Rosenfeld lors d’un entretien avec une journaliste de The times of Israel. Il lui confie vouloir être enterré avec son étoile juive.

Cette étoile existe toujours aujourd’hui dans les têtes de l’extrême droite. Jean-Michel Rosenfeld a dû y faire face : au moment des élections régionales de 2004, il a dû porter plainte contre des militants du Front National pour l’avoir publiquement traité de «  youpin ».

Cette étoile, il l’a partagée avec notre association, à la mairie du 20e arrondissement, en 2000, dans une conférence sur La communauté juive dans le 20e arrondissement, de 1860 à nos jours, parue dans notre Bulletin n° 19 (disponible en ligne).

Le triangle

Jean-Michel Rosenfeld a toujours parlé très librement de son riche parcours dans la franc-maçonnerie au sein du Grand Orient de France.

En tant que président du congrès des loges de Paris et d’Île-de-France, c’est suite à son action que les différentes obédiences maçonniques se réunissent chaque année devant le Mur des Fédérés, au cimetière du Père-Lachaise.

La première fois, ce fut à l’occasion du centenaire de la Commune de Paris, le samedi 24 avril 1971, jour anniversaire de la tentative de médiation des francs-maçons auprès du gouvernement de Thiers. En 1871, leur demande de conciliation pour faire cesser les assauts contre les Parisiens a échoué et, devant l’intransigeance d’Adolphe Thiers, bon nombre de francs-maçons se sont ralliés à la Commune. Et depuis 1997, cette commémoration se reproduira chaque année, en hommage notamment à la mémoire de cent d’entre eux victimes de la répression versaillaise.

Et la rose

Dans son livre, Lumières de l’espoir : l’étoile, le triangle et la rose, qui se lit comme un témoignage vivant, Jean-Michel Rosenfeld s’ouvre en toute simplicité, tel qu’en lui-même, à livre ouvert. Inscrit à la SFIO à la fin des années 1960, il entre en 1979 dans l’équipe parisienne de Pierre Mauroy, auprès duquel il travaille longtemps et est notamment chargé des contacts avec la presse et avec diverses associations et communautés (Juifs, Arméniens, Maghrébins, LICRA, MRAP, Amnesty International, ainsi qu’avec des obédiences maçonniques).

Pierre Mauroy premier ministre

Jean-Michel Rosenfeld et Pierre Mauroy en juin 1981-FJJ

Puis, il rejoint le ministère du Travail dans le gouvernement Fabius. Ensuite, il devient membre de la section « Cadre de vie » au Conseil économique et social à deux reprises, et enfin sous-directeur de la Caisse nationale d’assurance maladie des travailleurs salariés (1993-1998). Il restera un homme de confiance de Pierre Mauroy, qui en fera son conseiller spécial quand il créera la Fondation Jean-Jaurès en 1992. Totalement engagé pour la République mais libre dans ses paroles, il n’hésite pas à dire ses vérités sur son parcours des années Mitterrand, à parler de son Parti Socialiste, de sa vie privée depuis sa jeunesse, allant parfois même jusqu’à se critiquer lui-même.

Ouverture du PCB vers la rue de Ménilmontant

Pavillon Carré de Baudoin, dessin 2022 du projet de travaux-MdP

Avec son soutien, le sauvetage du Pavillon Carré de Baudouin

Enfin, cet homme de culture s’est toujours tenu aux côtés de l’AHAV quand il s’agissait de se battre pour sauvegarder le patrimoine de notre arrondissement. Quand, rue de Ménilmontant, le Pavillon Carré de Baudouin a été menacé par une opération immobilière imminente, il a su relayer l’action déjà initiée par l’AHAV et son président de l’époque,Thierry Halay. Notre président avait déjà commencé à alerter l’opinion et à faire les démarches nécessaires pour sauver ce patrimoine architectural rarissime dans le 20e. Jean-Michel Rosenfeld nous soutiendra en reprenant la préservation dans son programme électoral.

Le Pavillon Carré de Baudouin est prévu pour réouvrir ses portes fin mars 2023. Quand nous y retournerons pour voir une exposition ou écouter une conférence ou un concert, nous aurons une pensée affectueuse et reconnaissante pour Jean-Michel Rosenfeld. En tout cas, dans nos pensées, il restera toujours présent parmi nous.

Le Conseil d’administration de l’AHAV tient chaleureusement à s’associer à la peine de ses proches et particulièrement de sa fille et de ses petits-enfants à qui il était tant attaché.

Exposition du Pavillon Carré de Baudoin 2023

Notre Dame de la Croix de Ménilmontant et son architecte

la Société de l’histoire de Paris et de l’Ile-de-France, fondée en 1874, propose tout prochainement une conférence qui nous concerne plus particulièrement :

 

L’église Notre-Dame-de-la-Croix de Ménilmontant

et son architecte, Louis Héret (1821-1899)

par Christiane DEMEULENAERE-DOUYÈRE, conservateur général (h) du patrimoine, vice-présidente de l’Association d’histoire et d’archéologie du 20e arrondissement de Paris

Cette conférence a lieu :

le mardi 14 mars 2023, à 15h30,

aux Archives de Paris, salle de conférences,

18 boulevard Sérurier, 75019 Paris,

Métro et Tram : Porte des Lilas

L’église Notre-Dame-de-la-Croix de Ménilmontant, dans le 20e  arrondissement de Paris, est sans doute une des églises parisiennes les plus impressionnantes avec ses dimensions exceptionnelles, son grand escalier monumental et son style alliant les caractéristiques  des architectures romane et gothique. Édifiée dans la seconde moitié du XIXe siècle (1863-1880), elle n’a fait encore l’objet que de peu d’études et son architecte, Louis Héret, encore moins.

Sépulture familiale d'Héret

Chapelle où est enterré Louis Héret au Père Lachaise-PG

Pourtant cet édifice est particulièrement représentatif du style « éclectique », en vogue notamment dans l’architecture religieuse de la seconde moitié du XIXe siècle, et de la mise en œuvre de procédés « modernes » de construction, hérités de l’architecture des grandes expositions industrielles.

Par ailleurs, une micro-étude attentive de la carrière de l’architecte et de son environnement familial et social montre un bel exemple d’ascension sociale et permet de poser quelques éclairages sur le statut de l’architecte dans la société du XIXe siècle.

Inscription obligatoire au moins une semaine avant la conférence

sur : inscriptions@shpif.fr

Entrée libre dans la limite des places disponibles.

Haxo station fantome

 

À Paris comme ailleurs ce 31 janvier 2023, une grève générale est annoncée et concerne le projet de réforme des retraites. La RATP sera–elle en première ligne ? En tout cas, l’occasion nous est donnée de republier cet article daté du 4 janvier 2022 et qui nous rappelle nos anciennes stations de métro, celles qui ont été définitivement fermées au public.

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Nous connaissons l’ancienne station Martin Nadeau (1815-1898). Ce député, maçon (et franc-maçon) est l’auteur de la fameuse expression « Quand le bâtiment va… tout va ! ». Son nom sur le quai du métro a disparu en 1971 avec le rattachement 235m plus loin à sa voisine Gambetta.

Mais il existe aussi dans nos quartiers deux stations fantômes, celles-ci bien fermées au public. Leur nom ? Porte des Lilas et Haxo.

Porte des Lilas, arrêt sur image

À l’origine, tout était prévu pour que le métro Porte des Lilas devienne une correspondance entre trois lignes : la première Porte des Lilas sur la ligne 3 est mise en service en tant que terminus le 27 novembre 1921. Elle termine la ligne 3bis depuis 1971.

L’autre terminus vient de Chatelet (ligne 11) ; il est inauguré le 28 avril 1935… avant que la ligne ne soit prolongée deux ans plus tard jusqu’à la Mairie des Lilas.

Porte des Lilas, terminus en 1935

Porte des Lilas ligne 11 Inauguration du 28 avril 1935. RATP

Quant-à la troisième station du même nom, elle reste bien moins connue et pour cause : elle correspond à un projet de ligne interrompu pour des raisons d’exploitation commerciale.

Elle a été également construite en 1921 pour servir de lien avec la branche Pré-Saint-Gervais de la ligne 7. Mais cet embranchement réalisé ne sera finalement jamais exploité comme prévu initialement : elle deviendra une simple navette « Pré-Saint-Gervais – Porte des Lilas » jusqu’en 1939 et n’utilisera que l’une des deux voies.

Mais si la ville finance les travaux, l’exploitant privé de l’époque ne croit pas en sa rentabilité commerciale. Cet échec se transforme en opportunité pour la RATP qui loue à la demande la station devenue ainsi fantôme aux professionnels de l’image et à d’autres événements.

 Porte des Lilas loué pour le cinéma, RATP

Station Porte des Lilas et cinéma, RATP

Cette partie définitivement fermée au public est dédiée principalement aux tournages publicitaires et au cinéma : de fausses plaques de stations l’habillent suivant les nécessités des films produits. Une production en moyenne de cinq films chaque année, comme en son temps par exemple « Le fabuleux destin d’Amélie Poulain ».

Métro Haxo, voie sans issue

Au départ, il s’agissait donc de relier la Porte des Lilas à la ligne 7 qui passe par le Pré Saint-Gervais. Entre les deux, une nouvelle station du nom du général Haxo, dont la rue toute proche nous rappelle un triste épisode à la fin de la Commune. À l’arrivée, la station Haxo construite sur la voie dite « voie des Fêtes » n’a jamais été ouverte au public.

Métro Haxo station fantome

Métro Haxo sans sortie

Pour avoir une vision d’ensemble du projet, il faut dire que la Ville est propriétaire du réseau métropolitain : elle assure la construction de l’infrastructure et concède son exploitation à deux sociétés privées. Les travaux qui lui reviennent sont donc exécutés conformément au projet qu’elle a voté.

CMP exploitant du métro

Logo de la CMP, Wikipédia

Conformément ou presque : il n’en a pas  été de même pour l’exploitant, la Compagnie du chemin de fer métropolitain de Paris (CMP) qui ne croit pas en une fréquentation suffisante pour devenir rentable. Conséquence pour le métro Haxo : les sorties menant des quais à la rue ne seront jamais creusées. Ainsi, dès sa naissance, la station est devenue fantôme, sans par ailleurs jamais avoir vu le jour.

 Haxo quai du métro

Haxo station en 2019, Wikimédia

Raymond Bossus signataire de l'affiche du 20e

Août 1944, la libération de Belleville

 Maurice Arnoult, le bottier de Belleville… nous raconte la libération de Belleville

Il y a quelques jours, vous avez pu lire ici un article consacré à la « bataille du rail » de la gare de Ménilmontant, héroïquement menée, le 23 août 1944, par Madeleine Riffaut à la tête d’une poignée de résistants.

Un autre Bellevillois nous a laissé un témoignage sur cette période mouvementée. Maurice ARNOULT (1908-2010) a passé presque toute sa vie dans le quartier de Belleville ; il y est arrivé en 1922, s’y est formé et y a travaillé comme artisan bottier, pendant plusieurs décennies, pour les grandes maisons de couture parisiennes. Dans son modeste atelier de la rue de Belleville, il a observé la vie quotidienne de son quartier, particulièrement pendant la Seconde Guerre mondiale. Il y a donc vécu la guerre, avec les horreurs de l’Occupation, les restrictions, le marché noir, la collaboration et les déportations…

Maurice Arnoult résistant du 20e

Maurice Arnoult après la guerre, bottier à Belleville dans son atelier

Lui, il a protégé et caché plusieurs familles juives de son quartier menacées par les rafles[1]Il témoigne aussi de l’excitation et de la pagaille joyeuse qui s’emparent du quartier quand les troupes américaines, lancées aux trousses des Allemands, le traversent, au matin du 30 août 1944… Autant de souvenirs qu’il consigne au soir de sa vie dans son livre, Moi, Maurice, bottier à Belleville. Souvenirs d’une vie, écrit avec Michel Bloit et publié chez L’Harmattan en 1993.

Passons la parole à Maurice ARNOULT 

la 2e division blindée à Paris

« Avec le mois d’août [1944], chaque jour apporte son cortège de rumeurs sur l’arrivée des troupes alliées. Enfin, le 25 août c’est sûr ; les premiers éléments de la 2e division blindée du général Leclerc |…] roule vers l’Hôtel de ville et la préfecture de police. Des combats d’arrière-garde ont lieu dans tous les quartiers entre les Alliés et les résistants d’un côté et les troupes allemandes de l’autre. La confusion la plus extrême règne faute d’informations précises.»

Les barricades des bellevillois

« Le bruit court qu’il faut partout élever des barricades. Le jeudi 28 août, je me joins aux groupes qui se forment au carrefour de la rue des Pyrénées et de la rue de Belleville. Armé d’une barre de fer j’arrache les petits pavés parisiens en granit gris, à quelques mètres de mon atelier. Des dizaines d’hommes et de femmes du quartier sont là, heureux, après 4 ans d’oppression, de faire quelque chose de défendu, tout en regardant si les Frisés comme on les appelle, ne risquent pas d’arriver. Des troupes ennemies étaient, disait-on, massées dans les banlieues nord.

Dépavement pour barricade

Du 22 au 24 août 1944, des enfants préparant une barricade. Musée Carnavalet

A 3h de l’après-midi, la barricade a fière allure. Les enfants grimpent dessus. Un agent de police, porteur d’un brassard tricolore, y plante un drapeau français. Tout le monde applaudit.

« Le lendemain, 29 août […], il faut enlever au plus vite car une division américaine doit passer par Belleville dans les heures qui viennent, à la poursuite des Allemands qui, regroupés dans le nord et l’est de Paris, préparent une contre-attaque. Je me rends aussitôt au carrefour de la rue des Pyrénées qui a servi de point de ralliement pendant la construction de la barricade et où des groupes nombreux commentent les événements. Je leur annonce la nouvelle et n’ai pas trop de mal à les convaincre qu’il faut démolir aujourd’hui ce qu’on a construit hier. […] La barricade est plus vite démolie que construite ; c’est moins excitant et tout le monde est vaguement inquiet. Et si c’était une fausse nouvelle et si c’était une division allemande qui arrivait ? »

Les américains entrent dans Belleville

« Le lendemain matin, vers 6h, le quartier est réveillé par un roulement énorme et continu. Ce sont des chars américains facilement reconnaissables à leur grande étoile blanche. […] Nous nous habillons rapidement et voyons les premiers blindés remonter la rue de Belleville dans un fracas étourdissant. Après les tanks, ce sont des jeeps, des camions, des voitures dépanneuses, de gigantesques remorques, porteuses de pontons pour traverser les rivières. La colonne avance par secousses, s’arrête cinq minutes puis repart.

« Les trottoirs sont maintenant noirs de monde : les enfants en pyjamas, les femmes en chemises de nuit et peignoirs, les hommes en pantalons et tricots de corps. Dès que les chars s’arrêtent, on monte dessus pour embrasser les soldats américains qui vident les verres de vin qu’on leur tend. […] Jamais on n’avait vu une telle armée. Pas un homme à pied ; tout le monde sur des roues, et quelles roues ! On comprend que l’armée allemande ait été complètement enfoncée par de tels engins.

« […] Au café de la rue des Pyrénées, on vide toutes les bouteilles dans les quarts des Américains qui, en échange, jettent à la foule des paquets de cigarettes, de vraies américaines comme on n’en avait pas vu depuis 4 ans. A midi, passent les dernières jeeps. On crie et on chante : good bye, good bye, vive la France. »

Aout 1944, le 20e libéré

Soldats de la 4e division d’infanterie américaine devant la mairie du 20e. Henri Guérard, Paris Musée

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[1] https://www.cercleshoah.org/spip.php?article740. Il a été reconnu Juste parmi les Nations en 1994. 

Comme chaque année, la mairie organise ce 25 août 2022 la cérémonie de la Libération de Paris dans le 20e

Le premier rendez-vous a lieu devant la mairie :

Entre 9h15 et 12h : fleurissement des plaques commémoratives de l’arrondissement 
12h30 : rassemblement devant la mairie du 20e
13h : rassemblement square Edouard Vaillant

 

À cette occasion, nous reproduisons ci-dessous notre article mis en ligne le 23 août 2021

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23 août 1944, la guerre souterraine à Ménilmontant

 

La bataille de Paris a commencé ce 19 août et elle finit le 25 août 1944. Elle aura fait environ 1700 morts du côté parisien dont 1000 résistants, et 3200 morts du côté allemand.

Quelques jours plus tôt, dès le 10 août 1944, les cheminots CGT de la région parisienne ont déclenché une grève insurrectionnelle, puis la CGT clandestine a appelé à la grève générale pour le 18 août.

Dès le lendemain, les résistants du groupe Libération s’emparent de la mairie du 20e et Raymond Bossus – conseiller municipal communiste jusqu’en 1940- est nommé président du Comité de libération. Il deviendra officiellement maire du 20e en mars 1945.

Raymond Bossus, maire provisoire du 20e en 1944

Le conseil municipal provisoire du 20e installé le 19 aout 1944

… Et le 23 août en gare de Ménilmontant (à propos de la gare, voir aussi l’article sur la fête de la petite Ceinture en 2019), la Résistance remporte une bataille dans notre arrondissement.

Ce jour-là on peut lire le résumé d’un appel téléphonique dans la main-courante de la Préfecture de police :

 

19h10. Du 20ème : Les deux trains bloqués sous tunnel Ménilmontant par suite attaque FFI sont entièrement aux mains de celles-ci. Ne contiennent que du matériel peu utile actuellement : onze personnes ont été capturées. Machine ayant déraillé, voie bloquée pour un certain temps.

 

Un embouteillage de trains bloqués

 

Sur le réseau ferré de la Petite Ceinture, l’intervention armée des résistants se situe plus précisément autour du tunnel long de 1124 m qui relie la gare de Ménilmontant à la gare de Belleville-Villette, tout près des Buttes-Chaumont.

Ce 23 août, un wagon de munitions stationne sous le pont de la rue Manin. Un autre train, « mal aiguillé » par les cheminots de la gare de Ménilmontant, vient percuter le convoi qui s’était abrité dans le tunnel. Un troisième train de troupes arrive par le nord, mais il est stoppé par les rails déboulonnés.

Les résistants des 19e et 20e arrondissements à la manœuvre

 

Plusieurs organisations de résistants interviennent sur place : des FFI du 19e, ceux du 20e -qui de leur côté bloquent les issues du tunnel au pont de Ménilmontant-, ceux du groupe Piat, des membres de l’O.C.M (Organisation Civile et Militaire), des policiers et quelques cheminots à la retraite.

 

Passerelle et gare de Ménilmontant

Gare de Ménilmontant, carte postale colorisée à la main.

 

Côté 19e, le colonel Rol-Tanguy désigne Madeleine Riffaud pour diriger (le jour de ses 20 ans) quatre hommes, et attaquer le train à la grenade depuis le pont de Belleville-Villette

Voici le récit de l’attaque du train, qu’en a fait Madeleine Riffaud, lieutenante des FTP Saint-Just :

 

« Tôt ce matin du 23 Août 1944, alors que les résistants des télécoms s’étaient débrouillés pour que les Allemands n’aient aucune communication, j’ai reçu un coup de téléphone avec ce message : « Compagnie Saint Just, vous vous devez vous poster au pont de Belleville-Villette afin de stopper à tout prix un train, car s’il peut pénétrer dans le ventre mou du 19e où il n’y a plus de barricades, ça risquerait d’être une tuerie générale. »

À son correspondant ; la lieutenant Franc-Tireur-Patriote expliqua qu’elle n’avait que 4 hommes à disposition. « Démerde-toi » lui répondit-on.

 

Les deux issues du tunnel sont maintenant bloquées. Un FFI qui tente de parlementer est abattu. Alors, tactiquement et plutôt que de faire exploser le tunnel, les résistants préfèrent préparer deux cents kilos de souffre pour enfumer les allemands. Finalement craignant l’asphyxie, cent trente-sept allemands au total vont se rendre. Bilan matériel : quatorze wagons contenant des armes, des habits et de la nourriture auront été ainsi récupérés.

Les résistants du 20e tués dans cette opération

Cinq résistants du 20e ont été tués, dont deux inconnus.

 

3 résistants du 20e tués gare de Ménilmontant

Plaque sur la passerelle rue de la Mare. PG

Plaque où habitait François Boltz

Plaque au 26 rue Piat. PG

François Boltz, habitait au 26, rue Piat ; Louis Godefroy au 11 rue des Envierges et Léon Adjeman à une adresse inconnue ; le décès des trois hommes a été enregistré à l’hôpital Tenon.

Deux célèbres résistants photographes étaient sur place

 

Robert Doisneau a été envoyé par la Résistance pour voir ce qu’il en est des deux trains allemands sous le tunnel. Faute de pouvoir les photographier, il fait alors le tour du quartier où notamment des bellevillois avaient monté une barricade.

Résistance et barricade à Belleville

22 août 1944, un résistant F.F.I. en alerte métro Belleville. Robert Doisneau, musée Carnavalet

Enfin, il nous faut bien-sûr citer également Henri Guérard, né à Ménilmontant -au 10 rue Sorbier- connu par ses engagements humanistes dans le 20e. Agé de 23 ans, il photographie « la bataille de Ménilmontant » et en cette même année 1944, il va entrer au service photographique et cinématographique des armées.

Henri Guérard, populaire dans le 20e arrondissement

Henri Guérard