Façade de la Bellevilloise rénovée en 1977

La Source des coops dans le 20e

Dans le 20e, les initiatives sociales perpétuent une tradition de 150 ans de partage et de solidarité.

Il en est ainsi aujourd’hui notamment de l’épicerie coopérative la Source. Elle a pour vocation d’offrir aux habitants au faible pouvoir d’achat une gamme de produits sains et durables, à moindre coût. Son modèle économique s’appuie sur le travail bénévole des membres qui assurent en rotation les tâches quotidiennes.

Ouverte il y a deux ans, elle compte plus de 900 sympathisants et 150 adhérents. Actuellement en grande difficulté financière, elle risque de fermer ses portes définitivement. Endettée à hauteur de 37 000 euros, son unique salariée dit attendre au moins une partie des 300 000 € obtenus en 2021 en tant que lauréate du budget participatif municipal.

Cette «Épicerie Participative Autogérée» comme elle se définit elle-même, se situe aujourd’hui au 4 rue Félix Terrier. Un beau projet selon la mairie du 20e, mais finalement mal situé selon elle… pour être viable, en rappelant qu’une première subvention de 70 000 € lui a déjà été versée. Son avenir dépend maintenant de l’Hôtel de ville. L’occasion pour nous de rappeler que dans le passé, notre arrondissement a été riche de ces implantations, une réponse aux crises économiques qui se sont succédé.

Les coop, une longue tradition de l’Est Parisien

Dans l’Est parisien notamment, aux lendemains de la Commune, dans les XIXe et XXe arrondissements de Paris encore meurtris par la répression, les coopératives existent déjà en grand nombre. Elles se proposent d’acheter au meilleur compte et de revendre au prix coûtant l’alimentation, les vêtements et les produits nécessaires au chauffage qui sont indispensables pour vivre. La clientèle de ces institutions était composée des ouvriers du fer, du bois, du bâtiment qui descendaient chaque jour à leur travail dans le centre de Paris.

S’il fallait définir l’entreprise coopérative en un seul principe, il s’agirait de celui de « un homme, une voix ». Issue des penseurs socialistes du XIXᵉ siècle, Saint-Simon (au Père Lachaise) et Charles Fourier entre autres, et plus précisément du Britannique Robert Owen.

Les bénéfices qui ne sont pas investis sont partagés entre les sociétaires. Ce mode coopératif, pour la consommation ou la production, a alors le vent en poupe dans un mouvement ouvrier qui « souffle lui-même sa propre forge » contre un modèle capitaliste qu’il dénonce et concurrence. Il ne s’agit donc pas seulement de « nourrir la classe ouvrière », mais aussi de porter un « projet émancipateur » en lui offrant les bases d’une éducation populaire par des cours, des formations, des cercles de discussion voire des bibliothèques.

Pour en savoir +

Petite histoire des coop’ en France

Les premières « associations ouvrières » naissent dans la clandestinité au début du XIXe siècle, les ouvriers cherchant à défendre leur droit au travail et leur autonomie. Elles sont créées de façon clandestine, la loi Le Chapelier de 1791 interdisant toute association entre personnes d’un même métier et « toute coalition ouvrière ».

Pendant la Commune de Paris, des coopératives ouvrières rouvrent dans les ateliers abandonnés par leurs patrons, mais cette reprise ne dure que le temps de la Commune.

En 1879, le Congrès Ouvrier est défavorable aux coopératives. Et en 1884, l’appartenance aux « associations ouvrières » est à nouveau abandonnée à cause d’une loi interdisant aux associations d’avoir une activité commerciale. Les coopératives qui se constituent sont presque toutes animées par des militants syndicalistes. Une vingtaine de sociétés coopératives cherchent à se regrouper et à se faire reconnaître publiquement.

Dans la foulée, l’École de Nîmes (sous la houlette de Charles Gide) voit le jour. Elle constitue pendant des dizaines d’années le haut lieu de la pensée coopérative en France.

Dans le 20e … La Bellevilloise

L’AHAV a publié un bulletin à ce sujet.

Fondée en 1877 aux lendemains de la Commune, La Bellevilloise a pour projet de permettre aux gens modestes, outre l’accès aux besoins de base, l’accès à l’éducation politique et à la culture. De 1910 à 1949, la Bellevilloise joue un rôle de premier plan dans la vie économique et culturelle de l’Est Parisien.

C’est en janvier 1877 que tout commence. Vingt ouvriers, parmi lesquels dix-huit mécaniciens, fondent la troisième coopérative de Belleville, un petit dépôt d’épiceries ouvert deux soirs par semaine et où, à tour de rôle, après leur journée de travail, ils assurent la vente.

A la veille de la Grande Guerre, avec ses 9 000 sociétaires, elle fait figure de modèle national. A cette époque, dans « La maison du Peuple de la Bellevilloise », tandis que Jean Jaurès tient des rassemblements politiques au 1er étage, on expérimente au rez-de-chaussée la première version du « commerce équitable » suivant les principes de Joseph Proudhon, s’appuyant sur une devise qui allait marquer l’histoire des échanges : « du producteur au consommateur ».

La majeure partie du bâtiment est affectée à des salles de réunion, les activités commerciales se limitant à la boutique en façade et au café contigu.

En 1906, pic du nombre de grèves du début du siècle, 10 000 kilos de pain et 2 000 litres de lait sont distribués aux grévistes. Mais ce n’est pas tout ! L’association se préoccupe aussi de la santé des travailleurs, elle ouvre une pharmacie et offre des consultations médicales gratuites dans son dispensaire.

Vers 1910, en plus d’une dizaine de magasins (qui désormais salarient du personnel), la Bellevilloise compte une chorale (la Muse Bellevilloise), un patronage pour les enfants des sociétaires, une bibliothèque riche de plus de 5 000 titres, une université populaire (la Semaille). On peut aussi y suivre des cours de théâtre, de musique, d’espéranto. Une caisse de solidarité est créée pour fournir des secours aux accidentés du travail, aux veuves et aux orphelins.

Salle du café de la coopérative "La Bellevilloise" vers 1905

Le café de la Bellevilloise, vers 1905. (Photo Coll. Kharbine-Tapabor)

Pour en savoir +

Aujourd’hui dans le quartier …

Dans cette continuité, d’autres initiatives ont vu le jour et continuent à fleurir. Un autre exemple du quartier :

Saveurs en partage, situé au 38 boulevard Mortier. Relativement récent, Saveurs en partage a ouvert ses portes en juin 2020.

Comme exprimé sur la page « projet » de leur site, Saveurs en Partage est une initiative portée par un collectif de femmes entrepreneures et offre une double-tarification qui permet aux personnes à bas revenus de bénéficier de 70% de réduction sur tous les produits du magasin. L’épicerie est « locavore », c’est à dire qu’elle se fournit en produits locaux comme ceux de la ferme urbaine de Charonne soutenue entre autres par Le Paysan Urbain, située rue Stendhal

C’est aussi un lieu de rencontres et de mixité sociale avec à des ateliers participatifs.

Autre coopérative aux mêmes vocations : les Marmoulins de Ménil’, créée en 2015 et également engagée dans les enjeux d’inégalités sociales et les problématiques environnementales. Les Marmoulins sont répartis sur trois lieux : « Le local »  au 4 rue Place Henry Matisse, « L’équipe de Belleville » à la Maison du Bas Belleville, 5 rue de Tourtille, et à la boutique BMG, « le comptoir du vélo »  au 10 rue Sorbier.

Cet article est collaboratif 

Venez contribuer en faisant connaitre les coopératives et lieux de partage que vous connaissez, nous les ajouterons au fur et à mesure.

 

L'enceinte de Thiers (Paris)- la muraille, le fossé, le talus de défense, et des petits zonards faisant paître leurs chèvres

 

Du périph vers une ceinture verte

 

« Une ceinture grise que nous voudrions voir transformer en ceinture verte ». C’est ainsi que le 18 mai 2023 Anne Hidalgo, maire de Paris, a présenté son projet de mutation du périphérique parisien. Rappelons qu’actuellement un million de voitures et camions y circule à 35 km/h en moyenne chaque jour.

La maire de Paris (PS) propose de réserver l’une des voies aux bus, taxis et autres transports en commun; face aux nécessités exprimées de davantage de nature, elle envisage également de faire planter environ 50 000 arbres sur le terre plein central, sur les bretelles et partout où cela est possible.

L’ensemble du projet avec en ligne de mire les jeux olympiques de 2024, avec temporairement une « voie olympique » réservée aux participants. Il est vrai que l’approche de ces jeux olympiques accélère le passage de l’idée de transformation d’un ouvrage, face aux nombreux projets mis sur la table depuis tellement d’années.

La mairie de Paris envisage ainsi de revenir, très modestement, à l’idée qu’avait eue en 1880 Adolphe Alphand de transformer par une ceinture verte les terrains de l’enceinte de Thiers.

 

Future ceinture verte incluant une zone de 500 mètres de part et d'autre du Périph'

Projet 2023 de ceinture verte élargie du Périph – Apur

Histoires avortées d’une ceinture verte

 

Il faut dire que l’intérêt de l’enceinte de Thiers avait été déjà critiqué dès sa construction en 1840. Les progrès de l’artillerie vont dans ce sens et dès 1882, son inutilité pour la défense de Paris est devenue manifeste, au point d’y envisager son démantèlement. Finalement déclassées par la loi du 19 avril 1919, les fortifications seront progressivement détruites jusqu’en 1929.

Que faire de cet immense espace en bordure de Paris qui, dès 1890, est occupée par des barraques en bois servant de domicile à des miséreux ? Près de 30 000 personnes y vivent dans des conditions désastreuses.

Le projet d’Adolphe Alphand

 

 

Portrait d'Alphand en 1888, par Alfred Roll

Portrait d’Adolphe Alphand, 1888, par Alfred Roll – Musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris, Petit Palais.

Adolphe Alphand (enterré au Père-Lachaise) a été appelé en 1855 par le baron Haussmann (également au Père-Lachaise) pour diriger le nouveau service municipal des Promenades et Plantations. C’est à lui que nous devons la création de nombreux parcs et squares à Paris. Il reste en service sous Thiers et aurait voulu réaliser une grande ceinture verte entourant Paris, avec des hôtels et des lieux d’amusement. Ce projet ne verra pas le jour.

De nombreux projets de ceinture verte

 

Enceinte de Thiers - Porte de Bagnolet

Porte de Bagnolet. Fortification. Enceinte de Thiers, 1919 – Musée Carnavalet

Plus tard, entre 1900 et 1914, de multiples projets ont été étudiés et discutés pour l’utilisation des terrains après le démantèlement de l’enceinte, nous n’en citerons que quelques-uns.

Dans un rapport de 1908 au conseil municipal, Ambroise Rendu écrit :

« Créer des parcs et des places de jeux devenues nécessaires dans les quartiers périphériques surpeuplés, les réunir par une suite non interrompue de promenades et de monuments, tel est le but qui doit guider l’État dans sa décision au sujet des terrains militaires des fortifications désaffectées ».

Il propose de

« créer dans un délai de cinq ans sur leur emplacement, neuf parcs d’une contenance moyenne de 15 hectares sans qu’aucun d’eux puisse être d’une surface inférieure à 10 hectares; d’aménager dans l’intervalle, des places de jeux ayant au moins un hectare et relier l’ensemble par une large avenue dont les dispositions pourront être variables, mais dont la largeur ne sera pas inférieure à 70 mètres ».

D’autres projets sont étudiés comme celui de Dausset qui veut transformer la zone en parcs et jardins, la grevant d’une servitude non plus « défensive » mais « hygiénique ». Pour créer un mouvement d’opinion à l’appui de son projet, Louis Dausset suscite la création d’une « ligue pour les espaces libres et les sports ».
Celle-ci préconise la création d’une ceinture verte de 210 hectares et d’un chapelet de onze parcs de 370 m de largeur moyenne.

Le projet de Louis Dausset en 1913 - Nord de Paris

Le projet de Louis Dausset en 1913 - Est de Paris

Projet d’espace vert sur les fortifications par Louis Dausset en 1913

 

Le 1er juillet 1908, Jules Siegfried propose la création de quatre grands parcs sur la Ceinture. Entre 1910 et 1912, Eugène Hénard présente un plan global d’aménagement en proposant, comme Jules Siegfried, des grands parcs au lieu d’une ceinture verte continue.

En Allemagne, le remplacement des fortifications de Francfort par un anneau de promenade est un sujet de discussions passionnées. Un journaliste, Jules Huret, ironise en 1907 sur l’amour de la nature des Français

« En France quand on démolit des remparts on cherche immédiatement à faire de l’argent avec le prix des terrains » alors qu’en Allemagne « on pense tout de suite à y tracer des promenades et à y planter des arbres et l’on bâtit plus loin ».

Tout ces projets avorteront.
Les problèmes de circulation à une époque où la voiture devient reine, le besoin de logements sociaux après la guerre de 14-18 feront que ces projets ne seront que très partiellement réalisés : on bétonnera la zone en construisant le boulevard des Maréchaux, puis une ceinture de logement en brique (les HBM) et enfin le boulevard périphérique.

Les projets de 2023 tournent en rond

Aujourd’hui, on est très loin des ambitions d’hier et les discussions sont animées entre, d’une part, la ville, qui veut construire des logements sociaux et des bureaux sur une partie des terrains disponibles, et, d’autre part, les écologistes qui refusent toute nouvelle construction.

Le projet de l’aménagement de la porte de Montreuil en est un exemple : la mairie propose un projet comprenant un chapelet de huit immeubles en bordure de la zone, avec, entre autres, des bureaux et un hôtel. Les écologistes présentent un contre-projet sans construction nouvelle.

Et les discussions animées restent toujours en cours.

Porte de Bagnolet éclairé

50 ans après, le périph parisien a-t-il encore un avenir ?


Il a un demi-siècle exactement, le 25 avril 1973, le boulevard périphérique parisien – vite rebaptisé en « périph » – bouclait la boucle (35 km) en signant la fin de près de vingt ans de travaux. Balayés « les fortifs » et « la zone »… et les rêves hygiénistes de la « ceinture verte ». En ce temps-là, la voiture toute puissante dominait tout et Pierre Messmer, premier ministre de Pompidou, saluait « la grande œuvre [qui devait] améliorer la circulation » des Parisiens et de leurs voisins. Mais, après l’euphorie des premiers temps, on déchanta vite… et aujourd’hui le périph parisien s’interroge sur son avenir.

Porte de Bagnolet - bretelle d'entrée du boulevard périphérique

Entrée du périphérique à la porte de Bagnolet

Un coup d’œil dans le rétro

Vers 1840-1843, le gouvernement de Thiers fait édifier tout autour de la « petite banlieue » mitoyenne de Paris, qui sera annexée en 1860, une enceinte militaire défensive destinée à protéger la capitale de toute menace d’invasion.

Faite de murailles imposantes, elle est doublée à l’intérieur d’une route militaire ou rue Militaire, large de 40 mètres, qui dessert les fortifications, et, à l’extérieur, côté banlieue, de fossés et d’un large glacis, zone non aedificandi de 250 mètres, sur laquelle sont strictement interdites toutes installations pérennes en dur. Ces fortifications créent une profonde rupture dans le tissu urbain entre Paris et sa banlieue. Mais, les techniques de la guerre évoluant, ces fortifications ne serviront jamais, sauf peut-être contre les Parisiens, pendant les sièges en 1870-1871.

Dans les années 1920, on en décide le démantèlement et on urbanise les terrains situés à l’extérieur des boulevards des Maréchaux. On y construit notamment les immeubles sociaux en briques rouge des « habitations à bon marché » (HBM) et des équipements publics, installations sportives et espaces verts, comme, dans l’Est parisien, le square Séverine ou le parc de la Butte du Chapeau Rouge.

Porte de Bagnolet vers 1900

Bagnolet, barrière et fortifications, vers 1900

Et aujourd’hui ?

Aujourd’hui, alors même qu’il fête son demi-siècle, le périph est devenu synonyme d’embouteillages (1,1 million de véhicules l’empruntent quotidiennement) et de nuisances, de bruit et de pollution qui impactent la santé et les conditions de vie des milliers de Parisiens et de résidents de la métropole vivant à ses abords.

Une réflexion menée depuis 2019 par la Ville de Paris (APUR) sur le devenir du périphérique parisien a abouti à la rédaction d’un « Livre blanc » prônant 40 mesures qui visent à transformer cette autoroute urbaine en boulevard urbain à l’horizon de 2030. Objectifs : réduire la pollution sur l’ensemble de la métropole et permettre aux plus de 500 000 Franciliens concernés de vivre mieux et en meilleure santé. Les transformations se dérouleront en plusieurs phases, avec des échéances à 2024 puis à 2030.

Porte de Bagnolet en 1966, construction de l'échangeur

Porte de Bagnolet en 1966, construction de l’échangeur 

Déjà quelques aménagements ont été livrés, comme notamment la couverture du périph à la porte des Lilas.

Mais, à quelques mois de l’ouverture des JO 2024, dans la logistique desquels le périph est appelé à tenir une place déterminante, le mouvement s’accélère et déjà une concertation a été lancée autour de la pérennisation d’une voie du périph réservée au covoiturage/bus/taxis.

Et d’ici 2030, les choses vont s’intensifier avec la transformation de certaines portes de Paris en places vertes (22 au total), la végétalisation large des abords du périph et l’optimisation et la prolongation des réseaux de transports en commun.

Ainsi continue de s’écrire la longue histoire du périphérique parisien.

Porte de Bagnolet avec les Mercuriales au fond

Porte de Bagnolet avec les Mercuriales au fond. Wikimedia.

Pour en savoir plus :

https://www.paris.fr/pages/de-la-ceinture-grise-a-la-ceinture-verte-comment-le-peripherique-va-se-metamorphoser-21145

Animaux vivant au Père Lachaise

La place des animaux parisiens depuis le moyen-âge

 

Il suffit qu’un loup d’Eurasie soit percuté par une voiture en forêt de Fontainebleau (le 11 janvier 2023) pour que le Parisien aussi bien que la presse nationale s’empare du sujet.

Plus près de nous, des renards, des fouines, des hulottes, des chauves-souris et des hérissons se sont durablement installés au Père-Lachaise. Les poissons reviennent dans la Seine et, d’après la Mairie de Paris,nous devrions bientôt pouvoir nous baigner.

Mais en vingt ans 72% des moineaux ont disparu et, en réponses à ces nombreux signaux, les perspectives d’avenir tendent à l’intégration de la nature dans nos projets urbains. Celui de la porte de Montreuil devrait voir la construction de plusieurs bâtiments sur un espace à végétaliser, comme le demandent les écologistes parisiens.

L’exposition actuelle au pavillon de l’Arsenal, ouverte du 29 mars au 3 septembre 2023, nous retrace l’histoire de l’animal à Paris.

La vie urbaine des animaux au Moyen Âge

Au Moyen Âge, porcs et cochons se promenaient librement dans la ville.
En 1131, le prince Philippe , fils ainé du roi Louis VI « le Gros », meurt à Paris à cause d’une chute de cheval due à un cochon errant. Une mort à l’origine de l’interdiction de la « divagation », l’errance des porcs dans les rues de Paris… interdiction à l’exception de ceux appartenant au clergé.

Les volailles sont aussi très présentes et par ailleurs les parisiens apprécient les poissons de la Seine, en particulier les perches.

Plus dangereux : des meutes de loups s’aventurent dans la ville. Dans les années 1430, des dizaines de personnes succombent à des attaques de loups. Une meute particulièrement féroce, menée par un loup sans queue, que les Parisiens nomment « Courteau », sévit dans l’est parisien, il sera abattu en face de la cathédrale Notre-Dame.

Traire les vaches dans le 16e arrondissement

Vaches laitières, exploitation marchande près de la tour Eiffel, vers 1895-PHD

Quant aux vaches, si elles restent en périphérie de la ville, le cheval et l’âne sont eux largement utilisés en ville. Des rues nous rappellent ce passé, comme la rue de Bièvre, du gaulois « bebros » qui signifie le castor, et la rue aux Ours, « oes » en bas latin, qui signifie non pas ours mais « oie ».

Finalement par décision sous forme d’édits, en particulier l’édit royal de 1539 tel qu’enregistré au parlement de Paris, amèneront l’interdiction des animaux errants, source de nuisances et d’accidents.

Une ville aux 80 000 chevaux.

Au 19ème siècle, les cochons errants et les loups ont depuis longtemps disparu et le cheval a envahi la ville. En 1880, on en compte près de 80 000 appartenant à environ 9 800 propriétaires, dont environ un quart est utilisé par la Compagnie Générale des Omnibus.

Les chevaux exploités par la CGO

Un omnibus Madeleine-Bastille-PHD

À cette époque, le cheval est le moyen le plus répandu pour le transport des marchandises (maraîchage, matériaux, déchets etc.) et des humains. En 1907, Paris compte 60 000 véhicules hippomobiles et 45 lignes en fonctionnement. La rue des Pyrénées sera creusée en tranchée pour permettre la montée des hippomobiles.

Tous les soirs, les chevaux rejoignent leurs dépôts parisiens qui servent de greniers à fourrage, de remises de voitures, d’écuries et d’ateliers. Une multitude de métiers (palefreniers, cochers, bourreliers, maréchaux-ferrants etc.) travaillent autour de ce mode de locomotion.

Le cocher reçoit le chapeau pour son cheval

en aout 1901, la SPA offre des chapeaux pour chevaux, les protégeant soleil.

En 1914, le nombre d’automobiles correspond au double de celui des voitures hippomobiles qui bientôt auront complètement disparues.

60 espèces d’oiseaux

On trouve à Paris 60 espèces d’oiseaux. L’épervier s’y est installé ainsi que le faucon pèlerin. Le plus petit oiseau parisien est le roitelet huppé qui ne pèse que cinq grammes. Trois espèces de pigeons fréquentent Paris. Le biset aime les greniers, les halls de gare et les immeubles, le pigeon ramier niche dans les arbres, quant au pigeon colombin, très discret, il préfère les toits pour surveiller son territoire.

Le chant des oiseaux s’est adapté à l’environnement sonore urbain, les espèces qui se sont le mieux adaptées sont celles qui émettent leur chant à des fréquences élevées. Certaines espèces disparaissent comme le moineau domestique et le martinet. D’autres apparaissent comme la tourterelle turque qui, depuis 1952, colonise de vastes espaces.

À noter également, l’impact de la rénovation des façades qui entraîne la suppression d’anfractuosités permettant aux moineaux et aux mésanges de nicher… et auquel s’ajoute la prolifération des chats, une catastrophe pour beaucoup d’espèces d’oiseaux.

La nature en ville d’aujourd’hui

L’interdiction des insecticides est un grand progrès, ainsi que la volonté de créer une trame verte permettant aux animaux de se déplacer. La ville protège des havres de biodiversité comme le cimetière du Père Lachaise qui a vu naître des renardeaux.

Il en est de même dans les jardins, en ce qui concerne la conservation des souches d’arbres abattus permettant ainsi l’installation de la petite faune sauvage et laminaire. On végétalise quand c’est possible et on adapte l’architecture en créant des murs accueillant une biodiversité animale et végétale.

Action rurale dans Paris

Transhumance, action rurale organisée à la Vilette

Mais aujourd’hui, les seuls mammifères sauvages encore en nombre à Paris ce sont les rats qui, par millions, peuplent souterrains, caves et égouts et quelques rescapés dans des parcs et des cimetières.
Demain, après les rats, les animaux domestiques resteront de très loin les mammifères les plus nombreux. Mais gardons en mémoire au quotidien notre attachement aux animaux domestiques : 43% des parisiens déclarent avoir au moins un animal de compagnie, dont 37% un chien et/ou un chat.

__________

Nota : Les photos proviennent du catalogue de l’exposition.

Premier escalator à Paris

L’escalator du métro Père Lachaise, une première

le 14 mars 2023, La RATP « met en ligne » un service nouveau : la connaissance en direct de l’état des ascenseurs, des escalators et des trottoirs roulants : https://www.ratp.fr/node/3581

L’occasion de nous intéresser plus particulièrement au premier escalator installé dans le métro.

Le 25 février 1909, une grande première à la station Père Lachaise

La station Père Lachaise est en effet la première station du métro parisien à bénéficier d’un escalier mécanique, inauguré il y a 114 ans, et plus précisément le 25 février 1909.

Le Figaro daté de ce jour-là nous en restitue l’événement, en attribuant, pour le moins un peu rapidement, l’invention de l’escalator à l’ingénieur chargé de son installation :

Dans quelques jours on inaugurera, à la station métropolitaine du Père-Lachaise, un escalier mécanique qui recevra les voyageurs à la descente des trains et, sans secousse ni fatigue, les déposera à la sortie du métropolitain. Ce nouveau système est dû à M. Hocquart, ingénieur des arts et métiers et de l’École centrale. L’escalier, composé de 64 marches, dont 30 seulement sont apparentes, sera toujours en marche, fera gravir aux voyageurs deux étages en 25 secondes et pourra transporter 5000 voyageurs à l’heure.

Le préfet de police, M. Lépine, accompagné du directeur et des hauts fonctionnaires du métropolitain, ainsi que du commandant Cordier, du régiment des sapeurs-pompiers, s’est rendu à la station du Père-Lachaise et s’est fait transporter par le moyen du nouvel escalier, du fond du souterrain jusqu’à la sortie. M. Lépine a vivement félicité la Compagnie et M. Hocquart, dont l’invention rendra bientôt de singuliers services à la population parisienne.

Une invention datant de plus de 130 ans

 

Photo de Jesse W. Reno, inventeur de l’escalier mécanique

Quand il était étudiant à l’université de Lehigh, l’ingénieur américain Jesse Wilford Reno (1861-1947) devait monter 300 marches pour rejoindre le lieu d’une association dont il était membre.

D’un caractère très inventif, il imagine, en 1891, le premier escalator qu’il va appeler «l’ascenseur incliné». Il fait breveter son invention le 15 mars 1892 et la première construction est installée comme attraction dans le parc de Coney Island de New York.

 

Dessin de l'escalator en marche

Le premier escalator à Coney Island

Elle consiste alors en un escalier mobile qui élève les passagers sur un tapis roulant à un angle de 25 degrés. L’escalier mécanique, installé à l’Exposition de Paris de 1900, a remporté le premier prix.

Quant à l’escalator tel que nous le connaissons aujourd’hui, il a été conçu par un autre inventeur américain, Charles Seeberger (1857-1931). En collaboration avec la société Otis Elevator, le premier escalier mécanique commercial en 1899 est construit à l’usine New Yorkaise d’Otis.

Charles Seeberger a créé le nom « escalator » à partir du mot « scala », qui signifie marches en latin et du mot « ascenseur » ; en 1910, Charles Seeberger vend son brevet à la société Otis Elevator qui achète également l’année suivante le brevet de Jesse Reno. Otis domine alors, et pendant longtemps, la production des escaliers mécaniques et en améliore ses différents modèles.

inventeur du mot Escalator

Charles D. Seeberger

Confort et sécurité : la solution technique

À l’origine, les premiers modèles font massivement usage de bois. Toutefois, à l’occasion d‘un incendie dans le métro de Londres, on se rend compte que les escalators peuvent provoquer un embrasement général, ce qui va conduire à l’abandon de l’utilisation du bois.

Tout a été pensé pour le confort et la sécurité des utilisateurs et, sur certains modèles, les personnes transportées étaient assises, mais cette idée sera vite abandonnée.

Il est bon de souligner en pratique que grâce à son mécanisme constitué par des marches articulées, le départ d’un escalator est d’abord horizontal pour permettre une bonne stabilisation des passagers et de leurs bagages éventuels. Il va ensuite s’incliner en une courbe jusqu’à 30 degrés, avec deux rampes de maintien gauche et droite, appelée « main courante ».

Aujourd’hui, certains escalators sont dotés d’un détecteur de présence, permettant ainsi, en cas de non-utilisation, à ce que l’escalateur tourne au ralenti ou s’arrête, puis redémarre progressivement à l’arrivée d’un nouveau passager.

Le plus long escalier mécanique serait un escalier extérieur en quatre parties, situé dans un parc d’attraction à Hong Kong. Il mesure 227 mètres, pour un dénivelé de 115 mètres, soit l’équivalent de 38 étages.

Plan de l'Escalator

Escalator, le modèle présenté à l’Exposition universelle de 1900

 

Les escaliers mécaniques dans le métro parisien

A Paris, les escaliers mécaniques ont plus particulièrement été installés à partir des années 1970 quand les travaux étaient facilement réalisables, mais plus de cent stations de métro n’ont ni ascenseur ni escalator. L’accessibilité du métro de Paris reste donc médiocre ou impossible pour les personnes handicapées, les personnes avec une poussette ou chargées de bagages et les personnes âgées.

Seule la ligne 14 (9 stations) peut être empruntée par des personnes en fauteuil roulant. Par comparaison, l’accessibilité est assurée dans 71 des 270 stations du métro londonien. La loi de 2005 sur le handicap ne fixe aucune date limite pour l’accessibilité du métro du fait de travaux difficiles sur les lignes anciennes.

En fait, rendre les 309 stations du métro accessibles à tous reviendrait à plusieurs milliards d’euros et dans beaucoup de cas serait techniquement difficile, en conséquence la RATP ne se presse pas de faire ces travaux. L’accessibilité est en revanche pleinement intégrée aux critères de conception des nouvelles stations.

Paris reste donc l’une des grandes villes du monde où le réseau de métro est le moins accessible, loin derrière les modèles que sont Los Angeles ou Washington (100 % d’accessibilité) d’une construction pour autant plus récente.

Dans notre métro historique, « on ne peut pas faire en six ans et demi ce qui n’a pas été fait en 100 ans » souligne Lambis Konstantinidis, responsable des sujets paralympiques à Paris 2024.

Indispensable pour nous au quotidien, La RATP est aussi partie prenante d’une destination incontournable pour les touristes et les congrès.

Le métro par Hector Guimard

Le métro Père Lachaise en 2023-PG

Le 20e arrondissement en deuil de Jean-Michel Rosenfeld (1934-2023)

Jean-Michel Rosenfeld a quitté ce monde le 4 mars 2023, à la veille de son anniversaire. Par sa vie, son histoire personnelle, ses engagements et les valeurs morales et philosophiques auxquelles il croyait et qu’il défendait, il était étroitement lié à notre arrondissement et il restera dans nos mémoires.

Nous garderons de lui le souvenir d’un homme d’action, un homme engagé avant tout, et pourtant si simple, si proche des gens, toujours souriant et courtois, un homme modeste au regard des fonctions politiques qu’il a assumées : chargé de mission auprès du Premier ministre Pierre Mauroy (1981-1984), chef de cabinet adjoint du ministre du Travail Michel Delebarre (1984-1986)…

Pour nous, gens du 20e, il restera aussi le maire adjoint du 20e arrondissement (1984-2008), celui qui avait à cœur de se mobiliser pour soutenir la culture et le patrimoine de nos quartiers, y compris en appuyant notre association dans ses missions.

Soutien dans le 20e de Jean-Michel Rosenfeld présent

Vernissage à l’UDAC vers les années 2000. À gauche de JMR, le photographe Henri Guérard et sa femme. À droite, Florence Desserin, directrice de l’UDAC-FD

Concrètement, et en reprenant le titre de son livre Lumières de l’espoir : l’étoile, le triangle et la rose, paru en 2007, aux éditions La Bruyère :

L’étoile

Fils d’une famille juive originaire d’Europe centrale installée à Paris depuis 1907, il a perdu 38 membres de sa famille dans la Shoah. Né à Paris en 1934, il a connu la guerre, un père prisonnier, l’Occupation, les menaces de rafles, le port de l’étoile jaune, qui l’ont marqués à jamais.

Tout enfant, il a échappé à la rafle du Vel d’Hiv’ (juillet 1942), caché avec sa mère par la patronne de celle-ci. Toujours, il a conservé sur lui l’étoile juive qu’il avait dû porter alors et, lorsqu’il prenait la parole lors de certaines commémorations, il lui arrivait de la sortir de sa poche et son geste par surprise si émouvant augmentait encore l’intensité de son témoignage.

L'étoile juive dont il ne se sépare jamais.

Jean-Miche Rosenfeld lors d’un entretien avec une journaliste de The times of Israel. Il lui confie vouloir être enterré avec son étoile juive.

Cette étoile existe toujours aujourd’hui dans les têtes de l’extrême droite. Jean-Michel Rosenfeld a dû y faire face : au moment des élections régionales de 2004, il a dû porter plainte contre des militants du Front National pour l’avoir publiquement traité de «  youpin ».

Cette étoile, il l’a partagée avec notre association, à la mairie du 20e arrondissement, en 2000, dans une conférence sur La communauté juive dans le 20e arrondissement, de 1860 à nos jours, parue dans notre Bulletin n° 19 (disponible en ligne).

Le triangle

Jean-Michel Rosenfeld a toujours parlé très librement de son riche parcours dans la franc-maçonnerie au sein du Grand Orient de France.

En tant que président du congrès des loges de Paris et d’Île-de-France, c’est suite à son action que les différentes obédiences maçonniques se réunissent chaque année devant le Mur des Fédérés, au cimetière du Père-Lachaise.

La première fois, ce fut à l’occasion du centenaire de la Commune de Paris, le samedi 24 avril 1971, jour anniversaire de la tentative de médiation des francs-maçons auprès du gouvernement de Thiers. En 1871, leur demande de conciliation pour faire cesser les assauts contre les Parisiens a échoué et, devant l’intransigeance d’Adolphe Thiers, bon nombre de francs-maçons se sont ralliés à la Commune. Et depuis 1997, cette commémoration se reproduira chaque année, en hommage notamment à la mémoire de cent d’entre eux victimes de la répression versaillaise.

Et la rose

Dans son livre, Lumières de l’espoir : l’étoile, le triangle et la rose, qui se lit comme un témoignage vivant, Jean-Michel Rosenfeld s’ouvre en toute simplicité, tel qu’en lui-même, à livre ouvert. Inscrit à la SFIO à la fin des années 1960, il entre en 1979 dans l’équipe parisienne de Pierre Mauroy, auprès duquel il travaille longtemps et est notamment chargé des contacts avec la presse et avec diverses associations et communautés (Juifs, Arméniens, Maghrébins, LICRA, MRAP, Amnesty International, ainsi qu’avec des obédiences maçonniques).

Pierre Mauroy premier ministre

Jean-Michel Rosenfeld et Pierre Mauroy en juin 1981-FJJ

Puis, il rejoint le ministère du Travail dans le gouvernement Fabius. Ensuite, il devient membre de la section « Cadre de vie » au Conseil économique et social à deux reprises, et enfin sous-directeur de la Caisse nationale d’assurance maladie des travailleurs salariés (1993-1998). Il restera un homme de confiance de Pierre Mauroy, qui en fera son conseiller spécial quand il créera la Fondation Jean-Jaurès en 1992. Totalement engagé pour la République mais libre dans ses paroles, il n’hésite pas à dire ses vérités sur son parcours des années Mitterrand, à parler de son Parti Socialiste, de sa vie privée depuis sa jeunesse, allant parfois même jusqu’à se critiquer lui-même.

Ouverture du PCB vers la rue de Ménilmontant

Pavillon Carré de Baudoin, dessin 2022 du projet de travaux-MdP

Avec son soutien, le sauvetage du Pavillon Carré de Baudouin

Enfin, cet homme de culture s’est toujours tenu aux côtés de l’AHAV quand il s’agissait de se battre pour sauvegarder le patrimoine de notre arrondissement. Quand, rue de Ménilmontant, le Pavillon Carré de Baudouin a été menacé par une opération immobilière imminente, il a su relayer l’action déjà initiée par l’AHAV et son président de l’époque,Thierry Halay. Notre président avait déjà commencé à alerter l’opinion et à faire les démarches nécessaires pour sauver ce patrimoine architectural rarissime dans le 20e. Jean-Michel Rosenfeld nous soutiendra en reprenant la préservation dans son programme électoral.

Le Pavillon Carré de Baudouin est prévu pour réouvrir ses portes fin mars 2023. Quand nous y retournerons pour voir une exposition ou écouter une conférence ou un concert, nous aurons une pensée affectueuse et reconnaissante pour Jean-Michel Rosenfeld. En tout cas, dans nos pensées, il restera toujours présent parmi nous.

Le Conseil d’administration de l’AHAV tient chaleureusement à s’associer à la peine de ses proches et particulièrement de sa fille et de ses petits-enfants à qui il était tant attaché.

Que s’est-il passé dans le 20il y a 50 ans ?   

La liste des repères nationaux et locaux

À chaque fin d’année, les médias, nous offrent un passage en revue des événements marquants de l’année écoulée. Plus modestement et plus localement, nous revenons ici 50 ans en arrière, autrement dit sur ce qui s’est passé principalement dans le 20e en 1972. Pour l’année 1973, cliquez ici.

Quelques repères nationaux

En politique

Le 5 juillet, le Premier ministre Jacques Chaban-Delmas en désaccord avec le président Georges Pompidou doit démissionner. Coïncidence, il démissionne une semaine après un événement historique de l’opposition : la signature du Programme commun de gouvernement entre le PS, le PC et le MRG.

1972, union de la Gauche

12 juillet 1972, François Mitterrand, Robert Fabre (MRG) et Georges Marchais (PCF), signent le Programme commun-DR/ Fondation Jean-Jaurès

À l’extrême droite le 5 octobre,  Jean-Marie Le Pen rassemble plusieurs organisations d’ultra droite et crée le Front National. Son premier mandat local se situe dans le 20e arrondissement, lors des municipales de 1983 et il y siègera jusqu’en 1989.

Au plan social

Le droit des femmes

Le 11 octobre, au procès de Bobigny, une jeune fille de 16 ans est défendue par Gisèle HalimiLa loi du 22 décembre fait par ailleurs inscrire dans le Code du Travail l’égalité de rémunération entre les femmes et les hommes .

Un tournant dans les transports

Le 20 mars, la SNCF présente son premier Train à Grande Vitesse (TGV), qui ne sera inauguré qu’en 1981.

Le 28 octobre, Airbus inaugure son premier vol, l’A300 (d’une capacité de 300 passagers) conçu par le nouvel avionneur européen, lui-même créé deux ans plus tôt.

Culture et consommation

Le 5 mai – Le film « Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil » sort en salle. La comédie satirique de Jean Yanne nous dépeint le monde de la radio au quotidien qu’il connaissait particulièrement bien. D’entrée, le film est un succès : il se place en tête du box-office, avec 2 600 000 entrées au bout de 9 semaines.

Le 30 juin, McDonald’s ouvre son premier « fast food » à Créteil.

Et puis lorsqu’elle est créée le 31 décembre, la télévision diffuse sa première émission en couleur sur la troisième chaîne, la dernière du nom.

À propos de calendrier, si nous inversons rapidement les chiffres de 1972 pour passer à 1792, que trouvons-nous ? L’histoire de notre année « civile » et son calendrier grégorien. 

Représentation féminine du calendrier

Les mois du calendrier républicain-Napoléon et Empire

En effet, le 22 septembre 1792 est le jour de la proclamation de la République et dans le tout nouveau calendrier révolutionnaire, il devient le 1er vendémiaire an I. Ce calendrier républicain n’aura vécu très exactement que 12 ans, 2 mois et 27 jours, avant le retour de notre bon vieux calendrier grégorien, appliqué au 1er janvier 1806.

Les événements liés au 20e

La liste de cette année-là

  • La mort de Maurice Chevalier à l’âge de 83 ans, « le gars de Ménilmontant » qui a habité au 15 rue Julien Lacroix, est entré à l’école rue Boyer. Il a popularisé son quartier par sa fameuse chanson, en 1978, son nom a été attribué à une place près de la station Ménilmontant.
Maurice Chevalier à Ménilmontant

Place Maurice Chevalier-Wikipedia

  • La mort de l’acteur Pierre Brasseur, père de Claude Brasseur, tous deux enterrés au Père Lachaise.
  • Le corps d’Henry de Montherlant est brûlé au crématorium du Père-Lachaise. Ses cendres sont placées dans une case provisoire et finalement elles seront dispersées en Italie par son héritier, Jean-Claude Barat, et par Gabriel Matzneff « sur les lieux sacrés de la Rome ancienne ».
  • L’écrivain Jules Romains, membre de l’Académie française et auteur notamment du fameux docteur « Knock » interprété brillamment par Louis Jouvet, est inhumé au Père-Lachaise.

______________________________________________________

Il arrive aussi que certains personnages quittent notre cimetière. Mais à notre connaissance, pas dans les circonstances qui suivent.  Il s’agit du corps du dictateur dominicain Rafaël Trujillo. L’homme est assassiné en 1961 chez lui par un commando et il est tout d’abord enterré sur place. Puis son corps est transféré aux États-Unis… pour aboutir finalement à Paris. Finalement ou presque.

En effet, sa veuve souhaite obtenir 75m2 au Père Lachaise pour lui ériger un monument digne du général-président. Refus de l’administration qui dans le respect du règlement général -pour des raisons démocratiques d’équité- ne peut lui octroyer au plus que 4 m2. Par exception, le préfet lui en propose huit et l’inhumation peut avoir lieu en 1963.

Sauf qu’au même moment, trois personnes qui se connaissent entre elles prennent la suite pour acheter quatre espaces mitoyens… avec un plan qui réunit l’ensemble des concessions, y compris l’espace de la chapelle du dictateur. Le projet est  confié à un seul marbrier, celui de cette même chapelle.

L’affaire se terminera en 1972 au tribunal administratif. Celui-ci va considérer « que cette manœuvre frauduleuse est de nature à entacher de nullité les contrats intervenus, souscrits entièrement à la requête de la Ville. Les concessions sont confisquées, toutes traces de travaux doivent disparaître ».

Conséquence après cette manœuvre ratée, les restes de Rafaël Trujillo seront à nouveau déplacés, pour atterrir cette-fois ci dans sa toute dernière demeure : en Espagne, pays encore sous le régime de la dictature franquiste.

______________________________________________________

  • Le jardin de Casque d’or est inauguré au 14 rue Michel-de-Bourge, tout près de la rue des Vignoles. Il sera rénové en 1997.
  • Le bâtiment voyageur de la gare de Ménilmontant (elle-même ouverte en 1862) est démoli pour y construire dès cette année les grands immeubles que nous connaissons aujourd’hui.
Immeubles remplaçant la gare

Immeubles gare de Ménilmontant en cours de construction en 1972-Ministère de la Culture

  • L’ancienne gare de Charonne est rebaptisée “Flèche d’Or”, en souvenir du nom du train qui reliait Paris à Londres de 1926 à 1972.
  • Un décret du ministère de la Santé publique rattache l’hospice Debrousse au bureau d’aide sociale de Paris.
  • Le siège social des imperméables Cyclone qui était installé au 37 rue du Télégraphe, lance en 1972, une campagne publicitaire en vantant leurs produits ainsi :

« Imperméables Cyclone, pour se sentir bien, partout, même s’il ne pleut pas ».

L’exposition du pavillon de l’Ermitage intitulée « Affaires de Familles – Entreprises pionnières de l’Est parisien, 1830-1950 » nous l’a fait savoir en 2016, parmi d’autres informations sur cette entreprise.

entreprise familiale du 20e

Affiche publicitaire « CYCLONE-Imperméables » des années 1960-1970

  • Le théâtre de Guy Rétoré, le Théâtre de l’Est parisien (TEP) est reconnu par le ministre de la Culture, au point de devenir théâtre national. Il avait été créé en 1963, rue Malte-Brun sur les lieux de l’ancien cinéma « Le Zénith ».
  • Au 24 rue de la Réunion, un attentat est commis à la librairie Palestine dans la nuit du mardi 3 au mercredi 4 octobre. Il provoque d’importants dégâts. Il est aussitôt revendiqué par une organisation juive d’extrême droite, Massada, un groupuscule d’après la police. La librairie Palestine est en fait une S.A.R.L. dont les actionnaires sont des Français.
  • L’îlot insalubre n°11 du 20e refait surface, après son existence reconnue en tant que telle depuis 20 ans. Il s’agit des 27 hectares situés entre l’avenue Gambetta, le boulevard et la rue de Ménilmontant, et la rue Sorbier. L’ensemble concerne 16 000 habitants dont près de 60% d’ouvriers.
Ilot insalubre du 20e

Démolition partielle du bas Belleville en 1972-Jean-Louis Plenel

Au Conseil de Paris, monsieur Verdier prend exemple sur une action équivalente réussie dans le 15earrondissement par la Société d’économie mixte d’aménagement du quinzième. Il propose de confier à cette même SEMEA XV la rénovation de l’îlot, dans le cadre de la création d’une zone d’aménagement concerté.

  • Pierre Overney, militant maoïste et ouvrier chez Renault, est tué par balles devant l’ usine de Boulogne-Billancourt. Son assassin, Jean-Antoine Tramoni, est le chef du service de sécurité de la Régie. À l’exception de la CGT et du PC, toutes les organisations de gauche et d’extrême gauche ont appelé à participer à ses obsèques.

Son cercueil est porté depuis la place Clichy jusqu’au cimetière du Père-Lachaise par ses camarades de Renault et des militants maoïstes. Ce long défilé a été exceptionnellement rendu possible par dérogation à une décision préfectorale de 1961, celle qui interdisait tout cortège funèbre  » à l’allure au pas  » sur la voie publique.

Parmi de nombreux articles qui en rendent compte, le quotidien Le Monde a publié celui daté du 07 mars 1972 et qui commence ainsi :

UN LONG CORTÈGE A TRAVERS PARIS

Cent vingt mille personnes environ – dix-huit mille selon la préfecture de police, et de deux à quatre cent mille selon les organisateurs – ont suivi pendant plus de trois heures, dans l’après-midi du samedi 4 mars, à Paris, le cercueil de René-Pierre Overney, porté par ses camarades des usines Renault…

D’autres manifestations ont eu lieu en France, toutes sans aucun incident.

  •  Pierre Lazareff, l’homme de presse est enterré au Père Lachaise , et suivant sa volonté, sans discours, sans fleurs ni couronnes. Il a dirigé France-Soir, créé le Journal du Dimanche et co-produit Cinq colonnes à la une, le premier magazine télévisé d’information.
Mort de Pierre Lazaret

Pierre Lazareff en une de France Soir. Extrait de documenataire INA-PG

Le grand jeu de l’année

À l’occasion de la nouvelle année 2023, nous innovons avec cet article participatif.

Le jeu est tout simple : comme vous avez peut-être pu le remarquer, ces événements du 20e sont volontairement rapportés sans précision de date. De plus, ils ne sont pas non plus placés dans l’ordre chronologique. Certains ont une date précise, d’autres pas.

Le jeu consiste uniquement à retrouver ces dates, nous les faire savoir et nous les insérerons en mentionnant le prénom des « gagnants ». À la fin de ce jeu pour le plaisir, début mars, nous en profiterons pour remettre chacun de ces événements dans le bon ordre.

Alors, à vos plumes virtuelles !

Le Tram dessert enfin le 20e arrondissement et le nord de Paris !

Le 15 décembre 2012, la ligne de tramway T3b était mise en service. Aujourd’hui, dix ans plus tard, elle relie les stations Porte de Vincennes et Porte d’Asnières – Marguerite Long. Et l’aventure continue…

 

Carte de l’extension prévue de la ligne T3 à l’ouest de Paris. Situation en 2018. Photo Wikipedia

 

Le tramway est une forme de transport en commun urbain ou interurbain à roues en acier circulant sur des voies ferrées équipées de rails plats, implanté en site propre ou encastré à l’aide de rails à gorge dans la voirie routière.

Les tramways dans l’histoire parisienne

Historiquement, un grand nombre de tramways ont circulé dans Paris, puis en proche banlieue. Ils ont précédé le métropolitain de plusieurs décennies. Ce réseau a fonctionné entre 1855 et le 14 mars 1937 à Paris et le 14 août 1938 en proche banlieue. D’autres lignes isolées du réseau parisien ont également existé en grande banlieue et ont toutes disparu à la même époque.

Transports parisiens, boulevard des Italiens. Carte postale

Ce réseau, exploité par de nombreuses compagnies comme la Compagnie Générale des Omnibus (CGO), a utilisé diverses techniques de propulsion : d’abord traction hippomobile, puis traction à vapeur et à l’air comprimé. Il a été finalement électrifié, mais aura dû faire appel pour l’alimentation des motrices à diverses techniques, telles que plots et caniveaux, pour éviter l’installation de caténaires dans Paris, rejetées comme inesthétiques.

Tramway hippomobile Gare du Nord – Bd de Vaugirard. CGO

Avec la fin des années 1930 est venu le démantèlement du réseau de tramways de la région parisienne, alors jugé, sous la pression des lobbies pétrolier et industriel, comme inadapté et contraignant face au développement de l’automobile et de l’autobus.

Dans l’Est parisien, le cas particulier du tramway-funiculaire de Belleville

Le tramway-funiculaire de Belleville était une ligne de tramway à traction par câble qui, de 1891 à 1924, a relié la place de la République à l’église Saint-Baptiste de Belleville, en haut de la rue de Belleville.

Maquette avec câbles

Le funiculaire de Belleville, coupe

Système hybride entre le tramway et le funiculaire (véhicule circulant sur des rails en pente, dont la traction est assurée par un câble), il était similaire aux célèbres cable cars de San Francisco mis en service en 1873. À Paris, les travaux sont confiés à l’ingénieur Fulgence Bienvenüe, assisté du conducteur de travaux Lefebvre, et menés en six mois. Toutefois, la mise en place du système de traction a été laborieuse, car sans précédent en Europe.

Le tramway-funiculaire de Belleville, rue de Belleville. Carte postale.

Les incidents d’exploitation, relativement rares, ont surtout été liés à l’usure du câble de traction. La rupture de fils provoquait son enroulement autour du grip, empêchant le véhicule de s’arrêter.

La forte déclivité de la rue de Belleville a toutefois provoqué quelques accidents plus spectaculaires. Le plus important a eu lieu le 6 janvier 1906, quand la rupture du grip entraîne l’emballement du véhicule, qui dévale à toute allure la rue de Belleville, traverse la rue des Pyrénées à une vitesse avoisinant les 120 km/h selon la presse, avant de dérailler et de se mettre en travers dans la rue du Faubourg-du-Temple.

Les voyageurs pris de panique sautent en marche, ce qui provoque 17 blessés. En 1907 et 1909, le tramway ne pouvant freiner à temps, deux collisions surviennent entre les voitures et des automotrices Mékarski au carrefour de la rue des Pyrénées. En janvier 1914, le câble se rompt à nouveau, et une des voitures dévale la rue de Belleville jusqu’à la place de la République, heurtant tous les obstacles sur son parcours et provoquant 14 blessés.

Finalement, le tramway-funiculaire de Belleville est remplacé sur son parcours par la ligne 11 du métro, en 1935.

« L’accident du funiculaire de Belleville », Le Figaro, 24 janvier 1914.

Le « nouveau » tramway

Le choc pétrolier de 1973 et les encombrements urbains croissants entraînent, en France, une réorientation des politiques de déplacement vers les transports publics de masse. Tandis que le métro est privilégié à Lyon et à Marseille, qui l’inaugurent en 1978, le renouveau du tramway en France intervient avec le concours lancé par le secrétaire d’État Marcel Cavaillé en 1975, destiné à définir le futur tramway standard français devant équiper huit villes : Bordeaux, Grenoble, Nancy, Nice, Rouen, Strasbourg, Toulon et Toulouse.

À Paris et dans sa banlieue, où les tramways avaient constitué un important réseau avant la Seconde Guerre mondiale, la première ligne rouverte est la ligne 1 reliant Saint-Denis et Bobigny (Seine-Saint-Denis) en 1992.

Les grèves de la RATP de 1995 marquent un tournant. La municipalité de Paris se prononce en faveur du retour du tramway à Paris. Il fait suite à la relance du débat par les membres parisiens de l’ancien parti politique Les Verts, et plus particulièrement à l’acharnement du seul élu Vert du conseil de Paris, Jean-François Ségard, qui, dès 1992, se fait le porte-parole de la réintroduction du tramway dans la capitale.

Ligne T3, connexion entre les branches T3a et T3b, porte de Vincennes, juillet 2012

Fin 2006, la ligne T3, dite ligne des Maréchaux, marque le grand retour du tramway à Paris après 69 années d’absence. La T3 qui relie alors le pont du Garigliano à la porte d’Ivry est inaugurée le 16 décembre 2006 par le maire de Paris d’alors, Bertrand Delanoë.

Cette fois, le tramway n’entre pas dans Paris intra muros. La ville a évolué et il ne pourrait y circuler. Il emprunte, en périphérie de la capitale, les « boulevards des Maréchaux », c’est-à-dire l’ancienne Rue militaire qui desservait les fortifications construites à l’initiative de Thiers en 1844. Cette implantation du tramway est considérée comme un facteur d’intégration urbaine des Portes de la ville, ces « marges » souvent défavorisées.

La ligne T3 existante est prolongée jusqu’à la porte de Vincennes et renommée T3a le jour de l’inauguration de l’extension ; une seconde ligne, la T3b, relie dans sa continuité les portes de Vincennes et de La Chapelle. Son prolongement jusqu’à la porte d’Asnières, dont les travaux ont commencé le 31 mars 2014, est mis en service le 24 novembre 2018.

En 2019, le réseau de tramway, qui compte 10 lignes et couvre 125 km, est en partie saturé, mais d’autres projets d’extension ou de création de nouvelles lignes sont en cours. Prochaine étape : la Porte Maillot !

Pour en savoir plus :

Tramway-funiculaire de Belleville : https://fr.wikipedia.org/wiki/Tramway_funiculaire_de_Belleville

Tramway d’Île-de-France : https://fr.wikipedia.org/wiki/Tramway_d’Île-de-France

Ligne 3a du tramway d’Île-de-France : https://fr.wikipedia.org/wiki/Ligne_3a_du_tramway_d’Île-de-France

Ligne 3b du tramway d’Île-de-France : https://fr.wikipedia.org/wiki/Ligne_3b_du_tramway_d’Île-de-France

 

Quand les murs racontent l’histoire de la guerre 

 

Conférence le jeudi 19 janvier à 18h30 précises à la mairie du 20e

Le 25 août 1944 marque la fin de l’occupation de Paris par les troupes allemandes commandées par le régime nazi. Depuis l’arrivée de l’occupant le 14 juin 1940, Paris a été le théâtre de nombreux drames dont les murs témoignent.

Cérémonie à l'entrée de la RATP

Ratp, plaque du dépot de Lagny. hommages du 25 août 2022-PG

Riche d’environ 150 plaques commémoratives, le 20e arrondissement continue largement à raconter cette histoire : mémoire de la Résistance, notamment communiste, mémoire de la persécution des populations juives implantées dans cet arrondissement populaire, en particulier des enfants, mais aussi traces de l’insurrection pour la libération de Paris.

Plaques mémorielles du 20e

Plaques à la mémoire d’habitants du 20e, fleuries par la Mairie et l’Hôtel de Ville-PG

C’est à l’histoire de cette période, à travers ce que disent les plaques et à l’histoire de ces dernières qu’est consacrée cette conférence.

Par Céline LARGIER VIÉ, Maître de conférences en linguistique allemande et française à Sorbonne Nouvelle.

____________

Pour en savoir plus  sur les plaques de rue et les plaques mémorielles à Paris, écoutez l’émission Le Cours de l’histoire diffusée le 16 septembre 2021 sur France Culture , en cliquant sur « Les plaques dans la ville, la mémoire au coin de la rue »

 

Théâtre de la Colline

DAVOUT, un boulevard pour un maréchal

Au pied de la piscine Yvonne Godard, règne comme un air de vacances prolongées… Les chaises longues colorées du Théâtre de la Colline invitent à savourer les derniers rayons du soleil même s’ils sont parfois frisquets… Jusqu’au 16 octobre, dans le cadre de la programmation « hors les murs » du Pavillon Carré de Baudouin (en travaux jusqu’au début 2023), le Théâtre national de la Colline a donné mandat au Collectif OS’O de présenter un spectacle intitulé « Boulevard Davout ».

Horaires des représentations : du mercredi au vendredi à 18h30, samedi à 14h30 et 18h30 et dimanche à 11h et 15h. Durée estimée : 1h50

Ce spectacle original est inspiré par le 20e arrondissement et les légendes urbaines qui se sont imposées comme une matière racontant ce quartier. Ainsi, les spectateurs déambulent au cœur de contes mêlant l’intime au social et le fantastique au réel. À chaque fois, le merveilleux et l’étrange bousculent la vie des protagonistes loin des scénarios attendus.

Rassemblement avant diffférents départs

Colline hors les murs-chaises longues, lieu de départ du spectacle-photo PG.

Vous me direz : alors, quoi de commun entre cette déambulation théâtrale aux échos très contemporains, un brillant compagnon d’armes de Napoléon Ier et une portion du boulevard des Maréchaux qui s’étire depuis 1860 aux marges de notre arrondissement ? a priori rien… sauf notre imaginaire peut-être.

Un maréchal d’Empire invaincu

La partie des boulevards des Maréchaux comprise entre les portes de Vincennes et de Bagnolet, en bordure du 20e arrondissement, est dédiée au maréchal Louis Nicolas d’Avout puis Davout (1770-1823).

Issu d’une famille de petite noblesse d’épée, Davout fait ses premières armes sous l’Ancien Régime avant d’embrasser les idées révolutionnaires. Dès 1791, il est chef de bataillon des volontaires de l’Yonne et ne tarde pas à prendre du galon : général de brigade en juillet 1793, il participe à la campagne d’Egypte sous les ordres de Bonaparte et est promu général de division en 1800. Il inaugure son nouveau commandement en prenant la tête de la cavalerie de l’armée d’Italie. Devenu empereur, Napoléon élève Davout à la dignité de maréchal d’Empire en 1804.

Portrait du Maréchal Davout

Le maréchal Louis Nicolas Davout, duc d’Auerstaedt et prince d’Eckmühl, de Tito Marzocchi de Bellucci d’après Claude Gautherot, 1852, château de Versailles

Davout joue un rôle majeur sur les champs de bataille napoléoniens, notamment à Austerlitz en 1805 et à Auerstaedt en 1806, où il met en déroute la principale armée prussienne. Ensuite, il se distingue à la bataille d’Eylau (1807), avant d’être gouverneur général du duché de Varsovie. Commandant en chef de l’armée d’Allemagne en l’absence de l’Empereur, il participe brillamment à la campagne d’Allemagne et d’Autriche (1809) à l’issue de laquelle il reçoit le titre de prince d’Eckmühl. Employé en Russie, où il dirige le Ier corps, puis en Allemagne après la retraite des troupes françaises, il s’enferme dans Hambourg et parvient à résister aux attaques des armées alliées jusqu’à la chute du régime impérial. Pendant les Cents-Jours, il se rallie à Napoléon revenu de l’île d’Elbe, qui le nomme ministre de la Guerre. Il supervise les travaux de fortification de Paris avec le général Haxo, dont une rue de notre arrondissement porte aussi le nom, lorsqu’il apprend l’anéantissement de l’armée française à Waterloo. Le maréchal Davout meurt à 53 ans ; il repose au Père-Lachaise, dans le carré des maréchaux, non loin de Masséna, dans une tombe toute simple.

Tombe du maréchal DAVOUT au Père Lachaise-Photo PG

Considéré comme le meilleur tacticien de Napoléon, Davout est le seul maréchal de l’Empire resté invaincu tout au long de sa carrière militaire. D’un caractère difficile et exigeant envers ses officiers, il se montre particulièrement sévère sur l’entraînement et la discipline de ses troupes.

Une longue ceinture de boulevards autour de Paris : de la rue Militaire au Périphérique et au Tramway

Les boulevards des Maréchaux forment un ensemble continu ceinturant la capitale, à la limite de la ville, sur une longueur de 33,7 km. A leur création, la totalité de ces boulevards portaient les noms de maréchaux du Premier Empire, ce qui leur a donné leur nom collectif. Trois boulevards supplémentaires ont été ouverts ensuite, portant, l’un, le nom d’un amiral napoléonien (l’amiral Bruix) et deux, plus récents, les noms de généraux de la France libre (Jean Simon et Martial Valin).

Ces boulevards s’ouvrent à l’emplacement de l’ancienne route militaire ou rue Militaire qui longeait l’enceinte de Thiers, édifiée en 1840-1845, pour protéger Paris. En 1860, l’extension des limites de Paris étend la capitale jusqu’au pied de cette enceinte, qui avec son large glacis (zone non constructible de 250 mètres) marquait une profonde rupture dans le tissu urbain. En 1861, la création d’un boulevard de ceinture large de 40 mètres, à l’emplacement de la rue Militaire, permet de créer un ensemble de boulevards faisant le tour de la capitale qui prend son nom actuel de boulevard « des Maréchaux » en 1864.

titres du maréchal Davout

Plaque du Boulevard Davout

Dans les années 1920, le démantèlement des fortifications permet d’urbaniser les terrains situés à l’extérieur de la ceinture de boulevards. On y construit notamment des logements sociaux (Habitations à bon marché – HBM), des équipements publics comme le parc des expositions de la porte de Versailles, le stade Charléty ou le palais de la Porte Dorée, et des parcs et jardins comme le square Séverine, le parc de la Butte du Chapeau-Rouge ou la Cité internationale universitaire. Mais le projet de « ceinture verte » restera inabouti.

La voiture devient « reine » en ville, avec son cortège d’embouteillages et de pollution. Bientôt, naît l’idée de construire une seconde rocade périphérique, longue de 35 km, doublant extérieurement les boulevards militaires et qui serait traitée en autoroute. Le début des travaux de cet aménagement, qui deviendra le boulevard périphérique, est inscrit dès 1955 au programme 1956-1961.

Les travaux du Périphérique vont s’étaler jusqu’en 1973

A l’Est, la section comprise entre la porte Dorée et la porte de Pantin est la dernière entreprise ; elle comprend la réalisation des passages inférieurs des portes de Vincennes, de Montreuil, de Bagnolet, des Lilas, Chaumont, et du passage supérieur du Pré-Saint-Gervais. Le coût des travaux est estimé à 6 700 millions de francs et sa réalisation est programmée de 1959 à 1961. En décembre 1969, a lieu l’inaugurations de la section de la porte du Pré-Saint-Gervais à la porte de Montreuil.

Depuis 1971, on a pu mesurer les nombreuses nuisances générées par le Périphérique : bruit, rejets de gaz polluants ou de particules… la pollution de l’air est six fois supérieure aux recommandations de OMS (selon une campagne de mesures effectuées en 2020 par Airparif).

555 200 habitants, dont 307 200 Parisiens, habitent dans une bande de 500 m de part et d’autre du boulevard périphérique, soit 8 % de la population de la Métropole du Grand Paris, ou encore un habitant sur cinq de l’ensemble des communes bordant cette autoroute urbaine de 35 km. Pour remédier au bruit, un programme d’écrans antibruit est mis en œuvre de 1985 à 1994, puis, en 2000, est engagée la couverture de certaines sections comme à la porte des Lilas de 2005 à 2007…

Une évolution est donc d’autant plus nécessaire qu’avec l’essor des transports en commun en Île-de-France, l’alternative au transport individuel se développe. De 2020 à 2030, 169 gares et stations RER/métro/Tramway sont créées ou prévues, améliorant notamment les trajets inter-banlieues. À terme, 98 % des habitants de la Métropole du Grand Paris se trouveront à moins de 2 km d’une gare.

De la verdure sur le boulevard

Le tramway, un espace vert sur le boulevard Davout. photo CDD

Enfin, dernier acteur en date, le tramway… Depuis 2012, la ligne T3a du tramway d’Île-de-France emprunte les boulevards des Maréchaux, au sud et au sud-est (du pont du Garigliano à la porte de Vincennes) ; puis, elle est poursuivie, à l’est et au nord-est, par la ligne T3b (de la porte de Vincennes à la porte d’Asnières). Le Tramway a fait disparaître l’ancienne ligne de bus PC (Petite Ceinture), mise en service sur les boulevards des Maréchaux en 1934, suite à la fermeture de la ligne ferroviaire de Petite ceinture.