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DAVOUT, un boulevard pour un maréchal

Théâtre de la Colline

DAVOUT, un boulevard pour un maréchal

Au pied de la piscine Yvonne Godard, règne comme un air de vacances prolongées… Les chaises longues colorées du Théâtre de la Colline invitent à savourer les derniers rayons du soleil même s’ils sont parfois frisquets… Jusqu’au 16 octobre, dans le cadre de la programmation « hors les murs » du Pavillon Carré de Baudouin (en travaux jusqu’au début 2023), le Théâtre national de la Colline a donné mandat au Collectif OS’O de présenter un spectacle intitulé « Boulevard Davout ».

Horaires des représentations : du mercredi au vendredi à 18h30, samedi à 14h30 et 18h30 et dimanche à 11h et 15h. Durée estimée : 1h50

Ce spectacle original est inspiré par le 20e arrondissement et les légendes urbaines qui se sont imposées comme une matière racontant ce quartier. Ainsi, les spectateurs déambulent au cœur de contes mêlant l’intime au social et le fantastique au réel. À chaque fois, le merveilleux et l’étrange bousculent la vie des protagonistes loin des scénarios attendus.

Rassemblement avant diffférents départs

Colline hors les murs-chaises longues, lieu de départ du spectacle-photo PG.

Vous me direz : alors, quoi de commun entre cette déambulation théâtrale aux échos très contemporains, un brillant compagnon d’armes de Napoléon Ier et une portion du boulevard des Maréchaux qui s’étire depuis 1860 aux marges de notre arrondissement ? a priori rien… sauf notre imaginaire peut-être.

Un maréchal d’Empire invaincu

La partie des boulevards des Maréchaux comprise entre les portes de Vincennes et de Bagnolet, en bordure du 20e arrondissement, est dédiée au maréchal Louis Nicolas d’Avout puis Davout (1770-1823).

Issu d’une famille de petite noblesse d’épée, Davout fait ses premières armes sous l’Ancien Régime avant d’embrasser les idées révolutionnaires. Dès 1791, il est chef de bataillon des volontaires de l’Yonne et ne tarde pas à prendre du galon : général de brigade en juillet 1793, il participe à la campagne d’Egypte sous les ordres de Bonaparte et est promu général de division en 1800. Il inaugure son nouveau commandement en prenant la tête de la cavalerie de l’armée d’Italie. Devenu empereur, Napoléon élève Davout à la dignité de maréchal d’Empire en 1804.

Portrait du Maréchal Davout

Le maréchal Louis Nicolas Davout, duc d’Auerstaedt et prince d’Eckmühl, de Tito Marzocchi de Bellucci d’après Claude Gautherot, 1852, château de Versailles

Davout joue un rôle majeur sur les champs de bataille napoléoniens, notamment à Austerlitz en 1805 et à Auerstaedt en 1806, où il met en déroute la principale armée prussienne. Ensuite, il se distingue à la bataille d’Eylau (1807), avant d’être gouverneur général du duché de Varsovie. Commandant en chef de l’armée d’Allemagne en l’absence de l’Empereur, il participe brillamment à la campagne d’Allemagne et d’Autriche (1809) à l’issue de laquelle il reçoit le titre de prince d’Eckmühl. Employé en Russie, où il dirige le Ier corps, puis en Allemagne après la retraite des troupes françaises, il s’enferme dans Hambourg et parvient à résister aux attaques des armées alliées jusqu’à la chute du régime impérial. Pendant les Cents-Jours, il se rallie à Napoléon revenu de l’île d’Elbe, qui le nomme ministre de la Guerre. Il supervise les travaux de fortification de Paris avec le général Haxo, dont une rue de notre arrondissement porte aussi le nom, lorsqu’il apprend l’anéantissement de l’armée française à Waterloo. Le maréchal Davout meurt à 53 ans ; il repose au Père-Lachaise, dans le carré des maréchaux, non loin de Masséna, dans une tombe toute simple.

Tombe du maréchal DAVOUT au Père Lachaise-Photo PG

Considéré comme le meilleur tacticien de Napoléon, Davout est le seul maréchal de l’Empire resté invaincu tout au long de sa carrière militaire. D’un caractère difficile et exigeant envers ses officiers, il se montre particulièrement sévère sur l’entraînement et la discipline de ses troupes.

Une longue ceinture de boulevards autour de Paris : de la rue Militaire au Périphérique et au Tramway

Les boulevards des Maréchaux forment un ensemble continu ceinturant la capitale, à la limite de la ville, sur une longueur de 33,7 km. A leur création, la totalité de ces boulevards portaient les noms de maréchaux du Premier Empire, ce qui leur a donné leur nom collectif. Trois boulevards supplémentaires ont été ouverts ensuite, portant, l’un, le nom d’un amiral napoléonien (l’amiral Bruix) et deux, plus récents, les noms de généraux de la France libre (Jean Simon et Martial Valin).

Ces boulevards s’ouvrent à l’emplacement de l’ancienne route militaire ou rue Militaire qui longeait l’enceinte de Thiers, édifiée en 1840-1845, pour protéger Paris. En 1860, l’extension des limites de Paris étend la capitale jusqu’au pied de cette enceinte, qui avec son large glacis (zone non constructible de 250 mètres) marquait une profonde rupture dans le tissu urbain. En 1861, la création d’un boulevard de ceinture large de 40 mètres, à l’emplacement de la rue Militaire, permet de créer un ensemble de boulevards faisant le tour de la capitale qui prend son nom actuel de boulevard « des Maréchaux » en 1864.

titres du maréchal Davout

Plaque du Boulevard Davout

Dans les années 1920, le démantèlement des fortifications permet d’urbaniser les terrains situés à l’extérieur de la ceinture de boulevards. On y construit notamment des logements sociaux (Habitations à bon marché – HBM), des équipements publics comme le parc des expositions de la porte de Versailles, le stade Charléty ou le palais de la Porte Dorée, et des parcs et jardins comme le square Séverine, le parc de la Butte du Chapeau-Rouge ou la Cité internationale universitaire. Mais le projet de « ceinture verte » restera inabouti.

La voiture devient « reine » en ville, avec son cortège d’embouteillages et de pollution. Bientôt, naît l’idée de construire une seconde rocade périphérique, longue de 35 km, doublant extérieurement les boulevards militaires et qui serait traitée en autoroute. Le début des travaux de cet aménagement, qui deviendra le boulevard périphérique, est inscrit dès 1955 au programme 1956-1961.

Les travaux du Périphérique vont s’étaler jusqu’en 1973

A l’Est, la section comprise entre la porte Dorée et la porte de Pantin est la dernière entreprise ; elle comprend la réalisation des passages inférieurs des portes de Vincennes, de Montreuil, de Bagnolet, des Lilas, Chaumont, et du passage supérieur du Pré-Saint-Gervais. Le coût des travaux est estimé à 6 700 millions de francs et sa réalisation est programmée de 1959 à 1961. En décembre 1969, a lieu l’inaugurations de la section de la porte du Pré-Saint-Gervais à la porte de Montreuil.

Depuis 1971, on a pu mesurer les nombreuses nuisances générées par le Périphérique : bruit, rejets de gaz polluants ou de particules… la pollution de l’air est six fois supérieure aux recommandations de OMS (selon une campagne de mesures effectuées en 2020 par Airparif).

555 200 habitants, dont 307 200 Parisiens, habitent dans une bande de 500 m de part et d’autre du boulevard périphérique, soit 8 % de la population de la Métropole du Grand Paris, ou encore un habitant sur cinq de l’ensemble des communes bordant cette autoroute urbaine de 35 km. Pour remédier au bruit, un programme d’écrans antibruit est mis en œuvre de 1985 à 1994, puis, en 2000, est engagée la couverture de certaines sections comme à la porte des Lilas de 2005 à 2007…

Une évolution est donc d’autant plus nécessaire qu’avec l’essor des transports en commun en Île-de-France, l’alternative au transport individuel se développe. De 2020 à 2030, 169 gares et stations RER/métro/Tramway sont créées ou prévues, améliorant notamment les trajets inter-banlieues. À terme, 98 % des habitants de la Métropole du Grand Paris se trouveront à moins de 2 km d’une gare.

De la verdure sur le boulevard

Le tramway, un espace vert sur le boulevard Davout. photo CDD

Enfin, dernier acteur en date, le tramway… Depuis 2012, la ligne T3a du tramway d’Île-de-France emprunte les boulevards des Maréchaux, au sud et au sud-est (du pont du Garigliano à la porte de Vincennes) ; puis, elle est poursuivie, à l’est et au nord-est, par la ligne T3b (de la porte de Vincennes à la porte d’Asnières). Le Tramway a fait disparaître l’ancienne ligne de bus PC (Petite Ceinture), mise en service sur les boulevards des Maréchaux en 1934, suite à la fermeture de la ligne ferroviaire de Petite ceinture.

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