Le site Carré-de-Beaudouin
Bulletin N°35
Le site Carré-de-Beaudouin
Trois cents ans d’histoire d’un lieu inspiré de Ménilmontant
par Maxime Braquet
Pourquoi dire « le site » et non pas « le pavillon » Carré de-Beaudouin ? Tout simplement parce que notre intention est de retracer l’histoire générale d’un site dont le pavillon, bien qu’il en représente l’aspect le plus distingué, ne constitue qu’un élément. Il y a une antériorité du site et une histoire après le pavillon.
Au point de vue de ce dernier, le travail que l’on va lire ici s’inscrit à la suite des cinq bulletins que, depuis 1992, l’AHAV a déjà consacrés aux anciens châteaux et résidences aristocratiques ou bourgeoises des territoires de l’Est parisien.
Ces brochures évoquent la « folie » (manoir sylvestre) du négociant en épices Régnault de Wandonne, édifié à la fin du XIV’ siècle et remplacé, sous le règne du Roi-Soleil, par la maison de retraite des jésuites du père Lachaise, elle-même sacrifiée à l’implantation du cimetière que nous connaissons bien. Elles retracent l’histoire des deux anciens châteaux des Bruyères, qui étaient en réalité des fermes fortifiées élevées successivement à notre porte des Lilas ; la première, où séjourna Jean de Lancastre, duc de Bedford, régent du royaume d’Angleterre et gouverneur de Paris, succomba aux ultimes péripéties de la guerre de Cent Ans alors que la seconde pâtit des passes d’armes des guerres de Religion. Il y eut, un siècle et demi plus tard, un troisième château des Bruyères (ou Brières), érigé autour de 1710 par les princes de Rohan-Chabot, plus à l’est, sur le territoire actuel de la commune des Lilas.
Les publications de l’Association se sont naturellement intéressées aussi à l’immense domaine de la famille Le Peletier de Saint-Fargeau qui, de la fin du XVIIe siècle à la Révolution, s’étendait du village de Belleville au hameau de Ménilmontant ; au château de la seigneurie de Charonne qui, dans l’écrin d’un parc aussi étendu, rayonna au Grand Siècle et où le cardinal de Richelieu aimait à venir ; au château de Bagnolet, enfin, qui s’ouvrait en bordure de la rue du même nom, somptueuse propriété de l’épouse du régent Philippe d’Orléans, tuteur du roi Louis XV.