Adolphe Thiers est enterré au Père Lachaise. Sa sépulture, près de la chapelle du cimetière, est inscrite en tant que monument historique depuis 1983. Pas d’obsèques nationales, mais son monument de 9 m en largeur, 14 m en hauteur et 25 m de profondeur a fait l’objet d’une souscription nationale.
Au centenaire de la Commune, la façade en sera plastiquée, avec comme conséquence l’une des 4 colonnes partiellement détruite.
Thiers, chef du pouvoir exécutif (16 février 1871)
« Libérateur du territoire » ou « foutriquet » ?
Adolphe Thiers, né en 1797 à Marseille et mort en 1877 à Saint-Germain-en-Laye, a eu une carrière extrêmement remplie, qu’il n’est pas possible de raconter ici dans son intégralité : avocat, journaliste, historien et homme d’Etat, il fut le premier président de la Troisième République du 31 août 1871 au 24 mai 1873.
Ambitieux provincial, devenu à Paris journaliste libéral et historien de la Révolution, il contribue aux Trois Glorieuses et à la mise en place de la monarchie de Juillet dont il est deux fois président du Conseil. Orléaniste, partisan libéral d’une monarchie constitutionnelle, dans laquelle « le roi règne, mais ne gouverne pas », il s’éloigne du roi sur la politique étrangère (crise de 1840) et critique l’intransigeance de Guizot qui provoque la révolution de 1848. Il se rallie à la République pour l’orienter vers une politique d’ordre préparant un retour à la monarchie constitutionnelle. Opposé au coup d’Etat du 2 décembre 1851, il ne se rallie jamais à Napoléon III, auquel il demande en 1864 les « libertés nécessaires ».
Thiers par Honoré Daumier (au Père Lachaise). Lithographie parue dans le Charivari, 2 juin 1833.
Après la chute du Second Empire, lors de la guerre contre la Prusse, Thiers devient chef du pouvoir exécutif, le 16 février 1871. A lui de négocier le traité de Francfort avec le chancelier Bismarck. Il se lance aussi dans des réformes financières, administratives et militaires.
Il réussit à boucler en deux ans le remboursement de l’indemnité de guerre de 5,5 milliards de francs exigée par les Allemands, somme correspondant à deux ou trois budgets annuels à cette époque. Pour cela il lance des emprunts en juin 1871 et juillet 1872, qui permettent le départ anticipé des troupes d’occupation dès septembre 1873 (à l’exception de l’Alsace et du nord de la Lorraine).
Thiers, par Gill (au Père Lachaise), paru dans L’Éclipse de février 1870
Thiers entreprend aussi de réformer la carte administrative par deux grandes lois :
- La loi du 14 avril 1871 qui revient sur celle du 7 juillet 1852 : le maire est élu par le conseil municipal (lui-même élu au suffrage universel), sauf dans les villes de plus de 20 000 habitants où le maire est nommé à la discrétion du gouvernement. Cette défiance à l’égard des grandes municipalités s’explique par les événements de la Commune. Par ailleurs, Paris « bénéficie » d’un régime spécial, sans maire.
- La loi du 10 août 1871 qui maintient le préfet comme unique représentant de l’État dans le département ; le Conseil général de préfecture est, comme sous le Second Empire, élu au suffrage universel masculin, mais, et c’est une nouveauté, le département obtient le statut de collectivité territoriale.
Enfin, est votée la loi du 27 juillet 1872 sur l’armée, refusant aux militaires le droit de vote. L’armée devient ainsi « la Grande Muette ».
Mais le nom de Thiers reste aussi attaché à la répression sanglante de la Commune. Depuis Versailles, où il s’est replié avec le gouvernement, il organise le siège de Paris, qui se solde par l’écrasement de l’insurrection, dotée de moindres capacités militaires. La répression qui suit – exécutions sommaires en nombre, procès expéditifs condamnant des Communards à la mort, au bagne ou à la déportation – ont terni durablement sa réputation. Rappelons ces mots de Clémenceau, maire du 18e arrondissement en 1871 : « Thiers, le type même du bourgeois cruel et borné, qui s’enfonce sans broncher dans le sang ».

Thiers par Pilotell, paru dans La Caricature.
Le 31 août 1871, il devient le premier président de la Troisième République.
Son ralliement définitif à une « République conservatrice » provoque, en mai 1873, sa mise en minorité face aux monarchistes majoritaires au Parlement et entraîne sa démission de la présidence de la République. Il mène dès lors campagne dans l’opposition aux côtés des Républicains, dont il prend la tête, et les mène à la victoire en 1876. Il meurt à l’âge de 80 ans, peu avant le triomphe définitif des Républicains à la Chambre des députés.
De petite taille (1,55 m) et le teint noir, doté d’un physique disgracieux et d’une voix aiguë et nasillarde, Thiers a été une cible de choix pour les caricaturistes de son temps. Il suffit de taper, dans une barre de recherche « Thiers et caricatures » pour voir apparaître des centaines d’images souvent très cruelles, signées de Daumier, Gill, Pilotell…et de bien d’autres.
En littérature, il a servi de modèle à Eugène de Rastignac, personnage romanesque et arriviste de Balzac, dont les aventures débutent dans Le Père Goriot et dont l’évolution se poursuit dans un nombre considérable de romans de La Comédie humaine.
Pour en savoir plus :
https://www.herodote.net/Le_liberateur_du_territoire_-synthese-210.php
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