Napoléon et le Père-Lachaise
Napoléon et le Père-Lachaise
2021, c’est aussi l’année où l’on commémore en France le 200e anniversaire de la mort de Napoléon Ier, le 5 mai 1821, sur l’île de Sainte-Hélène. Mais pourquoi parler de Napoléon Ier à propos du 20e arrondissement ?… Eh bien, parce que sans lui, nous n’aurions sans doute pas le cimetière du Père-Lachaise, ses 75 000 sépultures et ses 3 millions de visiteurs par an qui en font le cimetière le plus visité du monde…
L’empreinte de Napoléon sur Paris
Paris porte l’empreinte profonde de Napoléon Ier qui rêvait d’en faire « la nouvelle Rome ». Mais les monuments majestueux qu’on peut encore admirer : la Colonne Vendôme, faite du bronze de centaines des canons autrichiens et russes sur le modèle de la colonne Trajane, La Madeleine, temple à la gloire des armées, l’Arc de Triomphe de l’Etoile qu’il ne verra jamais achevé, etc. – autant de clins d’œil à l’Italie – sont plutôt implantés dans l’Ouest parisien.
Napoléon a fait aussi œuvre d’urbaniste. Paris, dont la monarchie s’était peu occupée à la fin de l’Ancien Régime et qui a perdu près de 150 000 habitants après 1789, regagne à partir de 1805 des habitants, atteignant la densité de plus de 40 000 personnes au km2. Une population plus nombreuse pose des problèmes cruciaux comme celui de l’approvisionnement en eau, auquel il répond par le chantier pharaonique du percement d’un canal de 108 km depuis Mareuil-sur-Ourcq (Oise). Les canaux Saint-Denis et Saint-Martin permettent de mettre en œuvre dans la capitale un programme ambitieux de fontaines publiques.
Une autre facette de l’œuvre d’assainissement public de Napoléon a directement influé sur l’organisation et le paysage d’un petit village rural de l’Est parisien, Charonne (600 habitants en 1800).

Vue du Père-Lachaise depuis l’entrée, par Courvoisier
Et c’est ainsi que le Père Lachaise a été créé
Dans la suite des réflexions hygiénistes de la fin du XVIIIe siècle et de la fermeture du cimetière des Innocents le 1er décembre 1780, Napoléon prend la décision d’exclure les cimetières de Paris. Un premier décret du consul Bonaparte prescrit que « chaque citoyen a le droit d’être enterré quelle que soit sa race ou sa religion ». Puis, le 12 juin 1804, un décret impérial sur les sépultures fixe définitivement les règles à appliquer pour l’emplacement et l’organisation des cimetières.
Nicolas Frochot et Alexandre Brongniart en charge de la mise en place
Chargé de mettre en œuvre ces décisions, le préfet de la Seine Nicolas Frochot (1761-1828) décide d’affecter à la création du « cimetière de l’Est », le premier envisagé, les 17 hectares de l’ancien domaine de Mont-Louis. Il s’agit de la maison de repos et de convalescence des Jésuites de Paris jusqu’à leur expulsion, en 1762, et la demeure entre autres du Père François de la Chaize d’Aix (1624-1709), confesseur du roi Louis XIV.

Alexandre Théodore Brongniart par Béranger
En 1804, c’est Alexandre-Théodore Brongniart (1739-1813), par ailleurs auteur de la Bourse de Paris, qui est chargé de la conception du nouveau cimetière. Cet architecte reconnu, inspecteur général en chef de la deuxième section des travaux publics du département de la Seine et de la Ville de Paris, dessine les grands axes du cimetière sous la forme, pour la première fois, d’un immense jardin à l’anglaise, aux allées accidentées, bordées de diverses essences d’arbres et de plantes et de sépultures sculptées. Brongniart crée un parc tout en courbes, exploitant les dénivelés du terrain, ménageant les surprises et les vues sur la capitale. Il opte pour un style néoclassique très en vogue à l’époque, riche d’éléments gréco-romains et se caractérisant par une grande sobriété des formes pouvant s’accompagner de discrets décors sculptés.
Le nouveau « cimetière de l’Est » est ouvert aux inhumations le 21 mai 1804, et la première personne inhumée en « fosse temporaire individuelle » est une petite fille de cinq ans, Adélaïde Paillard de Villeneuve.
Les premières années difficiles
Mais l’engouement pour le nouveau cimetière n’est pas immédiat. Les Parisiens hésitent à faire ensevelir leurs défunts si loin de Paris. Il faudra se livrer à une véritable campagne de promotion pour redorer l’image du cimetière : en 1825, les pouvoirs publics organisent le transfert des dépouilles d’Héloïse et d’Abélard, ainsi que de Molière et La Fontaine.
Dans les années suivantes, cette politique sera poursuivie par la Restauration avec la création de plusieurs nouveaux cimetières hors des limites de la capitale : à l’ouest, le cimetière de Passy (vers 1820), le cimetière du Montparnasse au sud (1824) et le cimetière de Montmartre au nord (1825).

Plan du cimetière Mont-Louis en 1813 par Brongniart
Pour en savoir plus :
Le site Internet « Père-Lachaise 1804-1824. Naissance du cimetière moderne » (notamment, https://perelachaisehistoire.fr/que-reste-t-il-du-mont-louis/ et https://perelachaisehistoire.fr/la-premiere-inhumation/).
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