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1958, les pompiers incendiaires à Ménilmontant
« Sauver ou Périr », telle est la belle devise de la brigade de sapeurs-pompiers de Paris (BSPP). Et pour assurer cette mission, il faut aussi se former et s’entraîner. Objectif : mieux sauver et moins périr. Quitte à vivre une aventure apparamment paradoxale aux yeux du grand public.
En ce sens leur commandant, le colonel Besson, assigne aux pompiers entre le 10 et le 13 mars 1958 une mission d’une toute autre nature : incendier et apprendre. Il déclare en conférence de presse : » Une telle expérience a lieu, à ma connaissance, pour la première fois en Europe ». En fait, une première expérience de ce genre avait déjà eu lieu aux Lilas en mai 1936 mais, si j’ose dire, à une plus petite échelle.

Pompiers prets à l’action à Ménilmontant le 10 mars 1958
Suivant un plan établi depuis plusieurs semaines, cette opération a pour but d’en apprendre davantage en situation réelle sur le terrain : comment lutter plus efficacement contre le feu, mieux connaître la propagation d’un incendie, mieux faire face à ses flammes et aux fortes températures…
Le lieu est opportunément bien choisi : il s’agit du quartier des Amandiers, dans une partie de « l’îlot 11 » couvrant environ ½ hectare. Cet espace était devenu insalubre et voué à la démolition, en vue de sa transformation déjà programmée. Préalablement à cette action, l’environnement avait été particulièrement bien sécurisé par un bouclage sévère autour de la zone.
Le magazine officiel des sapeurs-pompiers de Paris nous en rappelle aujourd’hui l’essentiel.

Insigne de la Brigade Spéciale des Sapeurs Pompiers
Cette actualité avait été par ailleurs bien couverte en son temps par la presse nationale.
Ainsi, le Monde daté du 11 mars nous rapporte l’action préalable à cette opération : « Les deux jours précédents, les pompiers auront étudié également, dans un immeuble de l’impasse Ronce, la propagation du feu d’un étage à l’autre par les fenêtres, le passage de flammes à travers une porte, les gaz toxiques. »
Il ajoutera le 14 mars « Un hélicoptère survolait à basse altitude le foyer, d’où montait une fumée grise et assez suffocante »
L’Agence Centrale de Presse, reprise notamment dans la Bourgogne républicaine du 14 mars, introduit cette actualité de manière originale : « les pompiers de Paris ont, pour leurs 250e anniversaire, allumés des bougies de taille : 23 immeubles. Unique en son genre, cette expérience s’est déroulée ce matin dans un îlot insalubre du 20e arrondissement. »
La Croix datée du 14 mars précise le moment du départ de l’opération
« À 8h18, un clairon sonne le « mettez le feu ». Dans les combles d’un grand immeuble situé à l’entrée de l’impasse Ronce… une flamme a jailli. »
Trois heures plus tard, les grosses lances commencent à débiter leurs 300m3 d’eau à l’heure, avec 10kg de pression. Puis, les pans de murs vont progressivement s’effondrer et les rue se transformer en torrent.
Comme témoignage, nous disposons de celui d’Henri Guérard, notre regretté photographe du 20e qui était bien évidemment sur place ces jours-là. Il disait avoir vu des colonies de rats quitter l’ilot insalubre pour échapper au feu.

La foule dans l’attente de l’incendie- Photo Henri Guérard
À la fin de l’opération, le colonel Besson déclare aux journalistes : « toutes les observations scientifiques ont pu être réalisées. L’État-major du régiment de sapeurs-pompiers de Paris est satisfait : il a pu pendant quatre jours procéder aux expériences qu’il s’était fixé … grâce à la Préfecture de police, à celle de la Seine, au Centre Scientifique et Technique du Bâtiment, au cabinet de Monsieur Sudreau (commissaire à la Construction et à l’Urbanisme). Dans quelques mois, les techniciens pourront donner les résultats de leurs études et en tirer des conclusions… Je suis très content qu’il n’y ait pas eu d’accident… la valeur morale, le dévouement et l’amour du métier de ces hommes me remplissent d’admiration depuis six ans que j’ai l’honneur de les diriger. »
Et il ajoute en conclusion : « un cancer de Paris a été supprimé par le feu. Il reste hélas encore beaucoup de terrains d’expérience à la disposition des pompiers de Paris. »
37 bâtiments de 12 étages auront été prévus à cet emplacement devenu ainsi disponible.
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