Stèle d’immeuble, histoire d’un legs
Remerciements à Marika pour la transmission de ce document
Au Père Lachaise, la tombe de Yolande Schutzman n’a pas vingt ans. Elle est située près de celle du duc de Morny, demi-frère de Napoléon III. Bien-sûr, le rapprochement entre eux s’arrête là, surtout s’agissant d’immobilier. Le duc de Morny avait créé en 1858 la ville de Deauville : il avait pris soin au préalable d’acheter 160 hectares de terres à bas prix avant de faire construire.
S’agissant de Yolande Schutzman, devenue Yolande Velert par mariage, il en est tout autrement. L’immeuble représenté sur la stèle rappelle celui acquis dans les années 1930 par ses parents, un couple de commerçants juifs venus de Roumanie.
Leur fille unique Yolande reçoit en héritage cet immeuble situé vers la place de l’Odéon : elle décidera de le léguer au profit de la recherche sur la maladie de Parkinson.
Cette stèle originale a été conçue par André Chabot, un personnage original et chaleureux, photographe passionné des cimetières et qui aime se balader au Père Lachaise.
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En illustration en haut de page, voici ce que nous rapporte la Fondation de France sous forme d’une publicité publiée tout récemment dans le mensuel Notre Temps :
TEXTE
Un immeuble parisien au service de la recherche…
Depuis presque 15 ans, le legs de Yolande finance des équipes de chercheurs qui multiplient les avancées dans le traitement de la maladie de Parkinson. Explications.
L’histoire de Yolande est d’abord celle d’un immeuble parisien, au cœur du Quartier latin. Yolande est la fille unique d’un couple de commerçants roumains qui investiront dans ce bien avant de le transmettre à leur fille. Et Yolande ne se séparera jamais de cet immeuble, mémoire de ses parents tant aimés.
Mariée à Emile, elle s’occupera tout au long de sa vie de la gestion de ses biens. Le couple n’aura pas d’enfant et, après la disparition d’Emile qui succombe à la maladie de Parkinson, Yolande contact son notaire. Ensemble, ils examinent les différentes possibilités d’affectation de ce patrimoine et rédigent un testament. C’est en 2002, après le décès de Yolande, que le notaire prend contact avec la Fondation de France.
Yolande avait exprimé deux volontés : soutenir la recherche dans le champ de la maladie de Parkinson et conserver l’immeuble parisien, en souvenir de ses parents. Une double mission que la Fondation de France peut assurer. En effet, grâce à la générosité de ses donateurs, l’organisme soutient la recherche médicale dans de multiples domaines : le cancer, les affections cardio-vasculaires… Et, depuis plus de 15 ans, la maladie de Parkinson.
Une dizaine d’équipes sont soutenues chaque année, pour mener notamment des projets de recherche fondamentale.
Concernant l’immeuble, la Fondation de France satisfait également le souhait de Yolande : elle le conserve et en gère la location afin que les revenus soient affectés à la recherche sur la maladie de Parkinson. C’est ainsi qu’est créée en 2002 la Fondation Schutzman-Zisman abritée par la Fondation de France, qui aura encore soutenu en 2014-15, les 12 projets liés à cette pathologie.
Le testament comportait, en revanche peu de consignes pour la tenue des obsèques. La Fondation de France les a organisées avec le plus grand soin, faisant appel à un artiste pour la conception de la sépulture. Et l’on peut voir désormais, au Père Lachaise, une tombe avec les noms de Yolande et Emile, flanquée d’un bas-relief… L’émouvante esquisse d’un immeuble parisien.
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Il faut savoir que Yolande est née en Roumanie où elle a été emprisonnée pendant dix ans pour des raisons politiques. Lorsqu’elle vient ensuite à Paris, elle s’installe dans cet immeuble. Avec son époux, Émile Velert, elle y loue les appartements et va gérer au rez-de-chaussée un magasin de vêtements pour hommes.
Comme le couple n’a pas d’enfants et que son mari décède des suites de la maladie de Parkinson, elle décide de consacrer cet héritage à la lutte contre cette maladie. C’est ainsi que sera créée la Fondation Schutzman-Zisman, du nom de ses parents, fondation hébergée à la Fondation de France.
Plaque au 136 boulevard Saint-Germain : PROPRIETE DE LA FONDATION DE FRANCE FONDATION SCHUTZMAN-SISMAN.
Enfin, Yolande veut que soit entretenue sa tombe avec son mari, par les soins de la Fondation. À son décès, en 2002, la Fondation de France lui rend hommage en faisant reproduire la façade de son immeuble en guise de stèle funéraire.
La Fondation de France a pris en charge la rénovation de l’immeuble grâce au patrimoine financier légué. Au terme de ces travaux, l’immeuble a été remis en location, avec un très bon rapport. Les loyers perçus sont aujourd’hui reversés à la Fondation Schutzman-Zisman.
Signalons que le 11 mars 1892 à cette adresse, l’anarchiste Ravachol avait fait sauter une bombe dans cette maison. Celle-ci visait l’appartement d’Edmond Benoit, le président de la cour d’assises qui avait fait condamner l’année précédente trois anarchistes lors de l’affaire de Clichy.
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