CASQUE D’OR ET LE MYTHE DES APACHES DANS L’EST PARISIEN
Bulletin N°60
CASQUE D’OR ET LE MYTHE DES APACHES
DANS L’EST PARISIEN
par Christiane Demeulenaere-Douyère
Aujourd’hui encore, quand on dit Casque d’Or, on pense tout de suite au très beau film de Jacques Becker, sorti en 19521. Un film quasi mythique, encore présent dans toutes les mémoires, dont le simple énoncé du titre, Casque d’Or, suffit à faire revivre l’image de la beauté radieuse et conquérante de Simone Signoret, tout auréolée de sa chevelure dorée.
Le film raconte les amours d’une jolie prostituée, Marie, et d’un ouvrier charpentier, Manda, dans le Paris de la Belle Époque. Entre eux, c’est le coup de foudre, prélude à une passion que la vie se chargera de contrarier. Comme toutes les grandes histoires d’amour, celle-ci finit mal…
La véritable histoire de Casque d’Or pourrait se résumer à un banal fait divers, une anecdote triviale de filles de petite vertu, de voyous et de guinguettes, une querelle d’amoureux qui dégénère en guerre des gangs. On connaît assez bien cette histoire car elle a défrayé la presse parisienne de l’époque et, de plus, son héroïne nous en a laissé le récit, récit auquel bien sûr on ne peut accorder totalement foi…
On est frappé par le décalage qui existe entre l’importance réelle de l’affaire Casque d’Or, au demeurant très banale (La Gazette des tribunaux ne consacre au procès que quelques lignes), et celle que lui accordent certains journaux spécialisés dans les faits divers, comme Le Petit Parisien17. C’est qu’à travers l’image des apaches bellevillois, cette histoire est l’occasion de dénoncer la violence des quartiers de l’Est parisien, une trouvaille journalistique qui va s’avérer être un filon très juteux.