À la découverte du Cimetière du Père-Lachaise…
Le cimetière du Père-Lachaise, appelé à l’origine « cimetière de l’Est », est le plus grand cimetière parisien et s’étend sur près de 44 hectares. Il fait partie des parcs et jardins sous la gestion de la mairie de Paris.
Avec ses 3,5 millions de visiteurs, le Père Lachaise est le cimetière le plus visité au monde. Ce « cimetière de l’Est » -dit du Père Lachaise- a été inauguré le 21 mai 1804. Il devient le premier cimetière laïc et public construit en France.
Pour sa part, l’AHAV propose régulièrement des conférences pour tous, et à ses adhérents, des visites générales et thématiques dans notre cimetière telles que : la Commune, les religions et la laïcité au 19e siècle, les poètes…
Un lieu unique imprégné d’art, de culture, d’histoire… et de légendes
L’origine du nom de notre cimetière est celui du confesseur de Louis XIV. Le fait de s’être appelé officiellement cimetière de l’Est (hors Paris à l’époque) n’a pas tenu face à l’usage du nom du Père Lachaise. Un choix populaire plus que religieux.
Il totalise 70 000 concessions funéraires, avec chaque année 1000 inhumations dans les sépultures et 550 au columbarium. De nombreuses personnalités y sont présentes et nous aurons l’occasion d’en parler dans nos articles : artistes, musiciens et chanteurs (Frédéric Chopin, Rossini, Jim Morrison, Edith Piaf, Alain Bashung…) et écrivains (Molière, Balzac, Colette, Marcel Proust, Jean de la Fontaine, Oscar Wilde, etc), hommes d’État, militaires, historiens et autres personnages… jusqu’à Dracula lui-même, suivant une légende rapportée en 2014 dans un documentaire de France Inter.
Le premier crématorium français a été créé au Père Lachaise. Il est l’aboutissement d’une très longue controverse, dont les Francs-maçons auront joué un rôle moteur face à l’Église hostile à la loi sur la crémation.
Près de l’entrée Gambetta, Jean-Camille Formigé y a fait construire un crématorium laïc, aux airs de mausolée antique. Le columbarium qui l’entoure est l’œuvre du fils de Formigé. Les vitraux ont été posés dans les années 1920, œuvres des verriers Maumejean.
Le colombarium
La chapelle est réservée aux cérémonies catholiques d’inhumation. À l’intérieur, Elle dispose d’une seule ouverture : la porte d’entrée. Elle a pour seule lumière naturelle sa voute vitrée, haute de 12m. La chapelle est ornée d’une double rangée d’ex-voto en ardoise munis d’inscriptions en lettre d’or. Presque toutes sont antérieures à 1914.
La sépulture du baron Haussmann
Notre préfet, Le baron Haussmann, a transformé Paris et se trouve en bonne place au Père Lachaise. Il est protestant et voici un fait historique qui lui est personnel.
Dans ses grands travaux de la rue de Rivoli, Haussmann n’a pas voulu suivre le tracé initial de Napoléon, ce qui aurait détruit l’église Saint-Germain l’Auxerrois, Cette église avait sonné en 1572 le tocsin annonçant le massacre de la Saint Barthélémy.
Haussmann s’en explique dans ses mémoires : « Saint-Germain l’Auxerrois rappelle une date que j’exècre comme protestant, et que, par cette même, je ne me sens pas libre d’effacer du sol parisien comme préfet… Personne au monde ne voudrait y voir autre chose qu’une revanche de la Saint Barthélémy ».
L’histoire…
À la création du Père Lachaise en 1804, soit quinze ans après la Révolution de 1789, la vocation des cimetières change radicalement : auparavant chaque église, chaque hôpital, chaque couvent avait son cimetière religieux et privé. À La Révolution, l’Église est dépossédée de tous ses biens y compris de ses cimetières. La propriété en est transférée à l’autorité municipale et devient un lieu public.
Concrètement en quoi notre cimetière de l’Est était-il si révolutionnaire ? Avant tout parce qu’il abolit le privilège de l’Église. Avant la Révolution de 1789, l’Eglise détenait officiellement le monopole des cimetières et pour y être enterré, il fallait être catholique, inscrit dans un registre paroissial et admis sous certaines conditions. Quant aux autres défunts, ils se faisaient discrètement enterrés la plupart du temps dans un terrain privé ou, selon les époques, dans leurs propres cimetières confessionnels.
Bonaparte veut régler la crise religieuse née de la Révolution. Il fait signer à Paris le Concordat en 1801. Puis en 1802 et sans en informer le pape, il y ajoutera les “articles organiques”, réglementant le culte catholique : il en profitera pour y intégrer la reconnaissance des cultes protestants.
Avec le retour de cette paix sociale, le tout nouvel empereur Napoléon peut signer en 1804 (le 23 prairial an XII) le décret impérial sur les sépultures, permettant enfin à chaque personne quelle que soit sa croyance de pouvoir être enterrée dignement dans un même cimetière devenu municipal.
Par la suite à l’intérieur du cimetière, des enclos seront progressivement octroyés aux religions minoritaires.
Ainsi, le cimetière de l’Est parisien, dit paradoxalement du Père Lachaise, deviendra le premier cimetière laïc de France. Son nom vient de François d’Aix de La Chaize, prêtre jésuite français né le 25 août 1624 au château d’Aix, près de Saint-Martin-la-Sauveté (Loire) et décèdé le 20 janvier 1709 à Paris,. Le père de La Chaize, aura été le confesseur de Louis XIV pendant trente-quatre ans.
À la Restauration sous Louis XVIII, les catholiques disposeront d’une chapelle servant aux cérémonies d’inhumation. Elle a été construite sur l’emplacement de l’ancienne maison de retraite des Jésuites. Elle sera consacrée en 1834 puis classée au titre des monuments historiques en 1983.
En ce qui concerne le protestantisme, il est reconnu par Bonaparte dès 1802 par le décret organique du Concordat. Les protestants disposeront dès l’ouverture en 1804 d’un espace sans enclos qui leur est propre.
L’empereur reconnait les juifs en tant que citoyens en 1806 et trois ans plus tard, le Consistoire de Paris obtient une parcelle au Père Lachaise.
Un enclos musulman sera créé en 1857, avec une « mosquée » en fait réservée uniquement aux inhumations. Paris deviendra ainsi la première ville de France dotée d’un enclos musulman. L’ambassade ottomane est à l’origine du projet. Napoléon III l’accepte à la suite de son alliance au cours de la guerre de Crimée contre la Russie (1853-1856), l’actuelle Ukraine. La mosquée sera finalement rasée en 1914, à la demande de l’ambassade.
Le Crématorium date de 1889. À l’origine, toutes les religions étaient opposées à la crémation. Les protestants auront été les premiers à l’autoriser fin 19ème siècle.
Une longue controverse aura lieu avant le changement législatif indispensable à son autorisation. Les arguments des crématistes : liberté individuelle et hygiène public. Pour les catholiques, brûler son corps, c’était brûler son âme.
Le Monument aux morts d’Albert Bartholomé est inauguré le 1er novembre 1899. Il sera classé monument historique en 1983. En commandant ce monument en 1895, le conseil municipal décide que : tous, même ceux qui n’ont pas de tombe, doivent avoir un lieu, un édifice consacré à leur souvenir.
D’où cette œuvre dédiée aux inconnus, aux morts de la fosse commune et à ceux dont le corps n’a pas pu être retrouvé.
En 1871, le Père Lachaise aura aussi été le lieu des derniers combats de la Commune de Paris.
Le 28 mai, 147 communards y seront fusillés par les Versaillais, lors de l’évènement que l’on appellera ensuite « la semaine sanglante ». Chaque année au mois de mai, les organisations de gauche (partis, syndicats) et les francs-maçons viennent célébrer la mémoire des communards devant le mur des fédérés.
L’AHAV
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