Bulletin n° 78 – La Commune et le 20ème en 20 articles

Commune de Paris – Appel aux ouvrières – 18 mai 1871

Projet de monument par souscription à la mémoire des fédérés au Père Lachaise

Maximilien Luce, Une rue de Paris en 1871


L’inauguration du jardin Paule Minck
Article paru le 7 juin 2021
Inauguration du jardin Paule Mink

Plaque Jardin Paule Minck


Jusqu’à aujourd’hui, la Ville de Paris comptait peu de voies rappelant le souvenir de la Commune de Paris et particulièrement de ses héroïnes. La commémoration du 150e anniversaire de cet événement qui a si profondément marqué l’histoire de nos arrondissements de l’Est parisien, vient changer cette situation.
Inauguration du square PAULE MINCK

LA PLAQUE DU SQUARE PAULE MINCK DÉVOILÉE


Les Femmes Communardes conquièrent l’espace public de l’Est parisien

En 2021, les Mairies des arrondissements de l’Est parisien et la Ville de Paris ont souhaité mettre particulièrement au premier plan les femmes de la Commune pour saluer le rôle que des femmes de toutes origines et de toutes catégories sociales, intellectuelles, ouvrières, journalières, simples ménagères, y ont joué et la part déterminante qu’elles ont prise à la Commune, à ses réformes et à ses combats.
Ainsi, plusieurs « Femmes de la Commune » aux destins exceptionnels ont donné leur nom à des espaces publics.

Dans le 20e arrondissement, qui avait déjà une rue Fernand Gambon depuis 1905 et un square Edouard Vaillant, on a choisi d’honorer la Communarde Paule Minck, femme de lettres et militante socialiste et féministe. Son nom vient d’être attribué à l’ancien Jardin Saint-Fargeau, ouvert en 2019, au 50 rue Saint-Fargeau (20e arrondissement).
Inauguration par le maire du 20e

Inauguration du jardin Paule Minck

Qui est Paule Minck (1839-1901), femme des lettres et militante socialiste et féministe ?

Née Adèle Paulina Mekarska, à Clermont-Ferrand, elle est d’origine polonaise par son père, saint-simonien réfugié en France en 1831. Elle reçoit une solide instruction, mais, après son mariage avec le prince et ingénieur polonais Bohdanowicz, elle est obligée de gagner sa vie comme journaliste.

Ardente républicaine, elle se tourne vers le socialisme révolutionnaire après avoir pris conscience, par les conférences de Maria Deraismes, de la nécessité de lutter pour le droit des femmes et notamment celui des travailleuses. Elle est animée par des idées radicales, notamment un fort anticléricalisme qui l’amène à défendre la législation du divorce contre la représentation sacrée du mariage.

Montée à Paris en 1867, elle milite aux côtés d’André Léo, tout en gagnant sa vie avec des travaux d’aiguille et des cours de langue. En 1868, elle fonde une organisation mutualiste féministe révolutionnaire, la Société fraternelle de l’ouvrière, et adhère à l’AIT, en défendant les droits des femmes au travail salarié et à l’égalité salariale.
Elle collabore avec Maria Deraismes à une série de conférences publiques sur le travail des femmes et, en 1869, cofonde, avec Maria Deraismes, Louise Michel et Léon Richer, la Société pour la revendication des droits civils des femmes, qu’elle préside.

Paule Minck, par Dugudus.

En 1871, lors de la Commune, tandis qu’André Léo collabore avec l’Union des femmes pour la défense de Paris et les soins aux blessés, elle ouvre une école professionnelle gratuite à Montmartre et anime le Club de la victoire.

Elle intervient aussi dans des réunions du Club de Notre-Dame-de-la-Croix à Ménilmontant, du Club de Saint-Nicolas-des-Champs et du Club de la Délivrance à la Trinité, et participe à l’organisation d’un corps d’ambulances. Minck collabore au journalParis librede Pierre Vésinier et fait partie, avec Louise Michel, du Comité de vigilance de Montmartre.

En province pendant la Semaine sanglante, elle parvient à s’enfuir en Suisse, où elle vit misérablement en donnant des leçons et en rédigeant des articles. Elle est condamnée par contumace à être déportée en Nouvelle-Calédonie. Lors d’une conférence à Genève, elle proclame : « Nous sommes des pétroleuses et c’est avec honneur que nous revendiquons ce titre. »

Elle ne reviendra en France que lors de la proclamation de l’amnistie des Communards. Initialement blanquiste, elle s’oriente vers les positions de Bakounine et fait la connaissance de Jules Guesde, également émigré en Suisse, tout en correspondant activement avec des militantes féministes et franc-maçonnes.
Portrait de Paule Mink

Paule Minck, photo BnF

Dans les années qui suivent la Commune, Paule Minck continue à défendre ses idées révolutionnaires et à militer pour un égal accès à l’instruction.

Elle participe activement au Parti ouvrier français, fondé en 1882 par Guesde. Elle est une des principales rédactrices du journal de M. Barrès, La Cocarde, paru en 1894-1895, et collabore àLa Petite République, à L’Aurore, et au quotidien féministe,La Fronde, créé en 1897 par Marguerite Durand.

Lors de l’affaire Dreyfus, elle s’engage aux côtés des dreyfusards. Elle a été reçue à la loge maçonnique mixte du Droit humain.

À sa mort, son corps est incinéré au Père-Lachaise, où se presse une foule de socialistes, d’anarchistes et de féministes, le 1er mai 1901, lors de la journée internationale des travailleurs. Ses cendres sont déposées dans une concession gratuite du columbarium (case n° 1029), renouvelée jusqu’en 1931 avant d’être reprise par l’administration.
Portrait de PAULE MINCK derrière la tribune

Prise de parole lors de l’inauguration du square PAULE MINCK

Et chez nos voisins…

Le 11e arrondissement a inauguré, le 5 mai 2021, au 31 rue Bréguet, le Jardin Louise Talbot et Augustin Avrial, couple militant de la Commune ayant habité dans cet arrondissement.
Le 12e arrondissement a inauguré, le 18 mai 2021, la passerelle André Léo, dans le Jardin de Reuilly, et la rue Anna Jaclard, perpendiculaire à la
rue du Charolais.
BULLETINS DE L’ASSOCIATION D’HISTOIRE ET D’ARCHÉOLOGIE DU XXe ARRONDISSEMENT

Derniers numéros publiés

N° 65 (2ème trimestre 2017) Eugène Carrière, par Maxime Braquet et Sylvie Legratiet.

N° 66 (3ème trimestre 2017) Henri Dubouillon, architecte (1887-1966), par Jean Noël Allheilig.

N° 67 (1er trimestre 2018) Le Père Lachaise au 19e siècle, l’intégration des croyances à travers son organisation et ses monuments, par Philippe Gluck.

N° 68 (3ème trimestre 2018) Le territoire de Charonne et son évolution de 1800 à aujourd’hui, par Philippe Dubuc.

N° 69 (1er trimestre 2019) L’architecte Louis Héret, constructeur de Notre-Dame de la Croix de Ménilmontant, par Christiane Demeulenaere-Douyère.

N° 70 (2ème trimestre 2019) D’une guerre à l’autre, le monument aux morts de la mairie du 20e arrondissement, par Frédéric Jimeno.

N° 71 (3ème trimestre 2019) Le territoire de Charonne, des origines à 1800, par Philippe Dubuc.

N° 72 (1er trimestre 2020) Auguste Métivier médecin, conseiller municipal et bienfaiteur du 20e arrondissement, par Christiane Demeulenaere-Douyère.

N° 73 (2ème trimestre 2020) Des Armes de France au Théâtre-Concert du XXe Siècle. Une histoire de Ménilmontant (1825-1961), par Dominique Delord.

N° 74 (3ème trimestre 2020) Léon Morel-Fatio, premier maire du 20e arrondissement et ses premiers successeurs (1860-1892), par Christiane Demeulenaere-Douyère.

N° 75 (1er trimestre 2021) Il y a 150 ans… Le 20e et la Commune, coordonné par Christiane Demeulenaere-Douyère.

N° 76 (2ème trimestre 2021) Félix Pyat, républicain engagé, par ceux qui l’ont connu, par Guy Sabatier.

N° 77 (3ème trimestre 2021) La Commune et le 20ème en 20 articles (1ère partie), par Christiane Demeulenaere-Douyère