Bulletin n° 78 – La Commune et le 20ème en 20 articles
En 1871, le Gouvernement de la Défense provisoire négocie avec les Prussiens et se charge de « prendre » Paris : là débute la Commune. C’était il y a 151 ans…
2020
• 12 décembre – Les 150 ans de la Commune en préparation
• 14 décembre – Décembre 1870, que la vie est dure à Belleville
• 14 décembre – Longue fresque murale sur la Commune en projet
• 29 décembre – Noël 2020… Noël 1870
2021
• 7 janvier – L’Affiche rouge du 7 janvier 1871
• 24 janvier – Visioconférence : la guerre de 1870-1871 en Île-de-France
• 26 janvier – Paris et l’armistice du 26 janvier 1871
• 4 février – 66 ballons pour sauver Paris… en 1870 et 1871
• 8 février – Législatives du 8 février 1871 : « Ruraux » contre Parisiens
• 16 février – Thiers, chef du pouvoir exécutif le 16 février 1871
• 19 février – Parcours au Père Lachaise sur la Commune
• 25 février – La Commune divise l’Hôtel de Ville
• 1er mars – La « vache à Gambon »
• 4 mars – Trois rendez-vous pour suivre la Commune
• 8 mars – Les femmes dans la Commune 2
• 11 mars – Programme de la mairie du 20e sur la Commune
• 15 mars – Gabriel Ranvier dans le journal de la Mairie du 20e
• 18 mars – Main-basse sur les canons de Montmartre
• 28 mars – La Commune proclamée par le maire du 20e 7
• 1er avril – La Commune vue du 20e, visioconférence
• 3 avril – Colline, Covid, Commune : les artistes en action 10
• 5 avril – 3 avril 1871, 3 actions de la Commune 13
• 12 avril – Un Bellevillois barricadier en chef de la Commune 17
• 5 mai – La Commune de Paris vue du 20e, sur YouTube
• 24 mai – 21 mai 1871, les Versaillais entrent dans Paris 22
• 25 mai – Robida, reporter de guerre communard 25
• 30 mai – Finalement, une plaque au mur des fédérés 28
• 1er juin – La fin de l’aventure communaliste 32
• 4 juin – Le 20e et la semaine sanglante (conférence au PCB).
• 7 juin – Inauguration du jardin Paule Minck 37
• 4 septembre – Expositions et film : Raphaël Meyssan à la fête
• 7 septembre – Les évènements de l’automne sur la Commune
• 23 septembre – Cinq courts métrages au PCB sur la Commune
• 20 novembre – « Dessiner la Commune ». Illustrations et dessins d’Éloi Valat
Articles de Christiane Demeulenaere-Douyère et Philippe Gluck
Les femmes dans la Commune. Une vraie conscience politique… et un engagement fort
Des milliers de femmes ont joué un rôle important dans les événements de 1871. Elles sont très présentes dans l’espace politique et public pendant la Commune, y compris lors de la Semaine sanglante, où on les voit défendre les barricades, armes à la main, avec les hommes.
Dans les assemblées, les clubs politiques populaires, les comités de vigilance, elles exigent la mixité et prennent la parole. Elles s’expriment aussi par les journaux, libelles et affiches. Elles jouent leur rôle de citoyennes en portant les revendications de toutes et en participant activement à plusieurs commissions de la Commune, notamment celle du Travail, dirigée par Léo Fränkel, et celle de l’Instruction publique, dirigée par Édouard Vaillant. Les préoccupations sociales sont loin de leur être étrangères.

Commune de Paris – Appel aux ouvrières – 18 mai 1871
Elles sont partout dans les luttes : dans les rues, où elles organisent des soupes populaires et des coopératives ; sur les barricades, où elles nourrissent et soutiennent les combattants ; et même sur les champs de bataille où elles vont soigner les blessés et relever les morts. Elles s’organisent ; elles revendiquent ; elles sont dans l’action.
Dans la répression, les femmes sont frappées avec la même sévérité que les hommes. Elles sont incarcérées à la prison des Chantiers à Versailles, puis déportées comme eux en Nouvelle-Calédonie, après un jugement attendu plusieurs mois. Souvent aussi, elles partagent le sort de leurs compagnons condamnés à la proscription. Plus de 5 000 Communards prennent le chemin de l’exil pour la Suisse, l’Angleterre et la Belgique.
Des « monstres altérés de sang, qui n’ont plus de femmes que le nom » : le mythe des Pétroleuses
La répression de la Commune a créé et cultivé le mythe des Pétroleuses. Pourtant aucune femme ne fut reconnue coupable d’incendie criminel
volontaire. Cette campagne de dénigrement, orchestrée par les Versaillais, visait en fait à faire passer les femmes de la Commune pour des êtres dénaturés, destructeurs et barbares, des « hystériques » de mauvaises mœurs et moralité, dans le dessein de légitimer la victoire « morale » des forces loyalistes sur les Communards considérés comme des êtres « contre nature ».

Caricature de Marianne en « pétroleuse »,
carte postale de propagande anti-communarde, 1871.
Quelques femmes du 20e engagées dans la Commune
L’Histoire a retenu quelques noms de femmes, comme Louise Michel, mais combien d’autres femmes vaillantes et déterminées, pour beaucoup ouvrières, institutrices ou simples ménagères…, se sont battues dans l’anonymat ! En voici quatre qui se sont distinguées à des titres divers dans le 20e arrondissement : Victorine Brocher, Nathalie Lemel, Louise Félicie Gimet et Joséphine Marchais.
Victorine Brocher (1839-1921)

Née Victorine Malenfant, en 1839, à Paris, dans une famille républicaine, elle épouse le cordonnier Charles Rouchy ; elle-même est piqueuse de bottines. Pendant la Commune, elle sert comme cantinière des « Défenseurs de la République », se bat et ramasse les blessés lors des batailles, notamment au fort d’Issy. Sous le nom de « la citoyenne Charles Rouchy », elle reçoit les félicitations de son bataillon le 17 mai 1871.
Durant la Semaine sanglante, elle prend part à la défense de Belleville. Elle est condamnée à mort, le 25 mai 1871, par la cour martiale du 7e arrondissement pour un incendie survenu dans un lieu où elle n’était pas. « Morte vivante », ainsi qu’elle se surnomme, elle échappe à la répression et part en Suisse en 1872.
Elle séjourne ensuite à Londres, puis à Lausanne où elle épouse, en 1887, le libre-penseur Gustave Brocher. Elle a presque 70 ans lorsqu’elle écrit son témoignage sur la Commune,Souvenirs d’une morte vivante. Une femme dans la Commune de 1871(Paris, Libertalia, 2017).
Nathalie Lemel (1826-1921)

Née à Brest, elle devient, à 12 ans, ouvrière relieuse de livres, tout en aidant ses parents dans le café familial. Après son mariage, elle crée une
librairie à Quimper, puis monte à Paris, se sépare et son mari et élève seule ses enfants.
Nathalie Lemel s’engage dans les luttes sociales de son temps. En août 1864, les ouvriers relieurs parisiens se mettent en grève avec à leur tête Eugène Varlin, un des futurs meneurs de la Commune. Nathalie Lemel, qui fait partie des grévistes, se fait rapidement remarquer par son exaltation et son combat pour les droits des femmes et la parité des salaires hommes/femmes.
Elle fréquente les clubs socialistes et, le 11 avril 1871, elle organise avec Elisabeth Dmitrieff « L’Union des femmes pour la Défense de Paris et les soins à donner aux blessés », qui rassemblera jusqu’à 1 000 femmes. Elle nourrit et soigne les blessés et, à la tête d’un bataillon d’une cinquantaine de femmes, elle édifie la barricade de la place Pigalle et y plante le drapeau rouge.
Le 21 juin 1871, elle est arrêtée et condamnée à la déportation à vie dans une enceinte fortifiée et est transférée, avec Louise Michel et Henri Bauer, en Nouvelle-Calédonie. Dans ses Mémoires, Louise Michel évoquera « le courage de Mme Lemel, pendant le combat et là-bas ».
Graciée en 1879, elle rentre en France et travaille au journal L’Intransigeantcomme plieuse, tout en continuant à défendre ses convictions socialistes et féministes. Devenue aveugle, elle meurt à l’hospice d’Ivry, dans la pauvreté, en 1921, à 94 ans.

BD Des graines sous la neige, Nathalie Lemel, éditions Locus Solus.
Le 29 novembre 2016, Nathalie Lemel est réhabilitée par l’Assemblée nationale avec l’ensemble des victimes de la répression de la Commune de Paris.
Louise Félicie Gimet (1835-1893)
Pendant la Semaine sanglante, le 24 mai 1871, Félicie Gimet s’illustre lors de l’exécution, à la Roquette, de six otages dont Mgr Darboy, archevêque de Paris. Les otages sont alignés contre un mur. Le « capitaine Pigerre » demande à commander le peloton d’exécution et administre le coup de grâce à l’archevêque de Paris.
Deux jours plus tard, le 26 mai 1871, Félicie Gimet s’illustre à nouveau dans l’exécution des otages de la rue Haxo. Cette fois habillée en femme, montée sur un cheval, elle tue elle-même les religieux, dont le célèbre prédicateur jésuite, Pierre Olivaint.
Finalement, elle est prise les armes à la main sur une barricade et incarcérée à Saint-Lazare. Elle s’engage à changer sa vie si elle est épargnée par la justice des hommes. Elle est libérée, et fait une retraite avec les Sermons du père Olivaint.
Le 15 août 1890, elle prend le voile sous le nom de sœur Marie-Éléonore ; et, jusqu’à la fin de son existence, elle accompagne des personnes en fin
de vie. Décédée en 1893, elle repose au cimetière Saint-Lazare de Montpellier (Hérault).
Joséphine Marchais (1840 ? – 1874)

Blanchisseuse à la journée dans le quartier de Charonne, issue d’un milieu très pauvre, Joséphine Marchais était, en 1871, vivandière au « bataillon des Enfants-Perdus ». Les 22 et 23 mai, elle est remarquée rue de Lille, portant un fusil. Elle aurait forcé son amant à combattre sur les barricades.
Arrêtée, elle est mise en jugement avec d’autres communardes dites « Pétroleuses » (Élisabeth Rétiffe, Léontine Suétens, Eulalie Papavoine, Marie-Lucie Bocquin) sous l’accusation« d’avoir fait partie, en qualité de cantinières ou ambulancières, d’une bande qui a tenté de changer le gouvernement, d’exciter à la guerre civile en armant les citoyens les uns contre les autres, qui a porté la dévastation, le massacre et le pillage dans le septième arrondissement ; de complicité d’incendie d’édifices appartenant à l’État [le Palais de la Légion d’honneur et le Palais d’Orsay] ; de complicité d’incendie d’édifices habités appartenant à autrui ; de complicité dans l’assassinat commis sur la personne du nommé […] ; de vol commis par plusieurs personnes dans des maisons habitées. »
Condamnée à mort par le 4e Conseil de guerre de Versailles, elle voit sa peine commuée en travaux forcés à perpétuité. Elle est envoyée en Guyane, aux îles du Salut, un bagne particulièrement dur. Elle s’en évade en 1872, mais elle est reprise une semaine plus tard. Elle meurt à Saint-Laurent-du-Maroni (Guyane), le 20 février 1874, au dépôt du bagne.
Pour en savoir plus :
Claudine Rey, Annie Gayat, Sylvie Pepino,Petit dictionnaire des femmes de la Commune, les oubliées de l’histoire, Paris, Les Amis de la Commune de Paris 1871, éditions Le Bruit des autres, 2013.
Nadhia Kacel, « Les Communardes, notre héritage », La Revue du projet, n° 63, janvier 2017. [En ligne] : http://projet.pcf.fr/96533.
La Commune proclamée par le maire du 20e
Le 28 mars 1871 : le grand jour est arrivé. La Commune de Paris est proclamée !
La Commune de Paris est officiellement proclamée devant une foule joyeuse rassemblée sur la place de l’Hôtel de Ville. La capitale se dote d’un mode de gestion inédit par ses acteurs comme par ses choix. Jusqu’alors tenu à l’écart, le peuple de Paris est désormais aux manettes.
Une fois encore, donnons la parole à Victorine Brocher, notre témoin qui assiste avec émotion et bonheur à l’événement tant attendu :
« Le 26 mars, le Comité central, fidèle à ses engagements, déposa entre les mains du peuple son mandat […]. Le peuple était sorti de la légalité pour rentrer dans la Révolution : c’était son droit et ce droit lui était contesté par la presse officieuse, qui accusait l’Hôtel de Ville de l’assassinat des deux généraux, quoiqu’il n’y fût pour rien.
[…] Plus de 200 000 bulletins affirmèrent les pouvoirs de la Commune […]. Le suffrage universel avait légalisé le drapeau rouge de l’émeute. Les membres de la municipalité parisienne allaient siéger pour la première fois depuis 1793. »

Cette fois nous avions la Commune !
Sur la place, devant l’Hôtel de Ville, canons, mitrailleuses couchées sur leurs affûts reluisant au soleil. Au front des bataillons de marche, comme aux fenêtres, les drapeaux rouges flottaient et se mêlaient aux drapeaux tricolores.
Devant l’Hôtel de Ville, une estrade avait été dressée pour les membres de la Commune : au milieu de la foule endimanchée qui les acclamait, les bataillons défilaient, descendant musique en tête. Au premier rang, les élus des arrondissements, conduits à l’Hôtel de Ville par les électeurs fédérés. »

Le silence se fait. Un membre de la Commune, Gabriel Ranvier[*] proclame les noms des élus du Peuple, un cri s’élève, unanime : « Vive la Commune !! »
Les tambours battent aux champs, La Marseillaise, Le Chant du départ retentissent. Les drapeaux viennent se ranger autour de l’estrade communale, la voix grave et sonore des canons répétée par les échos annonçait aux quatre coins de Paris la grande nouvelle : La Commune est proclamée ! … »
« Paris, abandonné par ses représentants, livré à lui-même, avait le droit de constituer un conseil communal. […] La Commune voulait affirmer la République et, par elle, arriver à une amélioration, non pas sociale […], mais gouvernementale. Enfin elle voulait une République plus équitable, plus humaine […] » (Victorine Brocher,Souvenirs d’une morte vivante. Une femme dans la Commune de 1871, Paris, Libertalia, 2017, p. 183-185).

Proclamation de la Commune sur la place de l’Hôtel de Ville par les membres du Comité central de la garde nationale. Le Monde illustré, 8 avril 1871

Devant le théâtre de la Colline en mars 2021.PG
Les spectacles du théâtre national de la Colline sont arrêtés, le Covid est en question et les artistes s’activent. Artistes du spectacle vivant pour le théâtre, mais aussi au même endroit ceux liés à l’art plastique, grâce aux œuvres exposées par l’Atelier des artistes de Ménilmontant. Cela se passe tout près de la place Gambetta.
Bâche place Gambetta, atelier de Ménilmontant.PG
Si les bâches illustrées des artistes peintres rappellent clairement la Commune de 1871, qu’en est-il de cette même relation avec le théâtre national de la Colline ?
Devant son occupation – paisible mais active – depuis le 9 mars dernier, deux étudiants s’affairent sur le trottoir. Ils peignent leur texte sur une banderole, en respectant scrupuleusement la charte graphique du théâtre.
Rue Malte-Brun : l’entrée décorée par les grévistes.PG
Car ce mouvement informel spontané est dominé par les étudiants, soutenu ponctuellement par les acteurs. Les jeunes viennent de tout Paris, principalement d’écoles de théâtre, et leurs équivalents techniciens devraient ensuite les rejoindre. La semaine dernière, ils ont volontiers répondu à nos questions. « Le directeur nous autorise à rester (sous conditions liées au covid) ; les graffitis d’en face, ce n’est pas nous ». Et justement sur le mur d’en face, la référence à la Commune se lit clairement.
Tags « Commune » en face de l’entrée du théâtre de la Colline.PG
Quel serait donc le rapport entre la Colline et la Commune ? D’abord surpris par notre interrogation, ils y voient effectivement une relation : pour eux, le mouvement est informel et spontané, « ils » n’ont pas détruit les théâtres et le peuple était contre le gouvernement face aux décisions injustifiées… « On s’y oppose, et puis ici les élèves sont associés à la contestation comme à la Commune, sans hiérarchie ».
Ils sont occupants de leur théâtre, comme, sous la Commune, les Parisiens l’étaient de leur ville, et dorment à l’intérieur pour donner vie au lieu. Ils ont d’ailleurs créé un règlement de vie intérieure avec plusieurs pôles par thème : artistes, communication, logistique interne.
Et, tout comme en 1871, l’un d’eux affirme « prendre notre destin en main face à un ordre établi d’en haut, arrêtez de parler à notre place ».
Quant aux artistes de Ménilmontant, leur hommage des « 150 ans » est clairement affiché avec leurs banderoles (et une affiche) tout près du lieu. Un appui involontaire mais complémentaire avec le théâtre.
3 avril 1871, 3 actions de la Commune
Article paru le 3 avril 2021
La veille, dimanche des Rameaux, Thiers a fait bombarder sans sommation Courbevoie. « Au bruit du canon, Paris s’arrêta. Personne ne croyait à une attaque, tant l’on vivait depuis le 18 mars dans une atmosphère de confiance » (P. O. Lissagaray).
Dans l’émotion, sans vraie décision politique ni préparation, les généraux de la Commune décident de riposter sans tarder par une attaque surprise qui se révélera catastrophique.
L’« offensive torrentielle » du 3 avril 1871
Le plan de la sortie est assez simple, mais l’armée de la Commune ne dispose plus d’un commandement expérimenté. Les généraux n’ont pas rédigé d’ordre du jour et, plus grave, ils n’ont pas pris avec eux assez de canons. Il n’y a pas d’éclaireurs, les Fédérés manquent de munitions et de vivres. Mais la plupart des soldats s’attendent, à la lecture des journaux, à une simple promenade militaire.
Le matin du 3 avril, vers 3h, Jules Bergeret part de Neuilly vers Rueil, avec 6 000 hommes et 8 canons. Vers 6h30, les Fédérés sont surpris par les tirs de la batterie versaillaise du Mont-Valérien. Même si elle ne dispose que de quelques pièces, les Fédérés qui pensent le Mont-Valérien aux mains des leurs, cèdent à la panique. Les tirs des Versaillais durent jusque vers 11h et de nombreux Fédérés, criant à la trahison, préfèrent rentrer à Paris. Seuls 1 200 hommes arrivent à Rueil. Puis, un millier d’hommes, menés par Gustave Flourens (enterré au Père-Lachaise), arrive et continue jusqu’à Chatou et Bougival.
L’armée ne déploie pas ses unités situées autour de Versailles avant 10h. La première contre-attaque est menée par le 114e régiment d’infanterie de ligne du colonel Boulanger, vers Bougival. Fort de 1 400 hommes, il est soutenu par le 113e régiment d’infanterie de ligne et une batterie d’artillerie. Bougival est facilement réoccupé et Boulanger y ordonne une répression sanglante. A Rueil, une poignée de Fédérés cherche à résister avant de battre en retraite. Désespéré par cet échec, Flourens se réfugie sur la rive gauche de la Seine où il est pris et assassiné.
Une autre colonne de Fédérés, sous le commandement du général Eudes (enterré au Père Lachaise), assisté de Ranvier et Avrial, dispose de 10 000 hommes, dont beaucoup de Bellevillois, et de 8 canons. Toutefois, la colonne est largement désorganisée. Les Gardes nationaux s’attendent à une promenade militaire et à la fraternisation avec l’armée versaillaise. Ils n’ont pas de réserves ni d’approvisionnements et leurs canons sont insuffisants en nombre. L’ordre du jour d’Eudes donne comme seul ordre de « marcher en avant ».
Tombe d’Émile Eudes au Père-Lachaise.PG
En face, la défense de Meudon a été confiée à un corps de gendarmes, environ un millier d’hommes retranchés dans le château, soutenus par une batterie d’artillerie. La bataille commence par un bombardement versaillais de la colonne fédérée à partir de la batterie de Meudon. Ce qui sème la pagaille au sein des Fédérés : l’arrière se replie précipitamment sur le fort d’Issy et l’avant entre au pas de charge dans Meudon. Là, sans commandement, les Fédérés ne peuvent profiter de leur supériorité numérique.
En début d’après-midi, le général versaillais La Mariouse arrive avec 9 000 hommes de renforts et parvient à reprendre le château. Les Fédérés se maintiennent dans le reste du village. Leur manque d’artillerie commence à se faire sentir et les nouvelles attaques parisiennes buttent contre les murs du village. Eudes commande alors un repli sur le fort d’Issy où Gabriel Ranvier est revenu installer de l’artillerie.
Quant à Victor Duval, à la tête d’une troisième colonne, il réussit à s’établir sur le plateau de Châtillon, avec 1 500 hommes. Mais, suite à la capture de Flourens, il se retrouve cerné et, les Versaillais ayant promis la vie sauve, ses troupes se rendent. Mais les Versaillais fusillent comme « déserteurs » tous ceux qui ont servi dans l’armée avant le 18 mars, et les autres sont menés vers les prisons de Versailles. assassiné.
La sortie du 3 avril se solde donc par un véritable fiasco. Bilan : deux généraux de la Commune, Gustave Flourens et Victor Duval, tués pour le premier à Rueil, où le gendarme Desmarets qui lui défonce le crâne à coups de sabre, et le second fusillé au Petit-Clamart, le 4 avril, sur l’ordre du général Vinois ; et tous les Gardes nationaux tombés aux mains des Versaillais ont été fusillés comme « déserteurs » ou sont emprisonnés.
La « manifestation des femmes »
Le 3 avril 1871, semble aussi avoir lieu, à Paris, une manifestation de femmes, suite à un appel publié dans Le Cri du Peuple :
« Citoyennes ! Femmes de toutes les classes, Allons à Versailles ! Allons dire à Versailles ce que c’est que la Révolution de Paris ; Allons dire à Versailles que Paris a fait la Commune, parce que nous voulons rester libres ;
Allons dire à Versailles que Paris s’est mis en état de défense, parce qu’on l’a calomnié, parce qu’on l’a trompé, et qu’on a voulu le désarmer par surprise ;
Allons dire à Versailles que l’Assemblée est sortie du droit, et que Paris y est rentré ;
Allons dire à Versailles que le gouvernement est responsable du sang de nos frères, et que nous le chargerons de notre deuil devant la France entière.
Citoyennes, allons à Versailles, afin que Paris ait tenté la dernière chance de réconciliation. Pas le moindre retard.
Réunissons-nous aujourd’hui même à midi, place de la Concorde, et prenons cette importante détermination devant la statue de Strasbourg.
Une véritable citoyenne. »
La presse suit l’affaire. Le Rappel du 4 avril rapporte les faits suivants :
« Entre deux heures et trois heures passait dans la rue de Rivoli un cortège de plus de cinq cents femmes se tenant bras dessus bras dessous, agitant leurs mouchoirs au cri de « Vive la République », et se dirigeant sur la place de la Concorde. Tambours et clairons marchaient en tête. On assurait qu’elles allaient à Versailles.
Plus tard, vers quatre heures et demie, à l’extrémité du pont de Grenelle (rive droite), on a vu arriver du côté de Paris une longue file de jeunes femmes du peuple […], au moins une centaine, par quatre de front, avec un petit carré de drap rouge sur la poitrine. Une trentaine d’intrépides gamins d’une quinzaine d’années ouvrait la marche, chantant le Chant du départ. […]
– Où allez-vous ainsi, a demandé quelqu’un à une de ces vaillantes ?
– Nous allons à Versailles ! a-t-elle répondu du ton le plus simple et le plus naturel, rejoindre nos maris […]. »
Un journaliste du Siècle observe la bataille depuis le Trocadéro (numéro du 4 avril) :
« Vers trois heures et demie, nous apercevons une colonne précédée de bannières rouges qui vient par les quais de la place de la Concorde et paraît se diriger vers le Point du Jour. La colonne approche : en tête cinquante à soixante gamins qui chantent le Chant du départ.
À la suite, 250 à 300 femmes, ornées de rosettes rouges. Ces citoyennes annoncent qu’elles vont à Versailles sommer le gouvernement de cesser d’envoyer des bombes sur Paris. Elles invitent les dames qu’elles rencontrent à se joindre à elles. Ces invitations n’ont pas de succès. »
Mais le quotidien La Commune précise le 6 avril :
« Quant à la manifestation organisée lundi par les femmes, elle n’a pu franchir l’enceinte de Paris. Les gardes nationaux de service aux fortifications n’ont pas voulu laisser sortir les citoyennes parisiennes, dans la crainte qu’elles ne fussent mitraillées. »
La séparation de l’Église et de l’État
Et ce même lundi 3 avril 1871, la Commune décrète, avec 34 ans d’avance sur le Petit Père Combes, la séparation de l’Église et de l’État.
Et l’on s’étonne qu’en aussi peu de jours (la Commune n’a duré que 72 jours…), elle ait pu semer les germes d’autant d’avancées sociales majeures…
Un Bellevillois barricadier en chef de la Commune
Article paru le 12 avril 2021
Dès le 18 mars 1871, les rues de Paris se hérissent de barricades improvisées, faites de bric et de broc… Mais, dans les semaines qui suivent, on met au point un type « scientifique » de barricade, dont le maître d’œuvre va être Napoléon Gaillard, un cordonnier bellevillois, qui est promu barricadier en chef de la Commune.
Caricature de Gaillard assis sur sa barricade.
Un « artiste chaussurier » promu barricadier en chef de la Commune
Né en 1815, à Nîmes (Gard), Napoléon Gaillard prend part à la vie politique dès 1848. Il propose la création d’une vaste association de travailleurs réunissant les différents corps d’état de la ville, milite dans les clubs nîmois d’extrême gauche et fonde son propre club organisé en sections dont l’une porte le nom de Babeuf.
Cordonnier de métier, il se dit « artiste chaussurier » et dépose un brevet d’invention pour une chaussure en gutta-percha plus souple et plus imperméable que les chaussures en cuir. En 1853, il publie, à Nîmes, un Mémoire sur son invention, plusieurs fois réédité par la suite à Paris. C’est sans doute alors qu’il se fixe à Paris, dans les années 1850.
Installé à Belleville, 74 rue Julien-Lacroix, il est très actif dans le mouvement des « réunions publiques ». Orateur populaire que son accent méridional rend encore plus sympathique, il y défend des conceptions communistes égalitaires issues sans doute du néo-babouvisme. Ardent propagandiste de la libre pensée et de l’athéisme, il y critique la morale bourgeoise et en particulier le mariage. Début 1869, il fonde un journal L’Orateur des clubs. Aux élections de 1869, il ne soutient pas la candidature de Gambetta, préférant un vote protestataire en faveur d’Armand Barbès.
Napoléon Gaillard fait partie du Comité central des vingt arrondissements, formé le 5 septembre 1870. Avec les membres de ce Comité, il présente, le 15 septembre, les mesures d’urgence que le gouvernement de la Défense nationale aurait dû, selon eux, se hâter « de transformer en décrets pour le salut de la patrie et de la République », des mesures qui intéressent la sécurité publique, les subsistances et les logements, la défense de Paris et des départements. Il est par deux fois candidat malheureux aux élections à la Commune de Paris.
Affiche de la Commune sur le travail aux barricades.
Napoléon Gaillard va avoir un rôle important surtout dans la construction des barricades. Dans la lutte contre les Versaillais, celles-ci doivent avoir un rôle déterminant. Il faut adapter le système des barricades « improvisées » à l’offensive prévisible des Versaillais et les remplacer plutôt par des fortifications.
Les barricades seront pourvues de fossés, l’un à l’avant, de 2 mètres de profondeur, et un autre à l’arrière, de 50 à 80 cm. On étudie même un procédé de blindage, jamais au point. Ces barricades « scientifiques » doivent être exécutées avec le concours populaire et c’est Napoléon Gaillard qui est chargé de cette mission.
Le 12 avril 1871, il reçoit les pleins pouvoirs pour l’organisation des barricades des 1er et 20e arrondissements, ainsi que Maurice Bruyat pour le 14e, Jean-Baptiste Darnal pour le 16e, Guillot et Morel pour le 4e, Jean pour le 9e, Leduc pour le 15e, et Ernest Thirion pour le 8e. À partir du 30 avril, il reçoit le commandement de l’ensemble des barricades de Paris, commandement dont il démissionnera le 15 mai 1871.
Napoléon Gaillard doit construire tout un système de barricades qui formerait une seconde enceinte en arrière des fortifications de Paris, en plus de trois enceintes fermées ou citadelles au Trocadéro, à Montmartre et au Panthéon. Il fait créer un bataillon des Barricadiers (10 compagnies de 150 hommes) dont il prend le commandement, et se montre beaucoup sur les chantiers.
Barricade-forteresse Château-Gaillard sur la place de la Concorde.
Son nom est associé en particulier à l’énorme barricade édifiée à l’angle des rues de Rivoli et Saint-Florentin, Château Gaillard. C’est une barricade-forteresse, haute de deux étages, qui comporte bastion, redan, courtine et un large et profond fossé devant le talus, et est percée de cinq embrasures. Elle est formée de gros blocs de moellons, surmontés de tonneaux remplis de terre et de sacs de sable. Elle masque un chemin couvert derrière lequel se trouvent de nouvelles fortifications.
Ses talents militaires ne sont pas toujours appréciés si l’on en juge par cette attaque de Chalain : « Il a été dépensé deux millions en achats de chiffons, par le citoyen Gaillard, pour faire des barricades. Je comprends qu’on fasse des barricades avec du fumier et du sable, mais avec des chiffons… La barricade de la place de la Concorde a coûté à elle seule quatre-vingt mille francs » (séance de la Commune du 19 mai 1871).
Napoléon Gaillard en uniforme.
Napoléon Gaillard se montre fier de porter l’uniforme : « Je revois le colonel, en plein soleil de mai, dans son uniforme élégamment sanglé.
Revers rouges à la tunique. Epée au côté́ . Revolver passé dans le ceinturon verni. Glands d’or de la dragonne battant sur la cuisse. Cinq galons d’or aux manches et au képi. Bottes étincelantes. Tunique à double rangée de boutons dorés. Gaillard, en photographie, est le modèle le plus parfait à consulter pour ceux qui voudront reconstituer le vêtement militaire de la grande insurrection parisienne » (Maxime Vuillaume, Mes Cahiers rouges au temps de la Commune).
Après la chute de la Commune, il réussit à fuir et, le 18 octobre 1872, il est condamné par contumace à la déportation dans une enceinte fortifiée.
Réfugié à Genève, Gaillard s’y fait, dit-on, « l’apôtre du communisme et du socialisme ». Il appartient à la Section de propagande et d’action révolutionnaire. Après la chute de la Commune, il réussit à fuir et, le 18 octobre 1872, il est condamné par contumace à la déportation dans une enceinte fortifiée.
Réfugié à Genève, Gaillard s’y fait, dit-on, « l’apôtre du communisme et du socialisme ». Il appartient à la Section de propagande et d’action révolutionnaire socialiste de Genève créée par des proscrits français, le 8 septembre 1871. Il se fixe d’abord à Carouge près de Genève où, tout en continuant son métier de cordonnier, il ouvre un café , « L’Estaminet français » où des tableaux peints par son fils Gustave, dit Auguste Gaillard, constituent une sorte de mémorial de la Commune.
Puis il s’installe à Genève même, où il vit difficilement jusqu’à l’amnistie. Il publie, en 1876, l’Art de la chaussure, sorte de testament professionnel où il défend sa théorie d’« artiste chaussurier », comme il s’intitule, le principe d’une chaussure naturelle adaptée au pied de chaque individu, une « chaussure faite pour le pied, contrairement à la mode barbare qui ajuste le pied à la chaussure ». Il participe très régulièrement aux réunions de la Société de secours aux déportés.
À la suite de l’armistice, Gaillard regagne la France. Le révolutionnaire renoue avec les cercles politiques et milite au Parti broussiste, dans le 11e arrondissement où il habite. Il est candidat aux élections municipales de 1881. La même année, il devient le pivot d’un comité́ des « combattants de 1871 » pour un monument aux Fédérés et participe, en 1883, à la fondation de la Fédération socialiste révolutionnaire des cercles des départements. Il rejoint, un an plus tard, le Parti allemaniste ; puis, en 1896, il fonde un groupe communiste.
Il meurt passage des Petits-Pères, à 85 ans, et est enterré dans l’intimité au cimetière de Pantin, le 18 octobre 1900.
Pour en savoir plus :
21 mai 1871, les Versaillais entrent dans Paris
Article paru le 24 mai 2021
Les Versaillais pénètrent dans Paris le dimanche 21 mai 1871, par la porte de Saint-Cloud. En une semaine, ils vont reprendre la capitale méthodiquement, quartier après quartier, rue après rue, immeuble après immeuble. C’est le début de la Semaine sanglante.
Le dimanche 21 mai 1871, alors que se tient aux Tuileries un grand concert de la Garde nationale au profit des veuves et orphelins de la Commune, l’avant-garde du 37e régiment de ligne pénètre dans Paris, vers 15h, par la porte de Saint-Cloud. Une armée de 130 000 hommes avance, sans guère rencontrer de résistance…
Au soir du 21 mai, les Versaillais occupent déjà les fortifications, Auteuil et Passy. Dombrowski (enterré au Père-Lachaise), commandant de la place de Paris pour la Commune, n’apprend la nouvelle que vers 16h et réclame des renforts.
Le général Dombrowski, extrait paru en une du Fils du Père Duchesne, 1871.
A l’Hôtel de Ville, le Conseil de la Commune est occupé à juger Cluseret. Il prend connaissance tardivement de la nouvelle. Vallès écrit : « Comme une nappe de silence ! Cela a duré le temps pour chacun de faire ses adieux à la vie ! ».
Le lendemain 22 mai, les Versaillais installent des batteries sur la colline de Chaillot et à l’Etoile. Ils contrôlent les 15e et 16e arrondissements. Paris apprend seulement leur présence et Delescluze fait placarder une proclamation appelant aux armes et à « la guerre révolutionnaire », mais, en condamnant tout « militarisme ». Elle rate son effet : elle provoque la débandade… chacun quitte sa position pour se replier dans son quartier et défendre sa rue. Paris se hérisse de barricades…
DELESCLUZE, par Dugudus.
Les Versaillais avancent implacablement. Malgré une forte résistance aux Batignolles, ils prennent l’Élysée, la gare Saint-Lazare, l’École militaire. Les Fédérés résistent encore à la Concorde, à la montagne Sainte- Geneviève, à la Butte-aux-Cailles. Thiers déclare devant l’Assemblée :
« L’expiation sera complète. Elle aura lieu au nom des lois, par les lois, avec les lois ».
Le 23 mai, le Comité de Salut public et le Conseil de la Commune font placarder des appels à la fraternisation destinés aux soldats de Versailles. Mais ceux-ci prennent les barricades à revers et poursuivent leur avancée. Ils occupent facilement Montmartre (où Dombrowski est mortellement blessé rue Myrrha), l’Opéra, le faubourg Montmartre. Le ciel de Paris s’embrase de lueurs inquiétantes : le palais des Tuileries est en feu…
Le 24 mai, les quinze membres du Conseil de la Commune qui s’y trouvent encore, abandonnent l’Hôtel de Ville et, vers 10h, on donne l’ordre de l’incendier, tout comme le Palais de Justice et la Préfecture de police ; ces bâtiments vont brûler pendant trois jours et trois nuits. Delescluze, les services de la Guerre et le Comité de Salut public se replient vers la mairie du 11e arrondissement.
L’incendie de l’Hôtel de ville de Paris, par Théodore Hoffbauer.
Les Versaillais s’emparent du quartier du Louvre, de la Banque de France et de la Bourse. Dans l’après-midi, la poudrière du Luxembourg saute, privant les Fédérés de munitions. A la fin de la journée, les Versaillais ont repris le Quartier latin et massacrent plusieurs centaines de prisonniers et de suspects autour du Panthéon.
En réponse, le soir même, à la prison de la Roquette, six otages, dont l’archevêque de Paris, Mgr Georges Darboy, sont exécutés sur l’ordre de Ferré. Darboy avait été arrêté en exécution du décret des « otages » du 5 avril 1871, dans l’espoir de pouvoir l’échanger contre Auguste Blanqui, ce à quoi Thiers s’est toujours opposé.
Dès lors, les combats vont se cristalliser dans le nord-est de la capitale… Des récits de Parisiens évoquent la violence des combats, comme cette lettre :
« Toute la nuit du dimanche [21 mai] au lundi les églises ont sonné le tocsin puis la générale dans les rues retentissait avec rage, nous apprenons alors que les Versaillais étaient entrés dans Paris. »
« A partir de ce moment les obus à pétrole partant du Paire (sic) Lachaise commencent à pleuvoir sur Paris en passant juste au-dessus de notre tête, le sifflement était affreux, le mercredi soir je fais descendre les enfants dans la cave, jour et nuit les insurgés venaient le pistolet à la main nous sommer de leur donner des outils pour faire leurs barricades et chevaux et voitures pour conduire leurs munitions, ce qu’il fallait faire étant menacés par eux de recevoir du pétrole si nous n’obéissions. À deux heures de cette horrible nuit les insurgés frappent et nous ordonnent de laisser la grande porte ouverte, d’y mettre une lanterne afin, disent-ils, de pouvoir se réfugier chez nous si les Versaillais arrivent, ils en font autant dans tout le quartier, juge de notre angoisse… ».
Ces lettres reflètent l’expérience terrifiante vécue par une grande partie des Parisiens qui, ni Communards ni tenants de l’ordre, tentent de survivre dans un Paris transformé en zone de guerre.
Robida, reporter de guerre communard
Article paru le 25 mai 2021
Son contemporain, l’homme de lettres Octave Uzanne (columbarium du Père Lachaise) écrivait à son propos : « Parmi ceux dont le talent ne peut être comparé à aucun autre, Robida est assurément un des premiers par l’Imagination, l’Esprit de facture, l’Érudition de la plume et du crayon et aussi par la variété des procédés… »*
Albert Robida et ses œuvres.
Né à Compiègne en 1848, Albert Robida est doué pour le dessin et veut faire du journalisme. Très jeune, il vient à Paris et habite à Belleville, chez des lointains cousins, les Noiret, dont il épousera la fille Cécile, en 1876. Attachés désormais à la région parisienne, Robida et sa famille résideront successivement à Belleville, à Argenteuil à partir de1882, au Vésinet de 1894 à 1917 et enfin à Neuilly-sur-Seine, où il meurt en 1926.
Pendant le siège de Paris et la Commune, Robida reste dans la capitale et s’enrôle dans la Garde nationale. Il est aux premières loges et ne renonce pas à son activité de dessinateur. Il a toujours sur lui ses carnets de croquis et se fait reporter de guerre, saisissant les images de cette période terrible. Mais, malgré leur tonalité grave, ces croquis incisifs ne sont pas sans clins d’œil humoristiques.
Les croquis qu’il prend sur le vif dans la ville assiégée et près des zones de combat sont publiés en illustration de l’actualité dans La Chronique illustrée et Le Monde illustré. Dans ses mémoires sur cette période, Robida notera que, malgré la disparition des feuilles littéraires et de nombreux petits journaux, y compris ceux pour lesquels il travaillait, « le siège eut son imagerie, tout de même, sous forme de feuilles volantes, caricatures, images satiriques fortement coloriées, toujours violentes, trop souvent grossières, dirigées contre l’empire défunt, la cour impériale ou contre le général Trochu et le gouvernement de la défense ».
28 mai 1871. Dernière barricade à l’angle des rues de Tourtille et Ramponneau, par Albert Robida.
Exécutés très librement, parfois rehaussés de lavis à l’encre de chine, les dessins de Robida donnent une vision de la réalité bien différente de celle des clichés académiques ou patriotiques diffusés par les journaux d’actualité ou les ouvrages publiés ultérieurement. Reproduits en partie dans la presse de l’époque, ces croquis seront publiés en fac-similé, en 1971, dans L’Album du Siège et de la Commune.

Après 1871, Albert Robida poursuivra une riche carrière de dessinateur de presse et d’illustrateur. Il sera aussi un étonnant romancier d’aventures et d’anticipation à l’imagination débordante, inventeur entre autres du « Téléphonoscope » et père du personnage fantaisiste de Saturnin Farandoul.
Devant l’immeuble de la Garde nationale fédérale, par Albert Robida.
Pour en savoir plus sur la vie et l’œuvre d’Albert Robida :
http://www.robida.info/index.html.
L’album d’Albert Robida, L’Album du Siège et de la Commune, peut être feuilleté sur le lien :
https://www.catawiki.fr/l/41188351-albert-robida- album-du-siege-et-de-la-commune-paris-1870-1871-2-volumes-1971.
* Octave Uzanne, « Un artiste écrivain, illustrateur, peintre-graveur, lithographe, architecte et voyageur, Albert Robida », L’Œuvre et l’image, n° 4, février 1901, p. 3.
Finalement, une plaque au mur des fédérés
Article paru le 30 mai 2021, actualisé le 28 mai 2022
Édouard Vaillant devant le mur des Fédérés le 24 mai 1908. BnF
La semaine du 21 au 28 mai 1871 fera date sous la dénomination de « semaine sanglante ». Elle marque la fin à la Commune de Paris. Ce 28 mai 1871, 147 communards faits prisonniers dans le cimetière par l’armée versaillaise au Père-Lachaise sont immédiatement fusillés, sans autre procès, ensemble et sur place.
En leur mémoire et comme chaque année aux mêmes dates, ce 28 mai 2022, les élus de la mairie du 20e ont commémoré la Commune de Paris – en présence du sénateur de Paris, David Assouline – et ont déposé une gerbe devant le mur des Fédérés. Rappelons d’une manière générale qu’il en est de même tous les ans avec les partis politiques de gauche, les organisations syndicales ouvrières et les francs-maçons.
Après la Commune, le lieu-même où se trouve le mur des Fédérés a fait l’objet d’un long combat politique pour la préservation plus large de cet espace.
Depuis l’amnistie des Communards, en 1880, la route est longue avant l’apposition d’une plaque commémorative sur le mur. Cette plaque commémorative dédiée « Aux morts de la Commune. 21-28 mai 1871 », en marbre noir, sera enfin inaugurée le 24 mai 1908. Ce jour-là, Édouard Vaillant prononce un discours dont est tiré cet extrait :
« C’est au nom de la fédération socialiste de la Seine que je vous adresse la parole (…). Il nous a fallu 37 ans pour obtenir ce terrain de sépulture des fédérés et fixer au mur cette plaque de marbre, à ce mur qui rappelle si douloureusement l’héroïsme et la férocité de nos ennemis. »
Projet de monument et concession en suspens
Pourtant, à l’origine, plutôt qu’une plaque, il s’agissait d’ériger un monument et l’homme de presse et politicien Henri Rochefort écrit, dès le 9 décembre 1880, au Conseil municipal de Paris en ce sens. Le Conseil rejettera la demande.
L’année suivante, Jules Joffrin (au Père-Lachaise), alors conseiller municipal de Paris, fait la proposition suivante: « l’enclos […] sera concédé à perpétuité aux parents et amis de ceux qui sont héroïquement tombés à cet endroit ».
Cette proposition a toutes les chances d’être adoptée. Mais le préfet de la Seine, Eugène Poubelle, s’y oppose, mettant en met en avant l’article 10 de la loi du 23 prairial an 12 qui interdit formellement les concessions collectives.
Alors, tout en respectant cette loi, un compromis est trouvé. Il est voté le 23 décembre 1883 grâce à un biais : à compter du 1er janvier 1884, l’endroit est « réservé » pendant 25 ans. En clair, aucune concession ne pourra être attribuée dans cet espace pendant cette période.
Projet de monument par souscription à la mémoire des Fédérés de 1871 au Père Lachaise
Évidemment, l’espace réservé unilatéralement par la Ville (jusqu’au 31 décembre 1908) ne vaut pas une concession à perpétuité octroyée à un tiers. Cela donne malgré tout du temps pour anticiper cette échéance le moment venu. Une avancée pour ses partisans qui veulent davantage et vont ouvrir une souscription pour y faire élever un monument « réservé ».
Et, dès 1907, Jean Allemane (au Père-Lachaise) le rappelle avec un article paru dans l’Humanité et dont le titre alerte le lecteur : « Veillons sur le Mur ! ».
Le mur des fédérés vers 1900.
L’échéance des 25 ans, le bénéficiaire des lieux et la plaque actuelle
Finalement, le 20 décembre 1907, le Conseil municipal délibère à l’unanimité en faveur de la concession à perpétuité du terrain :
« La Ville de Paris affectera perpétuellement à la sépulture des fédérés de 1871, les emplacements qui ont été réservé au Père- Lachaise et à Montparnasse, par le Conseil municipal en 1883, pour une période de 25 années. En outre pour marquer le caractère perpétuel de cette affectation, la Ville de Paris aménagera ces emplacements de façon à assurer la descendance desdites sépultures. »
Le bénéfice de ces mesures revient à la Société des anciens combattants de la Commune, ancienne dénomination des Amis de la Commune. À charge pour elle d’élever un monument sur ces terrains.
Le 14 avril 1908, l’Humanité annonce une « souscription pour les Monuments du Père-Lachaise et du cimetière Montparnasse et pour soulager les infortunes des survivants de la Commune ».
Et c’est ainsi qu’un comité composé notamment de Jean Allemane et Paul Brousse (tous deux au Père-Lachaise) est constitué pour collecter les fonds. La plaque d’un mètre de large pour deux de long est inaugurée par le Comité au monument des Fédérés et la Fraternelle des anciens combattants de la Commune.
Par ailleurs, l’idée est venue d’enclore l’ensemble de cet espace par une grille et, dans ce but, une ancienne grille des Tuileries est achetée par des survivants de la Commune. Elle est installée un moment sur place, mais, par la suite, elle doit être retirée sur ordre du gouvernement.
Enfin, le dimanche 24 mai 1908, a lieu sur place l‘inauguration solennelle du terrain, avec la pose de la plaque
« Aux morts de la Commune. 21-28 mai 1871 »
Et, non loin de là, ce même jour, une tombe aujourd’hui moins fréquentée est inaugurée, financée elle aussi par une souscription publique. C’est celle d’Eugène Pottier, communard et auteur de l’Internationale.
Pour finir sur la plaque liée à la Commune, elle a été abîmée par le temps, puis remplacée en 1990 ; la plaque d’origine se trouve actuellement dans le 13e arrondissement, au siège des Amies et Amis de la Commune.
Quant au mur lui-même, il a été classé au titre des monuments historiques, le 14 novembre 1983.
Éric Pliez, maire du 20e arrondissement, et ses adjoints
devant la plaque du mur des Fédérés, le 28 mai 2021.PG
La fin de l’aventure communaliste
Article paru le 1er juin 2021
Une rue de Paris en 1871, par Maximilien Luce. Paris, Musée d’Orsay
Les dernières journées de la Semaine sanglante, les plus terribles, se sont déroulées dans l’Est parisien, particulièrement dans les 11e et 13e arrondissements et finalement sur les hauteurs de Belleville et de Ménilmontant, dans le 20e arrondissement.
Le 25 mai, les Fédérés doivent évacuer l’Hôtel de Ville et donnent l’ordre de l’incendier, ainsi que la Préfecture de Police et le Palais de Justice. Tandis que les Versaillais continuent leur avancée vers l’est, les derniers membres de la Commune gagnent la Mairie du 11e arrondissement.
Toute la rive gauche est perdue pour les Fédérés qui ne tiennent plus que la Butte-aux-Cailles. Ils se replient vers la Bastille et se battent encore avec acharnement dans le Marais et autour de la place du Château d’Eau [actuellement place de la République] où Charles Delescluze (1809-1871) se fait tuer sur la barricade du boulevard Voltaire.
L’Est Parisien, dernier bastion de la Commune.
Belleville pris en tenaille
Le 26 mai, le Comité central de la Garde nationale se retire à Belleville, cité de Vincennes, en haut de la rue Haxo. Il reçoit les pleins pouvoirs sous le contrôle de Varlin.
La lutte continue à la Bastille et à la Villette dont les défenseurs se replient vers Belleville. Les canons du Père-Lachaise et des Buttes-Chaumont tirent jusqu’à leurs dernières munitions.
Jean-Baptiste Millière (1817-1871) est fusillé sur les marches du Panthéon, tandis que, le soir même, à Belleville, une cinquantaine d’otages (prêtres et gendarmes) sont tirés de la prison de la Roquette et massacrés rue Haxo par la foule exaspérée.
Le samedi 27 mai, dès l’aube, les Versaillais reprennent l’attaque de la Mairie du 11e arrondissement avec une batterie de six canons. Dans l’après-midi, les batteries des Buttes-Chaumont, à cours de munitions, se taisent définitivement. Les troupes régulières font tomber la barricade du boulevard de Puebla [actuellement rue des Pyrénées], reprennent les portes de Montreuil et de Bagnolet, la place de la Nation et la place des Fêtes.
La barricade du boulevard Puebla. Saint-Denis, musée d’Art et d’Histoire
Résistance désespérée au Père-Lachaise
Près de 200 Fédérés se réfugient au cimetière du Père-Lachaise où ils ont caché des réserves d’armes et de poudre. Les Versaillais font sauter d’un coup de canon la grande porte. Entre les tombes, les combats sont acharnés, au corps à corps et souvent à l’arme blanche. Aujourd’hui encore, certains tombeaux (comme celui de Charles Nodier) montrent des traces de ces combats.
Dernier combat au Père-Lachaise en 1871, par Robida, Le Monde illustré
Au soir du 27 mai, 147 combattants fédérés, pris les armes à la main, blessés ou tués dans les combats, sont fusillés devant un mur d’enceinte du cimetière, et leurs corps sont ensuite jetés pêle-mêle dans une fosse commune. Toute la nuit, le général Mac-Mahon fait tirer à boulets rouges sur Belleville…

Le Mur des Fédérés, par Ernest Picio, musée de Saint-Denis.jpg
La dernière barricade
Le dimanche 28 mai, la position des Communards est désespérée. Ils ne tiennent plus qu’un étroit quartier entre le boulevard de Belleville et les rues du Faubourg-du-Temple, des Trois-Bornes, des Trois-Couronnes et de la Folie-Méricourt. A midi, le canon de la rue de Belleville se tait ; puis c’est le dernier coup de feu, tiré dans l’après-midi du 28 mai 1871.
Selon le journaliste Lissagaray, la dernière barricade des Journées de Mai se trouvait rue Ramponeau, ou peut-être à l’angle des rues Ramponeau et de Tourtille.
« Pendant un quart d’heure, un seul Fédéré la défend. Trois fois, il casse la hampe du drapeau versaillais arboré sur la barricade de la rue de Paris [actuellement rue de Belleville]. Pour prix de son courage, le dernier soldat de la Commune réussit à s’échapper. »
La dernière barricade à l’angle des rues de Tourtille et Ramponneau, par Albert Robida
On oublie souvent que l’ultime bastion communard fut la garnison du fort de Vincennes, 19 officiers fédérés et leurs 344 hommes, qui se rendirent à l’armée de Versailles le 29 mai 1871. C’est officiellement la fin de la Commune de Paris.
La Terreur tricolore
Désormais Paris est sous contrôle militaire et l’ordre moral versaillais règne sur Paris et les hauteurs de Belleville et de Ménilmontant. Thiers déclare : « Le socialisme est fini pour longtemps ». Les rues sont jonchées de cadavres et partout règnent le silence, la pestilence des corps en décomposition et un climat de terreur et de suspicion.
Viennent les heures les plus sombres de la Commune, celles des chasses à l’homme, des dénonciations, des exécutions sommaires, des arrestations, des perquisitions… Il est urgent de désarmer la Garde nationale et les particuliers et de traquer ceux qui essaient de se cacher. Les suspects, s’ils ne sont pas abattus sur le champ, prennent immédiatement, en longs convois, la route de Satory pour y attendre leur jugement.
Sur 36 309 individus arrêtés à Paris et traduits devant les Conseils de guerre, plus de mille sont bellevillois, essentiellement des artisans, des ouvriers qualifiés, des journaliers et des employés salariés – peu de commerçants et de négociants, ou de professions libérales. Et on ne sait rien du nombre exact des Parisiens morts dans les combats ou des proscrits obligés de fuir la France.
Jules Vallès dédicacera en ces termes son livre L’Insurgé :
« AUX MORTS DE 1871/ À TOUS CEUX / Qui, victimes de l’injustice sociale, / Prirent les armes contre un monde mal fait /
Et formèrent sous le drapeau de la Commune, / la grande fédération des douleurs, / Je dédie ce livre. »
L’inauguration du jardin Paule Minck
Article paru le 7 juin 2021

Plaque Jardin Paule Minck
Jusqu’à aujourd’hui, la Ville de Paris comptait peu de voies rappelant le souvenir de la Commune de Paris et particulièrement de ses héroïnes. La commémoration du 150e anniversaire de cet événement qui a si profondément marqué l’histoire de nos arrondissements de l’Est parisien, vient changer cette situation.

LA PLAQUE DU SQUARE PAULE MINCK DÉVOILÉE
Les Femmes Communardes conquièrent l’espace public de l’Est parisien
En 2021, les Mairies des arrondissements de l’Est parisien et la Ville de Paris ont souhaité mettre particulièrement au premier plan les femmes de la Commune pour saluer le rôle que des femmes de toutes origines et de toutes catégories sociales, intellectuelles, ouvrières, journalières, simples ménagères, y ont joué et la part déterminante qu’elles ont prise à la Commune, à ses réformes et à ses combats.
Ainsi, plusieurs « Femmes de la Commune » aux destins exceptionnels ont donné leur nom à des espaces publics.
Dans le 20e arrondissement, qui avait déjà une rue Fernand Gambon depuis 1905 et un square Edouard Vaillant, on a choisi d’honorer la Communarde Paule Minck, femme de lettres et militante socialiste et féministe. Son nom vient d’être attribué à l’ancien Jardin Saint-Fargeau, ouvert en 2019, au 50 rue Saint-Fargeau (20e arrondissement).

Inauguration du jardin Paule Minck
Née Adèle Paulina Mekarska, à Clermont-Ferrand, elle est d’origine polonaise par son père, saint-simonien réfugié en France en 1831. Elle reçoit une solide instruction, mais, après son mariage avec le prince et ingénieur polonais Bohdanowicz, elle est obligée de gagner sa vie comme journaliste.
Ardente républicaine, elle se tourne vers le socialisme révolutionnaire après avoir pris conscience, par les conférences de Maria Deraismes, de la nécessité de lutter pour le droit des femmes et notamment celui des travailleuses. Elle est animée par des idées radicales, notamment un fort anticléricalisme qui l’amène à défendre la législation du divorce contre la représentation sacrée du mariage.
Montée à Paris en 1867, elle milite aux côtés d’André Léo, tout en gagnant sa vie avec des travaux d’aiguille et des cours de langue. En 1868, elle fonde une organisation mutualiste féministe révolutionnaire, la Société fraternelle de l’ouvrière, et adhère à l’AIT, en défendant les droits des femmes au travail salarié et à l’égalité salariale.

Paule Minck, par Dugudus.
Elle intervient aussi dans des réunions du Club de Notre-Dame-de-la-Croix à Ménilmontant, du Club de Saint-Nicolas-des-Champs et du Club de la Délivrance à la Trinité, et participe à l’organisation d’un corps d’ambulances. Minck collabore au journalParis librede Pierre Vésinier et fait partie, avec Louise Michel, du Comité de vigilance de Montmartre.
En province pendant la Semaine sanglante, elle parvient à s’enfuir en Suisse, où elle vit misérablement en donnant des leçons et en rédigeant des articles. Elle est condamnée par contumace à être déportée en Nouvelle-Calédonie. Lors d’une conférence à Genève, elle proclame : « Nous sommes des pétroleuses et c’est avec honneur que nous revendiquons ce titre. »
Elle ne reviendra en France que lors de la proclamation de l’amnistie des Communards. Initialement blanquiste, elle s’oriente vers les positions de Bakounine et fait la connaissance de Jules Guesde, également émigré en Suisse, tout en correspondant activement avec des militantes féministes et franc-maçonnes.

Paule Minck, photo BnF
Elle participe activement au Parti ouvrier français, fondé en 1882 par Guesde. Elle est une des principales rédactrices du journal de M. Barrès, La Cocarde, paru en 1894-1895, et collabore àLa Petite République, à L’Aurore, et au quotidien féministe,La Fronde, créé en 1897 par Marguerite Durand.
Lors de l’affaire Dreyfus, elle s’engage aux côtés des dreyfusards. Elle a été reçue à la loge maçonnique mixte du Droit humain.
À sa mort, son corps est incinéré au Père-Lachaise, où se presse une foule de socialistes, d’anarchistes et de féministes, le 1er mai 1901, lors de la journée internationale des travailleurs. Ses cendres sont déposées dans une concession gratuite du columbarium (case n° 1029), renouvelée jusqu’en 1931 avant d’être reprise par l’administration.

Prise de parole lors de l’inauguration du square PAULE MINCK
Le 11e arrondissement a inauguré, le 5 mai 2021, au 31 rue Bréguet, le Jardin Louise Talbot et Augustin Avrial, couple militant de la Commune ayant habité dans cet arrondissement.
Le 12e arrondissement a inauguré, le 18 mai 2021, la passerelle André Léo, dans le Jardin de Reuilly, et la rue Anna Jaclard, perpendiculaire à la
rue du Charolais.
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N° 77 (3ème trimestre 2021) La Commune et le 20ème en 20 articles (1ère partie), par Christiane Demeulenaere-Douyère