Commune de l’ancien département de la Seine…
La commune de Charonne fait partie dès sa création du département de la Seine, à l’origine nommé « département de Paris ». Elle est d’abord intégrée au district de Saint-Denis, renommé district de Franciade, et elle est classée dans le canton de Belleville.
En 1800, à la suite de l’arrêté des Consuls du 25 fructidor an IX, les districts sont remplacés par des arrondissements : la commune de Charonne, appartiendra à l’arrondissement de Saint-Denis et se trouvera dans le canton de Pantin.
Situation géographique …
La commune était limitée :
- à l’Ouest, par le mur des fermiers généraux (actuels boulevards de Ménilmontant et Charonne) ;
- au Nord, par la limite avec la commune de Belleville (actuellement rue des Amandiers, rue des Partants, rue Villiers-de-l’Isle-Adam, rue Pelleport, rue du Surmelin) ;
- à l’Est, par les limites avec la commune de Bagnolet et la commune de Montreuil (actuellement rue d’Alembert et rue Armand Carrel) ;
- au Sud, par la limite avec la commune de Saint-Mandé (rue de Lagny).
Le quartier de Charonne est le 80ème quartier administratif de Paris, situé dans le 20e arrondissement. Il tient son nom de l’ancien village de Charonne, rattaché à Paris en 1860 par Napoléon III.
Le 16 juin 1859, une loi rattache à Paris les communes incluses dans l’enceinte de Thiers. La commune de Charonne est ainsi supprimée et son territoire est réparti entre Paris, Montreuil et Bagnolet.
Le quartier de Charonne est constitué le 3 novembre 1859 à partir de la partie sud de l’ancienne commune de Charonne (la partie nord étant partagée entre les quartiers du Père-Lachaise et Saint-Fargeau) et d’une petite partie du territoire de la commune de Saint-Mandé, également rattachée à Paris par la loi du 16 juin.
Le centre du village, qui se trouvait alors au croisement de l’actuelle rue Saint-Blaise et de la rue de Bagnolet autour de l’église Saint-Germain, est scindé en deux parties entre les quartiers de Charonne et du Père-Lachaise.
L’histoire…
Le territoire de Charonne, à l’époque des seigneuries, se composait du Grand-Charonne et du Petit-Charonne.
Le Petit-Charonne était situé sur les deux côtés du chemin de Montreuil. Le Grand-Charonne s’étendait jusqu’à Saint-Fargeau et le Mont Louis, qui deviendra le cimetière du Père-Lachaise. Le quartier de la Réunion, c’est l’origine de son nom, réunissait le Grand et le Petit Charonne.
Au centre de ce territoire se trouvait le village de Charonne avec son Château et l’église Saint-Germain, autour de la Grande-Rue (actuelle rue de Bagnolet) et d’une rue perpendiculaire, la rue St-Germain, devenue la rue St-Blaise.
Le village de Charonne
Le village de Charonne est orienté sud-ouest, ce qui lui procure un bon ensoleillement ; ceci explique l’abondance des vignes et le fait que des maisons bourgeoises s’y soient installées. Des carrières de gypse étaient exploitées. Le village comportait, outre les habitations des vignerons, des maisons de campagne pour les parisiens recherchant une campagne proche et agréable.
À la veille de la Révolution, il y avait environ 600 habitants à Charonne : on trouve l’indication de 156 feux (un feu correspondait à une famille) sur des documents relatifs aux « cahiers de doléances » pour les États généraux de 1789.
La vie à Charonne :
Le maraîchage était l’activité principale des paysans du village de Charonne, destiné à alimenter Paris en produits frais, et surtout la vigne car on buvait en grande quantité un vin bon marché.
Charonne était un village de vignerons, la vigne en 1788 occupait en effet les 3/4 des terres. Dans le parc de Belleville, une vigne a été plantée pour perpétuer ce souvenir.
En 1576, pour limiter le nombre des tavernes dans la capitale, les vins ont été soumis à des droits d’octroi pour entrer dans Paris. En réaction, les parisiens franchissaient les enceintes de la ville pour boire ici du vin moins cher. Guinguettes et cabarets ont alors fleuri sur le territoire de Charonne.
La situation privilégiée du village de Charonne a attiré très tôt les notables parisiens désireux d’établir sur son coteau leur résidence de campagne.
Les seigneuries, la révolution industrielle et les grands travaux
Les seigneuries
Les coteaux de Belleville, Ménilmontant et Charonne ainsi que de Bagnolet ont accueilli de grandes propriétés appartenant à des seigneuries riches et importantes. Tous ces châteaux ont été démolis et les domaines ensuite lotis.
Aujourd’hui, il n’en reste rien à l’exception d’une petite partie du parc du château de Bagnolet et du pavillon de l’Ermitage, construit en 1734 et situé en bordure de la rue de Bagnolet.
La révolution industrielle.
Au XIXème siècle, Paris était devenu la capitale industrielle de la France. Après les grands travaux du baron Haussmann, cette révolution industrielle a entraîné un afflux d’habitants dans l’Est parisien.
Le territoire de Charonne, englobé dans le 20ème arrondissement, s’était ainsi transformé en un quartier ouvrier, pauvre : les splendides parcs d’antan ont été remplacés par des constructions de mauvaise qualité où s’entassaient les ouvriers dans des conditions d’hygiène et de vie exécrables.
L’industrie s’installe à Charonne.
Sur le territoire de Charonne des artisans travaillaient souvent pour le Faubourg Saint Antoine, mais la première industrie installée à Charonne date de 1810, il s’agit d’une fabrique d’huile de poisson.
À partir surtout de 1822, on voit s’y implanter des ateliers et des fabriques, principalement grâce à un foncier bon marché.
Un voyageur étranger écrivait en 1823 : « Paris, le centre des lumières, peut être regardé comme le centre de l’industrie ». Vers 1840, on voit apparaître les premières machines à vapeur au fond des cours industrielles, mais aussi au cœur du village de Charonne, comme celle installée rue Vitruve pour le sieur Boisset.
En 1848, il y a eu une accélération des implantations industrielles vers l’est de la capitale et la petite industrie s’installe dans les futurs 19ème et 20ème arrondissements.
Charonne n’était pas regardante, sur les entreprises qui voulaient s’implanter sur son territoire : on y trouvait un abattoir de porcs, un dépôt de boue, des fabriques de colle de pâte et de colle de peaux de lapins, une briqueterie, etc.
On trouvait également des fonderies de cuivre, des fondoirs de graisse et de suif, des fabriques de savon, de caoutchouc, de vernis, etc.
L’AHAV
Un projet pour le territoire de Charonne, en partie avorté.
L’urbaniste Albert Ascher en 1970 avait préparé un projet « musclé » pour l’ancien territoire de Charonne. Il avait prévu de raser la totalité du secteur St-Blaise y compris ce qui restait de l’ancien village de Charonne. À l’exception toutefois des églises de St-Germain et de St-Cyrille – St-Méthode.
La zone concernée allait du boulevard Davout à la rue des Pyrénées et de la rue de Bagnolet jusqu’à la rue d’Avron. Une autoroute urbaine à quatre voies, la radiale Bagnolet, longeait le cimetière du Père-Lachaise et rejoignait la radiale Nord-Sud au niveau de la rue du Chemin vert.
Ce projet prévoyait 15 hautes tours d’habitation de 30 étages, des immeubles de 12 étages, 16 bâtiments de 8 étages dans ce qui est aujourd’hui le village du vieux Charonne, lequel, comme le reste, devait être rasé. Des immeubles de 5 étages étaient prévus dans les interstices du plan.
Au total la construction de 6’896 logements était prévue : seule la moitié du projet fut réalisée.
Les grands travaux.
À partir de 1970, une grande partie des immeubles a été détruite ; des ZAC (opération d’urbanisme) ont permis la création de milliers de logements sociaux, certains construits dans des tours de 30 étages.
La réhabilitation
Grâce à l’action d’associations et au changement de politique des gouvernements, une partie du territoire de Charonne a étépréservée et réhabilitée : le village de Charonne en particulier et le quartier de la Réunion sont devenus des endroits agréables à habiter, et il nous reste ainsi des traces du passé du territoire de Charonne.