Le réaménagement de la Porte de Montreuil… qui en a connus d’autres
Qu’est-ce qui se passe concrètement actuellement à la Porte de Montreuil ?
La semaine dernière encore, la bataille faisait rage contre le projet de réaménagement de la porte de Montreuil, entre les Verts et leurs alliés de la majorité municipale. À l’origine, ce projet avait été voté en 2019 à la quasi-unanimité du Conseil de Paris. Pour l’instant , l’ensemble des travaux est prévu pour se terminer en 2026.
La porte de Montreuil, entrée stratégique de l’Est Parisien, est aujourd’hui un rond-point routier important laissant peu de place à une vie de quartier. Avec l’ambition du Grand Paris, une volonté de rétablir les liaisons entre la ville même et les communes limitrophes, notamment Montreuil et Bagnolet, une étude a été lancée en 2016 par la Ville de Paris pour développer un projet d’aménagement sur l’ensemble des “Portes du 20ème ”.
Les objectifs de ce projet urbain sont multiples : pacification de la circulation, restauration de la ceinture verte et des continuités entre Paris, Montreuil et Bagnolet, diversification du tissu urbain, réhumanisation de zones désertées entre Paris et sa proche banlieue. Dans le détail, le projet prévoit une « esplanade trait d’union » entre Paris et Montreuil de 3,5 ha avec une circulation automobile déplacée, et un réaménagement du marché aux Puces actuel en une halle fermée. Le projet global mêle re-végétalisation du terre-plein central, et développement de 60 000 m² de bureaux, commerces, services et équipements sportifs.
Des fortifs …
Au commencement était Charonne… s’étendant, à l’Est, aux limites de la commune de Bagnolet et sur la commune de Montreuil, jusqu’à l’emplacement actuel des rues d’Alembert et Armand Carrel.
Entre 1841 et 1844, sous Louis-Philippe, l’enceinte de Thiers est construite coupant la commune en deux, la majeure partie de Charonne restant à Paris. Ce sont les fortifications. 3 portes y sont percées : la porte de Ménilmontant (rue du Surmelin), la porte de Bagnolet (rue de Bagnolet) et la porte de Montreuil. Caractérisées par une bande de terre située en avant des bastions : la zone de tir de canon que l’on appelle donc « la zone », de 200 à 400 mètres de large, désignée dans les règlements d’urbanisme de Paris « non ædificandi » (non constructible). Même les arbres y sont abattus afin de dégager la vue aux défenseurs.
Dès 1871, une population pauvre, à laquelle on donnera tout d’abord le nom de « zoniers » commence à s’installer sur ces terrains en y construisant des cabanes en tout genre. Ce sont essentiellement des ouvriers parisiens chassés par les transformations de Paris sous le Second Empire, la spéculation immobilière et les grands travaux du baron Haussmann, ou des paysans chassés par l’exode rural. La Zone compte vite jusqu’à 30 000 habitants, montant jusqu’à 42 000 habitants, entre les deux guerres mondiales.
C’est ainsi que s’installe le marché dit « aux puces » de la Porte de Montreuil, l’un des plus anciens de Paris puisqu’il existe de façon informelle depuis 1860. Les chiffonniers, qui ramassent les vêtements usagés au pied des immeubles parisiens vont donc s’installer à la périphérie de la ville dans cette zone, où ils les revendent à bas prix. La première expression « marché aux puces » se trouve dans l’Écho de Paris du 23 juin 1891 à propos d’une rixe entre brocanteurs à la barrière d’octroi de Montreuil-sous-Bois.
… au périph’
Un décret sur la zone de servitude militaire du 19 mars 1925 prévoit le rattachement à Paris des territoires de l’ancienne zone. Et en 1939, la plupart des terrains de l’ancienne enceinte sont encore en jachère. Mais la Zone va ainsi peu à peu disparaître jusqu’en 1956, avant le premier coup de pioche du boulevard périphérique.
Tout d’abord, on retient l’idée d’y construire des logements sociaux, une « ceinture rouge » de 40 000 habitations à bon marché ou les HBM en briques, qui ceinturent Paris.
Dès les années 1940 naît surtout l’idée de créer une route circulaire autour de Paris, pour décongestionner les grands boulevards, notamment ceux des Maréchaux, encombrés par les voitures de plus en plus nombreuses dans la capitale.
Après la Seconde Guerre mondiale, la démocratisation de l’automobile amplifie cette réflexion : il faut construire une nouvelle ceinture, cette fois-ci dédiée aux voitures, construit en grande partie sur le tracé des anciennes fortifications.
Le boulevard périphérique de Paris sera construit de 1956 à 1973, continuant de matérialiser et même accentuer la séparation entre Paris et sa banlieue.
Après les fortifs, le périph, viennent les manifs à cause de nouvelles modifs. Quelle va être la nouvelle Porte de Montreuil ?
Au XXIème siècle, la Porte de Montreuil continue d’écrire son histoire ….
Porte de Montreuil, réaménagement en projet