Les élections législatives du 8 février 1871 :
la victoire des « Ruraux » contre les Parisiens
Une des conditions de l’armistice était l’élection rapide d’une nouvelle Assemblée qui aurait le pouvoir de signer la paix.
Cette élection a lieu, le 8 février 1871, dans l’improvisation totale : 43 départements sont alors sous occupation allemande et les réunions y sont interdites ; même en zone non occupée, l’état de siège prévaut dans de nombreux départements, rendant possible la suspension de la liberté de la presse et de la liberté de réunion ; 372 000 Français sont détenus en Allemagne, en Belgique et en Suisse. De plus, Bismarck impose un délai de 3 semaines, insuffisant pour organiser des élections démocratiques. Paris est la seule ville où la campagne électorale peut se dérouler activement.
Gambetta, craignant le retour des royalistes, fait déclarer inéligibles les personnalités les plus compromises avec l’Empire et les membres des familles ayant régné sur la France, mais ce décret est annulé par Jules Simon dès que Gambetta quitte le gouvernement, le 6 février.
Léon Gambetta en 1870
Très nette victoire pour les royalistes, qui remportent une large majorité de sièges : 180 légitimistes, très souvent des nobles provinciaux auxquels il faut ajouter des bourgeois, et 214 orléanistes.
Côté républicain, c’est une défaite, en particulier pour le camp radical : l’Union républicaine (radicaux) de Gambetta, élu dans 8 départements, n’emporte qu’une petite quarantaine de sièges (Victor Hugo, Louis Blanc, Edgar Quinet, Giuseppe Garibaldi, Clemenceau…), tandis que la Gauche républicaine (modérés) (Jules Favre, Jules Ferry, Jules Grévy, Jules Simon…) dépassent largement le cap des 100 élus. Restent enfin entre 70 et 80 « Libéraux », formant un centre gauche qui se convertit progressivement aux idéaux républicains ; on y retrouve Thiers, élu dans pas moins de 26 départements. Les bonapartistes quant à eux sauvent une vingtaine de sièges.
Giuseppe Garibaldi, patriote italien (ici en 1866) est élu à Paris
L’Internationale, la Chambre fédérale des sociétés ouvrières et le Comité central républicain de vingt arrondissements s’unissent pour présenter une liste de 43 candidats « socialistes révolutionnaires » dont seuls 4 sont élus : Ferdinand Gambon, Benoît Malon, Félix Pyat et Tolain.
Les campagnes, où vit encore une large part de la population, votent massivement monarchiste, pour éviter l’occupation ennemie et permettre le retour des soldats prisonniers. Les villes sont plus favorables aux Républicains. Paris élit 43 députés dont 36 républicains et opposés à la capitulation.
Felix Pyat, élu à Paris, est enterré au Père Lachaise. Photographie de Nadar
La méfiance des « Ruraux » et leur haine contre les « Parisiens », accusés d’avoir perdu la France, s’exprime, le 15 février 1871, par un vote qui supprime la maigre solde de la Garde nationale.
A Paris, la Garde nationale, hostile à la capitulation, va s’organiser pour défendre la République mise en péril par la majorité monarchiste des députés. Le 15 février 1871, les délégués de 18 légions se réunissent au Tivoli-Vauxhall, près de la République, pour créer le Comité central de la Garde nationale chargé de coordonner l’action des 20 légions d’arrondissements.
Pendant ce temps-là, réunie au Grand Théâtre de Bordeaux, l’Assemblée désigne, le 16 février 1871, Adolphe Thiers comme chef du pouvoir exécutif, plébiscitant ainsi les partisans de la Paix. C’est lui qui signera avec Bismarck le traité préliminaire de paix, le 26 février (ratifié par l’Assemblée le 1er mars), puis le traité de Francfort le 10 mai 1871.
L’Assemblée-nationale au grand théatre de Bordeaux le 1er mars 1871
Pour en savoir plus :
https://clio-cr.clionautes.org/elus-et-elections-du-8-fevrier-1871.html
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