Le 20e arrondissement de Paris en moins de 20 minutes
En septembre 2022, à l’occasion de la création de sa pièce « Boulevard Davout », le théâtre de la Colline nous a invités à apporter notre regard sur ce qui constitue le 20e arrondissement.
La vie du 20e… et son passé prestigieux
Si le 20e arrondissement a été longtemps défavorisé et si, traditionnellement on considère qu’il est composé de quartiers « populaires », il n’en est pas moins porteur d’un passé prestigieux et d’une vie sociale et culturelle dynamique.
La présence humaine sur les lieux remonte au moins à l’époque gallo-romaine, période où des sources sont déjà captées.
Sur la rive droite de la Seine…
La localisation de notre arrondissement est résumée ainsi sur Wikipédia : le 20e est le dernier des vingt arrondissements de Paris. Situé sur la rive droite de la Seine, il est bordé au nord par le 19e arrondissement, à l’est par les communes des Lilas, de Bagnolet, de Montreuil et de Saint-Mandé, au sud par le 12e arrondissement, à l’ouest par le 11e.
Aux termes de l’article R. 2512-1 du code général des collectivités territoriales, il porte également le nom d’« arrondissement de Ménilmontant », mais cette appellation est rarement employée dans la vie courante.
À Charonne vers 430, Saint Germain l’auxerrois bénit Geneviève enfant, la future protectrice de Lutèce.
Cet évènement nous laissera en héritage l’église Saint Germain de Charonne.
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Germain, l’évêque d’Auxerre serait venu ici lors de son premier trajet vers la Bretagne. Envoyé par le Pape, l’évêque devait atteindre l’Irlande pour y porter l’Évangile.
Avec les moyens de locomotion de cette époque, il a pu descendre l’Yonne, puis la Seine, pour atteindre son but en traversant la Manche.
Au cours de cette traversée, il passe à Charonne, et là vers l’an 430, il aurait rencontré et béni Geneviève , une fillette âgée de 6… ou de 10 ans, celle en tout cas qui deviendra par la suite sainte Geneviève, la patronne de Paris.
En souvenir du lieu de cette rencontre légendaire, un oratoire lui sera élevé. Ce lieu allait ensuite devenir l’église Saint-Germain de Charonne.
Notre église a été restaurée en 2014-2016, avec un budget de 9 millions €. Aujourd’hui, elle reste exceptionnellement l’une des deux seules de Paris à conserver son ancien cimetière.
L’histoire…
On dit qu’au village de Charonne vers 430, saint Germain évêque d’Auxerre aurait béni la future sainte Geneviève, celle qui deviendra plus tard la patronne de Paris.
C‘est pour célébrer cet événement que sera ensuite construite au XIIème siècle -par les habitants du village eux-mêmes, dit-on- l’église Saint-Germain de Charonne.
Cet édifice religieux est l’un des plus anciens de la capitale.
L‘origine du nom « Ménilmontant » remonte quant à lui à une charte de 1224 mentionnant « Mesniolum mali temporis » (Villa du mauvais temps »). Un autre document de 1231 cite « Mesnilium Mautenz », qui se transformera en « Mesnil Montant » au XVIème siècle, en corrélation avec la hauteur du lieu.
Le territoire de l’actuel 20e comptait autrefois deux châteaux importants : celui de Charonne, bâti à la fin du XVIème siècle, et celui de Ménilmontant, édifié une centaine d’année plus tard pour l’intendant des Finances Michel le Peletier. Le parc du château de Bagnolet était d’autre part situé en partie sur le territoire de Charonne. La duchesse d’Orléans y fit construire en 1734 le Pavillon de l’Ermitage, qui subsiste encore dans l’espace vert Debrousse.
C‘est dans le 20e que se trouvaient les plus anciennes « Folies » (maison d’agrément avec jardin de style) de Paris: la Folie Regnault et la Folie Mericourt. La première avait été achetée en 1626 par les Jésuites pour y installer une résidence de campagne. Ce lieu est nommé « Mont-Louis » en 1652 puis « Père La Chaize » en 1675, car c’est alors la demeure du révérend Père François d’Aix de la Chaize, confesseur de Louis XIV.
Au début du XVIIIème siècle, Belleville et Charonne sont encore des paroisses rurales: le paysage est composé, autour des résidences de prestige évoquées plus haut, de vignes, vergers, champs, moulins à vent et carrières de gypse.
Belleville et Charonne…
Les deux villages étant très prisés, de nombreuses bâtisses vont s’élever pendant tout le siècle, certaines se distinguant par leurs qualités architecturales, telles que le pavillon Carré de Beaudouin, rue de Ménilmontant, dont la façade a été réalisée dans un style néoclassique.
Jean-Jacques Rousseau aimait à se promener et à herboriser aux alentours de ces demeures et décrit les lieux encore verdoyants dans les « Rêveries du promeneur solitaire » (1782) et les « Confessions » (1782-89).
Après la loi du 14 décembre 1789 ayant érigé les anciennes paroisses en communes, Belleville se dote en 1790 de sa première mairie, située à l’angle des rues de Belleville et de Palestine.
Deux ans après, les hauteurs de Ménilmontant se prêtent à l’expérience du télégraphe optique de Claude Chappe.
L‘invention était installée dans le parc du château de Louis Le Peletier de Saint-Fargeau.
Mais les Bellevillois, croyant que l’installation avait pour but d’échanger des signaux clandestins avec la famille royale emprisonnée au Temple, envahissent le parc et détruisent le télégraphe…
Celui-ci sera toutefois remis en place en 1793.
Le télégraphe optique de Claude Chappe.
Télégraphe optique
Claude Chappe.
L’AHAV
Découvrez nos activités culturelles sur l’histoire et l’archéologie du XXe arrondissement
In detail…
C‘est sur une autre colline, celle qui avait appartenue au Révérend Père de La Chaize qu’a été créé en 1804 le cimetière de l’Est.
De nombreux personnages célèbres sont inhumés dans le cimetière du Père-Lachaise.
Citons :
Dès 1903, les libres-penseurs du 20e organisent avec un vif succès des réunions afin de réclamer une loi sur la laïcité.
Durant la Seconde Guerre mondiale, beaucoup de ses habitants sont déportés et de nombreux groupes de résistants s’y battent contre l’occupant.
L‘arrondissement associe par ailleurs depuis longtemps liberté d’expression et arts populaires; ainsi, les théâtres y tiennent une place particulière. Ils avaient auparavant pour nom « Les Folies Belleville », ou « Le Théâtre de Belleville« . Détruits ou affectés à d’autres activités, ils ont passé le flambeau à de nouvelles salles de spectacles, comme le Théâtre de l’Est Parisien ou le Théâtre National de la Colline.
« La Bellevilloise« , coopérative ouvrière fondée en 1877, contribuera aussi à la culture et au savoir avec sa bibliothèque, ses conférences ou ses cours d’espéranto.
Aujourd’hui, le 20e arrondissement est le cadre de nombreuses initiatives locales, notamment culturelles, qui permettent de redécouvrir ce qui a fait le charme de ces quartiers depuis leurs origines.
S‘appuyant sur leur histoire, mais aussi sur leur tradition de progrès, les anciennes communes de Belleville et de Charonne montrent donc leur dynamisme et leur volonté de mieux se faire connaître.