Siège de Paris : départ du ballon poste, journée du timbre 1955
66 ballons pour sauver Paris… en 1870 et 1871
Pendant le Siège de Paris, en 1870, des ballons avec nacelle ont été utilisés pour le transport du courrier civil et militaire, de pigeons-voyageurs et des passagers. Ils étaient gonflés avec du gaz d’éclairage très inflammable et donc dangereux. Les départs se faisaient de jour comme de nuit, malgré les tirs de barrage des troupes prussiennes.
66 ballons montés transportèrent 164 passagers, 381 pigeons, 5 chiens et plus de 2 millions de lettres, soit environ onze tonnes de courrier.
Inspirée par cet évènement, la plasticienne ÉLODIE BARTHÉLEMY anime actuellement un projet collaboratif (voir ci-dessous) pour fêter cet épisode du siège de Paris :
UNE BOUFFÉE D’AIR (15 BALLONS POUR LA COMMUNE)
Selon les vents dominants, et la nécessité de départs ne pouvant attendre des vents favorables, certains ballons arrivèrent en Norvège, en Allemagne, ou se perdirent dans l’Atlantique (deux disparitions), mais la plupart atterrirent en province. Cinq ballons furent capturés par l’ennemi.
Les ballons étaient la seule manière de communiquer avec la province, toutes les autres méthodes ayant échoué (piétons, bateaux, sous-marins, scaphandres, électricité, etc.).
Seuls les frères Albert et Gaston Tissandier tentèrent de faire le voyage en sens inverse par le même moyen, avec le Jean Bart, et organisèrent plusieurs points de départ à partir de villes non occupées, avec l’aide d’aérostiers ayant fait aussi une sortie. Ces tentatives furent des échecs.
On peut être étonné par la réussite de la plupart des missions, compte tenu des conditions (ville assiégée, pilotes inexpérimentés, vols de nuit, transport de dynamite, etc.). Aucun des ballons lancés n’a connu de défaillance ni provoqué directement la mort des aéronautes.
Liste des ballons sortis de Paris pendant le Siège.
Les deux disparitions en mer ont été provoquées par l’absence de moyen efficace de navigation, le pilote n’ayant pas estimé correctement la distance parcourue avant d’entamer sa descente. Les accidents d’atterrissage ont été provoqués surtout par l’inexpérience des pilotes et par la présence des soldats ennemis près des points de chute.
Des records ont été battus (de vitesse et de distance). Certains vols ont atteint une grande altitude (peut-être 5 à 7 000 m).
Gambetta quitte Paris en ballon
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L’AHAV relaie ici l’appel à contributions pour un projet artistique d’Elodie Barthélémy, plasticienne, dans le cadre du 150e anniversaire de la Commune :
UNE BOUFFÉE D’AIR (15 BALLONS POUR LA COMMUNE)
Lors du premier siège de Paris en 1870, 67 ballons à nacelle survolèrent les lignes des Prussiens pour maintenir les communications avec le reste de la France, emportant du courrier, des journaux et des hommes. Mais on connaît moins l’envol du ballon Le Céleste, le 30 septembre 1870, qui dispersa au-dessus de l’armée prussienne des tracts bilingues pour inciter à la mutinerie les soldats ennemis.
Lors du second siège, pendant la Commune, une quinzaine de ballons s’envolèrent chargés d’imprimés, de journaux, de tracts, les larguant au fil de leur parcours, pour diffuser hors de Paris les déclarations de la Commune et tenter ainsi de contrer les fausses informations du gouvernement de Versailles. Une fanfare et le public assistaient à leur envol. On les imagine chantants. Des médailles furent même frappées pour marquer l’événement.
Ces ballons aux formats réduits, sans passagers, étaient pourvus d’un dispositif ingénieux en forme de sablier qui permettait d’essaimer les tracts. L’inventeur du procédé, Thomas Casimir Regnault (1823-1872), était dessinateur et graveur. Il fut également le concepteur d’un « projet débonnaire », projet utopiste « pour quitter ce monde ». Il inventa des dispositifs extraordinaires pour « assurer Paris contre la famine » comme un carrousel aérien emportant 54 bœufs vivants. La Commune l’employa un temps pour la fabrication d’une série de ballons de son invention. Son esprit inventif et utopiste, social et pacifiste peut caractériser l’esprit des communards.
Gambetta au départ de Montmartre
Nadar (1820-1910), son contemporain, photographe, écrivain, poète, caricaturiste et lui-même aéronaute du monumental ballon le Quand même, le décrit comme « le fou le plus généreux et le plus héroïque qu’il ait connu ». Il partageait son esprit intrépide et inventif et son engagement communard. […]
C’est sous le ciel de Thomas Casimir Regnault et de Nadar, parsemé de ballons et de tracts virevoltants dans les airs, que je me suis mise à songer au 150e anniversaire de la Commune, pendant le premier confinement. Et une question a émergé : aujourd’hui que nous donneraient à lire nos tracts largués dans les airs ?
RÊVERIE DANS LES AIRS
Nous pourrions évoquer, par métaphore, le désir d’évasion d’un troisième siège – celui du double confinement du printemps et de l’automne 2020 lié au COVID qui provoque une profonde déstabilisation parmi les habitants des villes. « De l’air ! J’étouffe ! À l’aide ! », hurlent nos consciences.
Pour répondre à cet appel, il nous faudrait construire de nouveaux ballons. Si nous prenions de la hauteur, nous nous élèverions au-dessus de Paris et parcourrions ce qui nous sépare du reste du pays afin de percevoir combien les antagonismes ville-campagne sont stériles, combien l’invention se déploie ici comme partout où l’on décide collectivement de trouver des alternatives à ce monde qui se défie de la vie, qui ignore ou méprise la mort. Si, une fois dans les airs, nous appliquions cette leçon que pour s’élever il faut lâcher du lest, donc se délester de tant de biens de consommation encombrants, voyants et superflus […] afin de faire de la place à l’autre en toute hospitalité. Si, en prise avec les courants, nous percevions combien nous sommes nous-même sujets aux influences du milieu, de la société, à la propagande, persuadés que nous sommes de n’avoir prise sur rien, acteurs passifs d’un vol qui s’écraserait. Si, dans ce défi de l’envol, nous goutions aux sentiments de liberté recouvrée, de joie, d’émerveillement qui réactiveraient notre imaginaire. Nous pourrions alors percevoir combien ceux qui firent la Commune éprouvèrent et vécurent ces questionnements au plus profond d’eux-mêmes.
Je m’inspire de ces envols de ballons conçus pour appeler à la conscience et pour demander de l’aide, du soutien face aux périls. Je fais mienne également la leçon de la fête avec fanfare lors du décollage du ballon. Je célèbre la Commune et ses combattantes et combattants en diffusant leurs écrits. Je reprends les appels des communards qui résonnent de toute leur humanité et de leur actualité en ce « Temps des cerises », de célébration du cent cinquantenaire de cette révolution sociale. Je relais l’appel « De l’air ! », « À l’aide ! » d’hommes, femmes et enfants contraints à la pauvreté, à l’isolement relationnel pendant cette crise sanitaire et après. […]
DES BALLONS PORTEURS D’APPELS D’AIR
Je garde le nombre de 15 ballons qui ponctueront un parcours (le lieu est pour l’heure en discussion). Chaque ballon identique par sa forme se distinguera par sa couleur et son inscription. Dans chaque nacelle, des affiches, composées d’extraits de tracs datant de la Commune ou d’extraits de courriels, d’articles, de points de vue, d’aphorismes recueillis par cet appel à contribution. Lors de la restitution, ces textes pourront être déclamés (bienvenue à toutes celles et ceux qui souhaitent y prendre voix) et des chants pourront se faire entendre.
ÉLODIE BARTHÉLEMY
UN APPEL À CONTRIBUTIONS
Afin de produire graphiquement des affiches à lire dans les nacelles des ballons, il nous faut de courts textes, écrits ou non par vous. Si vous voulez les dessiner et composer vous-même, cela est aussi possible. Si certaines affiches de la Commune ou extraits de texte d’époque vous tiennent à cœur, envoyez-nous votre sélection. Si vous avez un message, une pensée, un constat, une aspiration, un appel pour des jours futurs éclairés à la lumière de la Commune, pour du commun à partager…
Je vous remercie d’avance de les envoyer, tout au long du mois de décembre et de janvier, à 15ballonspourlacommune@sfr.fr
Toute collaboration est bienvenue. De même que, suivant l’intention de Thomas Casimir Regnault, les proclamations de la Commune, s’adressant à tous, avaient vocation à être larguées loin du siège, l’installation et l’événement proposés, propices à la musique, aux évocations, aux rêveries et aux conversations, sont des propositions ouvertes susceptibles d’être reprises par tous ceux et celles qui souhaitent fêter cet anniversaire.
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Quelle jolie idée !!!